1 juin 20220417Fajr0616Lever du soleil1404Dhuhr1814Asr2152Maghreb2351Isha2 juin 20220415Fajr0615Lever du soleil1404Dhuhr1814Asr2152Maghreb2353Isha3 juin 20220414Fajr0615Lever du soleil1404Dhuhr1815Asr2153Maghreb2354Isha4 juin 20220413Fajr0614Lever du soleil1404Dhuhr1815Asr2154Maghreb2356Isha5 juin 20220412Fajr0614Lever du soleil1404Dhuhr1815Asr2155Maghreb2357Isha6 juin 20220411Fajr0613Lever du soleil1404Dhuhr1816Asr2156Maghreb2358Isha7 juin 20220410Fajr0613Lever du soleil1405Dhuhr1816Asr2156Maghreb0000Isha8 juin 20220409Fajr0613Lever du soleil1405Dhuhr1817Asr2157Maghreb0001Isha9 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1405Dhuhr1817Asr2158Maghreb0001Isha10 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1405Dhuhr1817Asr2158Maghreb0002Isha11 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1405Dhuhr1818Asr2159Maghreb0002Isha12 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1406Dhuhr1818Asr2200Maghreb0003Isha13 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1406Dhuhr1818Asr2200Maghreb0003Isha14 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1406Dhuhr1818Asr2201Maghreb0003Isha15 juin 20220409Fajr0611Lever du soleil1406Dhuhr1819Asr2201Maghreb0004Isha16 juin 20220409Fajr0611Lever du soleil1406Dhuhr1819Asr2201Maghreb0004Isha17 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1407Dhuhr1819Asr2202Maghreb0004Isha18 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1407Dhuhr1820Asr2202Maghreb0005Isha19 juin 20220409Fajr0612Lever du soleil1407Dhuhr1820Asr2203Maghreb0005Isha20 juin 20220410Fajr0612Lever du soleil1407Dhuhr1820Asr2203Maghreb0005Isha21 juin 20220410Fajr0612Lever du soleil1408Dhuhr1820Asr2203Maghreb0005Isha22 juin 20220410Fajr0612Lever du soleil1408Dhuhr1821Asr2203Maghreb0005Isha23 juin 20220410Fajr0613Lever du soleil1408Dhuhr1821Asr2203Maghreb0006Isha24 juin 20220410Fajr0613Lever du soleil1408Dhuhr1821Asr2203Maghreb0006Isha25 juin 20220411Fajr0613Lever du soleil1408Dhuhr1821Asr2203Maghreb0006Isha26 juin 20220411Fajr0614Lever du soleil1409Dhuhr1821Asr2203Maghreb0006Isha27 juin 20220411Fajr0614Lever du soleil1409Dhuhr1821Asr2203Maghreb0006Isha28 juin 20220412Fajr0614Lever du soleil1409Dhuhr1822Asr2203Maghreb0006Isha29 juin 20220412Fajr0615Lever du soleil1409Dhuhr1822Asr2203Maghreb0006Isha30 juin 20220412Fajr0615Lever du soleil1409Dhuhr1822Asr2203Maghreb0006Isha
avocatdroit de la famille bas rhin; fiche révision bts mco pdf; comment retrouver une annonce supprimée sur marketplace; comment mettre a terre quelqu'un rapidement baptême planeur la roche sur yon. 2022-03-10 gwen blast et nicola sirkis 0 Comments
Message aux Catholiques de Vendée Le Seigneur nous invite à vivre cette fin de carême d’une façon originale en renouvelant nos pratiques » >> Télécharger le message entier Chers frères et sœurs, En ce carême 2020 le Seigneur nous entraîne dans le désert. Il renouvelle d’une façon inattendue aujourd’hui ce qu’il avait entrepris pour son peuple à la sortie d’Egypte Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert. Le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté. Il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?… Tu le sauras dans ton cœur comme un homme éduque son fils, ainsi le Seigneur ton Dieu fait ton éducation. Tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu pour marcher sur ses chemins et pour le craindre. Deutéronome 8, Le Seigneur nous invite donc à vivre cette fin de carême d’une façon originale, en renouvelant nos pratiques dans les trois domaines traditionnels des efforts de conversion le jeûne, la prière et l’aumône. Le jeûne Outre les jeûnes habituels en temps de carême – jeûnes de nourriture et de tout ce qui risque de prendre trop de place dans notre vie au détriment de notre relation avec Dieu et avec les autres – les jeûnes auxquels nous sommes contraints aujourd’hui sont au moins de deux sortes Tout d’abord un jeûne qui touche à toute la vie sociale en famille, au travail, dans nos engagements collectifs et nos loisirs. Nous devons mettre de la distance spatiale dans toutes nos relations et accepter une solitude inhabituelle. Dans ce contexte de privation relationnelle, il nous faut trouver des moyens inédits pour entretenir la proximité avec les autres. Nous avons à inventer humainement et dans la foi chrétienne une sobriété sociale qui nous fera gagner en profondeur et en vérité ce que nous perdons en quantité et en étendue. La seconde sorte de jeûne qui nous est imposé touche à notre pratique religieuse dans ses dimensions communautaires et sacramentelles. Nous ne pouvons plus nous rassembler pour avoir recours à la plupart des sacrements. Ce qui nous touche plus particulièrement est le jeûne eucharistique que l’épidémie nous impose ne pas pouvoir participer à la messe et recevoir le corps de Christ. Pour mieux comprendre ce qu’est la communion de désir ou communion spirituelle, je vous invite à lire la belle prière qui est sur le site du diocèse. La prière Sauf sans doute pour les membres des services de santé, les mères de famille et quelques autres encore, il nous est plus facile en ce carême de suivre à la lettre le conseil de Jésus Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret… Alors profitons-en ! Mais nous faisons tous l’expérience qu’il est difficile de tenir dans la prière tout seul. Aujourd’hui, s’il n’est pas possible de nous rassembler physiquement pour prier, les moyens de communication en ligne nous offrent de nombreuses possibilités pour soutenir notre prière La messe quotidienne peut être suivie chaque jour sur KTO. Le dimanche, les offres sont nombreuses KTO, RCF Vendée, mais aussi sur la page Facebook de notre diocèse avec une église différente chaque dimanche et certaines messes de semaine. Le chapelet, en particulier celui de la grotte de Lourdes diffusé chaque jour à 15h30 sur KTO et sur RCF. Rappelons-nous le sens premier du chapelet nous laisser conduire par notre Mère la Vierge Marie pour entrer dans les Mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de son Fils Jésus. Les offices des heures, en particulier les Laudes le matin et les Vêpres le soir, retransmises sur KTO et sur RCF Vendée. La prière des psaumes à la portée de tous les fidèles est un des grands bénéfices de la réforme liturgique. Ces cris du cœur qui constituent le fond de la prière du peuple de Dieu et de Jésus lui-même peuvent nourrir notre prière et lui donner chair. Le chemin de croix la méditation de la Parole de Dieu ou d’autres temps de prière proposés par KTO, RCF Vendée et divers sites chrétiens. Rappelons-nous que nous ne sommes jamais seul dans la prière bien-sûr nous sommes avant tout en lien avec le Seigneur, mais aussi, par Lui, à travers la communion des saints, avec tous ceux qui sont au ciel et avec toute l’humanité sur la terre. Certes, dans la prière personnelle notre proximité avec les autres n’est pas physique, mais elle n’est jamais plus réelle, profonde et porteuse de fruits que lorsque nous nous laissons attirer par le Seigneur. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus nous le dit à partir de son expérience Un matin pendant mon action de grâce, Jésus m’a donné un moyen simple d’accomplir ma mission de prier pour les autres. Il m’a fait comprendre cette parole des Cantiques Attirez-moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums ». O Jésus… cette simple parole Attirez-moi » suffit. Seigneur je le comprends, lorsqu’une âme s’est laissée captiver par l’odeur enivrante de vos parfums », elle ne saurait courir seule toutes les âmes qu’elle aime sont entraînées à sa suite… C’est aussi l’occasion de retrouver le goût d’un rituel de prière en famille chaque jour, avec un joli coin-prière autour d’une icône, d’une bougie… L’aumône et la miséricorde Sous la dénomination biblique de l’aumône, c’est la qualité de nos relations aux autres – en priorité aux plus pauvres – qui est visé. Comment l’assumer en ce temps de crise sanitaire et de confinement ? La première charité est d’appliquer scrupuleusement et avec intelligence les consignes générales données par le gouvernement. Il ne s’agit pas seulement de se protéger soi-même mais aussi et surtout de protéger les autres, à commencer par les plus faibles. Eviter les contacts extérieurs ne veut pas dire arrêter de vivre. Je pense en particulier aux enfants qui ont besoin de mouvements et d’espace ! Ceux qui risquent de vivre le plus difficilement ces restrictions sont les personnes âgées isolées. A nous d’être attentifs pour rester le plus en contact avec elles par téléphone et prendre le temps d’une conversation qui réconforte. Si nous sommes voisins un petit bonjour est bien venu en respectant la distance. Ayons le souci de savoir si quelqu’un fait leurs courses ou leur apporte leur repas. Sinon proposons-leur de le faire pour qu’elles puissent se nourrir correctement. Ce sont des gestes que beaucoup font déjà. Mais soyons attentifs encore plus que d’habitude et multiplions-les en faveur de ceux qui sont davantage dépendants. Il y a aussi la vie de famille confinée dans la maison. C’est à la fois une chance et une épreuve. Je pense en particulier aux mamans qui ont souvent une triple charge maîtresse de maison, gardienne et enseignante des enfants et leur activité professionnelle. En ce 19 mars, fête de la saint Joseph, chef de la sainte famille, je lui confie particulièrement les papas. Que ce temps de confinement, soit le temps de la charité fraternelle ; du respect de la bienveillance, de la patience … que saint Joseph nous aide à les vivre ! En conclusion de mon message pour ce carême inédit, voici les premières et les dernières paroles d’une hymne du temps du carême Sois fort, sois fidèle, Israël Dieu te mène au désert … Poursuis ton exode, Israël Marche encore vers ta joie ! Le 19 mars 2020, en la fête de saint Joseph, époux de la Vierge Marie + François JACOLIN Evêque de Luçon Lheure du lever du soleil et l'heure exacte du début des prières quotidiennes sont indiquées au tableau : le fajr est la prière matinale, duhr est celle du midi, asr est celle de la fin de l'après Découvrez nos offices. Trouvez un lieu de culte près de chez vous. Trouver une adresse ouvre une nouvelle fenêtre Comment se déroulent nos offices ? Nous tenons des offices religieux deux fois par semaine Hébreux 1024, 25. Lors de ces réunions chrétiennes, qui sont ouvertes au public, nous examinons les enseignements de la Bible et en dégageons des applications pratiques. L’assistance est souvent invitée à participer à des discussions dirigées par un ministre du culte. La participation n’est pas obligatoire. Chaque office débute et se termine par un cantique et une prière. Pas besoin d’être Témoin de Jéhovah pour assister à nos offices. Tout le monde est le bienvenu. L’entrée est libre, et il n’y a jamais de quête. Lheure de Fajr pour Les Sables-dOlonne débute à 5:01 AM selon le calcul de la MWL (5:44 AM selon le calcul de l'UOIF, choix par défaut des horaires ci-dessous) et l'heure du maghrib à 9:23 PM . La distance de Les Sables-dOlonne [latitude : 46.5, longitude : -1.78333] jusqu'à La Mecque est de . La population de Les Sables-dOlonne s'élève See other formats Google This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's bocks discoverablc online. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the publisher to a library and finally to you. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you + Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for Personal, non-commercial purposes. + Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System If you are conducting research on machine translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. + Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. + Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. About Google Book Search Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web at http //books. google .com/l Google A propos de ce livre Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne. Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression "appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont trop souvent difficilement accessibles au public. Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. Consignes d'utilisation Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. 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Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp //book s .google . coïrïl PROCÈS-VERBAUX. TOME VI. CHAHTUBS. — IMPHIllBRIB énOUARD OAttMBH. PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR. CHARTRES PETROT-aAHNIKR, LIBRAIRE l'iace des Halleg, 16 et 17. 1880 rr r 3 / 0-S- Harvard Collège Library JAI^ 4 1912 fWof ... Prof. A. C. Coolidge SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE D'EURE-ET-LOIR. LISTE DES MEMBRES. MEMBRES HONORAIRES. MM. DE Chârnailles le comte, ancien Préfet d'Eure-et-Loir, à Paris. Ghâsles Michel, membre de T Académie des sciences, à Paris. GLÉBfENT Ernest, sous-lieutenant d'artillerie. . Desnoters , menûre de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres , à Paris. Dumas, membre de l'Académie des sciences, à Paris. Lescarbault, docteur-médecin, à Orgères. Gréard, vice-recteur de l'Académie de Paris. Desprez, inspecteur d'Académie, à Chartres. Mf Pie , évoque de Poitiers. M*»" Regnault , évêque de Chartres. MM. Delacroix, maire de Chartres. Baron, préfet d'Eure-et-Loir. VI MEMBRES TITULAIRES, Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des membres fondateurs de la Société. MM. D'Aligre le marquis, à Paris. * D'Alvimarb de Feuquières le marquis, à Dreux. Amblard, papetier, à Chartres. D*Anthenaise le vicomte, à Montireau. * Appay , avocat , à Lèves. AuBouiN l'abbé, curé de Saint- Ange et Torçay. AuGER l'abbé, vicaire de la cathédrale, à Chartres. Balandra, professeur au collège de Chartres. Barbot, ancien instituteur, à Dreux. Barland, ancien professeur au collège de Chartres. * Barois , ancien professeur, à Chartres. Baron, ancien employé de la Préfecture, à Chartres. Barrier l'abbé, vicaire-général, à Chartres. Barrois, docteur-médecin, à lUiers. De Barthélémy Anatole, membre des Comités historiques, à Paris. Batardon, ancien notaire, à Dreux. * Baudouin, avocat, à Chinon Indre-et-Loire. De Baulny, au château de la Forêt, près Arrou. BÉGUÉ, entrepreneur, à Chartres. Bellier de la Chavignerie Eugène, à Evreux Eure. Bellier de la Chavignerie Philippe, ancien magistrat, à Chartres. Benoist , instituteur, à Aimeau. Benoît, conseiller à la Cour d'appel de Paris. De Bernage , ancien notaire , à Chartres. Bernier, notaire, à Chàteauneuf. De Bertheville, président honoraire du tribunal civil, à Chartres. Besnard Alfred, notaire, à Saint-Denis Seine. Besnard, notaire, à Chartres. Besselle, à Chartres. Béthouart, ingénieur-mécanicien, à Chartres. Bigarne l'abbé, curé de Senonches. Billard, notaire, à Illiers. Binet l'abbé, directeur de la Providence, à Chartres. Blay, instituteur, à Nogent-le-Rotrou. VII MM. BoGHER, à La Ferté-Vidame. BoiLEAU, instituteur, à Chassant. Boisseau Alfred, à Chartres. De Boissibu, à Chartres. De Boisvillettb, à Chartres. * Bonnard , notaire honoraire , à Chartres. Bonnet Victor, secrétaire de la Commission des chemins de fer, à Paris. BoBDiER rabbé, chapelain de Saint-Brice, à Chartres. BoRDiER, instituteur, à Maisons. BoRNET, à Maintenon. BouLBfBRT l'abbé, curé de Rouvray-Saint-Florentin. * BouRDEL , ancieninspecteur des Domaines , à Chartres. BouRDois, maître d'hôtel , à Chartres. BouREZ , directeur de la Sucrerie , à Béville-le-Comte. BouRLiER l'abbé , supérieur du grand-séminaire , à ]ihartres. BouTHEMARD, entrepreneur, à C^lhartres. BoY, ancien notaire , à Chartres. Brault , ingénieur-mécanicien , à Chartres. Bretillard, à Nogent-le-Roi. Breville, receveur municipal, à Dreux. Briére, conducteur des ponts et chaussées, à Dreux. Brochet, à Epône Seine-etrOise. Brosseron, libraire, à Chartres. Brosseron Valéry, instituteur, à Santeuil. Brossier-Gbray, à Saint-Denis-les-Ponts. BucQUET Paul, inspecteur général des étabUssements de bienfaisance , à Paris. Buisson , ancien conducteur des ponts et chaussées, à Chartres. BuLTEAU l'abbé, curé de Wambaix Nord. Cachin, instituteur adjoint, à Courville. Caït, directeur de la Société générale, à Chartres. Cantenot l'abbé , curé de Santeuil. Castel , ancien notaire , à Dreux. Chantegrain, instituteur, à Unverre. Chapelain Ernest, architecte, à Paris. Charles l'abbé , à La Ferté-Bemard. * Chasles Michel ^membre de l'Institut, à Paris. * Chasles Henri , à Paris. Chavaudret, ancien lieutenant- colonel d'artillerie, à Char- tres. Chedieu, avocat à la Cour d'appel de Paris. Chbllet de Kerdréan , à La Croix-du-Perche. Chbvallier-Letartre , directeur d'Assurances, à Chartres. vm MM. Chevallier-Ruffignt, directeur des Contributions directes , à Chartres. Ghevaughb, notaire, à Gallardon. Chevrier, négociant, à Chartres. Choppard, à Chartres. Choppard, avocat à la Cour d'appel de Paris. * Choppin , vice-président du Tribunal de la Seine , à Paris. Chouet Henri , instituteur, à Saint-Prest. CiBOis Tabbé, curé d'Authon. Cintrât l'abbé , curé de Mignières. Cdïtrat Charles, instituteur, à Ermenonville-la-Grande. Collet l'abbé, curé de Charonville. * CoLLiER-BoRDiER, Conseiller général, à Chartres. CoRNiLLON l'abbé , curé de Montainvllle. CoRNiLLON Jules, lustltuteuT, à Mainvilliers. De Cossé-Brissag le marquis, à Saint-Luperce. CoTTERBAu l'abbé, curé de Magny. CouDRAY, avoué , à Châteaudun. * Coudray-Maunier, employé, à Chartres. * Courtois Jules, juge au tribunal civil de Chartres. De Coynart, ancien chef-d'escadron d'état-major, à Dreux. Dagron-Rousseau , à Dreux. Damiot Georges] , marchand de bois, à Chartres. Dauviluer , maire de Chuisnes. Dehors , percepteur, à Courville. Delacroix Jules, sénateur, à Chartres. De Mbly Femand, avocat, à Chartres. Desbans, pharmacien, à Châteaudun. DESGHABfPS , entrepreneur, à Chartres. Deshayes , maire d'AUonnes. Desvaux , ancien avoué , à Dreux. Desviones l'abbé, professeur au collège de Saint- Calais Sarthe. DiDOT, libraire, à Paris. De Dion, à Montfort-l'Amaury Seine-et-Oise. Doré-Delente, entrepreneur, à Dreux. Doullay, avoué , à Chartres. Dubois, négociant , juge au Tribunal de commerce, à Dreux. DuBREUiL Henri, gérant du Courrier TEure-et-Loir, à Chartres. DucHANOY, à Châteaudun. Duchon, libraire, à Chartres. Duchon, ancien commissaire-priseur, à Chartres. Dupont, notaire, à Dreux. IX ancien bibliothécaire, à Blois. * Durand Paul, archéologue, à Chartres. Durand l'abbé, vicaire de la cathédrale de Chartres. DuRAND-PiB, libraire, à Chartres. DussART , professeur au collège de Chartres. DuTEYEUL l'abbé, précepteur du prince Henri d'Orléans, à Rouen. EscoppiBR, aacien receveur de rentes, à Chartres. EscuDiÊ, professeur de musique, à Chartres. * Fabrègue Adrien, ancien notaire, à Chartres. Famin, à Chartres. Fauchbreau Tabbé, vicaire-général, à Chartres. Faucon, marchand de meubles, à Paris. Fauvbau, bijoutier, à Chartres. * FoiRET Gustave, à Chartres. FoiRET Edmond, à Chartres. Fortin , conseiller municipal, à Dreux. Foucault Tabbé, professeur à l'institution Notre-Dame, à Chartres. FouRNiER, notaire, à Chartres. De Franqueville, à Paris. Gabriel, commissaire des chemins de fer de l'État, à Chartres. Gallas Désiré, ancien photographe, à Chartres. Gallas aîné, vice-président du Comice agricole de Dreux. Galopin, docteur-médecin, à llliers. Ganot, notaire, à Voves. * Garnibr père , directeur du Journal de Chartres. Garnier Edouard , imprimeur, à Chartres. M"»* Garnier-Courtois , à Chartres. MM. Gatineau, ancien libraire, à La Loupe. Gaullier, notaire, à Chartres. Gaullier, notaire, à Ânet. Genêt l'abbé, vicaire de Saint-Pierre, à Chartres. Georget, notaire, à Courville. * Gbrmond l'abbé, secrétaire de l'Évôché, à Chartres. Germond, professeur au collège de Chartres. Gerondeau , à Chartres. Gilbert , artiste peintre , à Chartres. * GiLLARD, à Nogent-le-Roi. Gillard Gabriel, étudiant, à Paris. GuN, commissaire-priseur, à Chartres. De Gontaut Armand, au château de Courtalain. GoRON l'abbé, curé de Saint-Loup. MM. Gouache l'abbé, curé de Neuvy-en-Dunois. Goupil Sainte-Marie, à Paris. GouPY, receveur d'enregistrement, à ûliers. Db Goussencourt le baron, à Saint-Eman. * GoussARD, ancien notaire, à Meslay-le-Vidame. Goussu Tabbéj , curé de Fains-la-Folie. De Gouvion Saint-Gyr le marquis, à Rouvray-Saint-Flo- rentin. Granoer, ancien maire d'Auneau. Granger Georges, avoué, à Chartres. Granson , à Nogent-le-Roi. * Gromard, président du tribunal de commerce, à Dreux. Grosbuller, à rAbbaye-de-l'Eau. Guenêe Achille, à Ghâteaudun. GuÊRiN Emile; , à Chartres. GuÉRiN Tabbé, vicaire de la cathédrale, à Chartres. Guêrineau , instituteur, à Roinville. GuiGNARD, à La Vicomte , près Blois. GuiLLON, instituteur-adjoint, à Maintenon. GuiLLON , instituteur, à Souancé. Halle , notaire , à Bû. Haret l'abbé, curé de Crécy-Couvé. * Harreaux, docteiff-médecin, à Saint-Léger-des-Aubées. Haudié , instituteur, à Maintenon. Haye Léon, agent d'affaires, à Chartres. Haye l'abbé, curé de Saint- Avit. Hays, instituteur, à Soulaires. Hazon l'abbé , curé d'Anet. * HÉNAULT l'abbé, chapelain de la Providence, à Chartres. HÉQUET, ancien négociant, à Chartres. Hermant , au Nuisement. Hetté aîné, instituteur, à Voves. Hetté Jules, instituteur, à Amilly. Hetzel , libraire , à Paris. * Hexjrtault, chef d'institution, à Chartres. Houlle l'abbé, curé de Saint-Aignan , à Chartres. Hue Charles, avocat, à Chartres. Hue rabbé, curé de Marchéville. IsAMBERT Michel, ancien notaire, à Chartres. IsAMBERT Stanislas, ancien négociant, à Chartres. IsAMBERT Gustave, homme de lettres, à Paris. Jarry Louis, à Orléans. Jatteau , docteur-médecin , à Chartres. Job, juge au tribunal de commerce, à Dreux. XI MM. JoLiET , ancien magistrat , à Paris. JoLiET Lucien, docteur-és-sciences , à Paris. JoLLY l'abbé, curé de Montireau. JuMBÂU, cultivateur, à La Motte. * JuTBAU, docteur-médecin, à Chartres. Labiche Emile, sénateur, à Béville-le-Gomte. Labiche, notaire, à Chartres. Lacroix, libraire, à Dreux. Lagrue, instituteur, à Ymonville. Lahats, instituteur, à Laons. Laigneau Joseph, à Paris. Laignbau, inspecteur des écoles, à Ploërmel Morbihan. Laigneau Tabbé, curé de Saint-Hilaire-sur-Yerre. Laisnê Tabbé, curé de Sours. Lallebcand du Marais le baron de , au Prieuré , près Douy. Lamy, docteur-médecin , à Maintenon. Lanctin, instituteur, à Landelles. Largher, notaire, à lUiers. Laroche, instituteur, à Nogent-le-Roi. De Layre le baron, maire de Beaumont-les-Autels. ' Lecocq Adolphe, à Chartres. LECOBiTE Tabbé, curé d'Aunay-sous-Auneau. Lefébure Constant, au Gland. Lefebvre Auguste, vice -président du tribunal civil, à Chartres. Lefèvrb-Pontalis Amédée, ancien député , à La Fontaine. Lefbvre Auguste, peintre, à Dreux. Legendre , docteur-médecin , à Chartres. Le Goux , à Coulombs. Legrand , ^professeur au lycée de Bayonne. Leloup, architecte-vérificateur, à Chartres. Lepargneux, à Bigeonnette. Leroux , avoué , à Dreux. Leroy, étudiant , à Paris. Lbroy-Meignan , ancien négociant , à Chartres. Lesimple l'abbé, chanoine honoraire, à Chartres. Letartre Alphonse, à Chartres. Letellier, ancien magistrat, maire de Lèves. Letourneur , instituteur, à Ouarville. Levassort l'abbé, aumônier des Sœurs Sainte -Marie, à Vitry-sur-Seine. De Lévis-Mirepodc le comte, à Montigny-le-Gannelon. Lhbmery, instituteur, à Yèvrés. Lhérondeau , ancien instituteur, à Pont. XXI MM. Lhêrondeau , instituteur, à Bleury. Lœw, professeur au collège de Chartres. LoRiN , peintre-verrier, à Chartres. LoRPm Tahbé, curé de Gohory. LouRY, instituteur, à Saussay. Lucas Edgard , notaire , à Châteaudun. Machelard, directeur des domaines, à Chartres. Maillet, notaire, à Epemon. Malbnfant , sculpteur sur bois , à Charonville. Db Maletssie le marquis, à Maillebois. De Maletssie le comte, à Houville. * Marchand Albert , à Chartres. Marchand, employé de la banque, à Neuilly. De Marchéville , à Paris. Marneur, receveur d'enregistrement, à Âuthon. Marquis Tabbé, curé d'Illiers. Martin Charles , à Chartres. De la Martrate Georges, à Chartres. Massé, ingénieur des ponts et chaussées, à Chartres. Mauger, inspecteur des écoles, à Dreux. Maunoury, docteur-médecin , à Chartres. Maunoury Pol, député, à Luisant. Maunoury, à Saint-Cermain-la-Gâtine. Maury l'abbé, vicaire, à Dreux. Maury Firmin, régisseur au château d'Ëclimont. Mauzaizb Michel, à Chartres. MÉUN Georges, à Chartres. Ménager, inspecteur des domaines, à Chartres. Mercier, au château de Beaurouvre. * Merlet, archiviste du département, à Chartres. Mesquitte, conseiller général, à Nogent-le-Roi. * Met-Gaubert, professeur au collège de Chartres. * De Mianville, président de la Commission de la Biblio- thèque de Chartres. De Mlinville Edmond, ancien magistrat, à Chartres. MicHAUD , professeur de dessin , à Chartres. MiCHAUT, géomètre, à Voves. Michel Victor, professeur de français au collège de Ilhartres. MUiLON, négociant, à Chartres. Milochau Emile, secrétaire du Comice agricole, à Bé ville- le-Comte. De Mmspoix-LÉvis le duc, à Léran Ariège. MoNTÉAGE Jules, avocat,à Chartres. MoNTioN , maire de Mézières-en-Drouais. ZIIl MM. De Montluisant, général d'artillerie, h Nimea. De MoaAmviLLE, à Morainville. MoBBAi] Ferdinand, syndic des agents de change, à Paria. Morillon , à Paris. MoRiN Saturnin, conseiller municipal de la Seine, à Paris. MoRiN, receveur de rentes, à Paris. MoRiN Florentin, instituteur, à Vitray-en-Beauce. Mouton, conducteur des ponts-etChaussées , à Dreux. MoDTON Nicaise, arcMtecte, à Chartres. ' Mouton^, architecte, à Chartres. Nancy, higénleur civil, à Chartres. MicoLLs, négodant , à Chartres. Db Noailles le duc], membre de l'Académie ^nçaise, k MaintenoD. NoDRY Théodore , percepteur, à Tréon. ' Oliyikr l'ahbé, ancien secrétaire de l'Evëché, à Chartres. D'Orléans Henri , duc d'Aumale , membre de l'Académie française , à Chantilly. D'Oblbans Robert, duc de Chartres, à Rouen. CtesuDB Paul, avocat, à Chartres. Pasdob l'^l'^ > vicaire de Saint-Âignan , à Chartres. Passard , architecte , à Chartres. Patt l'abbé, économe du grand séminaire, à Chartres. PsiaNB Remy , ancien élève de l'école de Grignon , à Dreux. Pblé, membre du ConseU général, à Courville. Penbl, instituteur, à Saint-Symphorien. Pbrcbbois , ancien instituteur, à Janville. PsRRiKR, ancien instituteur, à Rueil-la-Gadeliëre. Pbrrodd, ancien notaire, à Paris. Peschasd, insUtuteur-adjoint , à la Bazoche-GoueU Pbtbt de la Chabhois, à Cb&tiUon-sur-Selne Côte-d'Or. Petit-Manoin , avocat, à Chartres. Potrot-Oariobr , libraire , à Chartres. Petsot-Lbharié , ancien commissaire-priseur, à Chartres. Pbdlvby Ënûle, entrepreneur, à Chartres. ' PiÉBotJRa père, architecte, à Chartres. PiÉBOURo Paul , capitaine d'artillerie, à Chartres. PiÉBocBO Alfred, architecte de la ville de Chartres. PiÉBOURa l'abbé, curé de Nogent-le-Roi. PivARD, instituteur, à Bû. ' Poisson l'abbé, à Paris. Db PoNToi - Pontcarrê le marquis, ancien député, à VÎUebon. Db Ponton d'Amécourt René^ à Safnt-Cal^a Sarthe. XIV négociant, à Chartres. De Possesse le comte, propriétaire, à Dangeau. PouGLÉB Tabbé, chanoine, à Chartres. Poucm, ancien notaire, à Dliers. Poulain, instituteur, à Dliers. Poulain d*Arsigny le comte, à Glatigny Loir-et-Cher. PouLLARD, instituteur-adjoint, à Pontgouin. PoYER , tapissier, à Chartres. Pron le baron, conseiller général, à Senonches. De Prunelé le comte, au château de Moléans. Quuoux , instituteur, à La Loupe. * Ravault, ancien magistrat, à Chartres. Raveneau, représentant de commerce, à Paris. Reqnier, juge de paix, à Chartres. Reille le vicomte Gustave , à Paris. De Reiset le comte, au Breuil-Marcilly Eure. Renault, instituteur, à Baijouville. Renault, instituteur, à Morancez. Reverdy, ancien notaire, à Nogent-le-Roi. De Reviers de Mauny le comte , à Douy. M"* RiBOT, à Luisant. MM. RiGOUR, agent d'affaires, à Chartres. De RnxY le comte, à Paris. RrvrièRE l'abbé, curé de Prunay-le-Gillon. Rivière, instituteur, à Saint-Léger-des-Aubées. Robe l'abbé, aumônier de l'Ecole normale, à Chartres. Robin, docteur-médecin, à Béville-le-Comte. Robinet l'abbé, curé de MainviUiers. RocQUE , docteur-médecin , à Chartres. Rousseau, vérificateur des poids et mesures, à Chartres. M"» Roux, à Chartres. MM. RoYNEAU , maire de Luplanté. Sadorge, géomètre et expert, à Chartres. Sainsot l'abbé, curé de Blandainville. * De Sainte-Beuve, secrétaire des hospices, à Chartres. De Saint-Blanquat le baron, à Dreux. * De Saint-Laumer Alexandre, à Chartres. De Saint-Laumer Léon, à Orléans. Sautton, à Paris. Sautton , à Voves. Sauvageot , artiste graveur, à Paris. Sbdillot, instituteur, à Theuvy-Achères. Servant, à Chartres. Sevestre Victor, ancien notaire, à Lormaye. j MM. Sbvin, instituteur, à La Ferté-Vidame. De la Sicotièrb le marquis, sénateur, à Alençou. Tassbt, à Chartres. Tbllot Henri , à Dreux. ' Du Temple de Rougbuomt le comte, à Chartres. Tevbrt, négociant, à Chartres. Thëvert l'abbé, curé de Soulaires. Thibault {l'ahbéj, curé de Meslay-le-Vidame. Thibault , instituteur, à la Bazoche-Gouct. Treille Jules, architecte, à Chartres. De Trémault, à Sours. Vallbt de Lubriat Stanislas, à Chartres. De Valloubrosa le duc, au ch&teau d'Abondant. VassaItMauricb, à Chartres. * Vajssasd l'abbé, curé de Saint-Pierre, à Chartres. Vabsort, instituteur, à Pierres. Vbdie, notaire, à Chartres. ' Vilbbrt l'abbé, aumânier de la chapelle Saint-Louis, à Dreuj. Vincent l'abbé, curé de Cloyes. Vincent, sculpteur, à Thiron. ViNST, maire de Garancières-en-Beauce. ViNsON , pharmacien , à Chartres. VmER l'abbé, aumAnier de Satat-Ferdinand, h Paris. VoTET, docteur-médecin, à Chartres. Watrin , avoué , à Chartres. YvoN, ancien notaire , à Chartres. SOCIETES CORRESPONDANTES. Société archéologique de l'Orléanais, à Orléans Loiret. Société archéologique de Rambouillet Seine-et-Oise. Société archéologique Lorrame, à Nancy Meurthe-et-Moselle. Société archéologique et historique de la Charente, à Angoulème Charente . Société des sciences morales , des lettres et des arts de Seino-ot- Oise , à Versailles. Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers Vienne. Commission iiistorique du Cher, à Bourges Cher. Académie de Stanislas, à Nancy Meurthe-et-Moselle. Société académique du département de l'Oise, à Beauvais Oise. XVI Société d'émulation de TAlUer, à Moulins Allier. Société Ëduenne, à Autun Saône-et-Loire. Société archéologique de Sens Yonne. Commission archéologique de Maine-et-Loire. Société nationale des Antiquaires de Paris. Société d'histoire et d'archéologie de Ghftlon-sur-Saône Saône- et-Loire. Société d'émulation de la Vendée, à La Roche-sur- Yon. Société archéologique du Vendômois , à Vendôme. Société Dunoise , à Ghâteaudun. Société libre des lettres, sciences et arts de l'Eure, à Evreux. Société Dunkerquoise, à Dunkerque Nord. Société des sciences et arts de Vitry-le-François Marne. Société littéraire historique et archéologique de Lyon. Société historique et archéologique de la Corrèze, à Brive. Société historique et archéologique du Maine, au Mans Sarthe. BUREAU DE LA SOCIÉTÉ. Pi'ésident d'honneur. . M. Ôaron, préfet d'Eure-et-Loir. ïd M»»* Regnault , évoque de Chartres. ' Id M. Delacroix , sénateur, maire de Char- tres. Id M. Dumas , membre de l'Listitut. Id M. Chaslbs Michel. Président M. De Saint-Laumer Alexandre. Vice-Président .... M. Mbrlet. ' Id M. Olivier l'abbé. Id M. Durand Paul. Archiviste N. Secrétaire M. Met-Gaubert. Vice-Secrétaire .... M. De Boisvillette Ludovic. Id N. Conservateur du Musée. M. Bellier de la Chavignerie Philippe. Trésorier M. Heurtault. Trésorier^adjomt . M, Hue Charles. SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DEURE-ET-LOIR. PROCÈS-VERBAUX. SÉANCE DU 6 JANVIER 1876. l>résnJence de M. Herlbt. — H. Het-Gaubert , secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quai-t par la lecture et l'adoption du procës-verbal de la précédente réunion. Etaient présents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, l'abbé Auboin, Barois, Balandra, Bost, Buisson, DubreuilH., Girouard Em. , Goupil Sain te- Marie , Heurtault, Hue, Lecocq, Legrand, Ravaûlt, Rëmond André, Sautton E., Touche. Communication de M. Legrand sur la réorganisation de L" bibliothèque de la Société. — Remerciements de la part de M. 1' Président. L'ordre du jour appelle ensuite l'attention sur les découverte archéologiques récemment opérées à Saulniëres. D'après tout ToMB VI. I — 2 — probabilité il y aurait eu là un cimetière mérovingien. On y a trouvé plusieurs cercueils, des lames de sabres, des morceaux de fer, quelques poteries, des boucles de ceinturon, des chaîne» en cuivre doré , un petit javdol, etc. Aux renseignements que transmet M. l'abbé Auboin, à ce sujet, viennent se joindre les communications complémentaires de M. Heurlault. Les fouilles se continuent; il est temps d'avi- ser, pour ne pas laisser disparaître plusieurs objets curieux. L'assemblée, consultée, décide que quelques-uns de nos con- frères voudront bien se charger d'opérer ime exploration. M. l'abbé Haret, voisin du lieu des fouilles, le demande avec instances. Il est arrêté que MM. Lecocq et Goupil Sainte-Marie se chargeront de cette mission, de concert avec MM. les abbés Haret et Auboin. De leur côté, M. le Président et M. Buisson en référeront à notre collègue, M. Bréville de Di*eux, et à M. Simare, conduc- teur des ponts et chaussées. Il sera fait, plus tard, un rapport détaillé sur les décou- vertes en question. Lecture est ensuite donnée par le Secrétaire d'un travail de M. Dagron-Rousseau sur l'instruction primaire à Broué, avant 1789. — Renvoi à la Commission de publication. M. le Président adresse des remerciements particuliers à notre confrère présent, M. Touche, instituteur, à Viabon, lequel a offert à la Société un exemplaire des Adolescentes, poésies éditées par M. Brosseron. Communication sur l'excursion archéologique qui doit avoir lieu , conformément aux prescriptions du règlement. L'assemblée, consultée, décide que cette séance publique se tiendra, cette année, à Anet, à l'époque des beaux jours. On fera en sorte, s'il est possible, de la rendre littéraire et scienti- fique à la fois. Invitation pressante est adressée à tous les membres de vou- loir bien préparer quelques travaux. La séance se termine par une communication scientifique d'un de nos jeunes confrères, M. E. Girouard, aujourd'hui ré- - 3 - dacleur au journal scientifique Les Mondes, qui profite d'un de ses voyages pour entretenir la Société de ses principales inven- tions et découvertes. Burette-Lampk. — Burette destinée au graissage des ma- chines ; elle diffère dos autres en ce qu'elle est à deux compar- timents , dont l'un rempli d'une éponge imbibée d'essence mi- nérale est surmonté d'un bec de lampe. Grâce à cet ustensile , on peut graisser dans les endroits obscurs, sans lanterne, tout en conservant la liberté de son autre main. Fabrication instantanée du savon. — Dans une prochaine réunion , notre confrère fera devant nous un bloc de savon par la méthode qu'il nous a décrite , et qui consiste à accélérer les combinaisons chimiques par un courant électrique. Eclairage des trains a grande vitesse. — Une glace de verre légèrement platiné est inclinée de 45 degrés en avant d'une lanterne renfermant une lampe électrique. La glace peut s'incliner de droite à gauche de façon à renverser obliquement le faisceau lumineux. Deux verres, un rouge et un vert, peu- vent à volonté être placés devant le faisceau et le colorer par le mouvement que leur imprime le mécanicien à l'aide d'un levier. Par ce moyen, deux locomotives munies de ce système optique, pourront se voir de très- loin malgré les tranchées et les courbes, puisque le faisceau coloré, lancé verticalement, sera visible dans l'espace au-dessus du train; la coloration et l'obhquité des rayons permettront de juger du sens de la marche du train. Yu la faible épaisseur de la couche de platine déposée sur le miroir, la lanterne éclaire en même temps la voie en avant comme avec un fanal ordinaire. La lumière est produite par l'électricité dégagée d'une petite machine Gramme ou Lontin mise en mouvement par un piston animé par la vapeur même de la locomotive. Papier galvanique. — Le papier distribué par notre confrère aux membres présents à la séance, est préparé avec l'oxyde de zinc. La nouveauté du procédé consiste dans l'idée d'avoir fait dissoudre cette substance dans l'ammoniaque ou Furijie putré- fiée. On écrit sur ce papier sans plume ni encre, ni crayon, à Taide de tout corps métallique, le fer excepté. 4 Blanchiment des textiles végétaux. — Le procédé consiste dans l'addition da la glycérine et de ses congénères aux hypo- chlorites de soude , ce qui empêche de brûler la fibre et permet de rouir directement les plantes dans un excès de potasse. La bagasse canne à sucre, préparée pour la pâte à papier, que chacun a vue, était blanchie de cette façon. Immobilisateur pour traire les vaches vicieuses. — Ins- trument destiné à empêcher les vaches de ruer, de s'émoucher et de répandre des excréments dans les seaux pendant la traite. Cet instrument consiste en deux pinces jumelles à ressort et adossées, dont l'une saisit le muscle du jarret et l'autre la queue. Ce moyen, mis en usage dans certaines fermes, a fourni de très-bons résultats. Soie artificielle. — Notre confrère en est encore à ses pre- miers essais qui lui ont donné des fils de m. 20 de longueur et de différentes couleurs; mais il espère pouvoir nous montrer prochainement des écheveaux d'une seule longueur, lorsqu'il sera en possession des appareils qu'il fait construire en ce mo- ment. La base de ce procédé consiste dans un moyen de disso- lution de certains corps albuminoïdes et fibrineux qui sont coagulés et solidifiés au moment de l'étirage. La coloration est donnée pendant que la substance est encore liquide. La Société remercie notre jeune confrère de ses intéressantes* conumunications et l'engage à continuer ses recherches. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures trois quarts. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Allain Eugène, chirurgien -dentiste, à Chartres; pré- senté par MM. Rémond André et Met-Gaubert. L'abbé Auboin, curé de Saint- Ange-et-Torçay; présenté par MM. l'abbé Haret et Goupil Sainte-Marie. Fortin Pierre-François, conseiller municipal, à Dreux; présenté par MM. Tellot et Job. .1 — OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Les Adolescentes y poésies par M. Touche, instituteur, à Yiabon. Don de M. Brosseron. Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Toulouse 1874- 1875, S*' fascicule. Envoi de la Société. Mémoires de la Société d'Agriculture, de Sciences et dArts de Douai j t. XII 1872-1874. Douai, imprim. de Lucien Grépin, 1875. Envoi de la Société. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1876, Présidence de M. P. Durand. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lectuie et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. P. Durand, l'abbé Olivier, Chavaudret, Met-Gaubert, Barois, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Boy, Ihevrier, Dubreuil, Famin, Gabriel, Gilbert P., Tabbé Hénault, Hue, Isambert Michel, Isambert Stanislas, de Saint -Laumer père, Lecocq, Legrand, de Mély Fernand, Nancy A., Person, Ravault et Sautton E.. M. le Président donne communication d'une note archéolo- gique de M. Lecocq, intitulée Une excursion au cimetière mérovingien de Saulnières {Eure-et-Loir. a Pour nous conformer au désir exprimé par nos collègues, dans la séance du 7 janvier dernier, et vu l'urgence, nous n'avons pas, en dépit de la rigueur de la température, hésité à nous transporter, le lundi 10 janvier suivant, à Crécy-Couvé, chez notre collègue M. l'abbé Haret, curé de cette paroisse ; nous y fûmes bientôt rejoint par deux autres collègues qui, eux-mêmes , avaient pris part à la séance archéologique du 7 janvier c'étaient MM. Goupil Sainle-Marie , et l'abbé Auboin , i — 6 - curé de Saiiit-Ange-et-Torçay. A la suite d'un déjeuner pris en commun, nous nous transportâmes à Saulnières, commune limitrophe, pour visiter et explorer les terrassements d'un ancien chemin, dont on modifie la pente ; il est situé au milieu de ce village, dans la partie comprise entre la maison d'école, le jardin du presbytère et l'église. » Le déblai y qui fut opéré en cet endroit, atteiut une profon- deur d'environ 1 m. 70. Le travail entrepris , depuis quelques mois, sur ce chemin vicinal, a mis à découvert une trentaine de tombeaux et sépultures diverses , le tout semblant appartenir aux premiers âges de notre monarchie. A l'époque de notre visite , la neige couvrait le sol et la terre était durcie par la gelée. Aussi, à notre arrivée, nous trouvâmes le travail suspendu et absence complète de travailleur. Ayant rencontré un ouvrier, nous le priâmes de bien vouloir pratiquer une tranchée, dans un endroit où nous était signalée l'existence de trois tombeaux demeurés inexplorés , attendu qu'ils se trouvaient en dehors du périmètre tracé pour le terrassement. Mais , malgré la bonne volonté et les efforts de l'ouvrier , il lui fut impossible d'ouvrir le sol durci par la gelée. La plupart des tombes mises à jour sont en plâtre gâché, et offrent une épaisseur d'environ huit centimètres. Ce plâtre, après avoir été, d'abord, coulé par panneaux carrés, qui furent, ensuite, extérieurement réunis par une couche de plâtre liquide, formait dans son ensemble Un sarcophage complet. Le cadavre se trouvait isolé du sol par cinq des côtés du tombeau; le sixième côté, qui devait former le dessus de ce sarcophage, était absent, au point qu'on n'en signalait pas le moindre débris aux environs. Devrait-on sup- poser que ces sortes de cercueils en plâtre , dépourvus de dessus, auraient été enfouis de la sorte, ou bien doit- on croire qu'ils auraient été violés, à une époque antérieure ? C'est ce qu'il nous est impossible de décider , attendu que nous avons été privés d'assister à l'ouverture d'une de ces étranges sépultures; il nous fut seulement permis d'examiner une portion intérieure de l'une d'elles, renfermant encore quelques fragments d'un crâne et les grands ossements des jambes et des bras. » Tous ces tombeaux se rencontrent, généralement, à une profondeur de 60 à 80 centimètres , et reposent sur un sol pri- mitif, composé d'énormes silex. D'après une inspection attentive des lieux environnants, nous serions portés à croire qu'une cer- J — 7 — ' laine épaisseur de terre arable a pu être enlevée, eu cel eudioil, à une époque antérieure, dans le but de diminuer un peu la ra- pidité de la pente de ce chemin placé dans la partie abrupte du coteau. Quelques sépultures se trouvaient, assure-t-on, super- posées. Cet emplacement était désigné sous le nom de Vieux- Cimetière. » Nous avons pu acquérir de la main d'un ouvrier, en faveur du Musée de notre Société, deux beaux fragments d'épées, pro- venant de ces antiques tombeaux; elles portent chacune soixante centimètres de longueur, mais le fer, par suite de Toxydalion, réduit en lamelles, est, à l'extérieur, entièrement recouvert de terre , de graviers et de parcelles d'ossements agré- gés ensemble. Nous sonunes encore possesseur d'une large plaque de fer, qui, à travers la couche terreuse qui la re- couvre, laisse entrevoir la forme d'une grande boucle, ayant pu servir à maintenir la selle d'un cavaher. » Depuis le commencement des travaux, MM. les abbés Haret et Auboin sont devenus les heureux possesseurs de plusieurs objets pleins d'intérêt, provenant de ces fouilles funéraires. Ce sont d'abord un vase en terre noire et orné de stries sur la panse, rappelant l'époque franque; une portion de fibule double en bronze, module moyen, décorée de gravures d'annelets, sur toute la surface; en dessous, se remarquent les deux tenons et ia goupille en fer, formant l'articulation; un petit anneau en or, uni, mais excessivement mince, et brisé; une boucle de ceinturon, ornée d'enlacements mérovingiens, gravée et argen- tée ; une pièce de monnaie très-mince et assez fruste remontant, peut-être, à l'époque Carlo vingienne; trois espèces de chaînettes en bronze, dont une de forme quadrangulaire et une autre triangulaire , nous en avons apporté des spécimens. M. Haret possède un bel ornement en bronze découpé, d'un caractère particulier, et garni de chaînettes, lequel semblerait avoir appartenu à un cavalier. • Grâce à l'obligeance de M. Buisson, l'un de nos collègues, M. Simare, agent des Ponts-et-Chaussées , avait envoyé, sur les lieux du terrassement, un cantonnier-chef, qui a reçu Tordre de ne rien laisser distraire, à l'avenir, des objets qui pourraient se rencontrer de nouveau dans les fouilles opérées en cet endroit, où il reste encore à pratiquer des talus qui por- teront deux mètres de large; là se rencontreront, sans doute — 8 — de nouvelles sépultures. Ordre est également prescrit, de re- mettre, à la Mairie, les objets nouvellement découverts, les- quels, ensuite, seront vendus au profit de qui de droit. M. Tlns- tituteur à relevé, sur le plan cadastral, la situation des endroits fouillés, ainsi que le parcellaire de Tensemble. 3» Il nous fut impossible, à notre grand regret, et cela en raison de la saison rigoureuse, d'obtenir de notre mission un résultat plus satisfaisant. M. le Curé de Crécy , en véritable apô- tre de l'archéologie, a bien voulu se charger de représenter, à Saulnières, notre Société, et de prendre, lorsque ces fouilles auront dit leur dernier mot, le soin de décrire minutieusement, à Taide de la plume et du dessin , tous les objets recueillis dans le Vieux- Cim^tièi'e de Saulnières. Quelques portions de terrain du voisinage des fouilles actuelles auront, peut-être , aussi besom d'être explorées, afin que Ton puisse obtenir, s'il est possible, toutes les richesses ou curiosités archéologiques que peut contenir ce Ueu d^inhumation , qui nous semblerait apparUmir à la dernière période Mérovingienne. » Cette suite de tombeaux en plâtre, pour la plupart garnis à l'intérieur des armes de chacun des guerriers défunts, nous paraîtrait révéler la suite d'uu combat qui se serait livré, à cette époque reculée, sur les coteaux qui environnent la Biaise, lieu qui a déjà fourni au frère Indes dans ses deux lettres inti- tulées Des Monuments préhistoriques dans les environs de Dreux *, Toccasion de décrire, au gré d'une heureuse imagina- tion, mais trop minutieusement peut-être, Texistence, le long de cette même vallée, de traces d'animaux disparus de notre contrée, en môme temps que, trop affirmativement, le foyer domestique, au même lieu, d'hommes vivant à une époque très-reculée , et que l'on désigne sous le titre pompeux et un peu élastique de pt^élmtonque. » Quelques observations contradictoires sont présentées, à ce sujet, par MM. Fernand de Mély et Dubreuil. Du reste, on attendra, pour s'éclairer complètement là-des- sus le rapport détaillé que M. l'abbé Haret, curé de Crécy, pro- met pour la prochaine séance. • Ces deux lettres furent , d'abord , insérées dans le Courrier d'Eure-et- Ijoir et, ensuite, tirées à part, en deux fascicules formant ensemble 46 pages in-i2, 1873-1874. — 9 — M. Tabbé Hémnik fût hommage à la Société dune hache en pierre polie trouvée près de Saumeray, au mouhn du Crouzet. Notre confrère, M. E. Sautton, communique au nom de M. Touche, instituteur à Viabon, plusieurs pièces de monnaies quou a rencontrées à Baigneaux, canton d'Orgères '. Le même membre laisse espérer que d'autres monnaies, également cu- rieuses, seront encore fournies à l'avenir. Enfin le Secrétaire donne lecture d'une étude biographique qu'il a composée sur le poète satirique du Lorens, de Château- neuf-en-Thimerais, avec citations détachées de l'ouvrage. — Renvoi à la Conunissioû de publication. Messieurs, » Notre cher pays de la Beauce et du Perche est riche en illustrations de tous genres. Les Lettres, les Sciences, les Beaux- Arts, l'Administration, l'Etat militaire nous fournissent un glorieux contingent d'hommes remarquables , trop connus pour qu'il soit nécessaire d'en faire ici Ténumération. » Dans ces divers genres de célébrité, il en est un qu'on pourrait affirmer être vraiment le trait saillant de notre con- trée. Je veux parler du genre satirique si déUcat, si difficile à mettre en évidence quand on songe qu'il peut frapper les vices du caractère, l'hypocrisie des uns, l'avarice des autres, Vor- * Voici la description de ces monnaies que nous devons à Fobligeance de notre confrère , M. Chevrier Quatre pièces de monnaies Gauloises du pays des Camutes , dont un revers Aigle éployé de face regardant à droite , et une R. Cheval courant à gauche ; deux frustes. Auguste. R. Autel de Lyon. Tibère deux pièces, moyen et petit module. R. Autel de Lyon. Claude 1. R. Pallus lançant un javelot. Trajan. R. La Victoire volant à gauche. Adrien. R. Déesse debout, tenant une patère et une haste. — Autre. R. La Félicité. — Autre. R. Neptune, debout à droite , le pied sur une proue de navire. Marc-Aurèle r. La déesse Hygie , debout à gauche , donnant à manger à un serpent. Caracalla billon, grand module. R Le Soleil, debout. Gordien III billon. R. La Félicité. JULIA MAMMiEA, mère d'Alexandre Sévère. R. Vesta, debout. VoLUSiEN billon. R. La Concorde, assise. Claude il, dit le Gothique. R. Marin. Posthume. R. La Victoire , debout; à gauche, un Aigle à ses pieds. — 10 — gueil insolent, la bassesse servile, liguorance superbe, la jalousie sotte et cruelle, Tintolérance aveugle et farouche, Tim- piété téméraii-e et cette audace de Tesprit qui, à certaines époques de corruption, arrive à un tel degré de cynisme, que le reproche même lui devient un litre de gloire; quand on pense, enfin, que ce genre périlleux de la satire a la prétention de main- tenir les hommes dans les bornes de la raison et de la morale. » C'est, néanmoins, ce qu'a essayé de faire un poète sati- rique percheron peu connu, et dont je vais avoir l'honneur de vous entretenir pendant quelques instants. » Dans l'espace de quelques lieues qui s'étend de Dreux à Chartres ont brillé, au commencement du XVIP siècle, trois poètes vraiment dignes de ce nom. Deux d'entre eux sont arrivés jusqu'à nous avec les homieurs dus à leur génie; ce sont Régnier, le premier de nos satiriques, né à Chartres, et celui que Corneille ne dédaignait pas d'appeler son père, Rotrou, natif de Dreux. » Entre ces deuc villes, à moitié chemin de l'une et de l'autre, naquit le troisième, Jacques Du Lorens, le poète sati- rique de Châteauneuf-en-^Thimerais. Ami de Régnier et de Rotrou, il ne les a pas suivis sur le chemin de la postérité. Il était dangereux d'écrire des satires en même temps que Régnier, et la réputation de Du Lorens s'est éclipsée devant la gloire de son illustre contemporain. Plus tard, Boileau qui s'était fait le grand justicier de la littérature du passé, mais qui n'a pas toujours mis dans ses arrêts l'impartialité que conunan- dait le droit qu'il s'était arrogé, Boileau n'a pas jugé à propos de donner à Du Lorens la place qu'il lui devait dans le Panthéon littéraire de son art poétique. Il serait possible que le nouveau satirique eût un peu redouté la comparaison avec son devan- cier, qu'il avait encore une autre raison de passer sous silence, n'ayant pas dédaigné de lui faire de sérieux emprunts. » Ce qui a manqué à Du Lorens, pour arriver jusqu'à nous dans le rang qu'il mérite d'occuper, ce n'est pourtant ni le talent poétique, ni surtout la verve satirique qu'il possède au plus haut degré. » Ce n'est pas, non plus, la fécondité, car à trois reprises différentes, il s'est armé du fouet de la satire pour fustiger ses contemporains. Difficile est mlijram non scribei^e, disait-il avec Régnier. - n — • Etant jeune avocat , après être docteur, Et voyant qu'au barreau je n'étais qu'auditeur, Que d'autres moins savants plaidaient pour les parties , Moi de jeter le froc, par dépit, aux orties. Détester le bonnet, n'aller plus au palais , Où l'on m'eût souvent pris sans cause et de relais. » » C'est ainsi que Du Lorens raconte lui-même qu'il aban- donoa le droit pour la poésie satirique. Mais il n*est pas vrai que de dépit il ait jeté le froc aux ot^ties, puisque, quittant Paris , il vint à Chartres et exerça la profession d'avocat au pré- sidial de cette ville. » Jacques Du Lorens, sieur d'Oiré, était né en 1580 à Châ- teauneuf-en-Tbimerais. La terre d'Oiré lui fut apportée en dot par sa femme Geneviève Langlois, avec des biens considérables. Du Lorens ne s'en plaignit pas » J'ai du bien, grâce à Dieu, ce qu'il m'en faut pour vivre. > » En 1613, Du Lorens quitta Chartres avec sa famille et fut revêtu de la charge de bailli, vicomte de Chàteauneuf , et devint plus tard lieutenant- général du bailliage, avec la charge de président de nouvelle érection. » C'est moins dans un ouvrage assez estimé Sur les Anno- tations des Coutumes de Chàteauneuf^ Chartres et Dreux, que dans son goût pour la poésie satirique, quil faut prendre les traits qui conviennent le mieux à la physionomie de M. le grand-bailli de Chàteauneuf. » Boileau, qui déjà, selon l'expression d'un poëte contempo- rain , aux vers de Régnier, avait mêlé sa tisane a la glace, > Boileau s'empara avec talent de presque tous les sujets ébau- chés avec verve par Du Lorens dans ses vingt-six satires , le Mariage y la Noblesse, les Embarras de Paris, les Dangers de la vie satirique, » Il faut lire avec soin notre poëte pour voir s'épanouir dans son œuvre sa curieuse et bizarre figure ; en suivant le galop parfois un peu lourd de ses vers , on croirait sentir l'aiguillon du grand satirique romain Juvénal. Il nous rappelle la verve caustique et railleuse de Sanlecque, de Panard et de Régnier dont le pays chartrain est fier à juste litre. — 12 — » G*est surtout pour Du Lorens qu*est vraie cette parole de Buffon le style est rhomme même », car il ne cesse de parler de lui; il aimait le vin et la querelle, était sujet au gros rire, aux coups de boutoir; grivois sans trop de vergogne, toujours prêt à injurier ses voisins, ses confrères, et à battre sa femme; il est vrai que ce dernier droit était acquis en ce temps-là à la bonne bourgeoisie, mais ce droit entraînait des devoirs. Du Lorens a l'indiscrétion de s'en plaindre au public et de conter à tout le monde que sa femme provoquait des tra- casseries peu séantes. » Mm Du Lorens avait enrichi notre avocat, de là un peu d'aigreur, et d'exigence peut-être. Ecoutez ce que dit d'elle le malicieux auteur u Au lieu de me jeter un jour par la fenêtre , Je souffris que Ton m!t à mon col ce chevestre ; C'est où je tiens encor; d'où je puis de mon mal En qualité d'expert dresser procès-verbal La femme que j'ai prise est une des meilleures , Mais toutefois elle a de si mauvaises heures ! Elle est mélancolique et hait tout piisse-temps ; Si parfois elle rit, c'est signe de beau temps; Son humeur est fâcheuse et contraire à la mienne Mais néanmoins le mal que je lui veux m'advienne ! » » On n'est pas plus chrétien. Voyons jusqu'au bout ce qu'est M"'* Du Lorens » Et pas toujours encore; mais ce n'était pas une raison pour se consoler de la bonne dame par une épitaphe qu'on lui prête et qu'il a dû faire, l'ingrat ! c Ci-gît ma femme , ah ! qu'elle est bien 1 Pour son repos et pour le mien ! » » Du Lorens avait la rage d'écrire des vers , c'est ce qu'il appelle le jyial du bout des doigts; il s'adressait de préférence — 13 — aux faux dévots; le portrait de son Tartufe est un vrai chef- d'œuvre qui devait bientôt en enfanter un autre plus connu € Le franc bigot fait tout pour gagner la faveur, C'est où son zèle tend , où vise sa ferveur ; Près de la ligne droite on connaît moins la courbe Qu'au prix d'un vray dévot il ne paraît qu'un fourbe ; Qui ne le counoistroit sitost qu'il l'auroit veu Serait de jugement tout à fait dépourveu Afin de m'expliquer, il aurait la berlue. Sans clignoter des yeux jamais ne vous salue , Et croit que pour se mettre au rang des vrais dévos , II ne faut que parler contre les huguenos; Pnurveu qu'en apparence on soit bon cathoUque , Qu'aux bonnes actions on peut faire la nique. » » La comédie de Molière est là, toute, avec ses maîtresses lignes et ses plus fins détails. » Du Lorens s'adressait encore aux marmiteux, aux pédants dont il décrit ainsi la tournure On voit à leur marcher quatre choses ensemble , Le trot et l'entrepas et le galop et l'amble. > • Aimant le clairet et le blanc, c'était de son siècle, il se gardait de faire i Comme fait aujourd'hui ce gentilhomme à lièvre Qui croit en avalant son cidre que ce soit De ce que Ganymède à son maître versoit. > j> Quoi qu'il en dise sur les préjugés de la naissance, Du Lorens paraît peu content de la sienne , et sa muse qui prêche l'égalité des hommes , se contenterait fort bien de quelque titre nobiliaire c Si le bon père Adam n'eût pas mordu la pomme , Tout le monde aussi bien eût été gentilhomme. n II avait peu de goût pour la noblesse de cour, car il dit quelque part Moi , que j'aille à la cour? — et que je n'irai pas ! — Vendre ma liberté pour un méchant dîner, Et de plus n'oser fuir, me voulût-on berner ; Cela n'est bon qu'à ceux qui font plus pour leur panse Qu'un chien de bateleur quand son maître le tance. » — 14 - » Néanmoins c'est au Roi qu'il adresse quelques vers câlins, humble flatterie dictée par la peur Dessous le règne heureux de Votre Majesté Nous faisons imprimer en toute liberté. » Il ajoute plus loin c Que c'est bien fait à vous d'aimer le Cardinal Qu'on peut de la vertu nommer l'original ! » » Quand le trait piquant faisait défaut, Du Lorens ramassait quelque grosse bouffonnerie; il brave, même en rimant, Thon- nêteté, à ce point que de nos jours on pourrait croire en cer- tains vers qu il parle latin. » Ce poète avocat, aimait, comme tous les critiques, les livres rares, les tapisseries et les meubles de prix. Son cabinet de peinture fut seul évalué à dix mille écus. u Mon petit cabinet des beautés me découvre Que je ne verrais 'pas dans les chambres du Louvre. > » C'est ce que M" Du Lorens ne voulut jamais comprendre; elle trouvait, la digne fenmie, que l'art coûtait gros, et voilà pourquoi chez M. l'avocat de Chartres, il y eut des que- relles de ménage. » Le satirique percheron mourut en 1655. » Résumons-nous. On n'a point mis Du Lorens où il mérite d'être. Il ne lui manque que d'avoir demeuré dans la Capitale. C'est là qu'il eût trouvé quelques sujets plus intéressants peut- être, des idées plus variées, et sans doute une manière de peindre plus grande et plus noble. HaberU sua faXa Libelli ! ' » Du Lorens a eu le malheur de vivre dans une trop petite province. Cependant il existe de lui deux satires très-belles que Régnier lui-même n'aurait pas désavouées. S'il est moins cor- rect que Boileau, on ne voit pas ses vers se traîner pénible- ment. u pas à pas, deux à deux Comme s'en vont les vers classiques et les bœufis. » — 15 — » Du Lorens joue de l'instrument qui est bien la langue du vrai poète, cette mélopée instinctive, où le tic- tac du balancier de rhémistiche ne se fait aucunement sentir. » Beaucoup d'écrivains du XVIP siècle furent latins ou grecs, Du Lorens a été français, a été gaulois, a été lui. Son livre, en somme, a des longueurs, des incohérences; mais nos vieilles mœui*s naïvement peintes, y racontent leur histoire de jeux, de costumes et de soupers anacréontiques , où nos pères, joyeux banqueteui's, se désopilaient. » Pour connaître le vrai Du Lorens, il faut regarder attenti- vement son portrait dont nous devons la conservation à un collectionneur chartrain M. Louvancour. La figure expressive du satirique nous donne une idée exacte de son caractère et de ses œuvres. La malice, Tâpreté dont ses traits sont empreints, se trouvent tempérées par une fierté et une noblesse de physio- nomie qui montrent que chez lui, comme chez plusieurs de ses contemporains, la grossièreté du langage ne procède pas d'une vulgarité de sentiments, et doit être imputée bien moins à Tindividu qu à Tépoque où il vivait. • Pour apprécier le vrai Du Lorens, il faut lire et relire les deux premières satires ; elles ont, aux yeux des érudits, une valeur réelle et sérieuse. En parcourant le reste du volume, malheureusement trop peu connu, on est charmé de cette ver- deur toute gauloise, et on est tenté d'appUquer à notre sati- rique ces vers d'un poète contemporain qui semblent écrits pour lui Quel plaisir de voir, sans masque , ni lisières , A travers le chaos de nos folles misères Courir, en souriant, ses beaux vers ingénus Tantôt légers, tantôt boiteux, toujours pieds-nus! » » Maintenant Tombre de lu Lorens peut dormir tranquille au fond de son cercueil. Satisfaction lui est donnée. A nous de la saluer respectueusement en la voyant passer à côté de celles des Régnier, des Nicole, des Ghauveau-Lagarde et des Marceau, à côté de celles des Florent d'IUiers, des Rotrou, des Senarmont et des Rémi Belleau, noms illustres pour notre bien-aimé pays, noms vénérés à jamais, parce qu'ils nous rappellent et nous rappelleront toujours l'assiduité au travail, Tamourde la gloire, la vie de sacrifices et le dévouement à la Patrie ! » — 16 — L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à quatre heu l'es et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOGIËTË. Notice biographique sur Louis-Nicolas Robert, inventeur de fa machi/ne à papier continu, Dreux, impiimerie de Ch. Leme- nestrel, 1873. Don de Fauteur, M. Bréville. Gravure représentant un sculpteur hollandais. Don de l'au- teur, M. Yves. SÉANCE DU 2 MARS 1876. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrél^re. La séance est ouverte à trois heures un quart. Le procès- verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Etaient présents MM. Merlet, P. Durand, Chavaudret, Met- Gaubert, Balandra, Barois, de Bertheville, de Boisvillette , Bost, Besselle, Brosseron Justin, Chevrier, Dubreuil, Famin, abbé Foucault, Gilbert P., abbé Haret, Hue, Heurtault, Legrand, Lecocq, de Lubriat, Nancy Alf. , abbé Pouclée, Ravault, Sautton E.. M. le Président donne communication d'une circulaire minis- térielle à propos de la réunion des Sociétés savantes à la Sor- bonne. Par un arrêté en date du 20 janvier dernier, M. le Ministre de l'Instruction publique a décidé que la 14* réunion des délégués des Sociétés savantes des départements aurait lieu à la Sorbonne au mois d'avril 1876, et que des séances de lectures et de con- férences publiques seraient faites pendant les journées des mer- credi 19, jeudi 20 et vendredi 21 avril. Le samedi 22 avril, le Ministre présidera la séance générale dans laquelle seront distribués les récompenses et encourage- ments accordés aux Sociétés et aux savants. - 17 — Une somme de 3,000 fiancs est mise à la disposilion du Comité des travaux historiques pour être distribuée par les sections d'Histoire, d'Archéologie et des Sciences aux Sociétés et aux savants dont les travaux auront contribué le plus eflBca- cement aux progrès de ces différentes branches. M. le Président s'empresse de faire connaître cette décision aux membres de la Société , en leur indiquant les jours des réunions , pour qu'ils aient le temps de préparer les communi- cations qu'ils se proposent de faire. Ceux de nos confrères qui auraient l'intention de se rendre à ces réunions sont instamment priés d'en donner avis, soit au Président, soit au Secrétaire, avant le 25 mars. A l'occasion de ces réunions, les compagnies des chemins de fer accordent une réduction de 50 % sur le prix des places, à la condition de se conformer aux décisions du syndicat et aux prescriptions ministérielles dont la connaissance sera commu- niquée immédiatement aux intéressés. Sont délégués, MM. Merlet, le docteur Lescarbault, Joliet, Chevrier, Girouard Emile et Met-Gaubert. kmmunication d'une seconde lettre ministérielle qui a pour but la publication des documents inédits relatifs aux Etats- Généraux du XIV au XVII* siècle. M. le Ministre invite les membres des Sociétés savantes à vouloir bien entreprendre des recherches immédiates, en ré- ponse aux six indications mentionnées, et à lui en faire parve- nir les résultats dans le plus bref délai possible. Sur la prière de M. le Président, M. Lecocq promet de rédi- ger, à ce sujet, une note qu'il enverra au Ministère. Communication d'une autre circulaire ministérielle qui a pour objet le projet de publication des Mémoires des Intendants en 1697. M. le Ministre fait appel au zèle de tous les amis de Vhistoire, afin d'obtenir des notes qui permettent d'étudier en toute con- fiance le tableau de l'ancienne France. Il prie instamment les savants de répondre à un questionnaire composé de huit para- graphes et d'adresser les renseignements, sous son couvert, au Bureau des travaux historiques et des Sociétés savantes. f Division des Sciences et Lettres. ToMB VI. F. 2 - 18 - A ce propos , quelques réflexions sont fournies par M. Lecocq qui possède un manuscrit sur Tlntendance d'Orléans. M. Vabbé Haret , curé de Crécy, donne ensuite lecture de son rapport sur les découvertes archéologiques opérées à Saul- nières. Messieurs, » Nous relevons en ce moment à Saulnières et à Grécy, dans un ancien cimetière, des morts portant de lourdes et tran- chantes épées attachées à de larges ceinturons, tels que les décrit saint Sidoine Apollinaire. Ces morts sont des Francs, des Mérovingiens, comme on dit; tout Tatteste. Les ornements qui décorent les agrafes de leurs ceinturons, la garniture des harnais de leurs chevaux, les petites poteries déposées auprès d'eux dans leurs cercueils et quelques autres objets encore. De plus, la beauté des squelettes, la grandeur des corps, la belle régularité des têtes , les mâchoires ornées toutes de toutes leurs dents, tout prouve que nous sommes ici en présence de la race Franque Mérovingienne, couchée dans un de ces notalles et importants cimetières. » Ce cimetière a une étendue très-grande , il s*étend sur toute la côte méridionale qui va de Grécy à Fontaine, en passant par Saulnières son centre, et ne mesure pas moins de mille mètres. Je vais vous le décrire , c'est-à-dire que je vais vous faire la description de la petite partie du cimetière qui se trouve dans la parcelle de terrain que Ton creuse maintenant pour établir un chemin vicinal allant de Saint-Rémy à Marville-les-Bois. » Ce que vous désirez le plus de moi. Messieurs au moins je le pense, c est un journal, ce sont des notes prises au jour le jour et écrites dans Saulnières, à chaque place du chantier montrant des tombes. C'est aussi ce que j'aime mieux faire et ce qui est plus utile pour une réunion privée. Permettez-moi de vous lire mes notes telles que je les ai prises, ayant sous les yeux les pièces, je ne dirai pas à décrire , mais à énumérer. » Au mois d'octobre de l'année dernière , ont commencé des travaux de terrassement dans l'intérieur du pays, sur la place publique elle-jnême que Ton voulait aplanir pour adoucir le chemin. » Tout ce qui a été trouvé était gisant dans de la terre qui — 19 — est mainteuaiil enlevée et qui forme un remblai dans la vallée^ des deux côtés de la rivière. Par conséquent la place des trou- vailles n* existe plus, on ne peut plus la voir ni l'étudier; seu- lement la route, dans cette place, ayant dix mètres de largeui^ et deux mètres de profondeur, laisse voir sur ses côtés, dans la hauteur du terrain , différentes places marquées par différentes nuances, attestant la présence de cercueils et montrant soit des fragments de poteries, soit des fragments d'os humains, soit du plâtre, soit du charbon, soit des cendres noirâtres. » Le premier cercueil de plâtre fut trouvé sans que je l'aie vu, et je ne sais quel jour du mois d'octobre. Les débris res- tèrent longtemps mêlés à la terre fouillée, » Le deuxième cercueil en plâtre fut trouvé le 26 octobre. Il y avait dans ce cercueil, un squelette et une bague en bronze. Je dois vous dire, dès le commencement, que tous les corps que nous avons trouvés, à Texception de deux ou trois, sont orien- tés à la manière des corps inhumés dans les cimetières chré- tiens. Je dois vous faire remarquer aussi, auprès du premier cercueil en plâtre, que les corps sont aussi bien conservés dans ce plâtre, que dans la terre ou sur les pierres. Enfin, quant à la façon de ces cercueils , j'ai vu qu'ils étaient formés de plaques de plâtre, qu'ils n'avaient pas de couvercle et qu'ils étaient i^emplis d'une terre très-fine et choisie, versée sur les squelettes et les objets funéraires. » 27 octobre. — On trouva deux lames en fer, l'une ayant 50 centimètres de longueur, l'autre 45. » 28 octobre. — Dans un cercueil en plâtre uti petit vase en terre cuite brisé; une lame de 47 centimètres placée oblique- ment sur le squelette ; une plaque de ceinturon eti fer avec sa boucle en fer. » 5 novembre. — Petit vjase en terre cuite , trouvé en pleine terre; débris de verre et de charbon. Le petit vase que j'ai des- siné ressemble entièrement à ceux que l'abbé Cochet a trouvés dans les sépultures Flanques. » 12 novembre. — Dans un cercueil en plâtre, débris de plaques de fer d'assez grande dimension, pour que j'aie pu croire un instant qu'elles avaient formé une cuirasse; mais je pense maintenant que ces débris étaient tous des plaques de ceinturon. Ces plaques portaient des clous de bronze en forme de rosette. — 20 — » 13 novembre. — Cercueil en plâtre, c'est le huitième; plaque de ceinturon, de forme carrée, en fer, portant des clous en cuivre ou en bronze, façonnés en rosette. » 15 novembre. — Neuvième cercueil en plâtre. » 16 novembre. — Dixième cercueil en plâtre. Longue chaîne de bronze, de forme carrée, portant de place en place des orne- ments. Ces différents ornements ont pour pièce principale une çlécoration centrale qui pouvait fetre destinée au poitrail d'un cheval ; je Toffre au musée de la Société , après en avoir pris dessin , que je garde. » 1 7 novembre. — Onzième cercueil en plâtre , renfermant un corps avec une large épée ayant la plaque de son ceinturon plus forte que les autres. » 22 novembre. — Un cercueil et une épée. » 23-24 novembre. — Des corps et deux épées. » 25 novembre. — Sous un corps, une chaîne en bronze plus grosse et plus plate que la première, les mailles forment une chaîne triangulaire dont les tronçons sont reliés par une très- belle attache en forme d'anse , type assez commun à Tépoque Franque. » 26 novembre. — Cercueils en plâtre, débris de vases en terre, débris d'armes et d'armures en fer. > Décembre. — A deux mètres de profondeur auprès d'un corps une médaille chrétienne , la face, une croix, le revers, un temple, soit la Sainte-Chapelle, soit la marque des monnaies de Tours. Première trouvaille à l'entrée du jardin du pres- bytère, à 50 centimètres du pied d'un vieux mur. La médaille a pu glisser entre les terres, tomber à cette profondeur; mais aussi elle a pu avoir été déposée là auprès d'une sépulture datant de l'époque de la médaille, d'une sépulture carlovingienne ou capétienne faite dans une fosse mérovingienne. Je pense même que beaucoup de sépultures de ce cimetière ont été violées et volées, car nous n'avons jamais trouvé que du fer et du bronze, jamais de métaux précieux, jamais rien de bien parfait, à l'ex- ception d'un seul ornement du harnais d'un cheval. Nous n'avons trouvé qu'un seul petit vase intact; et à chaque place, nous avons rencontré des débris de ces vases en terre. Dans le cimetière de Brou, on avait recueilli auprès de quatre corp^ seulement beaucoup plus de choses précieuses. 20 décembre. — Qi^iiwziéme cercueil en plâtre ; une épée > - ^ I ^^^ la septième ou la huitième, exactement de la même forme que les précédentes, mais plus longue; elle mesure en longueur 60 centimètres. » Février. — Pendant ce mois, les quatre ouvriers, qui seuls ont fait tous les travaux de terrassement depuis six mois, n'ont eu qu'à niveler la terre et faire les talus des deux côtés de la roule. » On a encore trouvé des squelettes en grand nombre, des débris d*épée, des débris d'autres objets en pierre, et une boucle très-forte en bronze; mais ce que j'ai l'intention de vous montrer, et ce que je vous prie de bien examiner, c'est une tête que j'ai déterrée le 16 février, quand il faisait déjà un peu nuit. Cette tête est d'un type qui me semble extraordinaire et qui diJBfère de tous ceux que nous avons trouvés dans le vieux cimetière de Saulnières. 9 19 février. — Je trouve un corps à une profondeur de 60 centimètres, la face contre terre, la tête au midi, les pieds au nord; sur le corps, des pierres paraissent avoir été placées avec intention. J'ai conservé la tête qui me paraît d'un type ordinaire. » Le crâne, que j'ai gardé, semble avoir reçu un coup d'épée, et porte une large fente faite avec une arme tranchante. » Le 22 février, assistant encore aux travaux des ouvriers qui trouvaient à chaque instant des corps, mais des corps qui n'avaient plus de cercueils, ni de places bien marquées et qui étaient posés un peu dans tous les sens, bien que tous fussent entiers; la fantaisie m'a pris de regarder les pierres mêlées aux os, aux cendres de ces morts. Touteâ les pierres que j'ai regardées, m'ont semblé bonnes à ramasser. Heureuse- ment que je n'ai eu qu'un instant cette fantaisie, car j'aurîiis formé un véritable tas de ces débris de silex. J'apporte ici' quelques échantillons, et si l'on me dit qu'ils méritent atten- tion, je n'aurai pas de peine à en collectionner une grande quantité de semblables. » 23 février. — Les quatre ouvriei*s du chantier, après avoir travaillé le matin un peu avant le jour, à la place de la veille, sont allés, pendant le milieu de la journée, confectionner au bas de la côte ce qu'ils appellent des cuvettes pour la route, et sont revenus le soir encore travailler à la place de la veille. Ils ont mis en tas toutes les terres qu'ils retiraient des talus. — 22 — » Le 24. — Je trouve dans la terre amoncelée des talus, an superbe éperon de cavalier. En ce moment, on travaillait à faire ce qu'on appelle un racollement entre le chemin et une maison qui se trouvait isolée par suite des nouveaux travaux. • Je pris, ce jour-là > une pioche, et chaque coup de mon instrument m'apportait des os humains; j'ai trouvé quatre corps à quatre places; j'ai bien examiné le terrain et j'ai vu que chaque corps avait son loculus, sa place marquée. Des pierres de silex, tournées du côté de leurs faces polies et parées, for- maient un lit de repos, et, à la tête, se trouvaient des pierres rangées qui formaient un oreiller, pulvinar, et faisaient Caire au corps mort une inflexion forcée; j'ai étudié cette situation pour quatre individus que j'ai déterrés moi-même. Une minute après ce résultat, M. Tlustituteur, qui était avec moi, ce jour-là, m'a montré dans les terres noires des talus, tout à côté de nous, une mâchoire de cheval. La veille , nous avions eu un éperon de cavalier. » 28 février. — Fragment d'une petite épée, gardant encore un peu du bois qui lui servait de manche. — Morceau de fer informe, ayant été soit un tronçon d'épée, soit une poignée d'épée. — Débris de vase. — Têtes de fenunes et d'enfants. • En résumé, nous avons trouvé trente cercueils en plâtre, quatorze épées entières, beaucoup de débris, quelques objets en bronze et en fer avec une centaine de squelettes, dans un espace très-restreint, dans une longueur de chemin de 40 mètres au plus. Ce chemin formant une tranchée, une route creuse, laisse voir, sur ses bords élevés , des marques très-évidentes de la présence de nouveaux cercueils, de nouveaux objets, de nouveaux sujets mérovingiens* Ceux-là pourraient être étudiés autrement que je ne l'ai fait et que je n'ai pu le faire avec des ouvriers qui n'entreprenaient pas des fouilles archéologiques^ içais qui faisaient des terrassements pour un entrepreneur de chemins vicinaux, et qui taillaient progressivement avec leurs pioches un cercueil ou un squelette depuis son commencement jusqu'à sa fin , sans jamais en découvrir un seul entier. » Toutes les trouvailles que nous vous signalons ici, Mes- sieurs, ont donc toujours été faites au hasard, à l'aventure, par des ouvriers qui n'ont jamais pris une minute l'attention de conserver quelque chose de précieux , qui ne se sont jamais dopné la peine de mettre à nu en entier un sarcophage depuis — 23 — lejî pieds jusqu'à la tête. II n'a pas été donné un seul coup de pioche, il n'a pas été remué une seule pelletée de terre pour chercher quelque chose. Nos fouilles n'ont pas eu tout l'intérêt qu'elles auraient pu avoir si des archéologues les eussent entre- prises. On aurait eu à étudier là les positions précises du corps dans le cercueil, les marques des blessures que pouvaient por- ter les squelettes, on aurait su si ces hommes avaient été tués à la guerre, on aurait examiné leur taille, leur beauté, leur grandeur, les caractères analytiques des têtes; on aurait pu faire des remarques qui n'ont pas été faites. C'est bien à re- gretter. Mais il existe encore des tombes en grand nombre sur toute cette place; il y en a dont nous voyons les pieds, il y en a dont nous voyons la tête, il y en a dont nous voyons le des- sus, il y en a dont nous voyons le dessous. Elles sont à notre portée, et, avec des permissions qu'on obtiendrait facilement et quelques heures de travail, nous reverrions des Mérovingiens ensevelis et très-bien conservés. Le pays depuis Crécy jusqu'à Fontaine en passant par Saulnières, qui est le centre et le point le plus favorisé, est riche en ces sortes de souvenirs. » En finissant, je vous avouerai. Messieurs, que ce n'est pas sans émotion que j'assiste à la découverte des cadavres de ces anciens Francs qui sont les prémices de notre nation française et le commencement de notre belle et glorieuse histoire. De. plus, pour leur honneur immortel, ne peut-on pas dire que c'est avec eux que Dieu a fait son œuvre? N'existe-t-il pas un livre intitulé Gesta Dei per Francos ? N'est-ce pas avec ceux-là aussi que Clovis aurait si bien voulu se trouver à la Passion de Notre -Seigneur, et n'est-ce pas ceux-là qu'il nous faudrait peut-être encore dans les temps malheureux où nous sommes ? La vue de leurs froides dépouilles, de leurs restes inanimés, semble en quelque sorte donner de l'énergie à l'âme, et produit certainement sur moi une vive et salutaire émotion. Ce travail, accueilli avec un très- vif intérêt, est renvoyé à la CoHMnission de publication . Sont laissés en dépôt pour la Société tous les objets trouvés à Crécy par M. l'abbé Haret.' L'assemblée vote une somme de cent francs pour la conti- nuation des fouilles à opérer à Saulnières. L - 24 - A propos de ces découvertes récentes et d'une conti*adiclion apportée, en séance, à une de nos dernières réunions, M. Fer- nand de Mély a composé un Mémoire dont il est donné lecture. • J'ai fini , Messieurs ; je ne puis encore vous demander de vous prononcer ; mon savant contradicteur nous a promis une réfu- tation écrite , alors seulement vous pourrez décider, après l'avoir entendu , si la découverte de Crécy doit être regardée comme un efiet du hasard ou si elle est vraiment digne d'appeler sur elle votre bienveillante attention. » M. Lecocq présente diverses observations en réponse à ce Mémoire qu'il croit reposer sur une donnée inexacte sur sa demande , M. l'abbé Haret déclare qu'il n'a été trouvé aucune hache celtique dans les tombeaux de plâtre. M. E. Sautton donne à la Société un objet archéologique réputé pour être un instrument de bûcheron trouvé aux envi- rons de Genonville, non loin de Voves, et deux petits moules à balles trouvés à Yerville, — 30 — M. P. Durand demande que M. Merlet veuille bien faire un rapport sur un objet d'une forme singulière, qui pourrait bien être un sceau, fourni par M. Tabbé Haret. M. le Président en dira quelques mots à la prochaine séance. M. Emile Girouard communique à la Société une chronique scientifique sur les découvertes et les progrès accomplis récem- ment en France et à l'Étranger. Traversée de la Manche par des voies souterraines. — Qui donc aurait cru, il y a quarante ans, alors qu'on hésitait à percer des tunnels de quelques cents mètres , qu'un jour vien- drait où les montagnes ne seraient plus un obstacle à l'exécu- tion des voies ferrées? A cette époque, on traitait de chimériques les projets gran- dioses réalisés dans ces dernières années. Que d'objections ont été soulevées relativement au percement du canal de Suez , du tunnel du Mont-Cenis ! et cependant le succès a couronné ces entreprises, si bien qu'à peine terminées on se mettait à l'œuvre pour ouvrir également un passage à travers le Saint- Gothard. Ces succès ont été pour beaucoup dans la reprise du projet de tunnel sous-marin destiné à reher la France et l'An- gleterre. Cette idée, qui date de fort loin, n'était approuvée que par un petit nombre de personnes, les autres traitaient d'insensés ceux qui, à leurs yeux, concevaient des projets aussi extravagants. Aujourd'hui , il n'en est plus ainsi depuis que nous voyons l'homme étendre son empire sur l'univers entier, nous n'osons plus douter de rien ; en efiTet, nous le voyons traverser les mers à la nage, revêtu d'un costiune insubmersible, séjourner au miUeu des flammes pour y arracher des victimes vouées à d'horribles tortures, s'élever dans les airs et conquérir dans des régions jadis inexplorées, des connaissances utiles sur la forma- tion des phénomènes météorologiques. La routine, la plus grande ennemie du progrès, est enfin forcée de lui céder la place, mais après des luttes qui souvent sont funestes pour celui qui a le courage de les soutenir. Grâce au zèle de M. Thomé de Gamond, mort le mois dernier au moment où on adoptait définitivement son idée, l'Angleterre va prochainenuit être reliée à la France par un gigantesque tunnel qui n'aura pas moins de 32 kilomètres sous la mer. — 31 — Ce que Ton craignait surtout à Vorigine , c'était la rencontre de quelque faille ou rupture de la couche de craie au sein de laquelle on doit conduire les travaux , mais les sondages les plus minutieux , joints à l'examen attentif des falaises, ont démontré qu'il n*y avait rien à redouter. Quant à la pression que devra supporter la voûte, elle n'est pas si considérable qu'on le croit généralement; en effet, le tunnel se trouve à 125 mètres au-des- sous du niveau de la mer, mais il reste entre le fond de celle-ci et la clef de voûte une couche de craie dure et compacte de 60 à 80 mètres d'épaissem*. Dans un terrain de cette nature, les infil- trations inquiétantes sont peu à redouter, et en admettant qu'elles se produisent, on s'en rendra maître bien plus facile- ment encore que loi*s de l'accident arrivé à Brmmel pendant le forage du tunnel sous la Tamise. Nous voyons d'ailleurs des naines s'avancer sous la mer à des distances de plusieurs kilo- mètres, et cependant la couche de terrain qui les sépare du fond de l'eau est parfois si mince que les ouvriers entendent distinctement le bruit causé par les galets agités par les vagues; il parait même que plusieurs fois on creva cette mince pellicule, mais les ouvrière y Sont tellement habitués qu'en un instant ils arrêtent l'envahissement des eaux. Il faut également tenir compte de la solidité qu'acquerra le tunnel au fur et à mesm'C de son avancement, par suite des revêtements soit en pierres de taille, soit en briques ou en béton comprimé. Relativement aux matériaux qui doivent être employés pour cet usage, rien n'est encore définitivement arrêté ; mais il est probable qu'on en essayera de différentes natures sur une longueur aussi con- sidérable. On a même parlé autrefois de le revêtir d'une sorte de tube en fer, mais ce projet a été abandonné. Signalons à ce sujet un projet qui consistait à descendre au fond de la mer d'énormes anneaux de fonte qui, boulonnés en- semble par des plongeurs revêtus de scaphandres , formeraient un tube gigantesque à Tin térieur duquel circuleraient les trains. Un autre inventeur voulait établir, au fond même de l'Océan, une voie ferrée analogue à celle de nos Ugnes terrestres, sur laquelle circuleraient des vagons en tôle hermétiquement fer- més et que l'air comprimé mettrait en mouvement tout en servant à procurer Tair frais nécessaire aux voyageurs. Par une disposition ingénieuse on pouvait, à un moment donné, con- vertir cette sorte de convoi en un navire qui s'élevait du fond de l'eau pour venir naviguer à sa surface. — •{*> — Je ne citerai pas tous les projets, ilssont trop nombreux^ car â chaque instant il en surgit de nouveaux; seulement on peut affirmer qu'aussitôt le tunnel exécuté on étudiera ces diffé- rentes questions, et dans un avenir peut-être peu éloigné, nous verrons les voyageurs, partis le matin de la gare du Nord à Paris, arriver l'après-midi à Londres, après avoir voyagé le» uns au-dessus, les autres au-dessous et même au sein des flols. Force motrice produite par la lumière. — 11 y a huit mois environ , tous les journaux scientifiques ont parlé du généra- teur solaire à vapeur de M. Mouchot, consistant en un réflec- teur d'une forme spéciale, au foyer duquel se trouvait une chau- dière mise en pression par suite de réchauffement produit par les rayons du soleil. Nous avons eu occasion de voir un de ces appareils faisant fonctionner un piston et communiquant le mouvement à de petits instruments de démonstration; mais alors, c'était la chaleur solaire qu*on utilisait, tandis qu'au- jourd'hui voilà un savant anglais éminent, M. William Crookes, membre de la Société royale de Londres et directeur du Che- mical News, qui a découvert, dans la lumière même, un prin- cipe de force motrice. La lumière remplaçant l'électricité, la vapeur, le vent et les cours d'eau, voilà ce qui paraîtra étrange à un mécanicien ! Cet appareil que l'on nomme radiomètre, se compose de quatre bras légers, fixés sur un pivot d'agate et portant à leurs extrémités un disque de moelle de sureau, blanc sur une face et noir sur l'autre ; le tout est renfermé dans une cloche de verre mince, dans laquelle le vide est ensuite fait avec soin. Exposés à la lumière du soleil ou du magnésium, les bras de cet instru- ment tournent avec une rapidité excessive. La flamme d'une bougie placée à une distance de 20 pouces fait exécuter un t^ur au moulinet en 182 secondes; la même bougie, placée à 10 pouces, la révolution se fait en 45 secondes, et à 5 pouces en 11 secondes. On voit donc que l'action mécanique de la radiation est inversement . proportionnelle au carré de la dis- tance. De même, deux bougies donnent une vitesse double. La coloration des rayons lumineux a une grande influence sur la rapidité de rotation; ainsi, avec une bougie placée à 5 pouces, il faut 40 secondes pour faire exécuter un tour à l'instrument derrière un verre vert, 38 derrière un bleu, 28 derrière un pourpre, 26 derrière un orangé, 21 derrière un jaune et / - 33 - 20 derrière un rouge clair. Ces renseignements seront très- utiles aux photographes, car ils pourront, à l'aide de cet ins- trument, apprécier exactement le temps d'exposition néces- saire, et cela pendant la pose même du modèle. Voilà des faits qui dérangent singulièrement la théorie et qui cependant viennent expliquer des phénomènes jusque-là incom- préhensibles. Que diront les partisans de cette ancienne défini- tion la lumière est un fluide impondérable ? Voyez-vous d'ici des moulins solaires et des rayons lumineux expédiés en bar- riques des plaines transparentes de l'Algérie dans les régions crépusculaires de la Laponie I Enfin M. Chevrier transmet quelques explications sur plu- sieurs monnaies présentées par M. E, Sautton à la Société ar- chéologique. Il dénomme ces monnaies en assignant leur valeur respective. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Bulletin de la Société Archéologique, Scientifique et lAttérai/re du VendémoiSy t. XIV, 1875. Typ. Lemercier. Don de la So- ciété. Pierre Daniel, avocat au Parlement de Paris ^ par L. Jarry. Orléans, librairie Herluison, 1876. Don de l'auteur. SÉANCE DU 6 AVRIL 1376. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, P. Durand, Tabbé Olivier, Met-Gaubert, Barois, Balandra, de Bertheville, de Boisvillette ToMB VI. P,'V. 3 ~ 34 - L. , Besselle, Bost, Buisson, Heurtault, Laigneau Emma- nuel, Lecocq, Nancy A. , Ravault, D' Robin, Sautton. M. Lecocq dépose sur le bureau, en communication, un Mémoire sur la généralité d'Orléans par M. de Bon ville, en 1698, manuscrit in-f, 85 feuillets, et un autre document Extrait des Mémoires de M. Desessarts , conseiller à Chartres , intitulé Recueil journalier de ce qui s'est négocié et arrêté en la Chambre et Compagnie du Tiers-Etat de France, en ras- semblée générale clés trois Etats en la ville de Sens y au P Sep- tembre 1614, du depuis transférée par Sa Majesté au X" d'Oc- tobre ensuivant en la ville de Paris Le tout comprenant les séances du 13 au 23 octobre 1614. Ces renseignements seront envoyés au Ministère pour ré- pondre aux questionnaires adressés récenunent à propos des généralités et intendances en province et des Etats-Généraux. Suit le compte-rendu de M. le Trésorier pour Tannée 1875. RECETTES. En caisse reliquat du compte 1874 . . . . 5,158fr. 89 c. Subvention du Ministère de l'Instruction publique 300 » Cotisations 3,360 75 Intérêts des fonds placés 117 25 Vente de bulletins 174 » Total des recettes 9,110 89 DÉPENSES. 1° Dépenses ordinaires Procès-verbaux et Mémoires 1,748 fr. 30 c. Gravures 455 60 Frais de i*ecouvrement des cotisations exté- rieures 162 95 Appariteur 250 » Séance générale 35 20 A reporter 2,652 05 - 35 - Report 2,652 fr. 05 c. Dépenses imprévues 75 25 Abonnements divers 85 » Prix aux instituteurs 75 » Reliures 347 55 3,234 85 2° Dépenses extraordinaires Impression du Souchet 217 50 Total des dépenses 3,452 35 BALANCE. Recettes 9, Dépenses 3,452 35 Reliquat actif. . . 5,658 54 Approbation est donnée par l'assemblée à cet état financier; les pièces justificatives seront déposées aux Archives. — Il est arrêté qu'on s'en tiendra au système actuel de recouvrement pour ce qui concerne le département, et qu'on emploiera le concours de M. d'Escrivan, banquier à Paris, pour tout ce qui est en dehors du département. Suit le rapport de M. Laigneau Emmanuel sur le concours d'histoire entre les instituteurs. Messieurs, » L'appel que la Société d'Archéologie adressait, le 5 mars 1874, aux instituteurs d'Eure-et-Loir, en établissant en leur faveur un concours d'histoire et de géographie, a été de nou- veau entendu en 1875; et, au U^ novembre dernier, trois mé- moires avaient été adressés à M. le Président de notre Société » Le premier, de M. Guillon , Renseignements divers sur la commune des Autels -Villevillon Statistique, géographie, his- toire. — Le second, de M. Chantegrain, instituteur-adjoint à l'école communale de Brou, Notes sur les Institutions scolas- — 36 — tiques en France et sur quelques professeurs célèbres, depuis les temps les plus anciens jusqu'à la mort de Louis XIV y accompa- gnées d'une Note biographique sur quelques professeurs char- trains. — Et le troisième, de M. Truberl, Documents histo- riques et statistiques sur la commune d'Epeautrolles. » La Commission instituée par vous, à l'effet de procéder à l'examen des travaux produits, s'est réunie les jeudis 13 janvier et 9 mars, et elle me charge de vous adresser, dans les termes suivants, ses observations sur la valeur de chacun des docu- ments qui ont été soumis à son appréciation. » Le travail de M. Guillon est le plus remarquable des trois Mémoires qui ont été adressés par les instituteurs. Ainsi que l'indique son titre, ce sont des renseignements divers de statis- tique, de géographie et d'histoire, sur la commune des Autels- Villevillon ces renseignements, classés avec ordre et méthode, constituent un ensemble de faits intéressants, et fort utiles à consulter pour l'histoire de notre pays. » M. Guillon fait d'abord la topographie de son village; il le décrit sous ses différents aspects physiques et agricoles, il in- dique comment la population est distribuée à la surface du sol , et il accompagne son tableau de notes statistiques qui ont né- cessairement leur importance au point de vue local. » Mais, voulant conserver, comme il le dit lui-même, aux deux petites communes dont celle des Autels-Villevillon est la réunion, leur physionomie particulière, l'auteur consacre un article séparé aux Autels-Saint-Eloi et à Ville villon. » Il fait donc l'histoire particulière de chaque village, depuis le Moyen-Age XP et XII» siècles jusqu'à nos jours, en indi- quant les phases diverses par lesquelles il a passé. » Les notions historiques sur les deux bourgs, leurs églises, leurs cimetières, sur les usages locaux, les auberges ostelz que l'on rencontrait autrefois en plus grand nombre sur ce point que de coutume, les renseignements sur les notaires, les huissiers, les sergents et les archers, les curés des deux pa- roisses et les maîtres d'école du temps, sur tout ce qui, enfin, peut avoir eu, aux différentes époques de notre histoire, le caractère d'une institution même locale, ont été de la part de l'auteur, l'objet de recherches longues et difficiles, mais pres- que toujours couronnées d'un plein succès. »> M. Guillon fait aussi l'histoire particulière des nombreux - 37 - hameaux des Autels et de Villevillon, ainsi que des petits terri- toires qui en dépendent. Il a poussé plus loin ses investigations; rencontrant sur les registres des paroisses, sur d'anciennes mi- nutes ou de vieux papiers de famille, la mention de quelques habitations aujourd'hui disparues, il a pu retrouver exactement remplacement qu'elles occupaient, et il aurait pu, ainsi qu'il le dit lui-même, si le temps le lui avait permis, donner sur cha- cune d'elles des notions plus précises et plus complètes. » Les grandes familles des Autels-Saint-Eloi et de Villevillon ont été encore l'objet d'une étude particulière et attentive, l'au- teur a pu en faire le relevé; peut-être faut-il regretter que le texte ne soit pas accompagné de tableaux généalogiques. • Enfin M. Guilloh termine son historique des deux com- munes, en signalant les faits curieux ou particuliers dont elles ont pu être le théâtre ; ces annales, empruntées pour la plupart aux registres des paroisses, remontent à 1648, elles ont été continuées jusqu'à la dernière invasion allemande. » Dans tout ce travail , l'auteur n'a rien avancé dont il n'ait eu la preuve écrite. C'est en effet aux sources les plus certaines qu'il a puisé ses documents Archives communales Etat-Civil, Matrice cadastrale. Tableaux de recensement, etc.. Diction- naire topographique et Dictionnaire des conununes d'Eure-et- Loir, Annuaire du département, Histoire du pays chartrain ; il a consulté aussi les vieillards du village, les vieux titres de fa- mille, et surtout les minutes des anciens tabellions des Autels, minutes actuellement déposées en l'étude de La Bazoche-Gouet. » Votre Commission juge donc , Messieurs, que le Mémoire de M. Guillon est de beaucoup le meilleur qui ait été produit jusqu'ici, par les instituteurs, à la Société d'archéologie. Elle pense qu'il y aurait lieu, peut-être, en y faisant les retranche- ments convenables, de renvoyer ledit Mémoire à la Commission de publication. » Dans une étude fort curieuse, presque savante, M. Chan- t^rain trace l'histoire de nos diverses institutions scholastiques pendant la longue période qui s'étend depuis l'époque de la Gaule indépendante jusqu'à celle de Louis XIV. » Il parle des institutions druidiques, des grandes écoles des Gaules pendant la domination romaine , des écoles établies, après l'invasion des Barbares, par les évêques et par les abbés des monastères, puis par Charlemagne lui-même. Il donne sur — 38 ~ ces dernières d'intéressantes notes qnant à leur oi'ganisation , leur discipline, leurs bibliothèques. Bientôt il aborde la grande question de T Université de Paris, de ses collèges, de ses enseignements, de ses régents, de ses écolâtres et des différents grades quelle conférait. Puis, paraissent la Sorbonne avec ses docteurs, l'Ecole des Quatre- Nations, les Facultés de médecine et de droit du XV" siècle, le Collège royal de François P', les collèges congréganisles et pri- vés, et la longue liste des savants qui enseignèrent dans chacun de ces importants établissements savants dont le pays char- train a fourni aussi son contingent; enfin, l'auteur parle de l'institution de l'Académie française, et des plus célèbres illus- trations qui ont honoré ce corps, depuis sa fondation jusqu'à la mort du grand roi. Tf> C'est là un travail plein d'érudition certainement, et qui ferait le plus grand honneur à son auteur, si M. Chantegrain ne nous avait avoué lui-même, qu'il n'avait fait que mettre en pages des documents empruntés à un vieux dictionnaire in- quarto, publié au commencement du XVIII siècle, ouvrage spécialement consacré au sujet dont il vient d'être donné une courte analyse. » La Commission vous fera remarquer, Messieurs, que M. Chantegrain s'est tenu, par le sujet qu'il a choisi, tout à fait en dehors du programme tracé par la Société lorsqu'elle s'est adressée aux instituteurs. Et cette condition n'a pas été sans influence sur la proposition de récompense qui va vous être présentée. » Le travail de M. Trubert est très-court , trop court peut- être. La description générale de la conmiune, puis du village en particulier et de l'église, constitue la première partie. — Quelques données économiques sur les cultures agricoles et sur les animiaux domestiques du pays, puis sur les voies de com- munication, voilà pour la seconde partie. — Enfin, un dernier chapitre a été consacré à l'histoire d'Epeautrolles et des quatre hameaux qui en dépendent. » On pourrait reprocher à l'auteur, dont la méthode d'expo- sition laisse souvent à désirer, de n'avoir pas toujours indiqué la source où il a puisé les matières de son sujet. » La Commission pense qu'il y aurait lieu de compléter ce court exposé par des recherches plus activement faiteç dans les — 39 — archives communales, dans les registres de l'état-civil, lesquels remontent encore en 1657, ainsi que dans les minutes des an- ciens notaires déposées probablement à lUiers. Le Mémoire sur EpeautroUes se compléterait alors heureusement, et offrirait ainsi, au lieu d'une simple copie, le caractère d'une œuvre vrai- ment originale. » En tenant compte. Messieurs, des observations qui vien- nent de vous être adressées sur la valeur des trois Mémoires faisant l'objet du concours ouvert en 1875, la Commission a l'honneur de vous proposer d'accorder » 1** A M. Guillon, instituteur aux Autels - Villevillon , un prix d'une valeur de 75 francs environ, pour son estimable tra- vail d'histoire, de géographie et de statistique ; » 2" A M. Chantegrain , instituteur-adjoint à l'école commu- nale de Brou, un encouragement seiûement d'une valeur de 20 francs, en raison de ce que son mémoire, résultat d'une compilation facile, est, corome il est dit plus haut, tout à fait en dehors du programme exigé ; Et 3** Enfin, à M. Trubert, instituteur, à EpeautroUes, égale- ment wn encowra^ewen^ d'une valeur de 20 francs, pour ses essais et sa bonne volonté. » Après difTérentes observations présentées sur le mérite res- pectif de chacun de ces travaux, la Société décide, par votes particuliers, qu'wn prix unique àe 100 francs, en ouvrages, serait accordé à M. Guillon, instituteur aux Autels-Villevillon , lequel s'est conformé aux prescriptions du programme en livrant un travail méthodique, rempli d'ordre, sur la statis- tique, l'histoire et la géographie archéologie locale; l'assem- blée arrête, en outre, qu'une menlmi très-honorable est don- née à M. Chantegrain , maître-adjoint à l'école de Brou, dont le mémoire est bon, éruditmême, mais a le tort de se trouver en dehors des conditions fixées par la Société; enfin celle-ci accorde une mention honorable à M. Trubert, instituteur à EpeautroUes ; ti'avail incomplet et trop court. M. le Rapporteur termine par ces mots qui sont pour nous de bon augure Voilà donc les instituteurs d'Eure-et-Loir entrés dans la voie des éludes et des recherches que vous leur avez demau- - 40 - dées ; et comme nous eu avions formulé l'espoir l'année der- nière, l'exemple donné a trouvé des imitateurs. » Un membre cherche à s'éclairer sur la situation de la porte Guillaume , en demandant où en est Taffaire. M. le Président répond qu'il y a eu une proposition faite par M. le Maire au locataire actuel d'une des tourelles de la porte Guillaume si cette proposition est acceptée et que la ville rentre en possession complète du monument, la Société s'en- tendra avec l'administration pour passer le bail qui lui a été consenti. Il n'y a pas d'autre communication pour le moment. Arrive ensuite l'annonce de la séance générale publique et annuelle du mois de mai. Diverses propositions sont mises en avant afin d'obtenir un conférencier qui donne du reUef et de l'éclat à cette solennité. L'assemblée s'arrête définitivement au nom de M. Gaston Tissandier, si populaire, et comme explorateur de l'atmosphère, et comme martyr de la science avec MM. Sivel et Crocé-Spinelli. Un membre veut bien se charger de négocier l'affaire en promettant de transmettre les renseignements nécessaires aussi promptement que possible. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à près de cinq heures. NOUVEAU MEMBRE ADMIS. Membre titulaire. M. Barbot, ancien instituteur, à Dreux; présenté par MM. Corne et Bréville. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Documents et informations diverses. — Institut des pro- vinces de France, Bordeaux , V^ Cadoret. Eighth annual Report of the Trustées of the American Ar- cheology and Ethnology. Cambridge, Salem fress, 1875. En- voi de la Société. — 41 — Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 4* trimestre de 1875. Envoi de la Société. Bulletin de la Société industrielle et agncole d'Angers^ 2, 3 et 4* trimestres. Angers, Barassé, 1875. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Dunoise y 7V>»26, 27, 28. Châteaudun, Pouillier-Vaudecraine , 1875-76. Envoi de la Société. Bulletin de la Société archéologique du Vendômois, 1' tri- mestre 1876. Lemercier et fils. Envoi de la Société. Bévue des Sociétés savantes des départements. Imprimerie nationale, juillet 1875. Répertoire archéologique du département de la Nièvre, par M. le comte de Soultrait. Paris, Imprimerie nationale, 1875. Envoi du Ministère. SÉANCE DU 4 MAI 1876. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès- verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, de Bertheville, Bosselle, de Boissieu, Brosseron, Chevrier, Du- breuil H., l'abbé Hénault, Hue, Isambert Stanislas , Legrand, Lecocq, Nancy A., Person père, Sautton. L'assemblée décide que la conférence de M. Tissandier se tiendra le jeudi 1" juin, dans la salle Sainte -Foi. M. Emile Girouard promet son concours comme opérateur. Communication sur Texcursion archéologique projetée à Anet. M. Moreau nous offre sa bienveillante hospitalité. Il est arrêté que cette excursion aura lieu le dimanche 25 juin. La séance publique sera donnée dans une des grandes salles du château. M. le Président invite tous nos confrères à préparer quelques travaux pour l'époque ci-dessus indiquée. - 42 — Suit une autre communication sur un projet d'exposition archéologique, industrielle et commerciale qui se ferait, au nom de la Société, à Chartres, lors de la tenue du Concours régional de 1877. L'assemblée laisse au Bureau le soin de nommer une com- mission de six membres qui serait chargée de préparer les voies et moyens propres à la réussite de ce projet. Sont nommés membres de cette commission, MM. Chavau- dret, Met-Gaubert, de Boissieu, Dubreuil, Hue et Legrand. Les pouvoirs du Président ictuel expirent à la fin de juin. D'après les Statuts, un nouveau Président doit être choisi. L'assemblée consultée décide que cette élection aura lieu le premier jeudi de juillet. Lecture d*un travail de M. E. Girouard, sur la préparation et l'emploi des pâtes alimentaires au fucus dans le traitement de la phthisie pulmonaire et comme succé lané de l'huile de foie de morue. a Me livrant dans mon laboratoire à la préparation de cer- tains produits nouveaux extraits de différentes substances con- tenues dans les fucus , je fus frappé de l'analogie qui existait entre les produits de cette plante marine et ceux extraits de quelques matières animales et végétales. » La présence des corps gras et mucilagineux, ainsi que celle des phosphates, chlorures, etc., mais surtout de l'iode, me fit songer à le recommander pour le traitement des phthisiques , des rachitiques et des scrofuleux, comme succédané de l'huile de foie de morue. » En effet , l'huile extraite des foies de morues et de raies doit ses propriétés d'abord au corps gras qui agit conune aliment respiratoire , et ensuite à l'iode qu'elle renferme en si petite quantité que beaucoup de médecins ont nié son action. Le fucus, au contraire, contient de l'iode en quantité relativement consi- dérable, et chacun sait que c'est de c^tte plante que nous ex- trayons ce corps simple dont l'usage est si répandu aujourd'hui, tant pour les besoins de la thérapeutique que pour ceux de- Tindustrie. Nous y trouvons même, en plus de l'iode et des phosphates, plusieurs autres substances renfermées dans les graines des céréales et des légumineuses, graines aujourdhui — 43 — en usage dans ralimentalion des poitrinaires sous les noms pompeux les plus divers. » Les fucus peuvent se dissoudre presque complètement par suite de la macération et de l'ébuUition dans Teau ; mais toutes les plantes de cette famille n'ont pas les mêmes vertus en effet, il en est dans la composition desquelles l'iode entre en plus grande quantité que dans d'autres. Certaines variétés sont vermifuges, d'autres purgatives et amères, d'où il résulte qu'on doit de préférence rechercher ceiiaines espèces, aussi je re- grette de ne pas en avoir eu un assez grand nombre sous la main afin de pouvoir les comparer et indiquer les meilleures. Je puis cependant affirmer que ces propriétés purgatives et ver- mifuges, qui résident surtout à la surface des feuilles et des tiges, sont facilement détruites par un premier bouillon que Ton jette, tandis que les autres principes qui forment des com- binaisons beaucoup plus stables ne se dissolvent qu'à la longue; voici d'ailleurs la manière d'opérer pour dissoudre les fucus et les transformer en pâtes alimentaires » Ces plantes, après avoir été soigneusement lavées àTeau chaude, sont introduites avec ime certaine quantité d'eau de pluie dans une chaudière en fonte ou mieux encore en porce- laine, et soumises à ime ébuUition prolongée, jusqu'à dissolu- tion presque complète ; on filtre dans un feutre ou une toile serrée, en pressant fortement, et on évapore le liquide à con- sistance légèrement pâteuse en prenant des précautions pour qu'il ne brûle pas; à ce moment on peut y mélanger, si on le désire, une petite quantité de gluten et même de substances médicamenteuses. Il ne reste plus alors qu'à soumettre cette préparation aux opérations habituellement en usage pour la fabrication des pâtes alimentaires, telles que macaroni, vermi- celle, pâle d'Italie, semoule, tapioca, etc. Ainsi préparé, le fucus offre un aliment nouveau qui, dans un endroit sec, peut se conserver indéfiniment; il se prépare soit au lait, soit mieux encore au gras, et, sous forme de potage, il constitue pour les phthisiques, les rachitiques et les scrofuleux, un mets nutritif, d'un goût agréable, ayant les propriétés de l'huile de foie de morue sans en avoir les inconvénients * . » * L'huile de foie de morue occasionne souvent chez les malades des diarrhées, des maux d'estomac , des vomissements , et on sait la difficullé que Ton éprouve - 44 - Un membre demande pourquoi il n'est pas fait de rapports par les Comités historiques sur les publications de la Société. M. le Président répond qu'il a déjà demandé des explications à ce sujet, et que le retard est du fait d'un des membres du Comité chargé de faire ces rapports. M. le Président est invité à opérer de nouvelles démarches. La séance se termine par la lecture que fait le secrétaire de deux pièces de vers de M. Touche, intitulées Saint Vincent de Paul; fa Sœur de Charité, SAINT VINCENT DE PAUL. I. Paris, comme aujourd'hui, regorgeait de misère. — Un enfant nouveau-né vagissait sur la pierre Oïl sa mère sans lait, dans Tombre d'un mur noir, Glissant furtivement , l'avait posé le soir. Il faisait froid Avant qu'on vît le jour paraître, Fût retourné vers Dieu le pauvre petit être De la grande cité du plaisir et du bruit. Il se fiit envolé sur l'aile de la nuit — Courant vers les attraits d'une chaude soirée , Bien des riches joyeux , en voiture dorée , Avaient passé sans voir l'enfant aux cris plaintifs; Plus d'un rôdeur de nuit, marchant, à pas furtifs , Dans le crime et le vol, la débauche et la lie. N'avait point jugé bon de lui sauver la vie ; Bien des honnêtes gens , sur rue ayant pignon , Trouvaient tout naturel qu'un être si mignon Restât en proie aux crocs de quelque chien voracc , Puisque sa mère était gueuse et de basse race; De sorte qu'il n'avait dans la ville de fer. Pour caresser son front que les flocons d'hiver ! II. Péris donc sous la neige, innocente victime ! Non ! le soulier ferré de ce prêtre sublune à vaincre la répugnance des enfants et raôrac des grandes personnes ; le fucus , au contraire, n'ayant pas de saveur di^sagréable , peut se transformer en plats sucrés et ôtre ainsi consommé sans qu'ils se doutent qu'ils absorbent un médi- rament. - 45 - Nommé Vincent de Paul, a résonné là-bas. Le flair du bien vers toi sollicite ses pas; Comme l'aimant le fer, la misère l'attire. Prodigue de bienfaits , qui pourra jamais dire L'ardente charité du foyer de son cœur? L'égoïsme hideux en lui vit son vainqueur ! — Le pauvre abandonné n'avait phis, sur sa couche, Qu'un léger cri sortant à peine de sa bouche N'importe ! le grand Saint dans la nuit l'entendra ! A son cœur généreux la charité dira Que dans ce corps chétif rayonne une âme humaine Pour qui mourut Jésus, ainsi que pour la sienne; Que cet enfant vaut bien qu'on le dispute au froid , Dans la création l'homme étant noble et Roi Et délicatement, comme une tendre mère, Dans son manteau tramé d'une laine grossière , 11 réchauffe l'enfant, le ravit à la mort. Et l'emporte chez lui comme un rare trésor. m. Et l'âme du grand Saint se dilata de joie Sa charité trouvait une nouvelle voie ! — Quand Newton voit enfin la grande attraction , Quand Guttemberg pâli crée une invention Qui doit mouvementer la surface du monde , En s'essuyant du front une sueur féconde Ils disent J'ai trouvé ! » mais ils ne sont qu'humains. Ce que Vincent de Paul a créé de ses mains Cest une œuvre divine ! et Jésus sur la terre , Seul a pu surpasser le saint humanitaire. Les fils de la misère et de la pauvreté Grandiront, souriants, grâce à sa charité. Pour les anges qu'il a réchauffés p'ar centaines. Il demande et le soir, il revient les mains pleines; Les dames, à sa voix, donnent leurs colliers d'or. Et les enfants trouvés ont un large trésor. Puis leur père commun trouve de nobles filles Qui, dans leur cœur aimant, les prennent pour familles.. — Retirez les projets dont vous êtes auteurs, Devant ce simple prêtre, ô vous, réformateurs ! IV. Sa charité toujours veille, étant infinie. Et sans cesse agissante , elle fait son génie ; — 46 - Ah ! sans doute il eût pu , d^une éloquente voix , La mitre d*or au front, tonner devant les rois Mais nous avons plusieurs géants de Téloquencc ; Saint Vincent aima mieux être la Providence Incarnée ici-bas pour les pauvres souffrants Quant à lui, coudoyer les plus infimes rangs. Malades et vieillards , et prisonniers , en proie Au désespoir rongeur, c^était sa sainte joie. Il refaisait une âme à tous ces malheureux. Et leur montrait du doigt la porte d^or des cieux. En secourant toujours la pauvreté quUl aime , Il se souvient qu'enfant il fut pauvre lui-même. Simple jusqu'à la mort, cet intendant de Dieu Prodigua Tor à flots et vécut de fort peu. Les voix des malheureux , dans un concert immense , Le bénissent -. voilà sa chère récompense; £t là-haut, en faveur du Lazare étemel , Il intercède encor dans la gloire du Ciel LA SCEUR DE CHARITE. Elle aurait pu rester sous Taile de sa mère Au foyer paternel où Ton est si joyeux; — Non le vaste hôpital regorge de misère Et de souflrants qu'attend la mort, jeunes et vieux ! Et, belle comme elle est, la chevelure ornée De fleurs , elle aurait pu briller dans les salons , — Non car sa charité s'est vue environnée De femmes sans asile et d'enfants en haillons Comme un sylphe léger, la flUe à souple taille Eût pu tourbillonner dans l'ivresse du bal; — Non sous le ciel en feu de Pafhreuse bataille Trop d'hommes sont broyés par le canon brutal ! Dans la ville dorée, elle eût pu, mère heureuse. Montrer ses beaux enfants de soie et d'or vôtus; — Non dans ce siècle impur, une misère affreuse Laisse trop d'orphelins sans cœur et sans vertus. Elle eût pu , tant sa voix est sonore et céleste , Faire trépigner d'aise un flot d'admirateurs; — Non la mer en courroux aux esquifs est funeste , Il faut prier le ciel pour les navigateurs. •• - i7 - Blonde comme les blés , elle eût pu , dans la plaine , De sa ferme régner sur les sillons poudreux; — Non de pauvres vieillards ont vu leur coupe pleine Déborder d'amertume, il faut quêter pour eux. Cest la fille du ciel; — sous sa robe de bure L^ardente charité consume un vaillant cœur ; — Comme Marie, elle a pris la part la plus pure; A tous elle sourit; tous lui disent *. Ma sœur! » L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAU MEMBRE ADMIS. Membre honoraire. M. DE Nervo le baron Femand, préfet d'Eure-et-Loir. OBJETS OFFERTS A LA SOGIËTË Annules de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes- i/aW^!7ne5, t. IIL Nice, imprimerie Caisson et Mignon, 1875. Envoi de la Société. Recueil des Mémoires et Documents de V Académie de la Val- d'Isère y 3 vol., 2* livr. Moutiers, 1876. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Académique de Brest, t. IL Imprimerie Roger père, 1875. Envoi de la Société. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 1" JUIN 1876. Présidence de M. le baron De Nervo, Préfet d'Eure-et-Loir. M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance publique annuelle s'est tenue, le jeudi 1" juin, dans la salle Sainte-Foi, sous la présidence de M. le baron de Nervo, préfet d'Eure-et-Loir. — 48 — A ses côtés avaient pris place, M. Merlet, Président; MM. de Saint-Laumer, maire de Chartres; Patry, inspecteur d'Académie; Chavaudret, vice-président; Gaston Tissandieret Met-Gaubert, secrétaire de la Société. L'auditoire est très - nombreux ; la salle est entièrement garnie. La séance est ouverte à deux heures un quart. M. le Président donne lecture du discours suivant Mesdames et Messieurs, » Nous nous sommes quittés l'année dernière avec la perspec- tive d'un grand projet que notre Société espérait mettre à exé- cution, la réparation de la porte Guillaume de Chartres, et peut-être son appropriation pour un but utile, encore peu dé- fini. Nous nous retrouvons aujourd'hui dans la même situation, bien que douze mois entiers se soient écoulés depuis lors. Plu- sieurs tentatives ont été faites pour arriver à un résultat satis- faisant, mais malgré nos efforts, malgré ceux si dévoués de l'administration municipale, cette affaire n'est pas encore ter- minée, et nous ne pouvons, pour le moment du moins, vous inviter à venir avec nous visiter notre nouveau domaine. » C'est notre 20» anniversaire que nous célébrons avec vous en ce jour on ne nous avait pas, à notre naissance, prédit d'aussi longues années, et plus d'un assurément pensait que nous ne durerions pas si longtemps. Les années ont succédé aux années , et malgré bien des pertes privées et des plus dou- loureuses , malgré de terribles épreuves publiques , nous vivons encore, et nous vivons plus forts et plus nombreux que jamais. Un heureux symptôme se manifeste même en ce moment, qui semble promettre à la Société un plus large accroissement en- core. Nos membres, autrefois localisés presque exclusivement au chef-lieu du département, tendent à devenir chaque jour plus nombreux dans les autres cantons et les autres arrondis- sements. Tandis qu'à Chartres, faut-il l'avouer, nous rencon- trons parfois des marques d'ingratitude, nous ne recueillons partout ailleurs que des preuves de bienveillance et de sym- pathie. » Tous ceux d'entre nous qui ont assisté, il y a deux ans, — 49 — à la séance tenue par nous à Nogent-le-Roi, tous ceux qui, l'an- née dernière, sont allés à Dreux, se rappellent avec reconnais- sance Taccueil empressé que nous avons reçu, je ne dirai pas seulement de nos confrères, mais de la population tout entière c'était jour de fête pour la ville que nous visitions, et depuis les orgues et les chants des églises jusqu'aux fanfares des Sociétés musicales, rien ne manquait pour nous souhaiter la bienvenue. Et ce n'était pas là seulement l'enthousiasme d'un moment le souvenir de notre passage est resté vivant chez ceux qui avaient bien voulu si cordialement nous accueillir, et ils nous l'ont prouvé en venant à nous à leur tour, afin de continuer ces liens de confraternité que nous avions noués avec eux. Aujourd'hui ces membres nouveaux sont déjà assez nombreux pour con- stituer de véritables comités correspondants une heureuse initiative a été prise dans la ville de Dreux où nous comptons jusqu'à vingt-neuf membres titulaires un comité s'est formé pour correspondre plus activement avec la Société mère, et notre légitime ambition serait de voir d'autres villes, Nogent- le-Roi, Illiers, par exemple, suivre l'exemple que vient de leur donner la ville do Dreux. » Ce serait pour tous un grand avantage on travaille mieux quand on travaille en commun, et rien n'est plus vrai que cette devise d'un royaume voisin L'Union fait la force. C'est à cela que notre Société doit sa puissance et sa vitalité; il en est peu où les membres soient plus étroitement unis, et au moment de quitter la charge delà présidence, permettez-moi, mes chers confrères, devons remercier publiquement, au nom du Bureau et au mien, du concours cordial que vous n'avez jamais cessé de nous accorder en toutes circonstances. » Ceux qui nous quittent, à part de bien rares exceptions, ne nous abandonnent jamais que rappelés par Celui qui tient en main nos destinées je vous en citerai beaucoup qui, forcés par les événements d'aller au loin poursuivre leur carrière, n'ont pas voulu pour cela se séparer de nous et sont restés nos très -fidèles correspondants. Mais, hélas I il en est d'autres qu'une nécessité plus cruelle, la mort, nous a ravis, et cette année notamment nous avons eu à déplorer, avec la ville de Chartres tout entière , deux pertes bien sensibles qui ont laissé parmi nous un vide difBcile à combler. Vous nommer MM. Le Blanc et Marcille, c'est vous dire assez ce que nous avons à Tome VI. V. 4 - 50 - regretter. Dévoués tous deux profondément à notre Société, ils avaient puissamment contribué au succès merveilleux de notre Exposition de 1869 nous sentons plus vivement encore leur absence aujourd'hui où, à la veille d*im nouveau Concoui-s régional, nous voudrions pouvoir renouveler, pour la ville de Chartres, les solennités de 1869. » Y parviendrons-nous? Mon successeur vous le dira l'année prochaine pour moi, j*ai hâte de terminer et de vous laisser écouter le savant aéronaute qui a bien voulu, en ce jour, nous prêter le concours de sa science si autorisée au prix de dangers que vous connaissez tous. ï> Il y a environ un an, un des instituteurs de notre dépar- tement nous adressait une pièce de vers intitulée le Zénith y et qui conunençait ainsi Montant, montant toujours, ils franchissent les nues; Les monts et les cités et les forêts chenues Sur un môme niveau s'effacent à leurs yeux. De Pempire de Faigle ils passent les limites Et s'élancent saas peur dans d'énormes orbites Où vont-ils, ces audacieux? » Nous ne pensions pas alors qu'un jour nous aurions l'hon- neur de recevoir parmi nous un de ces hardis navigateurs de Tair, le seul des survivants de cette terrible catastrophe ; mais nous applaudissions à la poésie do notre confrère, M. Touche, de Guillonville , et nous encouragions de tous nos vœux la pu- bUcation de ses vers. » Tout à l'heure vous allez applaudir à votre tour les col- lègues de M. Touche que la Société a jugés dignes d'être récom- pensés pour leurs travaux sur l'histoire de leur commune. Un prix spécial va être décerné à M. Guillon, instituteur aux Autels- Villevillon, qui nous a envoyé un mémoire sur les annales de la modeste commune où il exerce ses fonctions. M. Guillon n'avait assurément pas à sa disposition les ressources d'une grande ville les richesses de nos bibliothèques publiques lui faisaient défaut; mais à force de patientes recherches, je dirais presque, à force d'amour, il est parvenu à reconstituer le passé de la paroisse, à retrouver l'histoire de ses seigneurs, à repro- duire la physionomie de la classe laborieuse. Et demandez à M. Guillon si dan^ le courant de son travail souvent* ardu et fatigant, il n'a pas éprouvé les plus douces jouissances. — 51 — • Mesdames^et Messieui*s, un de nos plus grands magistrats, le chancelier d'Aguesseau, a composé un livre intitulé Le bon- heur que procure Vétude, Il avait grandement raison , le chan- celier d'Aguesseau, et volontiers, en terminant, je dirais avec lui • Bien fous ceux qui négligent une pareille source de bon- heur ! Bien fous ceux qui vont au loin et à grands frais cher* » cher des plaisirs stériles quand ils ont en leur main le seul » moyen d*étre heureux ! » M. le Secrétaire proclame les récompenses suivantes décer- nées par la Société aux instituteurs qui ont envoyé les meilleurs travaux sur l'histoire du département Prix unique de 100 francs accordé à M. Guilloiiy instituteur aux Autels -Villevillon, pour une notice historique, statistique, géographique et archéologique sur sa commime, suivie d'un Glossaire des mots patois les plus usités dans le Perche et la Beauce; Mention très-honorable à M. Chantegrain, maître-adjoint à Técole conununale de Brou, pour un travail sur les anciens professeurs et les anciennes Universités de France; Mention honorable à M. Trubert, instituteur à Epeauti'oUeSj pour une notice sur sa commune. M. Gaston Tissandier, dans un entretien qui s*est prolongé pendant plus d'une heure , a exposé les ressources nombreuses que la science pouvait trouver dans l'emploi judicieux des aé- rostats. Il a parlé des ascensions scientifiques les plus impor- tantes, des résultats qu'elles avaient apportés à la météoro- logie, en insistant spécialement sur les ascensions à grande hauteur. Les récits des voyages du Zénith , et de la catastrophe ter- rible qui a fait de Crocé-Spirielli et de Sivel de glorieux mar- tyrs de la science, ont vivement ému l'auditoire. M. Gaston Tissandier a fait passer sous les yeux des specta- teurs un grand nombre de tableaux aérostatiques projetés sur un écran à l'aide de la lumière oxhydrique ; les grands spec- tacles aériens, mirage, halos, ombres et auréoles lumineuses y reproduit? par la photographie d'après les dessins de M. Albert Tissandier, ont présenté avec exactitude une intéressante sérief de scènes atmosphériques. - 52 — Une des plus émouvantes est celle qui , rappelant le siège de Paris, a mis sous les yeux des spectateurs la cabane dans la- quelle se sont réfugiés les aéronautes français, après leur des- cente en Norwége. Les habitants de ce pays ont eu pour nos compatriotes, pour notre belle France, un enthousiasme extraordinaire qui s'est traduit par une manifestation publique et par des procédés d'une noble et généreuse délicatesse. M. Tissandier, ému lui-même, eu racontant ce trait, a senti qu'il rencontrait dans tous les cœurs un écho bien sympathique, et d'unanimes, de chaleureux applaudissements sont venus le lui prouver. Il a terminé son entretien en présentant l'état de la science, en ce qui concerne la direction des ballons. Il a résumé les grands travaux de M. Henri Giffard, et a démontré que l'avenir y puiserait les éléments de la solution du problème de la navi- gation aérienne. n a fait voir, enfin, que les aérostats s'appliquent aux besoins de l'art militaire, et que l'impérissable découverte des frères Montgolfler fournit de puissantes ressources non-seulement à la science, mais encore à la Patrie. Chartres , a-t-il dit , sera un de ses plus chei's souvenirs , et , avant de nous quitter, il adresse des paroles de la plus gra- cieuse affabilité à toute l'assemblée. Celle-ci, tout entière, enchantée d'une conférence aussi brillamment conduite, se confond en applaudissements réitérés en faveur du célèbre aéronaute. M. le Préfet remercie M. Tissandier de la vive satisfaction qu'il a procurée à tout l'auditoire. La séance est levée à quatre heuj^es. — 53 -^ SÉANCE DU 8 JUIN 1876. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption des deux procès-verbaux des deux dernières réu- nions. Étaient présents MM. Merlet, Met-Gaubert, Besselle, de Bertheville, BeUier de la Chavignerie, Bonnard, Dubreuil, Famin, Gilbert P.» Vabbé Hénault, Heurtault, Isambert Stanislas, Joliet, de Saint-Laumer père, Laigneau Emma- uuel, Legrand, Lecocq, Nancy Alf., Ravault et Védie. Des regrets sont exprimés à l'égard de deux membres fonda- teurs décédés, MM. Roussille, ancien cultivateur, et Rémond, ancien maire de Chartres. Conmaunication sur la séance publique qui doit se tenir à Anet, le dimanche 25 juin. Invitation est adressée à tous les membres pour préparer quelques travaux, prose et vers, à l'occasion de cette solennité. La Société décide, ensuite, l'abonnement d'un an, moyennant 30 francs, à la Gazette archéologique ^ dont l'éditeur, à Paris, est M. Lévy. Proposition de constituer des comités cantonaux à Dreux, à Nogent-le-Roi , àllliers, où il sera besoin, en donnant à ces comités une constitution uniforme. L'assemblée consultée arrête, par un vote, qu'une Commis- sion de cinq membres sera nommée par le Bureau avec mission d'établir mi règlement fixe à ce sujet. Rapport de M. Dubreuil sur le projet d'Exposition. a Messieurs, T» A notre dernière réunion , vous vous en souvenez, M. Merlet, notre président, avait émis une idée qui consistait à provoquer l'an prochain , à Chartres , à l'occasion des fêtes du Concours régional , une exposition d'archéologie. - 54 - > Sans vous prononcer en aucune manière sur cette ques- tion, vous avez décidé, Messieurs, qu'une Commission serait chargée de Tétudier. C'est le rapport de cette Commission que je suis chargé de vous présenter aujourd'hui. » Nos opérations ont été des plus simples. » D'abord et quant à la question d'opportunité, votre Com- mission a été tout entière d'accord. A coup sûr, une Exposition d'archéologie ne pourrait qu'augmenter l'attrait des fêtes de Tan prochain, et, au point de vue archéologique même , pré- senterait un intérêt certain , puisque déjà nous avons l'assu- rance, en ce cas, de voir des collections fort remarquables et très-peu connues, mises à la disposition de la Société. » En théorie donc, accord parfait et conclusion aflirmative. Mais , dans la pratique?. .. Quant à l'accord , Messieurs , pas une dissonance, mais cela ne suffit plus, et, je dois l'avouer, après avoir longuement discuté, votre Conunission n'a pu prendre encore de sérieuses résolutions. » Deux modes de procéder se présentent en effet, offrant tous deux des difficultés, non pas insurmontables, mais très-sé- rieuses. » Ou faire une exposition d'archéologie pure et de beaux-arts, ou renouveler l'heureuse expérience de 1869 et unir l'industrie aux curiosités artistiques. » Dans le premier cas, il faudrait disposer d'un local introuvé jusqu'ici et peut-être introuvable. L'ancienne Biblio- thèque, dont il avait été parlé, serait mise à notre disposition avec une gracieuseté dont nous ne saurions être assez recon- naissant; mais elle est insuffisante, et Técole Saint-Ferdinand où vous fîtes, civec tant de gloire vos premières armes en pa- reille matière, n'est plus, comme elle l'était alors, libre et à votre disposition. » En iSeO", cette question du local avait été déjàl'écueil de vos projets. Cet écueil vous l'avez heureusement franchi, ou plutôt. Messieurs, vous en avez fait votre piédestal. » En joignant l'industrie aux beaux-arts, vous avez pu bâtir un palais et faire une exposition justement remarquée. Utile dulciy c'était votre devise, et vous avez remporté le légitime succès que le poète latin vous avait promis ; mais serez-vous aujourd'hui aussi heureux ? Des efforts dans le même sens ob- tiendraient-ils un aussi beau résultat? . . . - 55 w » C'est là le mystérieux inconnu qu'il s*agit de dégager, PX terrible sur lequel il vous faut raisonner, et les données du pro- blème sont encore incomplètes. » Votre Conunission ne vous veut donc demander qu'une chose, Messieurs, non pas ime solution encore impossible, mais la simple autorisation de poser l'équation. En d'autres termes, voici ce qu'elle demande Q\ie vous l'autorisiez, sans engager en rien, quant à la responsabilité morale ou financière, la So- ciété d'archéologie, à rechercher, à provoquer au nom de cette Société des adhésions à un projet d'expositipn industrielle et archéologique qui se tiendra à Chartres, au printemps 1877, pendant le Concours régional. » Ces adhésions, une fois recueillies, vous seriez juges de ce qu'il y aurait à faire. Si le succès est probable, vous agirez en conséquence; si tout est impossible, nous rentrerons tous dans notre silence et notre réserve. Nous aurons au moins conscience d'avoir fait tout ce qui nous était possible pour contribuer à l'honneur de notre ville, pour soutenir dignement son nom. » Plusieurs membres présentent diverses observations. Après délibération , la Société décide de s'en tenir aux conclusions du rapporteur en laissant au Bureau le soin de nommer, au plus tôt, une Conmiission d'initiative. M. le Président donne communication d'une plaquette fort rare, appartenant à M. de Possesse. Cette plaquette, imprimée de 1600 à 1615, concerne les origines d'Oisonville. Sur la proposition d'un membre, la Société décide, après dé- libération et discussion , la prorogation des pouvoirs du Prési- dent actuel jusqu'en 1877, époque à laquelle aura lieu le renou- vellement de tout le Bureau. La séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires M. Besnard, notaire à Chartres; présenté par MM. Dubreuil et Merlet. MM. BoiLE^vu , maître adjo! présenté par MM. Ui BounDois Alphonse, grand et Met-Gaultej Breton Eugène, m MM. Brosseron et M De FLF-ns, sous-préfet, de Foucault et Guigi L^nCHEn, notaire, à Joron et Goupy. Leroy Abel, clerc MM. Galopin et Met^ MotiiLLON Philéas, h par MM. Met-Gaubei E. PiVARD , inslitnteur son père et Brosserc Watr™, avocat, docl par MM. Ménager-Gi VëdiEj notaire, à Ch. Merlet. OBJETS OFF Pre^nièrc expédition de j landon. Lib. Herluison, 1£ Société académique des t. XIII, 3e série. Typ. Poel Conseil général d'Eure Durand frères, 1876. Don Notices nécrologiques s M. P. Bellier de la Chavign [ENUE AU CHATEAU D'ANET. Iet-Gaubert, secrétaire. el-Gaubert, comte de Fou lavignerie, Boiinartl, BroS' père, Gamier Edouard, ges, Guignard Ludovic, Garnier, Petfot-Leraarié âuttoii Eug., de Feuquiëres, baron de Doré-Delente , Fortin, Gro- X, Lefebvre-Gautbier, Le- lol Henri. IX, Reverdy, Sévestre. m -Rousseau, DauviUiers, lation que lui avait cordia- dernière , à Dreux , la So- nle membres de Chartres , nvirons, se rendait à Anet, lébrée dans la chapelle du sse; pendant l'office se fait us la direction de son chef lant laquelle on s'arrête à deurs des bahuls finement 'S tableaux ravissants, au ÏUS. ans la magaifique salle des ; quelques dames sont pré- e au bureau, ayant à sa e la Société , à sa gauche is-préfet de Dreux. — 58 — M. Merlet ouvre la séance par la lecture d'un Mémoire dans lequel il retrace l'histoire du château d'Anet , depuis son origine la plus reculée jusqu'à l'époque où il fut habité par Diane de Poitiers. Mesdames, Messieurs, mes ghers Confrères, • Jamais si brillante réunion ne s'est pressée autour de nous à ces séances publiques que la Société archéologique d'Eure-et- Loir s'est imposé la loi de tenir chaque année dans une des villes du département; jamais vous ne vous êtes rendus si nombreux à l'appel que votre Bureau vous avait adressé per- mettez-moi d'abord de vous en remercier, c'est une preuve nouvelle de la vitalité de notre Société et de l'union qui existe entre tous ses membres. L'honneur, il est vrai, n'en revient pas à nous, et nous devons surtout le rapporter à notre émi- nent confrère qui , non content de restaurer, pour sa satisfac- tion d'artiste, le château princier qui lui appartenait, a voulu, par cette restauration, contribuer à la gloire du département et vous a conviés aussi, vous les représentants de l'art et de la science dans Eure-et-Loir, à jouir des trésors historiques et archéologiques qu'il a rassemblés de toutes parts. Tous vous avez compris la reconnaissance que nous devons avoir à M. Moreau, et sans perdre un plus long temps à lui adresser en votre nom des remercîments qui sont dans tous nos cœurs , nous croyons que le meilleur moyen de lui prouver notre gra- titude est de lui apporter quelques matériaux peut-être encore inconnus pour l'histoire de son château , histoire qu'il veut re- construire vraie et complète comme il a reconstruit la demeure de Diane de Poitiers. » AnetI c'est un nom si sympathique; il rappelle tant de gracieux et de nobles souvenirs qu'il en est peu qui ait aussi souvent excité la curiosité et la verve de nos écrivains I Que dire de nouveau après tant d'autres qui nous ont précédé? Nous avons essayé pourtant , et à Taide des pièces que nous avons entre les mains, à l'aide de notes qu'a bien voulu nous com- muniquer notre aimable confrère M. l'abbé Vilbert, le digne petit-fils de M. Lemarquant, nous avons voulu reconstituer devant vous, le plus rapidement possible, et hélas! que c'est çncore long ! l'histoire de l'ancienne seigneurie d'Anet. — 59 — » Et d'abord, quelques mots sur l'étymologie même du nom. Rien, il faut Tavouer, ne prête plus à la fantaisie que les éty- mologies, mais, tout en donnant carrière à son imagination, il faut encore tâcher de s'éloigner le moins possible d un fait qui seul est certain, Torthographe même du mot. Tous les au- teurs, depuis Dreux du Radier, que je vous signale en passant comme le plus fantaisiste de tous les historiens, tous les au- teurs, dis-je, ont fait dériver Anet ab Alneto, un lieu couvert d*aunes. Je ne nie pas qu'il existe beaucoup d'aunes à Anet coinme dans tous les lieux humides, arrosés par des cours d'eau; mais l'orthographe? Alnetum produit Auneau, Aunay, cela est certain; mais Anet, jamais. Or des botanistes distin- gués, dont le nom n'est pas oublié parmi vous, M. Tabbé Daênen, aumônier de la chapelle de Dreux, et M. l'abbé Brou, curé d'Oulins, ont signalé, comme une singularité , la présence dans la vallée et sur les coteaux d'Anet , d'une plante commune dans le Midi, mais rare dans nos climats, l'aneth, anethum, espèce de fenouil odorant de la famille des ombellifères. Cette plante était fort recherchée des Anciens on en tirait une huile essentielle employée par les gladiateurs , à cause de la propriété qu'on lui attribuait d'augmenter les forces ; on la considérait comme le symbole de la joie, et on se couronnait d'aneth dans les festins. Pourquoi ne serait-ce pas là l'origine du nom de votre ville ? celle-là du moins aurait le mérite de pouvoir être acceptée par l'orthographe. » Mais c'est là de la supposition; j'arrive aux faits authen- tiques. » Anet parait avoir été, sous les Mérovingiens, une des pre- mières dépendances de l'abbaye de Saint -Denis fondée par Dagobert en 630 ou 632. On conserve aux Archives nationales K 2, n** 12 un acte par lequel Thierry III, roi de Neustrie, donne le bourg d'Anet, à Canon, abbé de Saint-Denis, au mois de septembre 678. Nous n'avons pas vu l'original de cette pièce , qui nous a été révélée par M. Louis Paris, dans son Cabinet historique nous ne l'indiquons qu'en tremblant , car, malgré l'affirmation de M. Louis Paris, nous avons quelque doute sur son attribu- tion. C'est un point d'ailleurs facile à vérifier. » Comment les possessions de l'abbaye de Saint -Denis à Anet passèrent-elles entre les mains des moines de l'abbaye de ~ 60 - Saint-Père de Chartres ? Nous Tigiioroiis, et cela se conçoit si l'on songe à la pénurie des documents sur ces siècles presque an té-historiques. Ce fut peut-être à la suite d'un échange; ce qu'il y a de certain c'est que, vers le milieu du X siècle, Tab- baye de Saiul^Père avait des possessions à Anet, possessions qui furent encore augmentées par les seigneurs laïcs du lieu. En effet, nous connaissons une charte antérieure à Tannée 1034, dans laquelle un chevalier Urson, fils de Germond d'Ezy, aban- donne définitivement aux moines de Saint-Père la moitié du droit d'écluse que son grand-père ce qui nous fait bien re- monter vers le milieu du X siècle leur avait donné sur leurs moulins d'Anet, droit que ledit Urson leur avait jusqu'alors injustement contesté. » Dès le Xe siècle , si nous trouvons trop ambitieux de re- monter au Vile ^ il existait donc à Anet deux seigneuries dis- tinctes l'une appartenant aux moines de Saint-Père, l'autre qui paraît avoir été entre les mains des seigneurs d'Ezy. » Urson d'Ezy eut probablement pour successeur Robert, qui vivait en 1063 et qui avait épousé Adeline, fille d'Ingenulphe, seigneur de Fontaine-les-Ribouts. Vers 1080, ce Robert se retira à l'abbaye de Sain^Père , connue le faisaient alors beaucoup de seigneurs qui, pour expier les fautes de leur vie un peu vaga- bonde, allaient passer dans les monastères les dernières années de leur existence Charles-Quint, dans le monastère de Saint- Just, ne faisait, vous le voyez, que renouer une tradition quelque temps interrompue. Les seigneurs du Moyen-Age ne se contentaient pas d'ailleurs de l'expiation de la prière ils avaient la coutume de faire de riches présents à l'abbaye qu'ils choisissaient pour retraite. Robert n'eut garde de manquer à cet usage, et, à sa prière, sa femme AdeUne, pour le salut de son âme, de celle de son père Ingenulphe, de son premier mari Jean, céda à l'abbaye de Saint-Père tous les droits et bénéfices qu'elle tenait de ses ancêtres, tant sur l'église que sur les mou- lins et terres dont les moines jouissaient à Anet. » La présence dans une même localité de ces deux sei- gneuries, l'une ecclésiastique, l'autre laïque, entraînait souvent, on le conçoit, de dangereux conflits, et la force brutale du chevalier devait toujours primer le droit moral du religieux. Aussi, à Anet, comme partout ailleurs, voyons-nous sans cesse les seigneurs laïcs empiéter sur les possessions du monastère. — 61 — Mais la foi religieuse alors était si grande que, toujours il se présentait telle occasion, la croisade, la maladie, la mort, qui amenait à résipiscence le chevalier usurpateur et qui lui faisait rendre avec usure ce qu'il avait dérobé à l'Église. A Robert avait succédé un certain Simon d'Anet. Celui-ci, en 1106, se croisa avec Robert de Maule, Hugues de Sans- Avoir, Raoul de Pont-Erchamfroi et autres chevaliers du Drouais et du Mantois, entraînés à la suite de Boémond, prince d'Antioche, qui, aux fêtes de Pâques 1105, avait été marié à Chartres, en présence du Roi, par notre illustre évéque Yves, avec Constance, fille du roi Philippe P'. Après avoir guerroyé chemin faisant et échoué au siège de Damas, ces croisés, hono- rablement reçus à leur passage à Constantinople par Tempereur Alexis, arivèrent à Jérusalem, oVi la femme de Raoul de Pont- Erchamfroi, fille de 6 osselin de Lèves, près Chartres, termina sa carrière et fut inhumée. Après avoir visité les saints lieux , ces seigneurs revinrent en France. » Mais, et c'est là surtout ce qui nous intéresse, avant de partir pour la Palestine , Simon d'Anet avait voulu se mettre en règle avec sa conscience, et par une charte que nous possédons encore, il avait donné à l'abbaye de Saint-Père, en compensa- tion des dommages qu'il lui avait causés, un mouUn récemment construit par lui devant son château d'Anet, avec tout droit de justice attaché audit moulin. » Nous ne savons rien sur Simon d'Anet depuis son retour de la Croisade. Je ne veux pas ici faire la critique de livres qui ont la prétention de passer pour sérieux , tandis qu'ils ne sont que la reproduction et la copie des erreurs conune des vérités qui ont été dites avant eux je veux seulement, sans vous les indiquer, ce qui nous mènerait trop loin, vous prémunir contre les erreurs matérielles sans nombre qui existent dans l'histoire des premiers seigneurs d'Anet. » A Simon d'Anet succéda son fils nommé comme lui Simon. Simon II ne se montra pas plus respectueux que son père pour les biens des abbayes, et, en 1162, le roi Louis le Jeune lui- même fut obligé d'intervenir. Il rendit à Paris im jugement souverain qui condamnait Simon d'Anet à restituer à Tabbaye de Saint-Germain-des-Prés tous les droits qu'il prétendait sur les terres de ladite abbaye. Mais, comme son père, Simon II, pris parfois d'un beau repentir, rendait largement ce qu'il avait — 62 — usurpé ainsi, en 1169, il donna toute la paroisse de Rouvres à l'abbaye du Bec-Hellouin. » Nous voyons que les relations de Simon d'Anet s'étaient étendues. C'est qu'en effet la seigneurie primitive d'Urson, de Robert et de Simon Ir avait singulièrement grandi. Simon II d'Anet se qualifiait, dès 1157, de seigneur d'IlUers-rEvêque, et nous voyons, qu'en 1188, il possédait également le château et la seigneurie de Damville. » Cette dernière seigneurie , fort importante , appartenait à l'illustre famille des Tillières , et c'est sans doute pour se pro- curer de l'argent, au moment de partir pour la Terre-Sainte où il mourut en 1190, que Gilbert de Tillières avait vendu son château de Damville au seigneur d'Anet. Quoi qu'il en soit, les chroniques contemporaines rapportent que, le !•' septembre 1188, Henri II, roi d'Angleterre, étant à Anet, ses troupes firent irruption sur les terres du roi de France , prirent d'assaut le château de Damville, appartenant à Simon d/Anet^ et le brû- lèrent ainsi que beaucoup d'autres villages environnants. A l'incendie se joignit le pillage, et les soldats gallois du roi an- glais massacrèrent tous ceux qu'ils purent atteindre. » Simon d'Anet, déjà chassé de sa ville et de son château , puisque nous voyons que Henri d'Angleterre y était installé le 1^' septembre 1188, dépouillé de son autre château de Dam- ville où il s'était réfugié après avoir quitté Anet, sentait bien qu'il lui était impossible de lutter avec le monarque anglais. Il eut recours à son suzerain le roi de France, et appela à son aide Philippe- Auguste, à qui il dut, pour prix de son secours , abandonner la propriété de son domaine d'Anet. » Philippe- Auguste accepta avec empressement les offres de son vassal Anet était admirablement situé pour surveiller les vallées de l'Eure et de l'Avre, si souvent rançonnées par les archers anglais, et , à défaut du château de Dreux qui apparte- nait alors à Robert II, son cousin, le roi de France trouvait dans le donjon d'Anet une place forte le mettant à l'abri de tout coup de main. Aussi depuis 1191 jusqu'au mois de novembre 1222, nous voyons que Philippe- Auguste fit d'Anet un de ses séjours habituels. Si la ville de Nogent-le-Roi a reçu de là rési- dence passagère de saint Louis le surnom qu'elle porte encore aujourd'hui, Anet, à meilleur droit, ne pourrait-il pas récla- mer ce surnom ? -^ 63 - 1» Et non-seulement Philippe- Auguste faisait d*Anet son sé- jour habituel, mais il considérait bien les habitants comme ses tenanciers, et il avait établi à Anet un receveur royal chargé de percevoir les revenus en son nom. C'est ce qui résulte ample- ment d'un acte de 1192 par lequel le roi exempte les habitants d'Anet, conune relevant directement de sa couronne, de toute charge de péage et d'impôt; d'une autre charte de Tannée 1200, par laquelle PhiUppe-Auguste, pour remplacer les revenus que Simon avait donnés à la chapelle d'Anet, assigne à Sauger, chapelain de ladite chapelle , une rente de 6 livres sur la pré- vôté d'Anet, et aussi d'un compte des revenus de Philippe- Auguste en 1202, dans lequel on lit, sous la rubrique d'Anet, à l'article des dépenses, cette singulière mention Pro navibus ducendis apud Damvillam et reducendàSy œxocv l, \\ s, pour conduire des vaisseaux à Damville et pour les ramener, xxxv livres 1 1 s. » Damville sur l'Iton n'a aujourd'hui aucune com- munication fluviatile avec Anet. Il est vrai que, dans la tradi- tion des habitants de Verneuil, on trouve ce souvenir que Tlton autrefois venait jusqu'à Verneuil et servait à l'entretien des fossés du château les barques remontaient donc l'Eure d'Anet jusqu'à Saint-Georges, puis l'Avre de Saint-Georges à Verneuil, d'où l'Iton les transportait à Damville. C'est là assurément une question locale fort intéressante à étudier. » Toujours est-il que Philippe -Auguste jouissait de tous les droits attachés à la seigneurie d'Anet, et lui-même, dans une pièce de 1202, reconnaît les tenir de la libéralité de Simon, quicquid possidebamus de possessions Simonis de Aneto, » Cependant la famille de Simon d'Anet n'avait pas entière- ment disparu Simon avait laissé un fils Philippe, et, en 1205, nous voyons celui-ci se reconnaître vassal du roi et avouer devoir, pour sa teneure d'Anet, l'host et la chevauchée tenet Anetum , unde débet domino régi eœeixitum et equitatum. Ce sont bien là les conditions que Simon d'Anet avait dû accepter du roi quand il était allé solliciter son secours contre Henri d'Angleterre; il conserverait un domaine utile à Anet, mais il en abandonnerait la seigneurie féodale, et il servirait le roi à la guerre contre les ennemis du dedans comme contre ceux du dehors. » Philippe, à son tour, eut un fils nommé Simon qui, en 1213, confirme, comme seigneur suzerain, une donation — 64 — faite à l'abbaye du Breuil-Benoît par Foulques de Marcilly Hxc omnia Simon de AnetOy ad cujus feodum pertinent, con- cèssit. Par un autre acte daté d'Anet, 1229, le même Simon abandonne à Simon de Montfort , comte de Leicester, la forte- resse qu'il possédait dans ladite ville de Leicester, Wardum quam habebat in villa Leycestrie, Enfin, en 1230, comme la paroisse de Saint-Illiers-le-Bois n'ayait point de cimetière et qu'il était question d'en former un autour de l'église, Simon d'Anet, coUateur de ladite église, Simone de Aneto, collatoi'e ecclesiœ Sancti-Hilarii , approuve la transaction passée à ce sujet. » C'est là le dernier acte authentique où nous voyions figu- rer un descendant de Simon d'Anet. Suivant Lemarquant , qui a été successivement copié par tous les historiens d'Anet, la seigneurie d'Anet appartint, au XIIP siècle, à Louis et à Antoine de Trenite. Dans un factum présenté en 1553 par les ducs de Bouillon et d'Aumale, gendres de Diane de Poitiers, contre le procureur-général qui demandait la réunion du domaine d'Anet à la Couronne, ces deux seigneurs appuient leurs prétentions sur la jouissance de la seigneurie d*Anet par Louis et Antoine de Trenite c'est là la seule mention que nous ayons rencontrée de ces seigneurs, dont l'existence nous paraît un peu probléma- tique , mais dont assurément les droits à la seigneurie d'Anet étaient plus qu'incertains. » Car, nous l'avons dit, et nous le soutiendrions, en dépit de MM. de Bouillon et d'Aumale, les véritables seigneurs d'Anet, à partir de la fin du Xlle siècle, furent Philippe-Auguste et ses successeurs. Les moines de Saint-Père eux-mêmes le recon- nurent, et la puissance féodale qu'ils n avaient pas voulu abdi- quer devant les usurpations des premiers seigneurs d'Anet, ils n'hésitèrent pas à la remettre entre les mains des rois de France. En 1195, ils abandonnèrent à Philippe- Auguste leurs moulins d'Anet, appelés les moulins de Saint-Père, m;olendina sua de Aneto, que vocaniur molendina Sancti-PeWi, moyen- nant une redevance de six livres parisis. y» Nous ne voulons que restituer des faits mal interprétés ou mentionner ceux qui n'ont pas encore été relevés par les histo- riens d'Anet nous passerons donc rapidement sur les années qui suivent le règne de Philippe-Auguste. A peine vous parle- rons-nous d'un arrêt important de 1260 que nous ont conservé 65 - les Olim. Les moines de Coulombs avaient arrêté un voleur sur la terre de MaroUes et prétendaient le juger comme proprié- taires de la haute-justice du lieu le bailli de Mantes réclamait au contraire le coupable, disant que la justice de MaroUes ap- partenait au roi comme faAscmt partie de la châtellenie d'Anet le Parlement donna gain de cause à Tabbaye de Coulombs. Nous trouvons là une nouvelle preuve de la possession de la seigneurie d'Anet par les rois de France à Tépoque où on la suppose tenue par Louis et Antoine de Trenite. » Louis VIII, comme son père, résida souvent à Anet; plu- sieurs actes en font foi. Louis IX, Philippe le Hardi conser- vèrent cette seigneurie. Au mois de septembre 1280, ce dernier roi assigna pour douaire à Marie de Brabant, sa seconde femme, les terres d'Anet, Breval, Montchauvet et Nogent-le- Roi; puis, au mois de décembre 1317, ces quatre seigneuries furent, par le même roi-, données comme supplément d'apa- nage à son fils Louis de France, comte d'Evreux. » De Louis la terre d'Anet passa en 1319 à Philippe, son fils aîné, qui fut depuis roi de Navarre sous le nom de Philippe III. » Le successeur de Philippe fut son fils aîné Charles le Mau- vais, comte d'Evreux. Charles fit fortifier de tours le vieux ma- noir féodal d'Anet et construire la porte ouvrant sur la route d'Oulins, qui a retenu son nom, mais qui fut grandement modi- fiée par M™ la princesse de Condé , qui substitua à l'ancien pont-levis un pont en bois, comme l'avait fait le duc de Ven- dôme au pont de l'entrée principale du château. On conserve aux Archives nationales une lettre curieuse de Charles le Mau- vais, scellée et datée d'Anet, mars 1358 , par laquelle il promet • ne faire baiUer ne délivrer à son frère, PhiUppe de Navarre, » le comté de Longueville , les châteaux de Nogent-le-Roi et » d'Anet, jusqu'à ce que ledit Phihppe soit bienveillant du » royaume de France. » » Philippe de Navarre ne posséda jamais en efiet la seigneurie d'Anet; ce fut le frère puîné de Charles le Mauvais, Louis, qui la reçut en apanage avec le comté de Beaiunont-le-Roger en 1365. Mais elle ne resta pas longtemps entre ses mains; étant sur le point de se marier, il emprunta du roi Charles V 50,000 florins d'or, et, en nantissement de ladite somme, il engagea la châtellenie d'Anet, le 4 avril 1366. » A peine devenu engagiste d'Anet, Charles V s'empressa, Tome VI. 5 - 66 - comme ses prédécesseurs les rois de France, de témoigner sa bienveillance particulière pour les habitants d*Anet. Par deux chartes du mois d*avril 1366, il renouvela tous les privilège» précédemment accordés par Philippe- Auguste, et en particulier l'exemption de tous droits de péage et impôt. » Le roi de France continua à jouir, comme engagiste, de la seigneurie d*Anet jusqu'en 1404, où un traité conclu avec Charles III, roi de Navarre, abandonna déflinitivement à Charles VI la propriété des quatre châtellenies. » Ce fut en 1444, au mois de décembre, que Charles VII, en reconnaissance des services que lui avait rendus Pierre de Brézé , seigneur de la Varenne , son chambellan , en l'aidant à chasser les Anglais de Normandie et en particulier de la cité d'Evreux, lui inféoda les seigneuries de Nogent4e-Roi , Anet, Breval et Montchauvet. » A Pierre de Brézé succédèrent Jacques, son fils, et Louis, son petit-fils, ce dernier, mari de la célèbre Diane de Poitiers. » Que de choses il me resterait encore à vous dire sur cette femme illustre, dont le rôle a été si singulièrement travesti par les pamphlétaires du XVIc siècle I C'est un devoir pour Thisto- rien convaincu de protester de toute son énergie contre les calomnies qu'il rencontre sur sa route déjà j'ai eJffleuré ce sujet , mais ce que j'avançais timidement il y a quelques an- nées, je l'afiirme hardiment aujourd'hui; non, Diane de Poitiers n'a jamais été la concubine de Henri II , et j'ai la satis- faction de voir que les esprits les plus sérieux se rallient à cette opinion qui parut d'abord fort hasardée. M. Firmin-Didot a fait amende honorable à la mémoire de celle que, sur de faux rap- ports, il avait injustement flétrie; MM. Louis Paris, Chabouillet et bien d'autres se posent en généreux champions de la bonne renommée de notre duchesse. Dans quelques instants vous allez entendre la lecture d'un article d'un de nos confrères, qui donne de précieux renseignements sur la jeunesse de Diane et de Henri II. Nous ne reviendrons pas sur les nombreuses rai- sons qui militent en faveur de la duchesse de Valentinois ; mais nous voulons, une fois pour toutes, faire justice d'une des plus graves calomnies qui aient été mises en avant contre la mé- moire de Diane de Poitiers. •» Lorsqu'on ouvrît le tombeau de Diane, le 18 juin 1795, on trouva auprès de la grande-duchesse deux corps d'enfants. — 67 — Voilà la vérité dans toute sa simplicité voyons maintenant comme on Ta défigurée Des vieillards d'Anet, témoins de » Texhumation , racontent, dit-on, qu auprès de Diane étaient » couchées deux petites filles, habillées comme leur mère, • Tune de 5 à 6 ans, Tautre de 7 à 8 environ ces enfants sont » ceux qu'elle avait eus de son commerce avec Heuri IL » Deux petites filles habillées comme leur mère î ces seuls mots témoignent assez de la foi qu'on doit accorder à ce récit. On trouva deux squelettes d'enfant, qui n'avaient conservé aucune trace de vêtement, et dont on s'occupa fort peu de déterminer l'âge et le sexe. Ils étaient dans le même tombeau que Diane, cela suffisait amplement pour prouver qu'ils lui appartenaient ! » Mais la vérité, quoi qu'on fasse pour la défigurer, finit tou- jours par triompher tôt ou tard. Nous connaissons d'une ma- nière irréfutable , par un témoignage contemporain , le nom de l'uu de ces enfants, et celui de l'autre ne saurait être douteux. Un manuscrit de la maison de Guise , conservé à la Bibliothèque nationale , n° 5467 du fonds français , nous apprend que la du- chesse d'Aumale, fille de Diane de Poitiers et de Louis de Brézé, eut trois enfants nés et baptisés à Anet » 1** Catherhie-Marie-Romula, née le 7 octobre 1549, et de- puis mariée au duc de Mercœur; » 2** Antoine, comte de Saint- Vallier, né le dimanche 1" no- vembre 1562; • 3*» Charles, né le 23 décembre 1566 et mort le 7 mai 1568, » Puis, dans le même manuscrit, on trouve la notice sui- vante Charles, Monsieur de Lorraine, cinquième fils de Us^ le » duc d'Aumale, pair de France, et de Madame Loyse de Brézé, sa fenmie, fut né au château d'Annet le 23^ jour de décembre » l'an 1566, sur le minuict, et fut son compère le roy Charles » IX* du nom et la Roy ne sa mère, dont M. le comte deCharny, » de la part du seigneur Roy, et M"" la duchesse douairière de » Bourbon, pour laditte dame Royne, et fut baptisé en la cha- » pelle dudict Annet par M' l'évêque de Meaux. » Ledict Charles, Monsieur, mourut à Paris le T jour de mai 1568, entre cinq et six heures du matin, et fut son corps » rapporté et enterré à Annet et mis en sépulture avec feue B M"e Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, sa grand'- » mère, décédée au château d'Annet, le 25 avril 1566 » — 68 — » Voici donc un des deux enfants parfaitement connus ; un heureux hasard donnera sans doute un jour une preuve maté- rielle que le second était im autre des petits-fils de la duchesse de Valentinois. » Il est étonnant combien de calomnies, et de calomnies des plus invraisemblables ont été accumulées contre Diane de Poitiers, et avec quelle facilité on a accepté des témoignages aussi intéressés que ceux des Huguenots du XVI» siècle. En 1547, quelques jours avant la mort de François 1% ifarino Cavalli, ambassadeur de Venise en France , écrivait à sa République Henri n'est guère adonné aux femmes , la sienne lui suffit ; » pour la conversation il s'en tient à celle de M"** la Sénéchale » de Normandie, âgée de 48 ans. Il a pour elle une tendresse » véritable, mais on pense qu'il n'y a rien de lascif, et que i> dans cette affection c'est comme entre mère et fils on afflr- » me que cette dame a entrepris d'endoctriner, de corriger, » de conseiller M' le Dauphin et le pousser à toutes les actions » dignes de lui*. » » Voilà un témoignage qui ne peut rien avoir de suspect; on s'est bien gardé de jamais le citer, et cependant il est assez aflftr- matif ; mais les moindres apparences fâcheuses on s'empresse de les saisir et on les transforme en affirmations. » 11 y a quelques mois paraissait un article intitulé Jeton de Afagdelame de Poitiers^ fille de Diane de Poitiers et de Henri IL L'auteur disait gravement que tout portait à croire que Diane n'avait jamais eu d'enfant de Henri II; que cependant Duchesne lui donnait une fille nommée M"** de la Montagne , qui était âgée de 76 ans en 1630, que le P. Anselme adoptait l'opinion de Duchesne, et qu'une découverte toute récente venait résoudre définitivement cette question historique. 9 Un jeton, portant à l'avers le nom et les armes de Made- leine de Poitiers, et au revers le nom et les armes de Nicolas ^ Puisque nous cilons un document extrait des correspondances des ambas- sadeurs, qu'il nous soit permis de rapporter queloues lignes d'une lettre de sir William Bekering, ambassadeur d'Angleterre en France, adressée de Poissy, le 22 mars 1553^ au Conseil du Royaume d'Angleterre Je partis pour la Cour, alors à Anct, admirable, belle et somptueuse maison, appartenant à M*"" de Valentinois, à 13 lieues de Poissy. Après mon audience du Roi, ]^me }q Valentinois ordonna ju'une collation fût préparée pour moi dans unw galerie , cl qu'ensuite je verrais toutes les curiosités de la maison , qui êloient si somptueuses et si princières que je n'en ai jamais vu de semblables, i — 69 - de la Montagne , venait affirmer l'existence de cette demoiselle de la Montagne dont parlent Duchesne et le P. Anselme. » En vérité, il faut être bien aveugle ou bien passionné pour, sur la vague indication d'un nom , bâtir une accusation que les faits matériels et le bon sens viennent également réprouver. » Suivant Duchesne, suivant M. J. Roman , Tauteur de l'ar- ticle sur le jeton de Madeleine de Poitiers ' , cette dame serait née en 1555; Diane alors aurait eu plus de 56 ans, c'est peut- être un peu âgé pour redevenir mère. Mais ce n'en est que plus intéressant ce sera un cas singulier à enregistrer dans les annales de la médecine. Diane, qui n'oublie personne dans son testament, passe complètement sous silence sa fille natu- relle; mais, s'empresse de dire M. Roman, elle l'avait proba- blement recommandée à TafTection de ses deux gendres; c'est très - probable ! Mézeray, de Thou , si peu bienveillants pour Diane, tous les contemporains, les protestants eux-mêmes ont gardé le silence sur cette fille naturelle de la duchesse de Va- lentinois; on ne sait trop comment expUquer ce silence; il y a un moyen bien simple, c'est de ne pas en parler. » Ne connait-on pas d'ailleurs d^autres Madeleine de Poitiers qui ont pu épouser ce Nicolas de la Montagne ? Si assurément , mais qu'importe ? Ne faut-il pas du scandale pour donner du piquant à l'histoire? » D'abord le propre frère de la duchesse de Valentinois, GuiUaume de Poitiers, eut de sa femme Claude de Miolans, qu'il avait épousée en 1526, une fille nommée Madeleine de Poitiers. Les détails de la vie de cette Madeleine sont assez ignorés, il est vrai; cependant on sait qu'elle eut plusieurs maris, et que, lors de son premier mariage, Diane lui fit don d'une terre en Dauphiné. » Les dates ne concorderaient pas tout à fait, ce qui, pour nos adversaires, serait d'un bien léger poids; mais nous ne voulons leur donner prise en rien. S'ils ne veulent pas attri- buer le jeton de M" de la Montagne à la fille de Guillaume , je leur citerai dans une autre branche de la famille de Poitiers une Diane de Poitiers, dame de Mailly en Champagne, qui, en 1608, était veuve d'Edme de PontVille, maréchal de camp. * BtUletin de la Société départementale d'Archéologie et de Statistique de la Drame, 22 livr., p. 264 et sqq. ~ 70 — gouverneur de Rocroy, et une Madeleine de Poitiers , sœur de cette Diane, que Ton trouve citée en 1617 et 1618 et qui fut Taïeule de Jean de la Beaume , sieur d'Etain. » Ces deux dames appartenaient incontestablement à la Champagne or Nicolas de la Montagne était seigneur de Champgerbault, près de Vassy ; son père avait été un des ven- geurs du duc de Guise au massacre de Vassy 1562 et, en ré- compense, Nicolas avait reçu un prieuré de 1,200 à 1,500 livres de revenu aux environs de cette ville. » Je suis honteux, Messieurs, d'avoir tant insisté après vous avoir dit que je garderais le silence ; mais je ne puis contenir mon indignation quand je vois le roman , et le roman scanda- leux, prendre la place de Vhistoire. Les faits qui se passent devant nous, presque sous nos yeux, sont déjà souvent si obscurs comment dire la vérité sur ceux qui se sont passés il y a quelques siècles si Ton n'apporte dans son récit la plus en- tière bonne foi et si Ton ne s'appuie sur des actes authentiques et non sur des cancans plus ou moins passionnés ? » Je m'arrête ; je n'aurais rien de nouveau à vous dire sur rhistoire' moderne du château d'Anet, et d'ailleui^s je suis confus de vous avoir ennuyés si longtemps. » Le Secrétaire lit ensuite une pièce de vers de M. Bourdel inti- tulée la Mémoire du Cœur, dans laquelle le poète rappelle le souvenir de MM. de Lépinois et Marcille, deux membres dont la Société a si vivement regretté la perte récente. LK MÉMOIRE DU COEUR. Parmi les dons heureux qu'à notre âme immortelle Dieu voulut conserver en souvenir des Cieux , La mémoire , où le cœur puise et se renouvelle , Est le plus précieux. Soit qu^aux jours printaniers où rit notre jeunesse, Redonnant tout-à-coup la sève et la fraîcheur, Elle éveille en nos sens un trouble plein d'ivresse , Un chant dans notre cœur Soit que de nos malheurs rouvrant la sombre page , Elle arrache des pleurs à nos yeux attendris , Ou rende à nos baisers , dans un cruel mirage , Nos morts les plus chéris — 71 — Doux et fatal présent, invisible puissance, Par qui l'homme » ici-bas , s'afflrmant libre et fort , Voit grandir son esprit, doubler son existence En dépit de la mort. C'est en vain qu'il vieillit la mémoire fidèle Refait avec amour ses rêves de quinze ans ; Comme on aime à cueillir, chaque saison nouvelle , Les roses du printemps.... Il revoit les buissons fleuris de son enfance , Il entend gazouiller son cœur comme un oiseau *. Rien n'égale à ses yeux la grâce et l'innocence D'un enfant au berceau; Son réveil souriant, sa naïve prière; Sa bouche, frais bouton prêt à s'épanouir; Et le soir, au coucher, le baiser d'une mère Qui fait si bien dormir Age heureux où la vie est si pure et si belle ! Où notre âmff s'éveille et s'entr'ouvre à demi ; Premiers tressaillements d'un cœur qui se révèle Dans le choix d'un ami. ... Amour, ambition, séduisantes déesses. Vous régnerez plus tard sur ce cœur affolé ; Un jour vous poserez vos perfides caresses Sur ce front désolé ! Mais l'ami de collège échappe à ces orages ; Dans le sentier du cœur engagé le premier. En dépit de l'absence, au milieu des naufrages, On l'y voit le dernier Compagnon de plaisir dans la folle jeunesse , Il est pour ses écarts un frondeur sans pitié; Mais vienne le malheur, comme un poids qui l'oppresse , Il en prend la moitié. Et si l'un disparait quand la mort le réclame. Que de regrets pour l'autre en silence amassés ! Marcille , Lépinois , chers absents , dans notre âme Qui vous a remplacés ? Mémoire , écho du cœur, ineffable magie , Fée à baguette d'or, muse du souvenir; Doux fantômes aimés qui charmez notre vie , Aidez-nous à mourir ! — 72 - Voltigez sur ma couche, ô mes anges fidèles, Quand l'heure aura sonné de Téternel adieu; Et puisse, en souriant, mon âme sur vos ailes S'élever jusqu'à Dieu I M. Job donne, à son tour, lecture d*une notice sur les Cinq Croix de France élevées à Saint-Ouen-Marchefroy, par la piété maternelle, à cinq fils tombés au champ d'honneur pour la dé- fense de la patrie, détruites par la Révolution et qui ont été relevées depuis. Lecture d'un travail de M. Dubreuil sur Diane de Poitiers. Notre confrère reprend la thèse de M. Merlet sur la nature des relations de la Grande-Sénéchale avec Henri IL II tente de prouver que rien n'établit d'une façon nette, précise, positive, la criminalité de ces relations. Messieurs, » Une hospitalité, d'autant plus généreuse, qu'une douleur amère et vivement partagée, la rend plus pénible, nous a con- voqués aujourd'hui, dans ces murs d'Anet, si poétiques par eux-mêmes, si intéressants par les souvenirs qu'ils évoquent. » C'est de ces souvenirs que je voudrais vous entretenir un instant. » Anet I Comment séparer en effet , de ce poème écrit dans la pierre, l'idée de l'Enchanteresse auquel il est dédié ? Comment séparer ces deux noms que l'ingénieuse galanterie de nos pères avait si heureusement fondus en quelque sorte dans cette gra- cieuse fonnule Le Diane t ? » Le sujet semble donc s'imposer à vos esprits, et vous vous étonneriez, à bon droit, si nous ne vous parlions pas de cette femme célèbre, très -diversement appréciée mais fort peu connue, en sonume, que l'on appelle Diane de Poitiers. » Quelle elle a été? Quel a été son rôle? Voilà ce qu'il serait intéressant de rechercher ensemble. Le temps et l'autorité me manquent malheureusement à la fois pour traiter un sujet aussi vaste. Je l'efEleurerai à peine et ne vous présenterai que quel- ques aperçus, une bien modeste et très -imparfaite ébauche. Heureux si un peintre plus habile veut bien se charger du portrait. - 73 - » Tout ce que Ton sait d'absolument certain sur Diane de Poitiers peut se résumer en quelques lignes. » Fille de Jean de Poitiers , seigneur de Saint- Vallier, et de Jeanne de Basternay, Diane naquit le 3 septembre 1499. » Quatorze ans plus tard, le 29 mars 1514, on la mariait à Louis de Brézé, comte de Maulévrier, grand-sénéchal de Nor- mandie, qui avait quelque quarante ans de plus qu elle. » De cette imion, que la mort du comte rompit en 1531, na- quirent deux filles, qui furent mariées plus tard, Tune au comte de Bouillon, prince de Sedan, en 1538, l'autre à Claude de Lorraine, duc d'Aïunale, en 1546. » Diane, restée veuve à trente-deux ans, ne perdit jamais le souvenir de son défunt mari. Au comble même de la faveur à laquelle elle parvint plus tard , la mémoire du Grand-Sénéchal resta toujours très-ostensiblement l'objet de son culte et des plus grands honneurs. » Au printemps 1535, dit-on, remontent les premières rela- tions d'amitié qu'elle eut avec le prince d'Orléans, qui devint le Dauphin et plus tard le roi Henri IL Henri avait alors seize ans et Diane trente-six. Cette amitié, que la mort seule du roi vint faire cesser en 1559, dura donc vingt-quatre années. » Pendant tout ce temps , Diane de Poitiers , créée duchesse de Yalentinois par le roi Henri, comblée de faveurs, eut dans les conseils de France une influence considérable. T» Elle avait soixante ans quand Henri II mourut, et elle lui survécut près de sept années. En butte, à la mort du roi, à la haine de Catherine de Médicis, elle avait tout à craindre. Rien de fâcheux ne lui advint pourtant, et elle décédait à Chaumont, le 22 avril 1566, en pleine possession de son immense fortune, ayant passé dans la retraite , la prière et les bonnes œuvres , les dernières années de sa vie. Suivant ses désirs, son cœur fut réuni à celui de M. le Grand-Sénéchal , son défunt mari. Son corps, déposé d'abord dans l'église d'Anet, fut inhumé, une dizaine d'années plus tard, dans la chapelle mortuaire qu'elle avait fait construire à cet effet. » Voilà, dans sa sécheresse et sa simplicité, le thème que nous fournit l'histoire, thème que les variations brillantes, mais fort peu justifiées, de l'esprit de parti, ont singuUèrement enrichi au grand détriment de la mémoire de Diane. » Je ne veux point me constituer le champion de sa vertu. TOMB VI. 6 1 -74- Oes travaux postérieurs vengeront-ils complètement la duchesse de Valentinois de toutes les accusations portées contre eDe? C'est là le secret de Tavenir. Ce qui semble résulter toutefois d'un examen calme et impartial des pièces de ce procès , c'est que, si l'innocence de Diane n'en ressort pas évidentes priori, sa culpabilité, en maints cas, est impossible, en certains autres, au moins difficile à prouver. » Il n'est sorte d'horreurs que Ton n'ait accumulées sur sa tête. Si l'on en veut connaître la raison vraie et sérieuse, il suf- fit de jeter un coup d'oeil sur la situation morale et religieuse de la France à cette époque. » Envahie par la réforme, qui trouvait dans la tendance même des esprits une voie relativement facile ^ la Cour se par- tageait en deux partis hostiles et profondément divisés. » Le vent de la révolte politique et civile, autant au moins que religieuse, soufflait sur cette sociétégalante, et devait ame- ner bientôt ces horreurs dont on a bien pu dissimuler la vraie cause et fausser l'histoire ^ mais qui n'ont été que la résultante naturelle des prémisses posées. » Diane de Poitiers avait-elle compris ce qui se cachait sous ce mot de Réforme? je l'ignore, mais en tous cas^ je le dois constater et à son éternel honneur, elle a tout fait pour arrê- ter l'essor en notre beau pays de France de ces terribles et dé- solantes idées. » Influence , fortune , tout lui servit à combattre l'ennemi , et si, sur le trône de France, l'hérésie victorieuse n'a jamais ceint la Couronne, c'est à cette femme, peut-être, que nous le devons. » Comprenez -vous maintenant ces haines farouches, ces intenses colères î Mensonge et calomnies ! du réformé du X\T siècle aux révoltés du XVIIP et du XIX , aux tenants de la ré- volution jusqu'à son expression suprême et dernière, c'a été, c'est et ce sera l'arme favorite et toujours puissante. Hier à peine elle dressait dans la boue et le sang l'échafaud de nos reines, qui pourrait dire ce qu'elle sera demain? Le passé et ses ombres ne s'éclairent-ils pas à ces lueurs sinistres ? Diane de Poitiers est l'ennemie , Diane de Poitiers deviendra le bouc émissaire. • Dévergondage des mœurs , accusations les plus horribles j assassinat même, tout lui sera reproché. Aucuns de ces faits - 75 - ne seront prouvés; bien peu, pris à part, pourront résister à la plus simple critique, on ne s'entendra même pas sur les dates les plus indiscutables Qu'importe, l'insinuation pro- duira son effet, et le lecteur, abasourdi par tant de témoignages, quelque discordants qu'ils puissent être, en retiendra toujoui-s, et c'est ce qu'il fallait obtenir, la plus fâcheuse impression. » Que si ce procédé, dont chaque jour nous constatons l'em- ploi, semblait invraisemblable, il me serait facile de donner immédiatement la preuve de cette partialité voulue. • Diane de Poitiers n'a point été la femme la plus... célèbre ou tout au moins la seule femme... célèbre du XVP siècle. François V favorisait une certaine Anne de Pisseleu, de- moiselle d'Heilly, bien connue dans Thistoire sous le nom de duchesse d'Etampes. La plus savante des belles, la plus belle des savantes, comme on l'appelait alors, était loin d'avoir pour son pays lamour qui lui est dû. De mœurs indiscutablement mauvaises, la duchesse d'Etampes a trahi la France qu'elle a vendue à Charles-Quint. Le désastreux traité de Crépy-en-Valois a été le produit de sa trahison. Cherchez ce que Ton dit sur elle. Luthérienne de cœur et donnant chaque année, conune l'on disait alors, une partie de son i-evenu dans la boîte à Perretie, ces deux qualités lui ont valu, sinon une complète immunité vis-à-vis de l'histoire, à tout le moins de nombreux égards et le plus conunode silence. » Faveurs à l'une, à l'autre tant de calomnies, que Dreux du Radier lui-môme, peu suspect pourtant de sympathie à l'égard de Diane , est obligé de s'exprimer ainsi sur son compte Nous » tâcherons de dégager ce que les auteurs, qui ont écrit sur • Diane, disent de vrai des erreurs qu'ils ont adoptées ou ma- » lignement ou faute d'exactitude. » Et encore La plus » grande partie de nos auteurs a suivi à l'aveugle ce que la haine ou la flatterie ont fait dire de son temps. » » Abordons maintenant et de la façon la plus impartiale qu'il nous sera possible, la vie décrite de Diane. • L'on comprendra sans peine combien , arrivé à ce point de mon sujet, ma tâche réclame de délicatesse et de demi-teinte. Il faut pourtant que j'effleure au moins si scabreux que puisse être un pareil travail ces calomnies dont on a fait l'histoire de la duchesse; que je fasse entrevoir, à tout le moins, les impos- sibilités ou les invraisemblances ; qu'à de simples impressions , - 76 - données pour la vérité et déduites d'une façon parfois forcée, d'un fait par lui-même insignifiant, j'indique ce que Ton peut répondre. » Quelle a été Diane de Poitiers? ! avant son veuvage; 2** de- puis lors jusqu'à la mort de Henri II; 3** dans les dernières an- nées de sa vie? quel rôle enfin a- 1- elle joué à ces dernières époques ? c'est ce que nous allons voir rapidement. » De Diane, grande-sénéchale, il n'y a rien de bien terrible à dire, de bien sérieux au moins. Ses qualités d'épouse fidèle, de bonne mère de famille semblent indiscutables. » Louis de Brézé, du reste, était d'une race qui ne badinait pas avec son honneur, et le château de Rouvres, voisin de celui d'Anet, en pouvait encore offrir la preuve sanglante et à peine séchée. L'union de Diane a donc dû être tranquille et toute aux intimités de la famille; et pourtant, là encore, la légèreté et l'esprit dé parti ont dû trouver à mordre. » Mézeray et Varillas, et après eux nombre de plagiaires ont prétendu que Diane dut payer de sa personne au roi François I" la rançon de Jean de Poitiers, son père, convaincu de haute trahison. » Déshonorer à la fois un roi et une grande dame, prendre sur l'autorité suprême une terrible et honteuse représaille, c'était besogne trop tentante sans doute pour la laisser échapper. Heureusement les pamphlétaires et leurs échos n'ont pu s'en- tendre. Divisés profondément entre eux sur la question de date, Mézeray et Varillas sont respectivement en désaccord complet avec les faits authentiques. » La grâce de Jean de Poitiers est de l'année 1523. Mézeray fixe à 1514 l'infamie dont nous avons parlé, et Varillas la recule à 1540. Cette grâce, du reste, fut moins une conunutation qu'une aggravation de peine, et les lettres de rémission sont formelles. Elles ont été, disent-elles, formellement concédées aux prières du comte de Maulevrier, grand-sénéchal de Nor- mandie, et des autres parents et amis de Saint- Vallier. » Changer les dates, changer les personnages, jeter à pleines mains le mensonge et l'outrage, cela s'appelle peut-être écrire l'histoire. Nous n'aurons garde d'oublier plus loin cette fable ridicule et, à moins de preuves évidentes et certaines, il nous sera toujours au moins permis de douter. Quoi qu'il en soit, cette première partie de l'histoire de Diane de Poitiers, abso- — 77 — lament nulle quant à Tinfluence, semble devoir être à l'abri de tout soupçon. f » Nous en dirons autant dès à présent de celle qui suivra la i mort du Roi, où, seule et livrée aux sages pensera de la vieillesse, Diane put réfléchir au rôle absorbant qu'elle avait joué à la Cour, et aux effacements auxquels son omnipotence avait réduit la véritable et légitime Reine. » Nous aborderons maintenant la partie brillante de la vie de Diane, celle où toute la Cour recevra d'elle le ton, où le Roi viendra chercher à Anet les inspirations et les conseils. » Ici, je dois renouveler mes déclarations précédentes. » Quel que puisse être mon sentiment sur Diane de Poitiers, ce n*est point à moi de conclure et je me garderai bien de le faire. Je ne veux établir qu'une seule chose, c'est qu'à cette époque même rien de net, de précis, de positif ne vient prou- ver sa culpabilité. » En pareil cas, le doute, ce me semble, doit profiter à l'ac- cusée, alors surtout et la haine de parti nous en est un sûr gage, alors, dis-je, que dans ces preuves que l'on trouvera, je l'espère, insuffisantes, rien n'a été omis de ce qui pouvait noircir l'honneur et la mémoire de Diane • Louis de Brézé est donc mort ! Sa veuve lui a élevé un tom- beau digne de lui. Son deuil sera perpétuel, et sa devise, au faite même des grandeurs, jettera au monde entier, conmie le cri de son cœur ou bien alors comme un impudent défi que jamais pourtant personne n'a relevé, la mémoire de Tépoux qu'elle a perdu. » Quatre ans ont passé sur sa douleur sans en diminuer les nombreux témoignages. Un jour, un jeune homme de seize ans s'arrête chez cette femme qui pourrait être sa mère. » Loyal et franc chevaUer, il en porte les couleurs. Son père lui-même a obtenu de Diane l'octroi de cette faveur. Les lois de la chevalerie, plus encore, la froideur de son tempérament lui rendent respectable la dame qu'il a choisie. » Il s'arrête dans ce même Anet dont rien ne présage encore les futures splendeurs. » Cet adolescent de seize ans est l'époux aimant et aimé d'une fenune de son âge. C'est le fils de nos rois. Dauphin quelques mois après par la mort de son frère, il monte bientôt sur le trône de France. — 78 — » Ses visites à Anet se succèdent et se multiplient; le châ- teau est restauré ou plutôt bientôt Anet est bâti. » Diane, l'heureuse comtesse, obtient, comme don de joyeux avènement d'Henri au trône , la terre de Chenonceaux et son château, disons mieux, elle achète 190,000 livres aux héritiers de Thomas Bohier ce domaine confisqué par la couronne. Puis elle est créée duchesse de Valentinois, comblée chacjuejour de dons, de faveurs nouvelles. » Appelée aux conseils du Roi; elle est en même jtemps dans l'intimité de la reine Catherine de Médicis , à laquelle elle rend en déférence plus encore qu'elle ne reçoit en amitié. » Loin de s'étonner des visites à Anet de sou royal époux , la reine semble y pousser Henri II. • » Cette faveur s'accroît d'année en année. Les mois s'entas- sent sur les mois, et la mort du roi, en 1559, trouve Diane, âgée de 60 ans, au comble des honneurs et de la puissance. » Voilà l'histoire, et qu'y a-t-il là, je ne voudrais pas dire qui suppose, mais qui prouve une culpabiUté quelconque? » Ah I je sais bien que l'on objectera ces faveurs inouïes d'un roi à sa sujette I Ces visites continuelles I ces chiffres entre- lacés! ces allusions transparentes à la Diane chasseresse, des émaux plus ou moins authentiques, et d'autres faits encore que je citerai en leur Ueu I » Mais franchement sont- ce là des preuves? Nous verrons tout à l'heure ce qu'elles peuvent valoir. » En ce moment, examinons d'abord si les contemporains ne vont pas jeter quelque lumière sur la nature de ces relations. » Un livre m'a été conununiqué , fort important et assez peu répandu encore. Il a pour titre La Diplomatie vénitienne Pion, 1862. Venise, au XVI siècle notanunent, entretenait à la cour de France des ambassadeurs qui, leur mission finie , devaient, dans des relazione spéciales, rendre compte aux seigneurs assemblés de ce qu'ils avaient pu constater dans les cours de l'Europe. » Ces relazione, secrètes de leur nature, étaient par suite l'écho généralement fidèle de la vérité, — tant que le narra- teur, pour donner plus de sel à des faits déjà connus, n'ajou- tait pas des cancans de cour à ce qu'il savait lui-même. — Or, que nous disent ces relazione au point de vue spécial qui nous occupe ? ~ 79 - » La première est datée de 1542, postérieure de sept anà par conséquent aux relations incriminées; elle a pour auteur Matteo Dandolo. Il parle du Roi et du Dauphin. Des relations de celui-ci avec M° la Sénéchale, pas un mot. » Harino Cavalli lui succède. La conduite d*Henri est ap- préciée avec le plus grand soin par cet ambassadeur , Fun des plus grands hommes qui aient illustré Venise. » Après des détails tout confidentiels sur les mœurs du Dau- phin et tout à son honneur, Marine Cavalli ajoute Pour » la conversation, il s'en tient à celle de madame la Sénéchale de Normandie, âgée de quarante-huit ans. Il a pour elle une tendresse véritable; mais on pense qu il n'y a rien de lascif, et que dans cette affection c'est comme entre mère et fils. On affirme que celte dame a entrepris d'endoctriner, de corri- ger, DE CONSEILLER M. lo Dauphin ET DE LE POUSSER A TOUTES LES ACTIONS DIGNES DE LUI. » » Rappelons -nous, je vous en prie, toutes ces expressions qui auront leur importance tout à l'heure. » Je ne voudrais rien dissimuler, pourtant, et je suis bien forcé de le reconnaître , la rctoione suivante de Lorenzo Con- tarini est autrement énergique. Les rapports de Diane et d'Henri II sont considérés par lui comme beaucoup moins pla- toniques, les termes qu'il emploie ne laissent aucun doute sur ce qu'il a voulu dire. Mais Contarini ne cédait-il pas au besoin de donner de l'importance à une relation déjà faite? Quelques lignes plus bas il raconte avec une conviction plus énergique encore, s'il est possible, la fable de Diane et de François P'. » De 1551 à 1555, Giovanni Capello déclare que le roi se donne tout aux affaires, que ses amusements sont honnêtes. » En 1555, Giacomo Soranzo constate l'affection très-appa- rente d'Henri pour Catherine de Médicis, son épouse. » Sauf un ambassadeur dont la relazione est, sur un point au moins, entachée de légèreté, et sur un point fort important dans notre thèse, de tous ces diplomates placés pour bien voir, sûrs du secret, n'ayant d'autre intérêt que la vérité, aucun n'attache aux relations de Diane et d'Henri II la note que l'his- toire, — ou ce qui en tient la place, — leur a infligée. Tous, je le reconnais , constatent l'influence énorme de la duchesse sur les affaires de l'Etat. Nier cette influence ce serait puériUté et fausseté à la fois. Oui , Diane était maîtresse à la cour de France •^ - 80 — et maîtresse au détriment de la reine, mais à quel titre? voyons si nous ne le pourrons pas indiquer. » Henri II n'était point par sa naissance destiné à monter sur le trône de France. Peu aimé de François !•, il avait tou- }o\lts été tenu en dehors des affaires. La connaissance qu'il fit de Diane avant d'être Dauphin ne fut point propre à disposer en sa faveur la jalouse duchesse d'Ëtampes, toute -puissante à la cour du roi François et irritée de constater que celui-là ne sacrifiait pas à Tidole du jour. » Diane, et des auteurs très -sérieux l'af&rment, a maintes fois aidé le Dauphin de ses conseils et de sa hourse. Fenune d'une intelligence rare, elle avait compris ce que l'enfance du futur roi avait souffert de tant de négligence. Rappelons-nous ce mot de Marine Gavalli... Elle a entrepris d'endoctriner, » DE corriger, de CONSEILLER U^^ le DauphiU ET DE LE POUSSER » A TOUTES LES ACTIONS DIGNES DE LUI. » » Et parce que ce roi , qu'eUe a formé , lui témoigne sa re- connaissance d'une façon royale, on crierait au scandale? » Mais, objectera-t-on, cette devise du roi si significative. Ce croissant et ces mots Donec totum impleat orbem ! » Ah ! prenons garde de ne point trop céder ici aux raisons d'impressionnabilité. Etes-vous si sûr, dites-moi, que ce crois- sant — que Ton eût mieux fait peut-être de laisser au Grand- Turc, mais qui en fait n'est point particulier à Henri II — ait été choisi par lui seulement après qu'il eut connu Diane? » Croître jusqu'à emplir le monde, mais c'est le rêve de toutes les ambitions juvéniles; mais Louis XIII, mais Monsieur, frère de Louis XIV, ont eu le croissant dans leurs armes, mais Cathe> rine de Médicis elle-même en ornait ses ouvrages. » Ah ! certes, j'en suis sûr, Henri II a été ravi de la coïnci- dence, son choix a dû lui sembler meilleur et plus heureux ; mais si la grande-sénéchale se fût appelée Jeanne ou Mathurine, je vous défie d'afiirmer sans témérité que le croissant eût dé- serté le blason d'Henri II. » Mais, dira-t-on encore, ces répétitions fréquentes? mais ces chifires entrelacés ? Autres temps , autres usages I En tous cas, amour ou reconnaissance expliqueraient également et ces chifires et ces répétitions; mais, en somme, pourquoi donc irions-nous jusqu'à défendixî Diane, de ce chef? A ses détrac- teurs à prouver ce qu'ils avancent. - 81 - » A quels signes certains reconnaissez-vous dans ces demi- cercles venant toucher les jambages de TH ou les dépassant quelque peu, le D de Diane ou le G de Catherine ou le Croissant du roi? Il vous plaît, pour votre thèse, de retrouver partout le chiffre de Diane. C'est parfait; peut-être avez- vous raison, mais prouvez-le. » Et, dira-t-on, ces Dianes chasseresses qui remplissaient Ânet, ces déités fort peu voilées qui, sous leur transparente allégorie, cachaient la Diane aimée et chérie ? > Je ne saurais trop le répéter, autres temps autres usages, et telles sculptures, par exemple, qui décorent nos cathédrales, seraient aujourd'hui justement écartées. Ne jugeons donc pas par notre époque plus positive et plus pudibonde, sinon plus pudique, le XVP siècle, le siècle de la Renaissance. Oui, par- tout vous trouverez Diane chasseresse et ses attributs. Que vou- lez-vous? madame la Sénéchale pour qui Ânèt a été bâti por- tait ce nom. • On en a usé et abusé, je le veux bien, comme on Teût tait pour tout autre nom qui se fût le moins du monde prêté aux réminiscences païennes qui caractérisent le style de la Re- naissance. > Est-ce là encore une preuve sérieuse? Mais un siècle plus tôt elle vous eût manqué. Plus tard vous ne l'eussiez plus trouvée. » A ces prétendues preuves, preuves sur lesquelles pourtant on a bâti l'histoire, opposons maintenant, je ne dirai pas les preuves, je serai plus modeste, mais les présomptions con- traires. » Je ne parlerai pas de cette différence d'âge 20 années qui pourtant dans cette période intime d'une durée de vingt-quatre ans, aurait bien son importance. Je signalerai seulement Tab- sence et l'absence complète d'une preuve matérielle. » On a cherché beaucoup, on a cherché longtemps, on a donné des noms même. Rien n'a tenu devant la lumière. Diane n*a jamais eu que deux filles, la duchesse de Bouillon et la du- chesse d'Aumale. L'histoire, du reste, si peu favorable à M"* de Valentinois, eût soigneusement enregistré ces preuves-là. A cette époque, où Tonne ménageait rien, où la honte, quand elle venait de haut, était un titre de gloire, rien n'eût passé in- ai>erçu. On n'a rien dit, parce qu'il n'y avait rien à dire. » Nous avons mieux que cette preuve négative C'est le dé- — 82 — sintéressement de Diane qui élève chez elle, sous le préceptorat de Me Claude Sublet, chanoine de Chartres, Diane, légitimée de France, très-authentique fille de Henri II et de Philippe Duc. » 1539, voilà la daté de cette naissance, alors que l'intimité de Diane et d*Henri était dans toute sa fraîcheur. Nous laisse- rons sur notre route et Nicolle de Flavigny et la demoiselle Flamen de Lewiston dont les relations avec Henri II ne sont un mystère pour personne, et nous aborderons une preuve plus concluante. » Diane de Poitiers , et les témoignages les plus sérieux réta- blissent, a plus d une fois rétabli l'harmonie dans le ménage royal. Catherine Taimait autant qu'elle le savait faire. A la mort du roi, je le sais et lai dit, elle éloigna Diane de la cour. Mais cette disgrâce même, cette vengeance incomplète qui laisse à sa victime sa fortune tout entière et se contente de l'exiler, n'est-elle pas encore jusqu'à un certain point une présomption favorable à Diane ? Une Italienne ne se venge jamais à demi en pareille matière , et la disgrâce partielle de Diane semble avoir été la satisfaction d'un dépit ambitieux déjà assouvi par sa victoire même, plutôt que l'éclat de la haine d'une fenune longtemps méprisée et trahie et qui devient enfin , après vingt- quatre années, maîtresse d'une rivale justement abhorrée? » Il n'est pas jusqu'à cette accusation lancée contre Diane, d'avoir dilapidé les trésors de l'Etat, qui ne semble se retourner contre ses accusateurs. Quelles restitutions a-t-on exigées d'elle, alors que, faible et presque impuissante, elle était à la merci de ses ennemis? Catherine, il est vrai, lui enlève Chenonceaux; mais, par acte en bonne et due forme, elle déclare elle-même qu'il n'y a là qu'un échange avec le château de Chaumont. Echange léonin peut-être, mais enfin qui, jusqu'à un certain point, venge la mémoire de Diane d'une nouvelle souillure. » Pourtant, je l'avoue, Anet a été bâti pour Diane et payé par l'argent de la France. Le lui reprocherons-nous. Messieurs? Ah I devant ces splendeurs, pâles ombres pourtant dans leur magnificence de tant de chefs-d'œuvre anéantis en des jours de barbarie, de honte et de malheur, je me tais, et j'ad- mire ou plutôt je m'écrie Plût à Dieu que nos milliards, au lieu d'enrichir l'Etranger, aient ainsi pu toujours orner, em- bellir notre France 1 » Voilà, Messieurs, l'exposé aussi frauc que possible, je le — 83 — crois du moins, de la véritable histoire. J'ai été, je l'avouerai, plutôt favorable qu'hostile à Diane, parce que, sans oser me prononcer sur elle, je suis intimement persuadé que Ton a noirci à plaisir cette intéressante figure. t Je terminerai comme j'ai commencé, en souhaitant qu'un autre plus habile et plus autorisé que moi fasse la lumière sur cette question importante, et je n'ai plus, Messieurs, qu'à vous remercier de votre attention si bienveillante, à m'excuser d'en avoir si longtemps abusé. » M. Met-Gaubert lit un travail de M. l'abbé Vilbert sur le même sujet. Prenant Diane à sa naissance, M. l'abbé Vilbert montre quelle éducation forte et sévère elle a reçue; il la dé- clare innocente des infamies dont on a souillé sa mémoire ; il s'appuie sur une lettre rimée, pièce inédite de Mélin de Saint- Gelais, qu'Henri II écrivait d'Anet à Catherine de Médicis en couches à Saint-Germain. Il conclut en affirmant que les relations de Diane avec Henri II n'étaient que des relations de reconnaissance et d'amitié. M. Fortin père, de Dreux, Ut ensuite une description des élégantes sculptures que présentent encore les ruines du châ- teau de Sorel. Le voyageur qui prend à Dreux la ligne de Louviers pour venir à Anet, par exemple voit sur sa droite, après avoir fran- chi la station de Marcilly-sur-Eure, se dresser, sur un mamelon dominant la vallée, une haute maison isolée dont l'aspect in- dique un manoir en ruine. » Pour l'homme affairé ou seulement indifférent qui passe outre, c'est une insignifiante masure; pour l'artiste, dont la curiosité investigatrice est toujours en éveil, c'est peut-être ime mine de souvenirs architectoniques ou de détails pittoresques à exploiter; pour moi, il suffisait que ce fût le vieux château de Sorel pour que j'en fisse le but d'une excursion je l'ai réaUsée, j'en ai gardé bon souvenir; permettez-moi, je vous prie, de vous en entretenir un instant. » L'escarpement sur lequel les ruines de ce vieux château sont assises, s'avance conune un promontoire au-d^sus du vil- lage de Sorel dont les maisons s'étagent sur la déclivité de la - 84 - colline, et baignent, pour ainsi dire, leurs jardins dans les eaux de la rivière d'Eure, qui coule au pied même de la pente. J'avais hâte de gagner la plate-forme du château pour y par- venir la montée est rude, mais aussi le coup d'œil dont on jouit à cette hauteur est splendide , et Ton s'y arrête irrésistiblement. Le vieux manoir est là à nos pieds , et déjà nous pouvons en scruter les détails comme autant de points de repère que nous retrouverons tout à l'heure. Derrière nous la forêt de Dreux étend au loin ses ombrages séculaires; en bas, de l'ouest au nord et formant presque un demi-cercle, de Saint-Georges jusque dans les profondeurs de l'horizon du côté de Bueil, la vallée de l'Eure étale le vert tapis de ses prairies, coupées çà et là de rideaux de peupliers sous lesquels se révèlent les murs blanchis et les rouges toitures d'habitations isolées ou compactes, se- mées comme à plaisir pour couper la monotonie de la teinte. A gauche, voici Marcilly; plus près, le domaine de Brazais, puis le Buisson, Saint- Liphard, Moussel, Croth, et d'autres encore dont les détails se perdent dans le vague des lointains. En face, sur les pentes qui limitent la vallée et forment la rive gauche de l'Eure, se dessinent les bois de Saint-Laurent et la forêt de Roseux ; leurs masses sombres descendent , en mame- lons arrondis et successifs , sur les terrains inférieurs chargés de cultures variées aux couleurs chatoyantes ; l'œil se plait à suivre ces ondulations au bas desquelles la rivière promène ses eaux qui brillent comme un ruban d'argent sur l'émeraude de la végétation. A certain moment une colonne de fumée blan- châtre se détache au-dessus de ces massifs de verdure, conune im panache immense qui grossit en approchant c'est un train qui passe et rompt quelque peu, par son bruissement prolongé, le calme des hauts lieux où nous sommes; mais bientôt le silence se rétablit et nous reprenons instinctivement la contem- plation de l'intéressant panorama qui se déroule sous nos yeux charmés. » Il est temps néanmoins de porter nos investigations sur la Masure, sur le Château de Sorel, veux-je dire. Loin de moi toutefois l'idée d'aborder la recherche de ses origines cette tâche est au-dessus de mes forces et de mon modeste savoir. Qu'il ait été construit sur les ruines d'une ancienne forteresse possédée au*XJP siècle par Gervaisde Chàteauneuf, et conquise par Henri I" d'Angleterre; et M"'' Philippe Lemaitre, dans sou - 85 - Histoire de la ville et du château de th^eux, ne nous a-t-elle pas édifiés à ce sujet, en nous détaillant les vicissitudes qui ont accompagné la possession de cette seigneurie jusqu au jour où Pierre Séguier^ président à mortier du Parlement de Paris, en fit acquisition, en 1549, de Marie d'Albret, comtesse de Dreux et duchesse de Nevers. Ce que j*ai eu désir de voir, c est le châ- teau de Sorel , tel quil est aujourd'hui, ruiné, abandonné, s' effondrant peu à peu dans le délaissement le plus complet, mais cachant sous ses ruines des détails pittoresques et char- mants, trop négligés, oubliés peut-être; et pourtant il y a là, disons-le, pour quiconque oserait l'entreprendre, une récolte à faire de bons*et nombreux croquis. » La partie la plus attrayante du château, celle qui frappe d*abord le regard , est le joU portail à fronton circulaire et à double face qui donnait entrée dans la cour ^ Bâti par Marguerite de la Guesle, veuve de Pierre Séguier, 3 du nom, il est encore dans un parfait état de conservation ; isolé sur le bord de Tes- carpe de l'enceinte qu'il domine de toute sa hauteur, il était joint à la rive opposée par un pont jeté sur trois piles en ma- çonnerie. Ces piles surgissent encore du fond du fossé , mais elles sont veuves des poutres qu'elles supportaient naguères le pont n'existe plus , et pour pénétrer dans la cour, il faut, en suivant le fossé , chercher à l'orient de la motte du château , mie porte d'un difficile accès percée dans un mur de clôture que couronnent des créneaux en briques. » Le portail dont il s'agit est surtout remarquable par les sculptures qui ornent, sur chaque face, les tympans du fron- ton. Ce sont des génies ailés servant de supports à un écusson composé de huit blasons représentant les armoiries des Séguier et des familles qui leur étaient alliées. La face extérieure est ornée d'une frise sur laquelle courent des végétations en arabesques avec im mascaron central, et, faisant suite à cette frise, à la partie supérieure des pilastres , est un chiffre enlacé dans une couronne de laurier; ce chiffre est, dit-on, formé par les ini- tiales de Louise-Marie Séguier , fille de Pierre et de Marguerite de la Guesle. Du côté de l'intérieur, la frise est dépourvue d'or- nements, mais les pilastres portent des corbeilles pleines de * Nous avons reproduit une lithographie de ce portail de Sorel , avec une notice due à M. Éd. Lefèvrc, t. I, p. 18. -86^ fruits , et sur le sommet du fronton , dans l'espace , un vase orné de fleurs et deux statues assises, regardant dehors et ap- puyées sur des corbeilles également pleines de fruits et de fleurs, complètent la décoration. Ce portail est très -élégant et Taspect en est très - agréable les génies surtout, dans la variété de leurs attitudes et le modelé de leurs formes, révèlent Vhabileté de la main qui les a fait sortir de la pierre. » Quelle qu'en ait été la cause, le corps principal du logis a disparu sous la pioche des démolisseurs ; il n'en reste plus que l'angle oriental composé d'un pavillon bâti en pierres et briques entremêlées; deux énormes cheminées en briques, à moulures, surmontent sa toiture pyramidale, qui est efTondrée en, plusieurs endroits et montre ses chevrons à nu. L'abandon venu, les plantes parasites ont pris possession des parois effri- tées par le temps, et achèvent lentement mais sûrement la ruine de ce manoir dont les propriétaires, semble-t-il, n*ont plus au- cun souci. » Une porte à fronton surmonté d'un œil de bœuf, sise près de l'angle qui raccordait la façade intérieure du grand bâtiment avec le pavillon, donne entrée dans ce pavillon et voici l'escalier. Amère déception I la partie supérieure de l'es- calier est absente , de sorte qu'il nous est impossible d'atteindre le premier étage. Dans la pièce du rez-de-chaussée où nous en- trons, est ime cheminée en pierre, dont le manteau est sculpté dans le style de la Renaissance heureuse trouvaille qui mérite certainement d'être étudiée, disons mieux, qui mériterait d'être précieusement conservée. Un médaillon carré, à moulures, encadrait sans doute un tableau; le tableau a été enlevé, le cadre est vide. Les quatre angles sont ornés d'arabesques en enroulements, d'un fort relief, et d'où s'échappent des végéta- tions et des fleurs ; de petits panneaux rectangulaires et des consoles accompagnent cette décoration qui est couronnée par une corniche à doucine. On dit qu'une cheminée du même style existe au premier étage il est regrettable de ne pouvoir en acquérir la certitude, l'escalier démoli n'en permet pas l'accès. » Sous la grande chambre du rez-de-chaussée est ime pièce souterraine, la cuisine, je crois, elle n'offre rien de remar- quable. r> Ne voulant point mettre plus longtemps votre patience à - 87- répreuve, je m'arrête; mais, eu terminant cette causerie déjà longue, je répète à dessein que le château de Sorel, dans son état actuel , m'a semblé très-intéressant à visiter pour ceux qui aiment à rencontrer, avec l'imprévu , le pittoresque et Tagréable, et j'ajoute volontiers que j'ai la conviction qu'on y peut trouver sans peine des motifs suf&sants d'ime ample récolte de croquis et d une aimable distraction. » La séance est terminée par la lecture d'un petit poème de M. Le Goux, de Coulombs, et intitulé le Coin du Feu, rLE COIN DU FEU. A mon ami DROUET. C'était par un jour triste et brumeux de décembre ; Un froid gris, pénétrant, me clouait dans la chambre Enfoui mollement dans les coussins soyeux D'un grand fauteuil sculpté pour de nobles aïeux , Je suivais du regard , dans le foyer de marbre , Les elForts de la flamme étreignant un tronc d'arbre ; Je voyais la Bacchante, enlacée au géant, Sous ses baisers de feu , le réduire à néant , Et je pensais alors que la vie , en ce monde , Est le but incessant d'une haine profonde, Que , dès les premiers jours de la création , La Souffrance , la Mort et la Destruction Ont, en se partageant leur vaste et triste empire. Juré guerre implacable à tout ce qui respire. Que, pour l'homme lui-même, il vient, hélas ! un jour Où sonne le départ, le départ sans retour Et qu'il ne reste enfin , d'une existence entière , Qu'un tertre qui s'affaisse au fond d'un cimetière !... Celui-là, cependant, dont le front a pâli Sous l'éclair du génie , est sauvé de l'oubli -. Il saura s'affranchir de la dure tutelle; ^ Le Temps consacrera sa pensée immortelle ; Qu'elle ait, pour s'affirmer à l'esprit des humains* PUs la plume en ses doigts ou l'épée en ses mains , Qu'elle ait su reculer les bornes du possible , Animer une toUe ou le marbre Insensible , Elle est impérissable !... et l'assaut de la Mort Se brisera contre elle en impuissant effort ! — 88 — Coùime un rayon vainqueur qui dissipe la nue, La consolante idée était soudain venue Éclairer l'horizon , alors que mon regard Initiait mon âme aux mystères de Part. J'étais enseveli sous la magniflcence Du lieu que j'habitais , fleur de la Renaissance Dont les siècles avaient transformé la beauté En noblesse , et la grâce en fière majesté ; Il semblait que l'artiste eût ordonné la salle Pour des hommes de race éteinte et colossale Dans un large foyer brûlait un feu d'enfer De troncs d'arbres entiers, sur les chenets de fer; Deux faunes soutenaient la vaste cheminée , Œuvre de Jean Goujon , fouillée et blasonnée , Et , dans un médaillon de marbre pur de fil , Était sculpté d'un preux l'énergique profil ; Sur de puissants corbeaux, les poutres accoudées Supportaient un plafond haut de quinze coudées, Où les fonds azurés de splendides caissons S'étoilaient de lys d'or et de fiers écussons ; Les hauts lambris étaient en chêne de Hollande ; L'attribut symbolique et la fraîche guirlande Formaient une bordure aux poèmes d'amour , Aux assauts furieux escaladant les tours , Aux chasses dans les bois , aux tournois dans la lice Que mainte châtelaine avait, sur haute lisse, Tissés de sa main blanche , alors que son Seigneur Combattait aux saints lieux pour le Christ et l'honneur ! Un discret demi-jour éclairait ces tentures ; Des vitraux, enchâssés dans leurs frôles ner\'ures, Comme les fins bijoux des anciens ciseleurs. Tamisaient la lumière à travers leurs couleurs , Et , reflétant parfois leurs fleurs , leurs armoiries , Les dalles s'émaillaient d'or pur, de pierreries Qu'un rayon de soleil parsemait en ce lieu. Séjour mystérieux de quelque demi-Dieu ! Aussi, lorsqu'étranger , d'un pas distrait encore. Pour la première fois, de la voûte sonore. On réveillait l'écho, les pieds, au marbre froid, Se fixaient de respect j'adlais dire d'effroi 11 semblait qu'on troublât la paix d'un sanctuaire Ou que Ton profanât un sacré reliquaire ! Quatre énormes griffons, en plein chêne taillés. Par un vaillant ciseau largement travaillés , Supportaient, menaçants dans leur pose agressive. - 89 — Au milieu de la salle, une table massive; Sur son tapis à jours de guipure en fin lin , De rares manuscrits conservaient, sur vélin, Les types , les secrets d'étranges écritures Encadrés dans les fleurs de leurs miniatures. Pour consulter ces sphynx , des trônes naufragés Tendaient aux visiteurs leurs larges flancs frangés De clous d'or, revêtus de cuirs dont l'arabesque Attestait l'origine espagnole-mauresque. Et, jaloux de la palme, en ce noble concours, Les buffets où les fleurs enlaçaient les Amours, Les cabinets, rivaux des chefs-d'œuvres antiques, Epaves surnageant des siècles artistiques, Mariaient, confondaient, dans un goût achevé, L'ébène somptueuse et l'ivoire gravé , L'écaillé avec le bronze et le rustique chêne Avec le fer forgé !... Libres, sans loi ni chaîne. Leurs puissants bas-reliefs retraçaient tour-à-tour Le Christ et les faux Dieux, la Mort près de l'Amour. Le corps roide , anguleux , dans un cadre sévère , Jésus agonisait au sommet du Calvaire, Ou , purs comme un camée et rayonnants encor Du feu qui les conçut , dans un charmant décor, Actéon surprenait au baui la Chasseresse La mer berçait Vénus, la blonde enchanteresse. Et, sur tous ces trésors, le Temps aux pieds d'airain Imprimait, en fuyant, son cachet souverain ! Les robustes bahuts et les sveltes crédences Phaient sous leurs fardeaux de royales faïences ; Sur un meuble incrusté de marbres et d'émaux , Une horloge comptait le temps à pas égaux; Son timbre musical avait sonné les heures De trois siècles passés en de nobles demeures Elle avait vu tomber les générations , Poindre, briller, pâlir bien des ambitions Et, sur le cadran d'or, son aiguille insensible Poursuivait lentement sa carrière inflexible !... Inflexibles aussi , sur leur fier piédestal , Dans l'immobilité rigide du métal , Deux armures veillaient, après la triple épreuve Du baptême de sang , de flamme et d'eau de fleuve ; L'artiste avait couvert les féodaux engins , Avec un goût exquis , de délicats dessins ; Mais, les jours de combat, parmi les ciselures. Tome VI. Y. — 90 — L'épée avait tracé de larges éraflures. Sur leurs fronts menaçants, on voyait flamboyer. Prêtes , pour la bataille , à quitter mon foyer, Les armes d'Orient, de France et d'Italie, Brillant faisceau d'éclairs rangés en panoplie , Et pour couronnement, quelques rares tableaux. Dans leurs bi^rdures d'or, encadraient leurs panneaux Un Prophète, à grands traits, brossé par Michel-Ange; Un Raphaël la Vierge , avec Jésus et l'Ange ; Une Grande-Duchesse , œuvre du Titien , Splendide comme un soir d'été vénitien ; Une page imposante , étrange , fantastique Qu'avait pu seul rêver un pinceau germanique ; Un rabbin de Rembrandt où, d'un sublime trait, Le maître avait cloué l'âme sur le portrait ; Un Van-Eyck , un Holbein que l'art pur divinise Opposaient aux tons froids des miroirs de Venise La magie éclatante et le feu des couleurs ! Enfin , dans l'angle ombreux , dérobant leurs douleunf , Les Grâces, l'Apollon et la Vénus antiques Semblaient, de mon foyer, les lares domestiques; Dépouillés des grandeurs et de leur vanité. Ils gardaient le reflet de l'immortalité; Le prestige de l'art, du culte et des années Poétisait encor leurs tristes destinées ; Gomme des rois déchus et par le monde errants. Mais qui, même en exil, savent demeurer grands, Ces marbres surhumains, pour l'œil qui les contemple. Étaient toujours des Dieux adorés dans leur temple !.., Or, par ce jour d'hiver, par ce ciel sombre et gris, Mon foyer reflétait, sur ces nobles débris. Ses clartés, sa chaleur, sa vie et sa puissance; Ils semblaient revêtus d'une nouvelle essence. Animés par l'esprit invisible du lieu. Semblables au limon sous le souffle de Dieu ! Et j'admirais comment l'intelligence humaine, A force de labeur, élargit son domaine , Comment, avec l'esprit, divin fécondateur, L'homme peut, à son tour, devenir créateur ! Car, avant d'obéir à sa pensée altière , Qu'étaient ces trésors d'art, sinon vile matière ? Avant de fasciner nos regards éblouis. Qu'étaient ces blocs grossiers sous la terre enfoui». Ces arbres qu'ont pétris la lumière et les ombres. Cet or que le sol cache en ses entrailles sombres. — 91 — Ces diamants , éclairs figés dans le rocher Et ces perles qu^au gouffre il fallut arracher ? Qu'étaient-ils donc de plus que cette fange vile Qu'Adonaï trouva complaisante et servile?... Rien de plus, rien de moins *. féconds germes perdus. Gisements ignorés , atomes confondus £t que, de siècle en siècle, un travail sans relâche , Un labeur sans repos, une incessante tâche Ont tirés de la nuit et du néant obscur. Pour leur donner de TArt le cachet le plus pur ! Mais au pouvoir de l'homme il est une limite Qu'il ne peut dépasser Dans la sphère interdite Est scellé le secret que Dieu s'est réservé Et qu'il a, pour lui seul, à jamais conservé. De semer, s'il lui plait, de moissonner les âmes Qui seules, de la vie, alimentent les flammes. Nous pourrons arracher leurs trésors aux bas-fonds , Découvrir des secrets terribles ou profonds ,  l'air, à la lumière emprunter leurs mirages, Egarer notre esprit en de trompeurs parages Et , brisant les liens mis à notre pouvoir. Rêver ce que nos sens ne peuvent concevoir, Nous ne ferons jamais que notre œuvre incomplète Formule une pensée où l'âme se reflète Sous la couleur, la toile a l'uniformité. Le marbre, sous la forme, a la rigidité; Ils font battre le cœur et tressaillir la fibre. Mais ils n'ont rien en eux qui résonne et qui vibre !... N'importe ! Cest assez pour te rendre immortel , Homme , c'est là le prix du terrestre cartel ! Tu portes dans ton être, au pli le plus intime. De tes destins futurs , le cachet légitime Génie aux ailes d'or qui monte à FOrient , Ton âme, par degrés, s'élève en souriant. Et lorsque, dans ton œuvre, elle apparaît entière. Gomme une vision au sein de la lumière, Elle nous fait planer en des champs radieux Qui n'ont rien de la terre et sont voisins des cieux !,., Cet étrange pouvoir t'a fait, dans la nature, Le souverain seigneur de toute créature ! Sois-en fier, car Thonneur que rien ne peut ternir, La gloire , ce flambeau qu'allume l'avenir. Feront une auréole à ton nom , et l'Histoire , Sur son livre immuable , inscrira ta victoire l - 92 - Adieu, temple imposant, où, des siècles passés, Reposent les débris , naguère dispersés ! Adieu , divins trésors dont l'éloquent silence Est un hymne éternel qui, du passé, s'élance Pour célébrer des jours où le génie humain , D'un monde inexploré , sut trouver le chemin ! Comme vos créateurs, choisis par Dieu lui-môme, Qui puisaient sans relâche à la source suprême Et qui veillent sur nous du fond de leurs tombeaux , Vous attendez des Arts les apôtres nouveaux ; Mais l'œil, interrogeant un ciel morne, incolore. Ne voit à l'horizon nul astre près d'éclore. Depuis son imposante et Gère éruption, Le volcan refroidi dort dans l'inaction Kt , de nos pâles jours , désespérant l'envie , Vous faites leur tourment... et vous charmez ma vie !... Adieu I je reviendrai , tant que battra mon cœur. Rendre un constant hommage à votre attrait vainqueur, Pendant que, de la nuit, perçant le sombre voile. Les hommes chercheront la lumineuse étoile !... M. de Fiers prend enfin la parole pour remercier au nom de tous le châtelain d*Anet. Messieurs, dit-il, certain d'être l'in- terprète fidèle de vos sentiments, je m'empresse de remercier M. Moreau de l'hospitalité splendide, laissez -moi ajouter de l'hospitalité cordiale, qu'il a bien voulu offrir à la Société Ar- chéologique d'Eure-et-Loir. » Nous en emporterons un souvenir profondément reconnais- sant; qu'il nous soit permis de le lui dire, à nous qui rencon- trons à chaque pas, qu'il s'agisse de munificence, de science ou d'administration , la trace de ses bienfaits. » Des applaudissements soulignent ces paroles; ils redoublent encore quand, avec une amabilité exquise, M. Moreau déclare que la meilleure façon de le remercier de l'hospitalité qu'il est heureux d'offrir à Anet, c'est d'y revenir souvent. La séance est levée à trois heures et demie. Aussitôt après, sous l'obligeante conduite de M. Moreau et de son frère, com- mence la visite du château en tous ses détails. Appartements privés, souvenirs de tout genre, richesses archéologiques de toute espèce, rien n'échappe à l'œil curieux des visiteurs. — 93 — M. Moreau nous reconstitue Thistorique de tous ses trésors, et nous admirons ce qu'il a fallu de temps, de persévérance pour refaire de ce domaine quont laissé les révolutions, TAnet si heureusement restauré que nous avons sous les yeux. Appartements particuliers de Diane, tout, jusqu à l'ancienne chapelle mortuaire, tout est visité; et puis enfin, toujours sous la conduite de nos guides , nous nous répandons dans le parc séculaire d'Anet, où nous nous promenons jusqu'à six heures, moment fixé pour le départ. SÉANCE DU 6 JUILLET 1876. Présidence de M. P. Durand. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption des deux procès-verbaux des dernières réunions tenues à Chartres et à Anet. Etaient présents MM. P. Durand, Met-Gaubert, Chavaudret, de Bertheville, Famin, l'abbé Foucault, Girouard E., Gil- bert P.> Hue, Legrand, Lecocq, Le Goux, Ravault et SauttonE.. Des regrets sont exprimés à l'égard d'un de nos confrères décédé, M. Jarry père, d'Orléans. Dépôt du travail de M. Dagron-Rousseau , Étude sur les ori- gines de Broué. — Renvoi à l'examen de la Conmiission de pu- blication. Lecture, par le Secrétaire, d'un Mémoire de M. Bréville, de Dreux, et intitulé Causerie sur la Recherche des vieux Livres. — Renvoi à la Commission de pubUcation. Mesdahes et Messieurs, Ce n'est pas sans émotion que je prends la parole à Toccasion de cette solennité scientifique et littéraire , dans ce lieu magnifique si heurcuse- I - 94 ment rendu à sa splendeur primitive, et où le souvenir des grandeurs du passé s*imposo avec une irrésistible puissance \ Je laisse à mes érudits confrères le soin de parler savamment et élo- quemment do la Ville d'Ânet et de ce château royal où se passèrent jadis tant de brillantes fêtes, et peut-être aussi de sombres drames, dont Pambition et surtout Tamcor fuoent les pmssasitB BsdHles. Mon but, beaucoup plus facile, se borne à unesimde cameiie sur les vieux livres. Tout d^abord, Mesdames et Messieurs, il faut yous faire un aveu qui ne vous étonnera pas, c'est que, généralement, tous les membres de la Société archéologique ont une prédilection particulière pour tout ce qui touche au passé. Parmi nous , les uns s^adonnent avec passion à la recherche des vieux meubles, des émaux, des vieilles faïences; les autres recherchent les médailles et les monnaies anciennes , les tableaux, les bijoux, les livres, les armes, etc., en un mot, tout témoin des temps passés, objet d'art ou fruste informe, excite notre curiosité et, pourquoi le nier, très- souvent notre convoitise. G*est ainsi que, dans certains cabinets d'amateurs que nous pourrions citer, le passé ressuscité se montre glorieusement aux regards émer- veillés du visiteur, qui ne s'arrache qu'avec peine à la contemplation des œuvres d'art sans nombre réunies grâce aux patientes et infatigables recherches de leurs intelligents et heureux propriétaires. Mais il n'est pas donné à tous de posséder ces richesses archéolo- giques et artistiques, à la recherche desquelles souvent des existences entières se sont consacrées et qui représentent un capital considérable. Cependant, pour tout homme de bonne volonté, accessible aux plaisirs de l'intelligence, qu'il soit riche ou pauvre, il est un genre de recherches encore aujourd'hui bien négligé et dan^ lequel , néanmoins , on peut fabe, à très-bon marché, de fort belles trouvailles. Je veux parler de la recherche des vieux livres, et, à ce propos, per- mettez-moi. Mesdames et Messieurs, d'essayer de vous dépeindre le sort, souvent fort triste, de ce produit de la pensée et de l'industrie humaines. En vous parlant ainsi, je ne sais si j'obéis aussi à une prédilection particulière, mais je vous avoue, en toute franchise, que je me sens rempli de respect pour les livres sur lesquels deux ou trois siècles ont passé. Ces nionuments muets et cependant parlants de la pensée humaine, m'inspirent une vénération spéciale en même temps qu'une profonde pitié pour leur triste destinée. Le plus souvent on les trouve dans quelques meubles , voire même dans les greniers , gisant honteusement sous une épaisse couche de * Ce mémoire avait été préparé pour la séance publique tenue à Ânet. L'abondance des matériaux eu avait fait différer la lecture. -95- poussière, méprises, avilis, jusqu'au jour où leur misérable destinée les amènera sur quelque place publique pour les livrer à do nouveaux liasards qui les feront disparaître sans retour. Assurément leur valeur est alors prisée beaucoup au-dessous de celle du papier blanc. Malgré mon respect pour les vieux livres, je conviens sincèrement que cette estimation est le plus souvent méritée et, quoiqu'on puisse dire qu'il n'y a pas de livre où l'on ne trouve quelque chose à ap- prendre, franchement il faut reconnaître que leur valeur intrinsèque et surtout morale est parfois bien légère et qu'il y a un choix judicieux à faire dans le stock immense et toujours croissant des productions de l'esprit humain. Gomme en toutes choses, il faut apporter une certaine réserve dans cette recherche, car, autrement, l'amour du livre conduirait bien vite à la bibliomanie et on courrait le risque de voir sa demeure s'emplir, du rez-de-chaussée jusqu'aux combles, d'une foule immense de bouquins sans valeur, dont la lecture fastidieuse à laquelle d'ailleurs on ne se livrerait pas exigerait et au-delà tous les instants de la vie humaine. Aussi si je recommande la recherche des vieux livres comme pouvant procurer des plaisirs agréables, il est bien entendu qu'il ne s'agit que des livres qui ont valu à leurs auteurs une juste renommée , et qui peuvent, à bon droit, orner toute bibliothèque si modeste qu'elle soit. Cette condition restreint singulièrement la recherche à laquelle chacun peut se livrer, car si le nombre des livres est prodigieux , la qualité en est beaucoup plus rare , et un bon livre peut être comparé au diamant. Malheureusement trop souvent les livres anciens nous parviennent dans un état matériel déplorable, dû à leurs pérégrinations sans nombre. Il faut alors recourir à Tart du relieur pour en assurer la conservation. Heureux, trois fois heureux s'il vous est permis de faire appel au talent des Cape, des Chambolle, des Dérôme et de leurs émules pour redonner à vos livres un lustre qu'ils ont perdu ou qu'ils n'ont peut-être jamais connu. rai rintention, dans cette simple causerie, de ne m'occuper des livres qu'au point de vue des sensations intellectuelles qu'ils procurent et je laisserai de côté la question artistique qu'il ne m'appartient point d*aborder et pour laquelle il faudrait le talent et les hautes connais- sances de bibliophiles aussi distingués que Tétaient M. Jacques-Charles Brunet, M. Jules Renouvier et M. Ambroise Firmin Didot, dont le sou- venir est désormais impérissable. Pour un amateur passionné cette question a une haute importance parfaitement justifiée, du reste, par le mérite artistique des admirables livres ornés de gravures, publiés du XV* au XVI* siècle par Simon Vostre, Antoine Vérard, Geofroy Tory, les Estienne, etc; puis, il faut bien le dure , tel livre ancien , dont la lecture sera peu intéressante , acquerra une grande valeur s'il est orné d'une riche reliure aux armes , par exemple, de Henri II et au chiffre de Diane de Poitiers. — 96 — Je suis trop ami du livre et de tout oe qui s'y rapporte pour ne pas comprendre et partager cet engouement. Il y a là une question d'art qui s'impose à ceux qui ont pu voir et admirer certains livres d'Heures ornés et décorés avec un luxe et un goût exquis, mais il faut être privilégié pour posséder quelques-unes de ces richesses artistiques qui sont introuvables aujourd'hui. Je désirerais , Mesdames et Messieurs , faire partager à tout le monde ce goût du vieux et de l'antique dont les membres de la Société archéo- logique sont presque tous possédés. En ce qui concerne plus particulièrement les livres , je voudrais pou- voir vous exprimer la saveur et le plaisir qu'un véritable amateur res- sent à lire les chefs-d'œuvre de notre littérature dans leur édition origi- nale. Par un singulier phénomène psychologique, les années disparaissent de la mémoire du lecteur, qui se fait illusion au point de se croire con- temporain de Tauteur dont il possède entre les mains une preuve 4rré- cusable d'existence. On aime alors à juger l'œuvre célèbre comme si elle venait d'être donnée au public pour la première fois le passé redevient un instant le présent, et cette illusion, pleine de charmes, ne cesse que lorsqu'on quitte le livre pour rentrer dans la réalité. Attachons -nous donc à nous procurer, si faire se peut, les plus an- ciennes éditions des chefs-d'œuvre de nos maîtres en littérature , science et poésie, chacun selon nos goûts et nos préférences particulières, et nous serons amplement récompensés de nos peines et de nos recherches si nous parvenons à lire et à admirer , dans leur forme originale , les œuvres des Bossuet, des Fénelon, des Pascal, des Boileau, des Cor- neille , des Racine , etc. Cependant il ne faut pas que notre penchant pour les anciens nous fasse négliger les modernes , dont les œuvres ont bien quelques droits aussi à figurer aux places d'honneur de nos bibliothèques, et il serait souverainement regrettable qu'un amour exclusif des anciens nous fît délaisser les trésors inestimables que les lettres et les sciences doivent aux travaux des savants modernes. Il est si facile aujourd'hui de se procurer de beaux et bons livres, que tout homme intelUgent serait inexcusable s'il négUgeait de profiter de cette précieuse prérogative. Grâce aux progrès des sciences et de l'industrie, les livres sont main- tenant à la portée de tous. Autrefois c'était chose rare et précieuse qu'un beau livre, orné de dessins et de gravures; aujourd'hui c'est chose presque commune. On est parvenu à donner, à des prix in- croyables par leur modicité , des livres qui , dans les temps anciens , se fussent vendus au poids de l'or. Cependant il convient de faire une exception en faveur des livres d'art qui auront toujours leur prix et seront constamment recherchés. Revenons aux anciens et rendons -leur la justice qui leur est due. N'oublions jamais que c'est à leurs travaux que nous devons la perfec- tion de notre IxîUe langue nationale , ot si parfois nous rencontrons dans - 97 - leurs œuvres des inégalités et des incorrections de style, soyons res- pectueusement indulgents , car ils rachètent toujours ces imperfections inévitables par une grande qualité , rare de nos jours , celle de la fran- chise, de la naïveté et de la bonne foi. Ils écrivaient comme ils pen- saient ; leur foi était vive et sincère , et c^est toujours profondément attachant de sentir battre véritablement le cœur d'un écrivain en lisant ses œuvres. Aussi , sans se borner exclusivement à collectionner les chefs-d'œuvre des grands écrivains, il est bon aussi de ne pas mépriser les œuvres de piété dans lesquelles de pieux croyants ont déposé l'expression suprême de leur foi , de leurs aspirations et de leurs espérances. Quelquefois dans ces vieux livres, trop souvent méprisés, il se trouve de vrais trésors de vérité et de naïveté ainsi que des tableaux d'une fraîcheur et d'un coloris charmants. Et à ce propos , permettez-moi , Mesdames et Messieurs , pour termi- ner cette petite causerie-, de vous citer un exemple des trouvailles que Ton peut fab^ en ce genre. L'an dernier, le hasard me mit en possession d'un volume, vieux de plus de deux siècles, et dont la reliure usée, polie et douce au toucher, attestait un long service. C'était un exemplaire de l'édition publiée en 1663, chez Sébastien Huré, d'un Manuel de Méditations dévotes sur Unu les Evangiles des Dimanches et Fêtes de Vannée, par le R. P. Busée, de la Compagnie de Jésus. Eh bien ! dans ce livre , dont le titre seul aurait peut-être efîVayé , fort à tort, certains esprits, on trouve des tableaux charmants unis à un fonds de véritable et solide piété. C'est ainsi que , parlant du retour en Judée de la Sainte Famille, après la fuite en Egypte, l'auteur s'exprime ainsi Représentez-vous Venfant Iesvs qui marche comme un petit pèle- » rin, non pourtant sans se lasser, encore qu*il se soulage d'un baston. » Voyez ces trois saintes personnes gui se reposent, au chaud du jour, dans des déserts, sans aucun ombrage, manquant aucunes fois des choses » nécessaires à la vie. Regardez-les, la nuit, retirez en quelque grotte et » couchez sur la terre, » Je ne sais si je juge bien, mais j'avoue que la naïve et pénétrante simplicité de ce petit tableau me plaît. Le surtout est d'une ingénuité adorable. Sans recherche , sans effort , l'auteur exprime franchement sa pensée , telle qu'elle se présente à son esprit, et c'est là précisément ce qui donne à son œuvre ce tour simple et naïf qui nous charme encore au- jourd'hui. Ne dédaignons donc pas, dans nos recherches bibliographiques, les vieux livres de piété , car ils portent avec eux un caractère tout parti- culier de respect et de vénération. Souvenirs naïfs et éloquents de la foi de nos pères, combien devez -vous être chers, en ces temps de scepti- cisme et de doute , aux âmes sincères , avides de paix et de vérité , qui , au milieu des orages, des luttes et des douleurs de la vie présente. - 98 - recherchent avec ardeur le phare qui leur permettra de se diriger sûre- ment vers le port ! Tous les hommes sont natureUement curieux, tous apportent, en naissant , une passion invincible d^apprendre et de savoir. Jetés pour un temps très-court sur le rocher terrestre , pleins d^admiration pour les merveilles prodiguées en nous et autour de nous, nous nous inquiétons, à bon droit, du mystérieux voyage que nous accomplissons, et nous cherchons à jalonner le chemin au moyen des souvenirs que nous ont laissés nos devanciers. GTest sans doute là le mobile secret qui nous pousse à recueillir toutes les épaves du passé , depuis l'amphore primitive et la hache de pierre , patiemment polie par Thomme celtique, jusqu'aux armes finement cise- lées par les artistes du XVI* siècle et aux émaux de Bernard de PaUssy. Heureux si nous savons profiter de la haute leçon qui se dégage de cet amoncellement de richesses , de souvenirs et de ruines , témoignages saisissants de la fragilité des choses humaines et qui rappellent si élo- quemment à l'homme que sa véritable patrie n'est pas de ce monde. Dépôt par M. Sauttori d'une pièce de monnaie d'or trouvée à Nottonville, et de trois autres pièces de monnaie roniaine, Tune en argent, les deux autres en bronze. Ces pièces seront soumises à Texamen et au rapport de M. Bellier de la Chavignerie. Plusieurs membres demandent que tous les objets déposés sur le bureau de la Société , à titre de don ou de renseigne- ments, soient toujours confiés à un des membres compétents pour faire un rapport sur ces dits objets. M. Lecocq remet à la Société un denier paiisis innonuné 1226-1314, provenant des fouilles de Saulnières. Donné par M. l'abbé Haret. La séance se termine par la lecture que fait le Secrétaire d'une pièce de vers de M. Touche , intitulée VEnfcmt qui prie, — Renvoi à la Conunission de publication. L'ENFANT QUI PRIE. Est-il rien d'aussi beau qu'un doux enfant qui prie ? Je ne m'étonne pas que sa mère sourie Quand ce trésor de pureté, Vers le Dieu des enfants , comme une onde s'épanche , Semblable au chérubin versant son âme blanche Au sein de l'immense Bonté. — 99 — Opulents, à quoi bon ces spl^idides tentures. Ces lustres de cristal rehaussés de dorures Et ce luxe dans vos salons ? Ces ess^ms d* Amours peints, aux figures fanées, Mères ! ne sauraient réjouir vos journées Autant que vos frais enfants blonds. Kt fût-on Tun des chefs de l'illustre phalange Qui compta dans ses rangs Phidias , Michel- Ange , Ces fiers dompteurs du Paros blanc , Du marbre on ne pourrait, malgré tant de génie. Faire surgir Tenfant et sa grâce infinie Et son grand œil étincelant. Quand Tenfant joint les mains , et qu'il fait sa prière A genoux, qu'un rayon inonde sa paupière, Ah ! son frais sourire est divin ! — Viens prier Dieu pour nous, Ange à la voix si pure Nous , hommes dont le mal a faussé la nature Nous craignons de prier en vain. Quand elle monte au Père, au Céleste Royaume , La prière enfantine est pur encens et baume Emanés d'un encensoir d'or ; Et de là-haut, le Fils assis près de son Père , Comme il fit autrefois en passant sur la terre , Aux doux enfants sourit encor Priez ! priez, enfants ! et vers les cieux splendides, Simples et confiants , levez ces fronts candides Reflétant votre sentiment ; Avec foi, demandez au bon Dieu qu'il vous donne Le pain quotidien ; -^ que sa Bonté pardonne Au pauvre égaré d'un moment. Pour tous, grands et petits, demandez la sagesse Priez que l'opulent dispense avec largesse Au pauvre, gîte, pain et feu; — Priez pour vos amis, vos pères et vos mères , Demandez la concorde entre les hommes frères Et tous enfants du môme Dieu. La séance est levée à quatre heures et demie. I HODVEinX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Gallas atné, de Dreux , vice-présideut du Comice agricole; présenté par MM. Peigné et Lacroix. Ganot, notaire, à Voves; présenté par MM. Yvon et Sautton. Gaullier, notaire, à Anet; présenté par MM. F. Horeauet Gamler père. L'abbé Goussu, curé de Fains- la -Folie; présenté par MM. l'abbé Pouclée et Sautton E.. LouRY, institateur, à Saussay; présenté par MM. Sautton E.etMet-Gaubert. . PopoT- Le MOULT, marchand de nouveautés à Chartres; pré- senté par MM, Garnier père et Merlet. Sadohge , géomètre - expert , à Chartres ; présenté par MM, Brosseron et Met-Gaubert. Tevert Louis, marchand plomhier, à Chartres; pré- senté par MM. Watrin et Met-Qaubert. L'abbé Thibault, -vicaire d' Anet; présenté par MM, Tellot et Merlet. OBJETS OFFERTS A LA SOCIËTË. Congrès archéologique de France, 41" session, séances à Agen et à Toulouse, 1874. Bulletin des Antiqtiaires de l'Ouest, 1" semestre de 1876. Don de la Société. Histoire abrégée de l'Abbaye de Saint-Florentin de Bormeval, par le docteur Bigot. Introduction. Châteaudun, impr. Lecesnc, 1875. {Don de l'auteur. — 101 — SÉANCE DU 10 AOUT 1876. Présidence de M. Hbrlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture du procès-verbal de la dernière réunion. 11 est adopté après quelques observations. Etaient présents MM. Merlet, Met-Gaubert, Appay, Brosse- ron, Ph. BeUier de la Chavignerie, de Bertheville, Famin, Joliet, Gabriel, Lecocq, Lefèvre-Pontalis, Meslin, de Mély, Sautlon. Sur la proposition de M. le Président, un vote unanime de remercîments est adressé à M. Ferdinand Moreau, pour la gracieuse hospitalité qu'il a offerte à Anet aux membres repré- sentants de la Société. Des regrets sont exprimés relativement au décès de notre confrère, M. Pillet, directeur de TEcole normale primaire d'Orléans. M. le Président annonce à l'assemblée que, pour faire droit aux observations présentées par un membre à la dernière séance, il a écrit au Ministère pour demander des explications au sujet du silence gardé sur les publications de la Société. Il n'a pas encore reçu de réponse, mais M. le Ministre a bien voulu accorder une subvention de 400 francs à la Société. Pour se conformer aux traditions antérieures et ne pas ou- blier les liens d'intimité qui existent entre notre Société et le Collège, M. le Président mentionne les succès qui viennent d'être remportés en histoire et en géographie, à savoir dix nominations, dont un prix enseignement classique, spécial et mathématiques élémentaires, sur quinze obtenues par l'éta- blissement imiversitaire. Il ajoute que, de 1864 à 1876, le professeur a la bonne fortune de pouvoir compter, dans le même enseignement, — 102 — comme prix et accessits, quarante nominations, au Concours général et au Concours académique, et de 1850 à 1876, vingt- six années consécutives de laborieux services en faveur du Collège de Chartres. Enfin, il demande à rassemblée l'autorisation de faire con- stater au procès -verbal ces succès exceptionnels dus à Tintelli- gence des élèves et aux persévérants efforts du professeur. Cette proposition est accueillie et votée inmiédiatement à Tunanimité. M. Met-Gaubert, vivement touché de ce témoignage de sym- pathique encouragement et d'estime publique, adresse ses re- merciements les plus sincères à la Société, en l'assurant de la continuation de tout son zèle, de tout son dévouement pour le présent et pour l'avenir. Il s'estime très-heureux de voir la Société resserrer davan- tage, s'il est possible, les liens qui l'unissent au collège, depuis qu'elle a fondé une récompense particulière pour le premier prix d'histoire et de géographie, en rhétorique, et il lui en témoigne, de nouveau, sa profonde et respectueuse gratitude. M. le Président annonce qu'au mois de novembre il deman- dera la fondation d'une deuxième médaille d'argent destinée à récompenser les succès marquants que remporterait le Col- lège ou tout autre établissement de la ville. Lecture d'une lettre de M. le curé de Mignières qui demande le concours de la Société pour la réparation de la chapelle des Trois-Maries, classée au nombre des monuments historiques. Il sollicite une excursion à Mignières. M. le Président donne communication d'un fragment d'un rapport de M. Paul Durand sur cette chapelle. M. le Curé désire avoir, à ce sujet, l'avis de la Société. M. de Mély adresse, à son tour, une requête en faveur de l'église de S^dnt-Georges-sur-Eure. La Société décide qu'une conunission sera nommée pour une double visite à ces deux paroisses. Elle sera composée de MM. Ph. Bellier de la Chavignerie, P. Durand, Famin, Lecocq et de Mély. On préviendra MM. les curés de Mignières et de Saint- Georges. Il est arrêté que la Commission s'y rendra le 24 août. . > ii — 103 - Dépôt d'im travail de M. Lagrue, instituteur à Ymonville. — Renvoi à la Commission de concours entre les instituteurs. Lecture d'une pièce de vers de M. Touche, intitulée Le Curé. LE CURÉ. Pour tous , petits et grands , son accueil est affable ; Il a pour les enfants un sourire ineffable ; Innocent et pécheur connaissent sa bonté , Et des trésors divins le saint dépositaire Est pauvre des trésors et des biens de la terre ; Sa première vertu , c'est son austérité. Dieu seul est son espoir ; son code est TEvangile ; Test lui qui nous apprend que notre chair d'argile, Destinée à périr n'est rien devant l'esprit, Qu'il vaudrait mieux livrer notre corps à la flamme Que de laisser noircir par le péché notre âme Régénérée au sang du Sauveur Jésus-Christ. n nous dit Aimez-vous , car tous vous êtes frères , » Que le mieux partagé pose sur les misères » De son frère qui souffre un baume bienfaisant , » Fût-il son ennemi; que le mieux vêtu donne M  Lazare un manteau sous l'ouragan qui tonne ; » Secourez tout blessé qu'il soit pauvre ou puissant. » Le prêtre» le premier, pratique le saint Livre; Le soleil et la pluie et la neige et le givre Ne Tarrôtent jamais s'il s'agit d'un bienfait;' Il va montrer le ciel à l'âme qui s'envole , Il porte aux malheureux une douce parole , Et n'inscrit point son nom sur les dons qu'il nous fait. Gomment s'appelle-t-il ? — Mon Dieu , chrétiens , qu'importe ? Quand l'Ange aux ailes d'or par un beau soir l'emporte , Dieu qui sait tout, enfants, Dieu le reconnaît bien; Aux pieds du trône il pose un cœur vierge de haines , D'odorantes vertus ses saintes mains sont pleines , Car il passa sur terre en pratiquant le bien. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures et demie. L - 104 - NOUVEAUX HEHSBBS ADMIS. Membre honoraire. M. De Riencoubt de Longfré, préfet d'Eiire-ot-Loir. Membres titulaires MM, Bigot, notaire, à Voves; présenté par MM. E. Sauttoii el Merlet. DuMOULiÉ, maître -adjoint à l'Ecole normale de Chartres; présenté par MM. Laigneau Emmanuel et Gabriel. Lege»dre, maître -adjoint à l'Ecole normale de Chartres ; présenté par les mêmes. PouiAmâls, instituteur, à Illiers; présenté par MM. Lai- gneau Emmanuel et Met-Gauhert. > Vassor, instituteur, à Pierres; présenté par MM. Brosseron et Merlet. OBIBTS OFFERTS A LA SOGIËTË Mémoires de la Société des Antiquaires de France^ 4' série, t. VI. Paris, Dumoulin, 1875. {Envoi delà Société. Hecueil des travaux de la Société lii>re de l'Eure, 4e série, t. II. Evreux, Ilérissey, 1876. Envçi de la Société. Institut des provinces de France, trimestriel, n" 3. Envoi de l'Institut. Ninth annual report of Ihe Trustées of the Pcabody muséum Cambi-idge, 1876, Envoi du Collège Harvard. Annuaire du département d'Eure-et-Loir pour 1876. Chartres, Petrot-Gamier, 1876. Don de M. Ed. Lefèvre. — 105 — SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1876. Présidence de M. Merlbt. ~ H. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et Tadoption du procès- verbal de la dernière réunion. Étaient présents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, Appay, Barois, Ph. Bellierde la Chaviguerie, de Bertheville, Dubreuil, Escoffier, Famin, Tabbé Foucault, Gilbert P., Girouard Em., Guérineau, Tabbé Haret, Heurtault, Hue, Joliet père, Lecocq, Legrand, Tabbé Lecomte, Nancy A., Tabbé Pouclée, Ravault, Rémond André, Sevestre, Wehrlé. M. le Président paie un juste tribut de regrets à la mémoire de M. Poulain de Bossay, notre confrère récemment décédé, et lequel, dans le cours de sa carrière universitaire, comme au sein de la retraite, a laissé le souvenir de travaux historiques de la plus grande valeur et d'une vie des plus honorablement remplie. Il donne ensuite connaissance de l'intitulé des quatre Mémoires envoyés à la Société par les instituteurs dont voici les noms 1. M. Chantegrain, instituteur adjoint, à Brou; Notice histo- rique et géographique sur la commune de Nottonville, 2. M. Lagrue, instituteur, à Ymonville- la -Grande; Etude sur les Antiquités de cette commune, 3. M. Ledoux , instituteur, à Prasville ; Etude sur cette com^ mune. 4. M. Thibault, instituteur, à La Bazoche-Gouet, ancien ins* tituteur à Beaumont-les-Autels ; Etude sur cette dernière com- mune, — Renvoi à une Commission de cinq membres * chargée d'examiner ces mémoires. Un des membres en rendra compte ultérieurement dans un rapport spécial. M. le curé du Puiset adresse une demande à la Société dans Tintenlion de restaurer son église qu il désirerait voir classer * MM. Lecocq, Met-Gaubert, Tabbé Pouclée, Person, Legrand. ToMR VL 8 L — 106 — au nombre des monuments historiques. Il aurait recours à une loterie pour Taccomplissement de la première partie de son projet. Cette question est ajournée au printemps prochain. Lecture dune lettre de M. Tabbé Lecomte, curé d'Aunay- sous-Auneau, qui demande aussi le classement de son église au nombre des monuments historiques ; il propose de nommer une commission de plusieurs membres qui se transporteraient dans sa commune. Cette visite serait suivie d'un rapport spécial. M. Famin fait observer qu indépendanunent des monuments historiques , il existe dans le département un certain nombre d'édiûces publics qui, s'ils n'ont pas un intérêt général, n'ont pas moins une valeur artistique qui mérite d'assurer leur con- servation. Il pense donc qu'il serait opportun de demander au Conseil général de vouloir bien, par des encouragements, con- tribuer à la conservation et à la restauration de ces monuments de second ordre, comme le Gouvernement contribue à l'entre- tien des monuments véritablement historiques. Il propose donc qu'à l'époque de la plus prochaine session du Conseil général la Société présente une liste dressée par eUe des monuments qui lui paraissent dignes des encouragements de ce même Conseil. On prierait M. le Préfet de solliciter l'allocation d'une somme qui servirait spécialement à l'entretien de ces monuments qu'on pourrait appeler les monuments historiques du département. Cette proposition est admise à l'unanimité. L'Assemblée dé- cide qu'on s'adressera à la Préfecture, en temps opportun. Une Commission est nommée. Le Bureau choisit pour en faire partie MM. Paul Durand, Famin, Granger, Harreaux et Lecocq. Rapport de M. l'abbé Haret, curé de Crécy, sur de nouvelles découvertes archéologiques opérées à Saulnières. Avant de commencer devant vous. Messieurs, un nouveau rapport sur les fouilles de Saulnières, je crois bon de vous dire que si je me suis occupé de ces choses, c'est que j'ai prévu qu'elles pouvaient avoir un résultat utile, et que je n'ai vu personne de la Société Archéologique aussi près que moi de Saulnières pour s'en occuper. — 107 — » Un résultat que j'entrevois, c'est le rétablissement sur la carte d'Eure-et-Loir d'une voie romaine interrompue entre ' Saint-Jean-de-Rébervilliers et Dreux. 11 y a à Saint-Jean mie route qui s'appelle le chemin Perré et qui est une voie romaine, n y a auprès de Dreux un pays qui se nomme L'Estrée et qui indique également une voie, un chemin des Romains. Par où passait ce chemin , entre Châteauneuf et Dreux ? — par Saul* nières, selon moi. » On trouve des sépultures romain^p, gallo-romaines, méro- vingiennes, franco-romaines, à peu près partout dans notre département; sur les bords de la Biaise on en rencontre à toutes les places M. de Riancey en a découvert de très-impor- tantes à Tréou; M. Tellot montre à Dreux plusieurs vases ramassés par les ouvriers de la balastière de Moronval ; M. Job garde précieusement une francisque en bronze relevée par le soc de la charrue dans les terres de la ferme de Lachet, com- mune de Saulnières; M. Doré possède un beau tombeau en pierre et des francisques en fer provenant d'une propriété de M. Batardon à Dreux; au Bois -des -Aises, près de Crécy, la charrue ramène souvent à la surface du sol , tantôt des briques romaines, tantôt des monnaies, tantôt des haches celtiques, et bien d'autres personnes de ma connaissance ont encore des monuments de cette époque romaine , gauloise, mérovingienne , provenant de la contrée. » Pourtant, Messieurs, notre département, sous ce rapport, n'est pas plus favorisé que ceux qui l'entourent. M. Raimond Bordeaux, d'Évreux, qui connaît si bien son département, puis- qu'il l'a parcouru dans tous les sens, aJBirme qu'il n'est peut- être pas une place dans l'Eure, où la pioche de l'explorateur pourrait s'abattre sans profit. Il n'est pas dans tout le Beau- • vaisis, dit M. l'abbé Barraud, une commune de quelque im- • portance, où il n'existe un cimetière ou du moins quelques • sépultures de l'époque mérovingienne. » Les nécropoles des Francs, disait M. le duc de Luynes, en » 1854, apparaissent par toute la France septentrionale. » — Les derniers travaux du génie civil ont remué et rencontré » tant de restes humains, là où la trace de l'homme n'était • même pas soupçonnée, que l'on pourrait mettre en doute, » s'il existe la plus petite agglomération de maisons, où l'on ne • puisse rencontrer un groupe de sépulcres, ou si l'on veut le — 108 — » dortoir des familles qui ont autrefois occupé cette terre. » Aussi, je ne balance pas d*affirmer qu il n*est peut-être point » dans toute la Seine-Inférieure un petit hameau qui ne possède » un cimetière, remontant à une de ces deux époques reculées, » connues sous le nom de franque ou de romaine. » » Ces paroles, Messieurs, sont de M. Tabbé Cochet, et c'est dans ses livres que j'ai lu ce que je viens de vous dire pour les autres départements que le sien et le nôtre. D Mais, quoi qu'il en soit de la grande quantité de sépultures gauloises, romaines, franques et normandes, que Ton trouve partout, il n en est pas moins vrai que toutes les fois que je rencontre une tombe antique dans la paroisse, où je suis curé, je l'examine avec attention ; et si Tannée dernière je n'avais pas été si ignorant ou si peu expérimenté, je vous aurais apporté ici des choses du plus haut intérêt. » Maintenant, Messieurs, avant de vous dire des choses nou- velles sur Saulnières, permettez-moi de vous parler encore un peu des anciennes , de vous montrer ce qui a été trouvé depuis le mois de mars dernier dans l'ancien cimetière. » L'ancien cimetière unit à la naissance de la rue de Saul- nières, et dans cette rue, et plus haut, on trouve autre chose qu'un cimetière franc et mérovingien. » Nos Longobardi scilicety SaœoneSy Franci, Lotharingif Burgondiones j ianià Romanos dedignamury ut inimicos nos- troscommoti, nihil aliud injuiHarum , nisi Romane dîca7nus ; hoc solo Romanorum nomine, quidquid ignobilitatù , quidquid avariiiœy quidquid luxuriœ, quidquid mendadif imô quidquid vitiorum est comprehendentes , r> disait Luitprand. » Une nécropole de Francs me semble plus intéressante à par- courir que des Ustrinum Romains. Je reviens aux Francs, aux Mérovingiens, avant de vous montrer des Romains pulvérisés. » Mon rapport, aujourd'hui, fait suite à celui du mois de mars dernier. Je continuerai à vous lire une sorte de journal que j'ai fait des fouilles opérées à Saulnières. » Le 5 mars , dans des terres que l'on enlève devant la porte de M. Motheau, pour relier la maison au chemin, nous trou- vons, à une profondeur de deux mètres, un objet gros conune un œuf, d'une matière qui m'est inconnue, mais qui me parait être une pâte de verre en décomposition. La forme en est à moitié sphérique. Je ne vois pas à quel usage pouvait servir cet — 109 — objet. Peut-être était-il un ornement ; peut-être une espèce de coussinet sur lequel portait une agrafe , car on voit au milieu une entaille pour recevoir un crochet. » Le 11 , à l'angle du chemin qui remonte à Crécy, en face de la maison du menuisier une lame de poignard ou de cou- teau, ayant dix-huit centimètres de longueur; — à côté, une autre lame, moins longue, mais plus large , garnie d*une virole d'or ; — un débris de vase ayant un rebord profondément moulé ; — un morceau de verre; des tissus, de la toile bleue; des grains de plomb. » Le 15, dans des terres remuées et mises en tas une rosace en fer, une molette d'éperon. • Le 8 avril, dans le petit chemin qui va à la maison de Gallais têtes d'hommes et mâchoires d'animaux , des chevaux, des vaches et plusieurs ossements inconnus pour moi. » Les 10, 11 et 12, à la même place des débris de poteries, des plaques de fer en grand nombre; plusieurs sont revêtues de filets d'argent ou d'étain; une boucle de fer. » Le 22 , à la même place à peu près une clé enterrée à 50 centimètres de profondeur, au-dessous têtes d'hommes, mâchoires de cheval. » Le 23, débris humains et débris de vases en terre noire. >• Septembre. Une tête d'homme d'un type étrange. Une pro- fonde blessure faite par un sabre ou une francisque qui entame largement le pariétal de gauche; la tête est dolicocéphale, l'angle facial a excessivement peu d'ouverture. L'ensemble, au- tant que je puis me le rappeler, ressemble exactement au sujet que j'ai déposé, il y a dix mois, au musée de la Société archéo- logique. » Ce n'est pas tout ce qui a été trouvé qui est décrit ici. La commune de Saulnières a alijourd'hui la prétention de garder tout ce que Ton découvrira. Elle possède dans les vitrines de sa Bibliothèque quelques objets que je voudrais bien avoir pour vous les donner un beau poignard entre autres, d'un acier dur et acéré, très-peu oxydé, une lame précieuse par sa trempe, garnie d'un manche de métal moins précieux que le tranchant si fin, si dangereux, plus abîmé par la rouille. » Maintenant, Messieurs, à quelques pas plus loin que ces fouilles mérovingiennes , si vous voulez me suivre , nous entre- rons à Saulnières, chez des Romains. — 110 — » Ce qui me porte à croire que ces sépultures que nous ren- controns, en remontant la rue de Saulnières, vers le nord, sont gallo-romaines et non pas franques , c'est d abord Tabsence de corps, de squelettes entiers; c'est ensuite l'absence complète d'armes et d'armures qui se fait remarquer dans toutes les fosses que nous trouvons. A la date de notre cimetière de Saul- nières, les Francs étaient encore uniquement des guerriers et des conquérants , et ils vivaient armés jusqu'au sein de leurs moindres stations et descendaient tout équipés dans leurs tombes, tandis que les Romains, accoutumés depuis longtemps à jouir paisiblement du sol gaulois, conquis et civilisé depuis des siècles, vivaient sans armes ou du moins se faisaient en- terrer sans elles, puisque, d'ailleurs, ils se faisaient brûler et renfermer dans des urnes et des vases funéraires, ou dans des sarcophages qui ne contenaient que leurs cendres. » Ce qui me fait penser encore que nous sommes ici chez des Romains, c'est la quantité, la variété des vases trouvés à ces places nouvelles. » J'ai rencontré vingt-huit morceaux de poterie , vingt-huit débris de vases différents de forme, de matière, de couleur. Ces débris représentent vingt-huit différents vases il y en a en terre rouge, il y en a en terre noire, il y en a en terre gris-bleu, pas un tesson trouvé dans le cimetière mérovingien n'était autrement que noir de couleur. »» Enfin la destination présumée de ces vases fait préjuger aussi que nous sommes ici avec les Romains païens ce sont des débris de fioles en verre ; ce sont des débris de trépieds en terre, tous objets destinés aux offrandes et aux libations. » Dans le premier cimetière donc, tout est sévère, tout est du fer, du bronze, des armes, tous les vases sont en terre noire, sans vernis, sans poli, sans moulures. Dans l'autre, c'est du verre, c'est de la terre cuite de toutes les couleurs, c'est du vernis sur les vases , c'est du marbre en petits mor- ceaux, c'est de l'ardoise. » Les 10 et 12 mai, dans des terrassements faits pour établir les fondements d'un mur du jardin du presbytère, à une pro- fondeur de deux mètres, nous trouvons un trou rempli avec des pierres; dans les pierres, sont des débris de poteries, des débris de verre, de fer travaillé , de fer en fusion , puis une pierre dite hache celtique; cette pierre est noire et de taille moyenne.' — m — » 26, 27 et 28. Pendant ces trois jours, nous trouvons encore du fer, du verre, des débris de poteries, mais de plus, des petits morceaux de marbre et des pierres qui me paraissent bien des pierres taillées par Thomme, pour servir d'outils ou d'armes. » Je vous les apporte pour que vous en jugiez. Plus loin que ce trou rempli de tant de débris, on découvre des constructions souterraines qui font, aux ouvriers maçons employés au travail du mur, TefTet d*une maison détruite par un incendie. » Je vais vous décrire ce que j'ai vu. Sur la terre solide et non remuée, sur le sol primitif, on rencontre d abord du char-' bon en grande quantité, mais non pas formé en morceaux re- connaissables; ensuite un lit de terre glaise à moitié cuite et s'enlevant par grandes plaques; sur cette terre glaise rouge, du plâtre très-blanc, souvent au-dessus du gravier; sur le gravier, des cercueils en plâtre pleins de charbon ou de choses carbo- nisées; au-dessus de tout, et quelquefois au milieu de ces cou- ches, des poutres entières de charbon. » J'ai des échantillons de tout ce que je vous annonce ici; j'ai des morceaux de charbon de bois de châtaigner, en bois non rond, mais équarri, mesurant 16 centimètres de longueur sur 8 d'épaisseur. » Il y a aussi quelquefois, au miUeu de ces cercueils en plâtre, des cercueils faits de pierre de moellon très-dure j'en garde des débris. J'ai marqué toutes les places où l'on peut, avec la certitude de découvrir quelque chose, faire des recherches. Tout ce qui a été trouvé jusqu'ici n'est qu'échantillon , tout ce qui a été fait n'est qu'ébauché. B Les anciens habitants du pays me disent qu'ils ont toujours vu en remuant la terre, soit dans les rues, soit sous leurs granges, soit dans leurs caves, des têtes cassées, des bras , des jambes, du fer rouillé et des morceaux de plats. » Parce qu'on ne s'est pas occupé de ces trouvailles jusqu'ici, des choses précieuses ont été perdues. Jamais les gens de la campagne ne croiront qu'im petit pot ou qu'une bouteille en terre grise ou noire soit quelque chose à conserver. Quand on a construit l'école conununale, il y a 15 ans, beaucoup de petits vases de différentes formes ont été brisés xarce qu'il n'y avait pas là un connaisseur pour les recueillir. » Je désire vivement que l'on envoie quelqu'un de la Société pour faire faire une fouille pendant quelques heures; mais je — 112 — dois vous dire que cet hiver, on enlèvera sur la place, et à Ten- droit même des sépultures antiques, environ mille mètres cubes de terre pour égaliser tout ce terrain. » Alors je veillerai, comme je Tai fait jusqu'ici, pour re- cueillir le plus d'objets possible et le plus d'enseignements, sur cette place du département jadis habitée par des hommes, nos ancêtres, si forts, si beaux, si puissants, si bien armés, desti- nés par Dieu, avec son aide et sa grâce , à faire la France. • Des remerciements sont adressés par M. le Président à M. le curé de Crécy. L'ordre du jour appelle ensuite la discussion d'une proposi- tion annoncée dans la séance précédente et concernant la fon- dation d'une deuxième médaille d'argent pour récompenser les travaux des élèves de nos divers établissements d'instruction secondaire. M. le Président expose la question, estimant qu'une fondation de cette nature serait un stimulant réel pour les établissements d'instruction publique, non-seulement de Chartres, mais encore de tout le département. Cette médaille ne serait accordée par la Société que pour des succès hors Ugne. Après discussion et délibération, l'assemblée va aux voix; elle décide que la proposition n'est pas acceptée. Sur la demande particuUère d'un membre, il est bien entendu, cependant, que la Société se réserve la faculté de formuler une proposition , dans le sens ci-dessus énoncé, si des succès éminents, hors ligne, viennent à se produire tôt ou tard. La séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. ' Membres titulaires MM. Dupont, notaire, à Dreux; présenté par MM. Bâtardon et Bréville. JoLiET Lucien, préparateur de zoologie à laSorbonne; présenté par MM. A. Lefebvre et Merlet. - 113 - MM. Lahâye, ancien instituteur, à Laons; présenté par MM Gué- rineau et Merlet. Thibault, instituteur, à La Bazoche-Gouet; présenté par MM. Laigneau Emmanuel et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. BulleUn de la Société d'émulation du département de V Allier, t. Xlir, 3 et 4e livraisons. Moulins, impr. Desrosiers, 1875. Envoi de la Société. Lettres inédites de Marie- Antoinette et de Marie-Clotilde de France sœur de Louis XVI , reine de Sardaigne , publiées et annotées par le comte de Reiset. Paris, Firmin-Didot , 1876. Don de M. Heurtault. Institut des provinces de France , Bulletin trimestriel, n" 4 , octobre, 1876. Bordeaux, imprimerie V Cadoret. Envoi de rinstitut. Bulletins de la Société des Antiquaires de l* Ouest, 2 tri- mestre de 1876. Poitiers, typogr. d'A. Dupré. Documents inédits pour servir à V histoire du Poitou. 1876. Poitiers, typogr. d'A. Dupré. Envoi de la Soc. des Antiquaires de rOuest. Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Châlons- sur-Saône, t. VI, 2© partie. Imp. Dejussieu, 1876. Mémoires de la Société académique d'Archéologie, Sciences et Arts du département de l'Oise, t. IX, 2* partie. Beauvais, impr. Père, 1875. SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1876. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubeut» secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture du procès-verbal de la dernière réunion. L'adoption est pro- noncée après quelques observations. I -116 — Un autre membre propose l'achat de cet aqueduc moyennant 300 francs. L'Assemblée consultée est d'avis de laisser les choses dans la situation où elles se trouvent. Elle décide la suppression de l'abonnement à la Gazette ar- chéologique. Après échange de diverses observations au sujet du concours entre les instituteurs, la Société s'arrête à la décision suivante Les manuscrits envoyés à la Société archéologique pour le concours des instituteurs ne seront pas rendus. Ils seront con- servés aux archives de la Société. » La Société se réserve la faculté de récompenser les Mé- moires qui, sans mériter le prix, lui paraîtront dignes d'une récompense spéciale. » Le projet de budget pour Tannée 1877 est adopté dans son ensemble. Note de M. Lecocq sur deux nouveaux Zodiaques découverts à l'extérieur de la Cathédrale de Chartres. Girouard Em., Tabbé Hénault, Isambert Stanislas, Le- grand, Lecocq, de Lubriat, Ravault, Sautlon Eug. — 133 — De légitimes i-egreis sont exprimés à l'occasion du décès de M. Etienne Pichon, ancien sous-préfet de Dreux, enlevé, bien jeune encore, àTaffection des siens, à celle de ses nombreux amis, et à propos de la mort de M"* Alexandre Texier, dont la charité était si connue au sein de notre cité chartraine. Lecture d'une étude de M. l'abbé Bulteau sur les Zodiaques. — Renvoi à la Commission de publication. Lecture de la l' partie d'un travail de M. de Trémault, sur la terre et les seigneurs de Sours. La séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. EscuDiÉ Emmanuel, professeur de musique au collège, directeur de la Société chorale et fanfare de Chartres ; présenté par MM. Michaut et Met-Gaubert. Gérondeau Armand, employé chez M. Glin; présenté par MM. Garnier et Merlet. Legendre, docteur en médecine, à Chartres; présenté par MM. Sautton et Voyet père. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Conseil général d'Eure-et-Loir, session de 1877. Chartres, Durand frères , 1 877, in-8°. Don de M. le Préfet. Archivos do Museu National de RiO'de-Janiero , in-4**. Envoi du Musée. Société des Sciences et Arts de Vitry- le -François. Pessez, 1876, in-8^ Envoi de la Société. - 134 — SÉANCE DO 8 FÉVRIER 1877. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert , secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et Tadoption du procès- verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert, l'abbé Gennond, Barois, Balandra, de Bertheville, Besselle, Bellier de la Chavignerie, Buisson, Dubreuil, Dussart, Escof- fier, Famin, Tabbé Foucault, Gilbert-Barrier, Heurtault, Hue, Isambert Stanislas, Legrand, Lecocq, Nancy A., l'abbé Rivierre, E. Sautton. Communication de M. le Président à propos de la réunion des Sociétés savantes, dans les premiers jours d'avril, à Paris, à la Sorbonne. Des séances de lectures et des conférences publiques seront faites pendant les journées du mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6 avril. Le samedi 7 avril, M. le Ministre présidera la séance générale dans laquelle seront distribués les récompenses et les encouragements accordés aux Sociétés et aux savants. Une somme de 3,000 francs est mise à la disposition de cha- cune des sections du Comité pour être distribuée 1° Par les sections d'histoire et d'archéologie aux Sociétés savantes des départements dont les travaux auront contribué le plus efficacement aux progrès de l'histoire et de l'archéo- logie. 2 Par la section des sciences, soit aux Sociétés savantes, soit aux savants des départements, dont les travaux auront contribué aux progrès des sciences. A l'occasion de ces réunions , les compagnies de chemins de fer veulent bien accorder une réduction de 50 p. % sur le prix des places en faveur des sociétaires qui auront satisfait aux con- ditions qu'exigeront d'eux le syndicat et l'arrêté ministériel. A cet égard, des renseignements précis seront fournis parle Président ou par le Secrétaire auxquels sont priés de s'adresser, jusqu'au 5 mars, les membres qui auraient l'intention de se rendre à Paris à l'époque ci-dessus fixée. — 135 — liCs bulletins de circulation destinés aux représentants des Sociétés seront valables du lundi 2 au mercredi 1 1 avril. Conformément aux prescriptions du règlement, il est ensuite décidé qu une excursion archéologique aura lieu à Illiers au mois de juin ou de juillet. Un pressant appel est adressé aux Sociétaires, afin quils aient l'obligeance de préparer quelques travaux particuliers pour cette séance publique, dont la date exacte sera ultérieurement fixée. Conununication sur le conférencier du mois de mai. — Diffé- rents noms sont mis en avant; l'assemblée s'arrête à celui de M. Léon Gauthier, professeur à l'Ecole des Chartes. M. le Pré- sident voudra bien lui écrire. Il est arrêté que la séance publique annuelle est reportée de mai aux premiers jours de juin, époque du Concours régional. Communication de M. Lecocq sur l'aqueduc ou château d'eau du faubourg La Grappe. Une somme de 1,000 francs serait nécessaire pour en opérer l'acquisition. L'assemblée décide la nomination d'une Commission spéciale de trois membres MM. Buisson , Famin et Piébourg père. La Commission antérieurement constituée pour l'excursion projetée à Saint-Georges-sur-Eure et à Mignières se réunira, dans une des salles de la mairie , le jeudi 22 février. M. le Président donne la suite de la lectm^e du travail de M. de Trémault sur la terre et les Seigneurs de Sours. — Ren- voi à la Conunission de pubUcation. M. Lecocq, ayant intention de faire publier dans les Mémoires delà Société, une Noixce sur les quatre Seigneuries et justices qui régissaient ta/ncienne paroisse de Sours, demande que le Utre de ce Mémoire soit ainsi modifié Notice sur le Château de to Val y à Sours y et sur ses Seigneurs y dont la liste doit se ter- miner à M. le marquis de Montigny, décédé en 1813, et que l'auteur soit invité à publier, à la suite , une Notice biographi- 9^ sur M, le vicomte de Cambis. Après échange de quelques communications, le titre adopté par l'auteur est conservé Notice sur les anciens Seigneurs et ^r la terre de Sours. — 136 - M. le Président donne lecture de quelques pages d*un impiimé traitant de la peinture sur verre. La séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. MM. L'abbé Cintrât, curé de Mignières; présenté par MM. Du- breuil et Merlet. L'abbé Laisné, curé de Sours; présenté par MM. Met-Gau- bert et Merlet. MicHAUT, géomètre à Voves; présenté par MM. E. Sautton et Merlet. MoNTioN, maire de Mézières-en-Drouais ; présenté par MM. labbé Germond et Lacroix. L'abbé SiNGLAs, vicaire de Saint-Pierre, à Chartres; pré- senté par MM. Tabbé Genêt et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOGIËTË Mémoires de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon, années 1874-75. Lyon, Aug. Brun, libraire, 1876, Don delà Société. Bulletin de la Société des Antiquaires de VOuest, 3 tri- mestre de 1876. Poitiers, typogr. de A. Dupré. Envoi delà Société. Bulletin de la Société Dunoise. Archéologie, Histoire, Sciences et Arts, Châteaudun, impr. Henri Lecesne, janvier 1877. Envoi de la Société. Congrès archéologique de France , 52 session. Séances gé- nérales tenues à Châlons-sur-Mame, en 1875, par la Société Française d'archéologie , pour la conservation et la description des monuments. Paris, Derache, DumouUn, libraires. Tours, impr. Paul Bouserez, 1876. — 137 -> SÉANCE DU 1^- MARS 1877. Présidence do M. Chavaudret, vice -président. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart; le procès- verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Étaient présents MM. Chavaudret, Met-Gaubert, de Berthe- ville, de Boisvillette, Besselle, Barois, Boisseau, Vabbé Cottereau, Dubreuil, Dussard, EscofRer, Gilbert P., Gilbert -Barrier, Girouard E., Tabbé Foucault, Tabbé Haye, Heurtault, Hue, Isambert Michel, Legrand, Lecoq, de Mély F., Nancy A., Pétrot-Lemarié, Ravault, docteur Robin, Sautton E , Sevestre. En raison de la réunion des sociétés savantes, à Paris, la séance du mois prochain qui aurait dû se tenir le jeudi 5 avril est reportée au jeudi 12 du même mois. Sont désignés pour représenter la Société, rà la Sorbonne, MM. Chevrier, Girouard E., Heurtault, Joliet, de Mély Fer- nand et Met-Gaubert. L'état de santé de M. Person ne lui permettant pas de donner connaissance du rapport sur les travaux des instituteurs, cette lecture est reportée à la séance du 12 avril. Le secrétaire adresse à l'assemblée communication d'une lettre de notre confrère M. Billaitl , d'Illiers, à propos de l'ex- cursion archéologique qui doit avoir lien , premiers jours de juillet, dans cette localité. L'autorité et nos confrères du pays se montrent, à ce sujet, remplis des meilleures dispositions. M. le Président fait appel au zèle des sociétaires en les exhor- tant à préparer quelques travaux, au sujet de cette solennité. Sur la demande de M. Lecocq, il est donné lecture d'un passage de la Revue des Sociétés savantes des départements, 6 série, t. III, p. 314, traitant de la discussion qui eut lieu à la réunion des Sociétés savantes, à Paris, le 19 avril 1876 Section d'Ar- chéologie, au sujet des Instrum&nts en silex, mélangés aux Tome VI. 10 — 138 — produits de rindustrie franque, dont la preuve est controver- sée. Voyez, sur cette mênie question, le t. VI, p. 5, 24 et 29, des Procès - verbaux de notre société, pour les découvertes faites dans le cimetière mérovingien de Saulnières, en 1876. Lecture d'un travail de M. de Possesse sur la seigneurie de Dangeau, première partie. — Renvoi à la Conunission de publication. Comnmnication scientifique de M. Girouard sur un baromètre amplificateur à correction de température instantanée. — Des remerciements sont adressés à M. Girouard qui prend bonne note des observations judicieuses soumises par notre confrère, M. Barois. MM. de Boisvillette et Tabbé Haret laissent en dépôt plusieurs objets archéologiques, entre autres des haches mérovingiennes. Lectm»e d'une pièce de vers de M. Touche intitulée Fend- Vair, — Renvoi à la Commission de publication. L'ordre du jour est épuisé; la séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Tabbé Collet, curé de Charonville; présenté par MM. Ma- lenfant et Heurtault. Labiche Emile , notaire à Chartres ; présenté par MM. Isam- bert Michel et Met-Gaubert. Neveu , propriétaire à Chartres ; présenté par MM. Maunoury et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Annuaire d'Eure-et-Loir, 1877. Don de M. E. Lefèvre. Bulletin de la Société archéologique et historique de la Cha- rente, 4* série, t. X, 1875. Angouléme, imp. Goumard, 1876. — 139 — SEANCE DU 12 AVRIL 1877. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, Tabbé Olivier, Chavaudret, Met-Gaubert, Balandra, Barois, Ph. Bellier de la Chavignerie, Dubreuil, Famin, Fabbé Foucault, Gilbert P., Heurtault, Hue, Tabbé Laisné, de Saint-Laumer père, Lecocq, Legrand, Lorin, Nancy A., Ravault, Sautton E., Thibault. Lettre de M. Léon Gautier qui exprime ses i^grets de ne pouvoir répondre à Finvitation qui lui avait été adressée de venir faire une conférence à Fépoque de la séance publique annuelle. Divers noms d'hommes distingués sont de nouveau mis eu avant; Fassemblée s arrête à celui de M. Ernest Chesneau, homme de lettres à Paris, auquel M. le Président aura Fobli- geance d* écrire, afin d'obtenir son assentiment. L'excureion archéologique réglementaire, projetée pour Illiers, est fixée au dimanche 1**' juillet. Les heures de départ, aller et i*etour, seront exactement indiquées en temps opportun. Un pressant appel est adressé aux sociétaires pour apporter un contingent de travaux à cette séance qui sera littéraire et scientifique tout à la fois. M. le Président se propose de deman- der le concours de notre collègue, M. Barois, dont l'expérience est si compétente, en pareille occurrence Lecture d'un fragment du rapport que M. Pereon devait donner sur les travaux des instituteurs. L'état de santé de notre honorable confrère ne lui a pas permis de l'achever, M. Legrand veut bien se charger de le compléter pour la pro- chaine séance. M. le Président fait connaître à Fassemblée les propositions de la Commission. - 140 — 1*» Mémoire sur Nottonville, par M. Chantegrain, maître adjoint à Brou. Premier prix avec 60 fr. en livres. 2" Renseignements sur la commune de Beaumont-les- Autels ^ par M. Thibault, instituteur à La Bazoche-Gouet. Deuxième prix, avec 50 fr. en livres. 3o Renseignements sur la commune d'Ymonville, par M. La- grue, instituteur. Mention très-honorable, avec deux volumes de TAbécédaire de M. de Gaumont. 4o Mémoire sur la commune de Prasville, par M. Ledoux, instituteur. Mention honorable, avec un volume de l'Abécédaire de M. de Gaumont. Les propositions de la Gommission sont adoptées. Lettre de M. Bos, Inspecteur d'Académie, qui transmet l'auto- risation nécessaire pour octroyer ces récompenses, et remercie la Société de la sollicitude qu'elle manifeste à Tégai^d de l'ins- truction primaire. Lettre de M. Albert Marchand , qui communique une collec- tion de pièces de monnaies trouvées à Berchères. Le Metz, 8 avril i877. Monsieur le Présideni, Je viens vous prier de donner connaissance à la Société Archéologique de la découverte d'un dépôt de pièces de monnaie du règne de Charles VI, trouvé à Berchères-rEvèque le 7 février 1877. Un ouvrier, nommé kimé Tricheux, que j'employais à démolir les bâtiments d'une ancienne ferme , découvrit , sous une pierre informe de la fondation d'un mur de clôture, un petit vase de terre contenant 36 pièces d'or et environ 200 pièces d'argent. Nous n'avons pu constater la forme de ce pot très- mince, qui tomba aussitôt en morceaux, mais nous avons entre les mains ce petit trésor que l'homme honnête qui le découvrit nous remit avec loyauté. D'après l'avis des personnes à l'examen desquelles nous avons soumis ces pièces , nous pouvons les dénombrer ici suivant les figures de Le Blanc. Elles appartiennent toutes au règne de Charles VI , et présentent deux types en or et trois types en argent. OR. 29 écus à la Couronne; — 8 écus au Mouton. ARGENT. 142 gros tournois; — 52 Blancs billon; — 2 deniers tournois. — 141 — Les monnaies d'or sont en parfait état de conservation , celles d'argent font couvertes de vert de gris. Il est difficile de préciser Tépoque à la- quelle elles ont été enfouies sous ce mur, qui séparait une cour des terres en culture ; il est très-probable qu'elles y furent déposées pendant les règnes de Charles VI ou de Charles VII , sous lesquels les inquié- tudes de la gueiTO troublèrent presque constamment la Beauce. Une fenêtre encore conservée et un grand nombre de pierres taillées , trou- vées dans les constructions postérieures de la ferme qui vient d'être démolie , prouvent qu'il a existé sur son emplacement une habitation d'une certaine importance datant des XIII" ou XIV* siècles. Cette ferme qui a longtemps appartenu à la famille Sédillot , était, croyons-nous , pos- sédée à la fin du XVII* siècle par Gilles Cassegrain , bourgeois de Paris , et dépendait probablement, dans la première moitié du même siècle, de la propriété contiguë d'Elie Fougeu, écuyer, sieur des Cures, doyen de l'église Notre-Dame de Chartres. Les anciens actes que nous avons entre les mains ne nous ont pas fourni de renseignements antérieurs sur ces lieux, très -voisins de l'habitation que les Evêques de Chartres affectionnaient au XIII* siècle. Vous voudrez bien, Monsieur le Président, donner connaissance de cette note à la Société Archéologique, si vous la jugez digne de l'occuper quelques instants pendant sa prochaine séance , et je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments distingués. Communication écrite de M. Lecocq, sur les fondations de la Cathédrale. Dans les premiers jours du mois de mars dernier, des travaux de perforation du sol furent entrepris dans la cour de la sacristie de règlise Cathédrate de Chartres , pour faire écouler et absorber les eaux pluviales; l'orifice de cette perforation a été établie à 2 m. 20 de la base des chapelles absidales du côté nord ; ce travail nous semblait intéres- sant à suivre, afin de connaître la nature du sol qui allait apparaître, et aussi, afin de savoir si les fondations de notre Basilique chartraine se poursuivaient à une grande distance du périmètre de l'édifice. En creu- sant cette espèce de puits , jusqu'à 4 m. , on ne rencontra que de la terre végétale, mélangée de quelques plâtras; ensuite, jusqu'à la profondeur totale de 7 m. 30 , on ne trouva que des fragments de maçonneries mé- langés de silex et de moellons de calcaire, plus des débris de tuiles à rebord , puis des briques entières portant 40 c. de hauteur , 27 c. de largeur sur 4 c. d'épaisseur; là également furent rencontrés à des hau- teurs diverses , cinq fragments de marbre, dont trois numéros, 1 , 2 et 3, sont ornés de moulures d'un bon style et sembleraient provenir de di- verses corniches, tous sont des marbres blancs, sauf le n* 3 qui est blanc-rosé; le n** 4 est d'une épaisseur de 2 c. et demi, formant angle droit; il a été débité à la scie ; le n" 5 est un fragment de 2 c. d'épais- seur, en marbre blanc, veiné vert, imitant le vert-campan. A 7 m. 30c., — 142 — profondeur à laquelle se sont arrôlées les fouilles , il fut rencontré un fort fragment de pierre blanche tendre, et portant plus de 50 c. de côté sans aucun travail apparent; vu la difficulté d'extraction, cette pierre fut laissée au fond. H eût été utile, il nous semble, dans Tintérêt de rhisloire monumentale et locale, en profitant de cette fouille, que la Société "archéologique eût fait entreprendre , à ses frais une exploration plus complète de ce sol factice , qui semblerait receler des fragments in- téressants d'antiques constructions détruites , et aussi qu'on eût fait un sondage latéral à cet endroit si rapproché , vers les fondations de notre Cathédrale, afin d'en connaître le système, la profondeur, ainsi que la nature des matériaux employés ; mystères archéologiques qui nous sont totalement inconnus. L'intérêt en est d'autant plus puissant, que cette fouille se trouve située entre les fragments de maçonneries et aqueducs enfouis sous le tapis vert de la cour de l'Évêché et les murailles gallo- romaines de la Chapelle de Saint-Lubin de notre Cathédrale, qu^ nous avons signalées et décrites , dans notre article intitulé La Cathédrale de Chartres et ses Maîtres de VOEuvre Mémoires de la Société, t. VI, p. 396, 410 et 412. Les divers fragments de marbres ci-dessus signalés sont restés entre les mains de notre collègue , M. Bouthemard , entrepreneur des travaux de restauration de notre Cathédrale. M. E. Sautton, annonce la découverte d'un souterrain sous l'église de Fontenay-sur-Conie. Notre confrère fera une visite spéciale à ce sujet pour obtenir tous les renseignements néces- saires dont il rendra compte à la prochaine réunion Il est arrêté que la Conunission désignée pour se rendre à Mignières et à Saint-Georges-sur-Eure sera convoquée pour le premier mercredi de mai. La Commission nommée pour la visite au château d'eau du faubourg La Grappe, s'est transportée sur les lieux; M. Buisson, rapporteur, étant absent, le compte-rendu est ajourné. Lecture par M. Lorin, de la suite de sou travail, la Peinture sur venx en général. il La peinture sur verre, comme nous l'avons dit, est un art essentiellement historique; elle ne date pas d'hier, elle a des traditions avec lesquelles il faut toujours compter, et de même que dans la pratique, c'est dans les siècles passés que nous allons chercher nos inspirations et nos modèles, de même dans le domaine des théories il nous est impossible d'exposer et de défendre nos convictions personnelles sans aller sans cesse pui- - 143 - ser dans Thistoire la lumière qui les éclaire et les faits qui leur servent de preuves. » C'est donc uue nécessité pour moi de commencer par expo- ser devant vous quelques vues sur l'histoire delà peinture sur verre. Quant aux lacunes inévitables dans un examen aussi mpide, vous les excuserez, j'en suis sûr, en vous souvenant que le rapporteur vient ici faire preuve surtout de bonne volonté. » Nous allons donner pour point de départ à notre étude le premier grand siècle de la peinture sur verre, je veux dire le XII, et une de ses productions les plus admirées et les mieux conservées, les vitraux de Chartres. » Vous savez. Messieurs, les raisons toutes personnelles que j'ai de prendre pour base de ce travail ces magnifiques verrières qui m'ont attiré près d'elles par un attrait irrésistible, et que j'ai voulu avoir constamment sous les yeux comme des modèles aussi sûrs que féconds. » Il nous sourit de nous reporter au temps où Notre-Dame de Chartres, en partie construite, réclamait pour ses fenêtres à jour de brillantes courtines. » C'est par le portail Saint-Louis que le maître-verrier va conunencer sa décoration. » Sans doute, le verrier a dû, pour un grand nombre d'égUses d'un ordre inférieur, exécuter des vitraux dans le style préconisé par lui, mais très-peu de vestiges de ses pages sont parvenus jusqu'à nous. » Dans le silence de l'atelier, entre la prière et la méditation , et tout en nourrissant son imagination par la lecture des livres saints, il rêvait pour la cathédrale des verrières qui, d'un seul jet, devaient atteindre l'idéal le plus absolu pour la décoration du style architectural roman. » Comme aucune note, aucun document sur le travail de cet artiste ne nous est parvenu, nous nous figurons, par la pensée, combien ses études de l'agencement des lignes, de l'harmonie des couleurs ont dû être fortes et soutenues. » Il était le fidèle représentant de l'art de son époque. » Quel beau jour ce dut être pour lui que celui où ses écla- tantes pages, toutes resplendissantes des couleurs les plus riches, les plus étincelantes, furent mises dans les baies prépa- rées pour les recevoir ! » Obtenir la tenture la plus incomparable au double point de — 144 — vue scientifique et artistique, tels étaient son objectif et son idéal qui ont été atteints d'une façon si merveilleuse. » Nous Tavoos déjà dit c'est Timage d*un peuple, dont la foi féconde produisait des œuvres extraordinaires agencement de lignes géométriques pour la composition des médaillons, arabesques feuillagées , bordures aux mille détails habilement ciselés, groupement de personnages où la naïveté n'exclut pas Tart et disposés de manière à présenter des fonds capricieuse- ment découpés, le tout s*équilibrant à souhait, comme propor- tions, au profit de l'unité. Cet aménagement splendide vivifié par les couleurs de Tarc-en-ciel présente aux regards fascinés un spectacle qu'il savoure avec une volupté tranquille, et rem- plit l'âme d'une admiration que la plume est impuissante à traduire. Il y a dans tout cela un art décoratif poussé à sa dernière puissance. » Tout ce que la coloration peut fournir est épuisé. » Cette lumière qui descend d'en haut , non plus confuse et uniforme, mais transfigurée et variée à l'infini, moins sem- blable à la clarté de la terre qu'à la clarté céleste dont parle l'Écriture, domine et remplit l'âme sans la troubler. » L'impression générale n'est pas violente; elle tient moins du saisissement que de l'extase ; c'est à la fois un ravissement et un recueillement de l'être tout entier. » Quels étaient à cette première époque les procédés de des- sin, de coloration, de pratique qui arrivaient à ces splendides résultats ? » Ici, Messieurs, j'ai à vous présenter des observations pui- sées dans une longue étude des œuvres de l'époque elle-même, qui est considérée comme la plus belle en peinture sur verre. » C'est une erreur de croire que la Mosaïque du XIl* siècle ne se compose que de lames de verre non peintes, comme on le dit quelquefois tous les verres sont peints au contraire, il est facile de le constater à Chartres; la Monographie publiée sous les auspices du ministère le reconnaît, et j'en ai trouvé une autre preuve dans les magnifiques collections de l'abbaye Heli- gaen-Kreustz, en Autriche. » Ce n'est qu'au XIII siècle que l'on voit apparaître quelques verres non peints ; et encore, chose remarquable, ils s'accotent toujours à des ornements très-nourris de teinte, mais ces der- niei-s entrent dans le vitrail toujours pour une part considérable. — 145 — Quant au dessin du XII* siècle, on y reconnaît la ligne naïve du dessin des catacombes; il ne révèle ni observation ni étude; ce qui en fait, selon nous, la beauté, c'est que, malgré sa sim- plicité et ses lacunes, il arrive à l'expression religieuse. » Nous ne sommes pas de ceux dont le poète ancien se rail- lait agréablement et qui jugent de la valeur de toutes choses par le nombre des années. » Nous déclarons donc librement que le dessin de ces pre- miers âges nous paraît défectueux cette imperfection ne dimi- nue en rien notre enthousiasme, et nous n admirons que plus volontiers des maîtres qui sont arrivés à de tels résultats avec des moyens si imparfaits. I Nous croyons d'ailleurs que l'artiste même du XII siècle a dû avoir conscience de ces lacunes. S'il avait su tracer un puis- sant sillon , devait-il le considérer comme le seul désormais à suivre? Supposait-ii qu'il n'y aurait plus de voies nouvelles à ouvrir dans les siècles futurs? plus de manières différentes d'ex- ploiter le fond qu'il avait fécondé lui-même, mais qu'il n'avait certes pas épuisé? » Loin de là , l'imagination de l'artiste est sans limite. » Il avait pu saisir du soleil , son collaborateur, les perles , les pierreries les plus riches , mais il avait laissé à ses spécula- tions rêveuses im libre cours. » Il a dû deviner combien son art allait, dans la suite des âges, se transformer, suivant le tempérament des artistes futurs, et les mœurs des peuples qui devaient le cultiver après lui sous des formes multipliées ayant chacune leur genre de beauté. » La prodigieuse variété des contours géométriques, que les médaillons, un siècle f>lus tard, devaient s'approprier, les per- sonnages à tournure solennelle de cette époque, les person- nages à grands caractères du XV* siècle qui , semblables à l'archi- tecture du jour, devaient épouser un genre maniéré, et enfin au XVI siècle l'effervescence des qualités artistiques se manifestant par des scènes à grand orchestre, devaient chez l'artiste verrier du Xlle siècle, tour à tour, passer et repasser, dans son imagi- nation éblouie. » Quoi qu'il en soit de ses rêves d'avenir, le verrier du XII* siècle avait ouvert la voie à ses héritiers du XIll*. » Ceux-ci la suivirent sans s'interdire toutefois les innova- tions. — 146 — » De même que l'architecture se transformait peu à peu et passait du plein cintre à Togive, la peinture ajoutait à la mosaïque et aux médaillons les personnages en pied, tels que nous les admirons dans les collatéraux de Chartres. » Nous reconnaîtrons, avec un éminent archéologue, que toutes ces pages ne sont pas d'un égal mérite , qu'elles pré- sentent dans leur exécution un faire, pourquoi ne pas le dire, parfois entaché de quelques négligences ; néanmoins le calcul de Teffet est juste toujours. » Si la coloration partout n'est pas d'une égale richesse, Pharmonie générale voile pour ainsi dire les faiblesses de détails c'est un concert, c'est un chant splendide, dont cer- taines parties prises à part sont inférieures; mais toutes se fondent admirablement dans l'orchestration générale, et ces lacunes elles-mêmes concourent peut-être à PefFet total. » Au transept, nous voyons des figures à la taille colossale, au caractère puissamment décoratif. Ces figures sont pourvues de draperies savamment jetées. » Plusieurs verrières de la galerie supérieure du chœur ont été données par des princes, des têtes couronnées; elles font pressentir la tendance de l'artiste à abandonner son but primi- tif celui de travailler exclusivement sous l'inspiration de sa foi native. Il En effet, dans certaines pages, les donateurs jouent un rôle capital par la place qu'ils tiennent dans le vitrail. » Si le verrier d'alors s'éclipse et nous cache sou nom par une modestie regrettable au point de vue de l'histoire et de l'archéologie, les donateurs n'ont pas eu les mêmes scrupules; ils ont signé leur donation, soit pour immortaliser leur nom en l'unissant à une œuvre impérissable, soit peut-être pour léguer aux siècles futius des exemples de générosité qu'ils ont supposé devoir être nécessaires un jour. » C'est assurément pour ce dernier motif que l'on a placé au bas des verrières données par des corporations diverses un groupe de personnages en action symboUsant la corporation donatrice. » Durant les XII et XIIP siècles, l'exécution sur verre se faisait à l'aide de traits rapprochés , presque à la façon d'une gravure largement faite ; chacun de ces traits, solide dans les — 147 — ombres, arrive à s'épanouir en s amincissant vers les parties lumineuses. » Ce travail avait été précédé au préalable d'une application de teinte à laquelle il est venu donner une force et une vigueur soutenues. » Au XIV* siècle, grâce toujours à la tendance naturelle de l'artiste, à l'influence du milieu de progrès, il essaie de trouver sa note d'originalité; il substitue à ce simple rapprochement de personnages que nous avons remarqué aux époques anté- rieures un groupement plus mouvementé, plus vivant, plus artistique c'est la scène. » Ces scènes sont placées encore sur un fond mosaïque, à la façon du XIII siècle. » Quant à l'architecture, au lieu de faire tapis concurrem- ment avec les médaillons, conune au siècle précédent, elle remplit le rôle d'un cadre et se détache sensiblement de la scène. » Ce qui commençait à se faire jour précédemment se carac- térise surtout au XIV siècle au sujet de l'accoutrement des personnages qui presque tous sont revêtus des costumes de l'époque. » L'artiste ne fait d'exception que pour le Christ, la Vierge et les Apôtres. Ici, la majesté des personnages lui inspire le res- pect des costumes traditionnels. » Il serait intéressant, si l'on en avait la latitude, d'examiner avec quelle habileté le verrier mettait à contribution ces vête- ments divers pour en revêtir ses personnages. » Nous le voyons au XIIP siècle se servir de la cape , de la cote, de l'esclavon, du pourpoint, du hocqueton et de la cami- sîa ou chemise qui, pour la première fois, faisait partie du costume civil. y> Au XV siècle, la marche progressive vers le naturalisme s'accentue davantage, et nous avons à constater dans les vitraux des transfonnations étonnantes. L'architecte multiplie et élargit les baies de sa cathédrale, il en historié les parties ogivales, il fait de l'édifice entier une dentelle découpée à jour. Le verrier doit le suivre dans cette voie il donne à son art une élasticité nouvelle et se plie à toutes les fantaisies du style flamboyant. Analysons les éléments divers qui font leur apparition à cette phase nouvelle de l'histoire; nous y trouverons, comme - 148 - dans toute œuvre humaine, quelques ombres à côté de la lumière, et des signes de décadence à peine visibles, il est vrai, à côté de progrès nombreux et incontestables. » Ce qui sent la décadence, c'est TafTaissement du sentiment religieux il existe encore, mais il perd de sa force et de sa sévérité ; il s altère par le mélange d'un sentiment mondain qui vise surtout à la richesse et à Téclat des détails, aux dépens du caractère austère et grandiose de Tensemble. Ce qui marque de nouveau un pas en avant, c'est T étude de plus en plus sérieuse et approfondie de la nature ; elle se montre dans la physionomie et les vêtements des personnages en pied et dans la disposition des scènes ce n'est plus la raideur des époques antérieures. Le dessin, bien que naïf encore, s'affermit déjà, les formes s'accentuent, la vie apparaît et fait pressentir de loin la Re- naissance. » Les lois de la perspective cependant ne sont encore ni bien observées ni même parfaitement connues. Sur ce point paii-icu- lier, l'art n'est pas sorti de l'enfance et ne fait, pour ainsi dire, que bégayer ses premières lettres. » En même temps qu'il se pénètre ainsi de la nature, le maître-verrier élève son imagination au niveau de celle de Tarchitecte, car il doit toujours marcher à ses côtés ou à sa suite. » Dans les encadrements, blanc et or, de ses vitraux , il riva- lise avec lui de variété et de richesse et jette à profusion les pinacles ajourés, les clochetons aux milliers de crochets et les tympans historiés de détails. » Dans la pratique de l'art , nous avons à signaler aussi des progrès. On sait que le verre happe difficilement l'émail dont on se seii, pour peindre. Il faut , au préalable , le revêtir d'une légère tehite à la gomme, au sucre ou au vinaigre ; et quand la fixité est ainsi obtenue, des enlevés habiles à la brosse et à l'aiguille produisent des effets de lumière vraiment remar- quables. C'est là un procédé qui date du XV siècle et qui doit atteindre son développement complet au siècle suivant. » Un autre progrès encore s'est fait jour l'invention et l'in- troduction des verres doublés, qui permettent des enlevés à l'émeri et l'emploi des applications de jaune d'argent pour pro- duire les séduisantes teintes d'or. !> Les verriers exploitent largement ces procédés nouveaux. — 149 — Ils ne résistent pas au plaisir d'éblouir les yeux par la richesse de détails, au risque de sacrifier peut-être l'unité et la mesure. Sous sa facture, les velours, les soies, les pierreries se produisent d'une façon étincelante et merveilleuse. » La perfection y serait atteinte, si Ton y trouvait ce juste tempérament que Tacite voulait qu on gardât dans la sagesse elle-même In sapientia modum. • En entrant dans le XVI siècle , nous assistons à une trans- formation de plus en plus sensible. • La foi vierge, qui avait été au XIP et au XIII siècles Tunique et vigoureuse inspiratrice de Tart et qui avait déjà subi des influences étrangères aux âges suivants, se rencontre alors avec un génie nouveau le génie grec ressuscité par l'Italie. » La lutte n'est pas terminée complètement sur le terrain de l'architecture ; le Moyen- Age a encore ses tenants. L'art grec n'a pas réussi à détrôner définitivement l'art ogival, et cepen- dant le verrier, devançant cette fois l'architecte, rompt en visière avec le passé et s'élance résolument en avant. Un art nouveau s'est révélé à ses yeux Fart des Michel-Ange, des Raphaël et des Titien; les lauriers de ces grands hommes le font rêver. C'est coBMne une apparition qui le subjugue et le trans- porte. » Il abandonne le surcot, il transige avec ses traditions et entre à pleines voiles dans le courant de la Renaissance c'est de l'art nouveau, de l'art vivant qu'il veut pétrir à sa façon. C'en est fait la peinture sur verre est entraînée par un souffle puissant, et sa transformation, qui s'annonçait un siècle plus tôt, est enfin consommée. » Est-ce une décadence regrettable de sa part ou un renou- vellement plein de fécondité ? » Avec une logique inexorable, l'auteur du Dictionnaire de rarchitecture du XIX» siècle tranche la question d'une seule phrase il juge, condamne et exécute du même coup cette forme nouvelle de l'art et les œuvres qu'elle fit éclore. Voici ses paroles • Nous préférons encore les défauts et les faiblesses du » XV' siècle à la pédanterie des artistes du XVP siècle qui pré- » tendaient transporter sur le verre des compositions plus ou » moins inspirées des écoles italiennes. » » C'est là, nous osons le dire, une rigueur qui nous paraît L — 150 — excessive et qui dénote, ce nous semble, une tendance un peu exclusive. » L'auteur évidemment se préoccupait surtout du grand caractère architectural de nos édifices religieux, et comme il constate que ce caractère s'en va et disparaît au XVP siècle, il en conclut, un peu vite, croyons-nous, à une décadence dans toutes les branches de Yart chrétien. » Sans doute, c'est une perte regrettable pour l'art que le dépérissement de l'inspiration religieuse. Les plus belles pages de la peinture sur verre sont destinées à nos églises, elles en sont une partie intégrante, elles donnent à l'édifice sacré de la chaleur et de la vie. C'est dans les verrières que le peuple chré- tien lit sa foi, ses consolations, ses espérances. L'artiste, en com- posant pour lui , prêche à sa manière les grandes vérités de la foi sublime et populaire. Et l'on conçoit que dans un tel travail il se sente brûlant d'une flamme presque céleste il n'est pas •seulement artiste; il est apôtre. » A ce point de vue, nous le reconnaîtrons il y eut quelque chose à regretter dans le mouvement artistique du XVI siècle. Pour atteindre l'idéal , il aurait fallu conserver le souffle chré- tien des âges antérieurs et l'unir à ce culte de la forme qui devint le cachet distinctif de cette époque. Aussi bien ce ne sont pas là deux choses incompatibles Raphaël les a admirable- ment réunies; rien n'est plus pur de lignes et de orme et plus religieux de sentiments que ses madones. Son art a tout le fini du génie grec et toute l'élévation du génie chrétien. » Ceci dit, nous pouvons i^endre pleine justice aux beaux côtés, aux brillantes facettes artistiques du XVP siècle. » Un simple mot d'abord au sujet des améliorations appor- tées dans la pratique de l'exécution sur verre. n Les plus importantes sont invention du diamant pour couper le verre, et du tire-plomb. Jusque-là on coupait le verre à l'aide d'un fer rougi, et le plomb s'étirait au rabot. Signalons aussi l'emploi du verre verdâtre dans une grande proportion pour les architectures, les ornements les plus divers , les teintes de chair et quelquefois pour les draperies. » La propriété de ce verre, de recevoir la nuance du jaune au chlorate d'argent, était pour le verrier un élément sérieux de richesse ; mais comme ce verre, pour recevoir cette teinte d'or, demandait une cuisson relativement faible, si les autres pièces — 151 — du vitrail peintes et émaillées devaient recevoir la même dose de cuisson, il devait en résulter fatalement peu de fixité dans les émaux après cette cuisson. C'est ce qui explique pourquoi ils se délitent, souvent, au simple frottement quand on restaure des panneaux de cette époque. » Mais laissons ces détails pour arriver à Tart lui-même; aussi bien il offre à notre étude un champ aussi vaste qu'inté- ressant. » Nous Tavons dit, le verrier du XVI siècle s'était jeté avec ses contemporains dans les voies récemment ouvertes par l'Italie. Il avait sacrifié au goût nouveau avec la pléiade d'hommes célèbres qui surgirent alors sur le sol de France. » Pour la première fois le verrier prend résolmnent sa place au milieu des peintres. B La fenêtre n'est que le cadre où il placera son objectif prin- cipal, une scène unique ou des scènes superposées. Il fait abstraction des meneaux derrière lesquels ses personnages se meuvent. » Les ferrements et les plombs bien ordonnés arrivent à for- mer l'ostéologie du vitrail. •» Aux âges précédents , il traitait ses verrières comme des tapisseries; à l'époque dont je parle il est obsédé par un autre idéal, et sans abandonner cette tapisserie, qui est bien de son domaine, il fait de la peinture, avec tout l'avantage que donne à son pinceau la transparence du fond sur lequel il travaille. » Tantôt il dispose avec ampleur l'ensemble de sa scène, tan- tôt il traite chaque détail avec un fini incomparable; mais tou- jours il donne un large développement à sa pensée et un carac- tère magistral à sa composition. » Une sorte de fièvre s'est emparée de lui , la fièvre de ce siècle, qui entreprenait, dans un élan d'enthousiasme junévile, de tout renouveler, dans les lettres avec Ronsard, et dans les arts avec Raphaël et ses disciples français. » Cette fièvre, que j'oserai appeler la fièvre du grand carac- tère, se révèle dans tous les maîtres et dans leur grande com- position. » Parmi ces maîtres illustres, je suis heureux de pouvoir saluer au premier rang nos verriers français, les Engrand- Leprince, les Pinaigriers, les Lepot et tant d'autres. » Et pour ne pas m'enfermer dans un patriotisme exclusif - 152 -^ qui n'a plus de raison d'être quand il est question d'œuvre d'art , j'ajouterai à ces grands noms celui du belge Bernard Van Orley. » Faisons ensemble une rapide excursion au-delà de nos frontières, et transportons-nous jusqu'à la magnifique église de Sainte-Gudule , à Bruxelles. C'est dans sa nef majestueuse que rayonnent les œuvres du maître. Arrêtons-nous devant une de ses plus belles pages, les portraits de Charles-Quint et d'Isabelle, son épouse. » Les deux personnages sont représentés plus grands que nature et agenouillés dans l'adoration devant le Père Éternel. » Les baies qu'ils remplissent sont immenses le cadre archi- tectural est grandiose, mais la scène elle-même est au-dessus de toute description. » Ces deux personnages historiques qui ont commandé à TEurope et fait trembler le monde, que l'artiste a grandis par un trait de génie, pour mieux exprimer la puissance humaine, et qu'il a jetés ensuite à genoux aux pieds de Dieu , comme pour abaisser toutes les grandeurs de la terre devant la grandeur et la majesté de Celui qui est le roi immortel des siècles tout cela vous subjugue et vous jette dans l'âme l'une de ces impres- sions ineffaçables que le sublime seul sait produire. » Nous pourrions citer de nos ouvriers français nombre de liages aussi belles; ce serait peut-être oublier votre amour pour ces grandes productions. Vous les avez sans doute contemplées mille fois; il n'est personne ici qui ne puisse redire l'admira- tion qu'il a emportée de ce spectacle. » Malheureusement l'inspiration ne s'est pas soutenue; elle a fait parfois défaut aux artistes de talent. » Des médiocrités pâles et froides se mêlèrent aux belles pages im esprit de réaction violente vint remplacer, au déclin de cet âge, l'enthousiasme qui en avait marqué les débuts. Je ne donnerai de cet abandon que le seul témoignage, décisif d'ailleurs, de Bernard PaUssy. Voici ce qu'écrivait l'illustre inventeur des émaux. N'est-ce pas un malheur aux verriers du Périgord-Limou- » sin auxquels pays les verres sont mécanisés en telle sorte » qu'ils sont vendus et criés par les villages et par ceux mêmes » qui crient les vieux drapeaux et la vieille ferraille. • Il ajoute , en parlant des artistes eux-mêmes Leur art est devenu si - 153 — » vil qu'il leur est difficile de gagner leur vie aux prix qu'ils » donuent leurs œuvres. » V La chute certes était profonde autant que subite, et c'est le cas de répéter ici le mot des soldats romains qui suivaient le triomphateur la roche tarpéienne n'est pas loin du Capitole. » Cette décadence si complète et si imprévue de la peinture sur verre est, sinon Tunique cause, au moins Tune des causes principales de sa pauvreté dans les deux siècles qui suivirent. » Chose étrange, le XVIP et le XVIIP siècle qui furent les deux grands siècles français et qui virent fleurir sur notre terre généreuse toutes les grandeurs et toutes les gloires à la fois; ces deux siècles qui virent le génie français s'emparer de la supré- matie dans le monde intellectuel, qui comptent en si grand nombre les hommes illustres dans la poésie, la littérature, la sculpture, la peinture même; ces deux siècles sont les plus pau- vres de notre histoire au point de vue de la peinture sur verre. » Au XV1I siècle , les progrès inespérés de la chimie n'ont pas réveillé le zèle. » Le XVIII* siècle n*a pas fait davantage ; il s'est servi des émaux d'applications pour produire de délicieux carreaux du genre suisse, que Ton admire aujourd'hui dans les cabinets des amateurs et des antiquaires. » Sur la fin de ce siècle, un verrier érudit, Pierre Leviel, essayait dans un important traité de ranimer l'ardeur éteinte. Ses efforts étaient vains et sa voix se perdait dans le désert. D'ailleurs , de graves préoccupations qui absorbaient alors tous les esprits ne permettaient plus de l'entendre. » Quelles peuvent être les causes de cette étrange stagnation où languit si longtemps un art qui était resté jeune pendant des siècles? Nous en entrevoyons plusieurs qui ont dû contribuer à ce triste résultat dans une mesure inégale. C'est d'abord la faveur que prirent tout-à-coup les autres arts longtemps négli- gés et qui absorbèrent toutes les forces vives du génie national. Les verriers devaient rester au second plan dans un temps où la sculpture avait pour représentants les Jean Goujon, les Pierre Puget, et la peinture les Poussin, les Lesueur, les Lebrun. C'est peut-être aussi l'inexplicable discrédit dans lequel était subite- ment tombé l'art du Moyen-Age. Ses destinées avaient été unies jusque-là à celles delà peinture sur verre; il devait l'entraîner avec lui dans sa ruine. TombVL/>.-F. Il - 154 - V Mais à quoi bon nous attarder dans l'étude de ces causes diverses ? Le fait subsiste et éclate aux yeux c est Vinjuste abandon d'un art cher à nos pères, et, disons-le, digne de leur préférence. » Le jour de réparation se leva enfin, et les vitraux furent remis en honneur, avec l'art du Moyen-Age, à Taurore de notre XIX sièclef » Ici finit notre rôle d'historien. Nous n'avons pas à raconter et à apprécier les essais et les travaux du temps où nous vivons. L'histoire a besoin de voir les choses à distance pour être im- partiale. Quant à nous, il ne nous siérait pas de nous attribuer les fonctions de juge après avoir rempli nous-même le rôle d'acteur. » La seule attitude qui nous convienne ici est celle de l'avocat qui défend des opinions qui lui sont chères avec une chaleur égale à la force de ses convictions et qui ne sollicite de ses audi- teurs qu'une seule chose leur assentiment à des opinions qui leur paraîtront raisonnables. • Un rapide aperçu historique nous a conduits. Messieurs, jusqu'au seuil du XIX» siècle. Nous nous sommes arrêtés à cette date parce qu'elle marque une ère nouvelle et conmie une seconde renaissance de l'art du verrier, et aussi parce que, arri- vées là , nos appréciations prenaient nécessairement un carac- tère nouveau. En parlant de l'art contemporain, la discussion se mêlait d'elle-même à 'l'histoire, et la question historyjue se transformait en une discussion d'esthétique. II devenait de traiter suffisamment de la pein- ture sur verre au XIX" siècle, sans examiner tout à la fois ce qu'elle est et ce qu'elle doit être. Je me serais reproché de tou- cher à une telle question par son petit côté, je l'aborderai donc de front et avec la liberté qui est de droit devant une question de ce genre. D £t d'abord, Messieurs, il y a un point à élucider avant tout et dont l'examen s'impose au début de cette étude. » La peinture sur verre au XIX siècle se rattache-t-elle aux siècles antérieurs, au double point de vue de l'art et de la pra- tique? Nos verriers contemporains luttent-ils à armes égales avec leurs devanciers, ou bien, comme on le répète et conune on l'imprime si souvent, y a-t-il des procédés, des traditions perdues et que l'on recherche vainement, et est-ce un art qui a - 155 - perdu sa voie et qui tâtonnera encore longtemps avant de la retrouver? » Messieurs, je n'hésite pas à le dire au risque d'étonner cer- tains esprits, cette opinion si répandue que nous avons perdu les anciennes traditions de Tart de peindre sur verre , cette opi- nion n'est qu'un préjugé qui ne repose sur rien et que pour ma part je n'ai jamais pu m' expliquer. Aucun peintre verrier n'a jamais dit ni écrit rien de semblable. L'erreur s'est installée et propagée dans les Revues et dans l'opinion, sous la plume de cer* tains écrivains dont j'honore le talent, mais qui ont le tort d'ou- blier que, dans des matières aussi spéciales , ni l'esprit, ni la science théorique ne peuvent suppléer complètement à l'obser- vation et à l'expérience. » J'ose même dire qu'à voir la facilité avec laquelle certains critiques hasardent les affirmations les moins fondées, on peut se demander si leur science elle-même est bien approfondie il est permis d'émettre ce soupçon sans froisser personne d'autant plus que s'il y a ici un coupable c'est uniquement le public. Notre siècle demande à ses publicistes de lui parler de tout et les oblige ainsi à parler de tout im peu superficiellement. » Quoi qu'il en soit, Messieurs, à en croire certaines opinions reçues, nous ne connaîtrions plus l'ancienne peinture sur verre, et cette prétendue ignorance porterait principalement sur certains procédés techniques que nous ne pourrions retrouver et sur certains effets de coloration que nous serions impuissants à reproduire. Or, Messieurs, en ce qui concerne les procédés techniques, vous avez pu juger déjà par ce que nous avons dit des verres doubles, de r application des émaux et des jaunes d'argent, des enlevés à la brosse, à Vémeri, à V acide, vous avez pu juger, dis-je, si véritablement tous ces procédés sont pour nous des énigmes. > Mais j'ose aller plus loin, et ime étude approfondie et déjà longue des verrières de Chartres m'autorise à l'affirmer sans hé- sitation , non-seulement l'ensemble des procédés de nos devan- ciers nous est connu, mais encore il n'est aucun des résultats obtenus par eux que nous ne puissions expliquer et obtenir nous-mêmes, quelquefois même plus facilement, grâce aux progrès de la chimie et des sciences. » Mais, dira-t-on, s'il en est ainsi, si l'artiste contemporain a entre les mains des moyens équivalents, supérieurs même à — 156 — ceux des anciens, comment se fait-il qu il soit impuissant à rendre certaines teintes , certain fondu qu'on admire tant dans leurs œuvres ? » C'est là l'objection habituelle, et, il faut le dire, son point de départ est juste. Il est très-vrai que pour certains effets de coloris tous les efforts ont été infructueux, et j ajoute même qu'ils le seront toujours. » n y a dans les vitraux anciens un certain cachet indéfinis- sable que le verrier contemporain ne peut obtenir. » C'est vrai, mais cela ne vient nullement, comme on se rimagine, de ce qu'il y a des teintes perdues et dont on ne peut plus retrouver le secret. Non , notre gamme est aussi riche et aussi variée de tons et de nuances que la gamme des anciens. J'ai essayé, pour ma part, de retrouver toutes les notes des verrières de Chartres, et j'afBrme les avoir toutes reproduites identiquement, à la condition de préparer moi-même les ma- tières dont je devais me servir. » D'où vient donc notre infériorité? D'une seule cause, qu'il n'est au pouvoir de personne de supprimer ni d'atténuer, c'est que nos pères ont avec eux un collaborateur qui manquera tou- jours aux artistes vivants et qui ne* leur sera donné que plu- sieurs siècles après leur mort je veux dire le Temps , avec son action lente et sûre. » Je m'explique. Messieurs, en vous présentant encore ici le résultat d'observations personnelles qui me paraissent con- cluantes et qu'il serait facile à chacun de contrôler. » Quand on examine de près une fenêtre de nos vieilles cathé- drales, on s'aperçoit que, sous l'action de l'atmosphère et du temps, la surface extérieure du verre s'est détériorée et comme dépolie; des stries nombreuses et parfois profondes à'y sont formées ; chacune des cavités ou alvéoles dé cette paroi rugueuse a recueilli son contingent de poussière; cette sahssure bienfai- sante s'est incrustée à la longue dans les porosités du verre, et jointe à l'action de la lumière solaire elle a produit l'effet d'un glacis général qui estompe les teintes et donne à la facture ce cachet mystérieux que toute l'habileté contemporaine ne peut reproduire. » Chose Remarquable, qui vient bien à l'appui de notre thèse, ce cachet est d'autant plus accentué que la verrière est plus ancienne. — 157 — j> Mais, Messieurs, il y a une preuve tout-à-fait décisive que c'est bien là, dans cette détérioration qui est l'œuvre du temps, qu il faut chercher le secret unique de cette harmonie merveil- leuse, de ce velouté inestimable des anciennes verrières. » On a essayé d'obtenir par des moyens artificiels , par des procédés chimiques, un dépoli analogue; on a, pour me servir du mot consacré, patiné le verrCy et les résultats obtenus sont eztraordinairement remarquables on est arrivé ainsi à une imitation de Tantique aussi exacte et aussi parfaite que possible» Je pourrais citer des exemples de restauration de verrières an- ciennes où ces procédés ont été employés avec tant de bonheur que non-seulement le public, mais les connaisseurs eux-mêmes s'avouaient incapables de discerner les pièces rapportées de l'ensemble du vitrail l'action instantanée et artificielle de la science était arrivée au même résultat que la lente influence des siècles. » Voilà, Messieurs, des faits parfaitement certains et qui réduisent à ses véritables proportions un préjugé aussi répandu que peu fondé. » Pour terminer cette rapide comparaison de l'art moderne avec l'art ancien, il resterait encore un mot à dire. » Si les procédés et le coloris n'ont rien à envier au passé, en est-il de même des artistes? Leurs œuvres valent-elles celles de leurs devanciers? C'est l'étemelle querelle des anciens et des modernes transportée de la littérature dans le domaine artis- tique. Je me garderais, Messieurs, de me donner le ridicule de cet écrivain dont parle spirituellement la Bruyère, et qui prou- vait que les anciens étaient inférieurs aux modernes, par des raisons tirées de son propre jugement et des exemples puisés dans ses ouvrages. » Ce serait témérité et mauvais goût de nous comparer à ces honunes qui sont nos maîtres et nos modèles. Nous prétendons seulement être leurs disciples. » Vous jugerez, Messieurs, si les verriers de notre temps méritent ce nom quand je vous aurai fait connaître leur mé- * thode et leur manière en vous disant ce que doit être et ce qu'est en effet la peinture sur verre , telle qu'ils la pratiquent. C'est cette question qu'il s'agit maintenant d'examiner et de résoudre. » Notre siècle n'a pas innové en architecture , il n'a pas créé - 158 — un style original , mais il accepte en hôte généreux tons les styles antérieurs, et cela n*a rien que de légitime, à la condi- tion qu'il les respecte tous et garde à chacun d'eux sa pureté et sa physionomie propre. ]> Ce devoir qui s'impose à l'architecte s'impose également au verrier, car, nous l'avons dit, notre art est inséparable de l'ar- chitecture; les verrières font partie intégrante de l'édifice qu'elles éclairent, et bien qu'il y ait des exemples du contraire, elles doivent, en bonne règle, rentrer dans le même style que lui. 3 II y a un principe qui domine tout dans l'art, c'est le prin- cipe de l'unité. » Lors donc qu'il s agit de restaurer des vitraux anciens ou de compléter la décoration d'un monument déjà éclairé par des verrières d'une époque déterminée , le verrier a ime voie toute tracée; il doit, d'une façon absolue, assimiler son travail à l'ancien. » Mais quand il faut remplir les baies d'une église nouvelle dont la décoration tout entière lui est confiée, jusqu'où va son indépendance? Il va sans dire, Messieurs, que, là encore, sa première préoccupation doit être le style de l'édifice ce serait une faute grossière de placer des vitraux du style du XIIP siècle dans une église romane, ou de transporter des imitations de la Renaissance dans un monument du Moyen-Age c'est de la der- nière évidence. Donc tous les ornements architecturaux qui forment le cadre de la verrière suivront toujours le style géné- ral du monument, et rien ne serait plus choquant que de voir des ogives et des clochetons égarés dans des baies plein-cintre, ou des frontons grecs jurer dans les baies élancées d'une fenêtre ogivale. » Ici tout le monde est d'accord et les divergences d'opinion ne se concevraient d'ailleurs guère on est sur le terrain du bon sens et du bon goût le plus élémentaire. » Mais outre les détails et les ornements accessoires, il y a le vitrail même, les personnages, comment doivent -ils être traités? » C'est ici, Messieurs, que nous entrons dans le vif du débat et que nous touchons à la difficulté précise sur laquelle on a tant parlé et tant écrit, peut-être sans bien s'entendre, toujours certainement sans faire avancer d'un pas la question. 9 Là même cependant tout n'est pas en litige il y a un point — 159 — ou plutôt un mot sur lequel tout le monde est d'accord c est que les sujets quels qu'ils soient doivent rentrer dans le genre décoratif. > Mais ce mot, comment les critiques Tentendent-ils? » Pour les uns, le genre décoratif c'est exclusivement la mosaïque du XII» siècle ou les médaillons et les personnages en pied du XI1I, à l'exclusion des scènes du XIV* et du XV* siècle. Pour les autres y c'est le bannissement absolu an modelé dans la facture et de ces grandes compositions dont les dimensions rap- pellent la grande peinture d'histoire. » Vous me permettrez, Messieurs, de discuter toutes ces opi- nions librement et sans passion et d'en appeler de certaines phrases stéréotypées, de certains aphorismes qu'on rencontre partout aux principes éternels de la raison et du goût. » L'admiration des anciens est certainement un des principes conservateurs et régénérateurs des arts comme des littératures , mais encore faut-il que ce ne soit pas ime admiration aveugle, qui s'attache à ce qu'il y a de défectueux dans ces chefs- d'œuvre, au Ueu de se concentrer sur ce qu'il y a en eux de vraiment admirable. On rirait, et à bon droit, d'un homme de lettres qui admirerait et imiterait exclusivement dans Corneille l'emphase exagérée de ses dernières tragédies , et dans Pascal l'incorrection des phrases qu'il a laissées inachevées. » N'est-ce pas tomber dans le même travers que d'admirer dans les verrières du XII* et du XIII* siècle les défauts de dessin, le manque de perspective et de proportion. Ces œuvres sont belles sans doute , mais ce n'est pas là qu'elles le sont. Imitez le sentiment , le coloris , l'harmonie générale, la richesse, voilà ce qui est beau et imitable. 9 Si vous êtes capables de faire un dessin plus naturel, plus juste de proportion, plus étudié, plus vivant, allez- vous de propos délibéré faire abstraction de vous-même et conunettre des fautes par ambur de l'antiquité? » Dans une restauration, ce sera pour vous un devoir rigou- reux. Dans une église neuve, en style de l'époque, ce sera une permission dont vous pourrez user. C'est le passé que vous res- suscitez, tel qu'il était avec ses qualités et ses lacunes. Pour l'amateur^ il y a dans cette reproduction exacte de l'antique un charme comparable à celui d'une citation en vieux français qui plaît par sa naïveté et son incorrection même. — 160 — Mais faire de cette imitation stricte, une obligation générale, c'est impossible. Si j'évite des défauts que personne ne conteste, si, tout en gardant ce qu'il y a de bon, je corrige les défauts et perfectionne les qualités, si mon œuvre est moins raide, mieux proportionnée, plus vivante, plus artistique; si mes figures sont moins décharnées, plus fines, plus modelées, aurai-je manqué aux règles de l'art ? r> Évidemment ce n'est pas admisssible. » Oui , que notre art soit décoratif, mais il peut l'être en res- tant de Tart au premier chef. » Faisons de la mosaïque, mais qu'elle soit bien étudiée, bien correcte; faisons des médaillons, mais rien ne nous inter- dit de donner à nos petites scènes un modelé léger , transpa- rent, argentin dans les chairs, en blaireautant ou en putoisant les teintes. » Imitons les grands personnages en pied du XIII siècle, mais si nous pouvons leur donner plus de vie et d'expression sans leur rien ôter de leur majesté, nous aurons bien mérité de l'art. » Voilà, ce me semble, ce que diront tous les hommes de bon goût et de science véritable; je me hâte de l'ajouter. Messieurs, c'est ce que disent et essaient de pratiquer en effet tous les ar- tistes contemporains qui ont quelque valeur. » Leur est-il permis de franchir ces limites et d'élargir leur horizon en essayant, à la suite des vemers du XV et du XVI* siècle, d'agrandir leur cadre et de représenter de grandes scènes? * » Ici encore, Messieurs, nous trouvons devant nous, conune une barrière infranchissable , une de ces grosses phrases qui semblent indiscutables et que l'on est habitué à considérer conune de vrais axiomes. » Point de grandes scènes, point de grandes compositions, nous crie- t-on, c'est un genre interdit aux verriers. Et pour- quoi? Parce qu'alors il ferait de la peintu/rSy il ferait du tableau ! Le peintre verrier ne doit pas faire du tableau , de la peinture. Voilà, Messieurs, le gros mot de la question; c'est ici le point central et comme le pivot. » Je vous demande encore la permission d'être en ce moment aussi franc que possible, en vous promettant toute la précision dont je suis capable. — 161 — B Évidemment , les critiques qui ont poussé les premiers ce cri d'alarme ont été émus surtout de la crainte de voir le ver- rier empiéter sur le domaine du peintre , et il ont redouté la confusion de la peinture sur verre avec la peinture sur toile; mais qu'ils se rassurent, cette confusion n'est nullement à craindre. La peinture sur verre n'est pas la peinture sur toile , ce sont deux arts différents qui ont leurs procédés , leurs résul-^ tats, leurs caractères essentiellement distincts. » Le peintre sur toile travaille sur un fond opaque; dans la disposition des teintes et des ombres, il calcule exclusivement avec la réfraction de la lumière; car le rayon lumineux ne traverse pas sa peinture, il s'y brise et revient de là à l'œil du spectateur. Le verrier au contraire peint sur un fond transpa- rent, destiné non pas à réfléchir, mais à tamiser la lumière ; son œuvre sera plus facilement brillante, il obtient des effets plus splendides de diamant et de pierrerie, mais il doit appliquer pour les ombres et les chairs des théories toutes différentes. n Le peintre est plus libre dans le choix , la disposition , le style de ses sujets sa toile généralement, si Ton me permet l'expression , sera un meuble et ne s'incorporera à aucun en- semble architectural. La verrière fait toujours , comme la pein- ture à fresque, partie intégrante d'un édifice, et comme telle est assujettie à un style déterminé. » Voilà des différences assez sensibles pour qu'il n'y ait au- cune identification possible. » Les deux arts sont distincts, et, j'ose le dire, ce ne sont certes pas les verriers qui réclament contre cette distinction ; c est rhonneur de leur art d'être un art à part , qui a sa vie et son caractère à lui. » Mais, Messieurs, cette distinction si réelle n'empêche pas des analogies nombreuses et incontestables. Le verrier est véritable- ment peintre, ses œuvres sont vraiment des peintures, quoique d'un genre particulier, son art enfin est véritablement un art. » Lors donc qu'on lui interdit la peinture , si on veut seu- lement lui rappeler que sa peinture à lui n'est pas la peinture ordinaire, on fait une chose inutile peut-être, mais enfin trè- raisonnable; si au contraire on veut lui faire admettre qu'il n'est aucunement peintre, que peindre sur verre ce n'est pas peindre , que sa peinture n'est pas de la peinture, on va mani- festement contre le bon sens. — 162 — » Mais soit, dit-on, qu'il peigne, le mot n'y fait rien, ce n'est pas de la peinture que nous voulons qu'il se défende, c'est du tableau y et on se retranche derrière ce mot comme derrière un boulevai*d inattaquable. » Voyons , Messieurs, s'il l'est autant qu'on le pense. t D'abord, que veut-on dire par tableau? Le tableau, ce me semble, comporte une multitude de genres, et des dimensions de toute nature il y a les tableaux de chevalet, les paysages, la peinture d'histoire, et dans chaque tableau il y a le dessin, le coloris , le fai/re en un mot. Quelle est de toutes ces choses celle qui est interdite au verrier? En lisant les nombreux ar- ticles de nos critiques , et en essayant de me rendre compte sans prétention de ce qu'il pouvait y avoir sous ce mot assez vague de tableau y je suis arrivé à cette persuasion qu'il couvre dans leur pensée une triple objection. » Ne faites pas de tableau, c'est-à-dire, pour quelques-uns, n'essayez pas de rivaliser avec ces qualités brillantes de des- sin, de proportion, de fini qui fait la beauté des peintures sur toile ce n'est pas votre genre , votre genre à vous c'est la tapisserie et non la peintm*e. » Que notre art se rapproche par quelques côtés de la tapis- serie, nous l'admettons parfaitement; mais n'est-il pas évident qu'il en est au moins aussi distinct que de la peinture sur toile. La composition lente et patiente de la tapisserie s'éloigne au moins autant de notre manière que celle-ci s'éloigne de la manière des peintres sur toile. 3> Mais d'ailleurs est-ce que la grande tapisserie ne fait pas du tableau ? Les paysages, les personnages en pied, les scènes des Gobelins ne sont-ils pas de vrais tableaux, et cependant ne sont^ ils pas de belles œuvres ? 9 n y a plus. Messieurs, la tapisserie fait des tableaux et ne peint pas, mais le verrier tient le pinceau, il est peintre, c'est un titre que le langage , l'opinion et la raison lui accordent. » n est peintre — et il ne ferait pas de tableau ? Il lui serait défendu de chercher des modèles dont la note serait à l'échelle comme proportions, il lui serait défendu d'étudier la nature et de la reproduire vivante et animée I Voilà, Messieurs, des as- sertions qui me confondent, qui trahissent des préjugés bien peu fondés en raison, et, je l'ajoute, qui sont en coûtradiction flagrante avec l'histoire artistique. - 163 - » Les verriers de la Renaissance ont étudié la nature y des- siné avec justesse, modelé avec soin, ils ont fait ce que vous appelez un tableau , je n'en veux d'autre exemple que la belle page de Sainte-Gudule , dont j'ai eu l'honneur de vous parler. Allez contempler cette scène, c'est une verrière, c'est un tableau, et cependant, de l'aveu unanime, c'est un chef-d'œuvre I » Ne faites pas de tableau, selon d'autres critiques, cela veut dire gardez-vous des grandes scènes; restez-en aux persoimages isolés, aux petites scènes de médaillon, mais n'élargissez pas votre cadre, cela n'est pas permis au verrier. Cette opinion est commime, et je vous avoue encore. Messieurs, qu'elle m'étonne étrangement. » Quand nous avons à remplir des baies immenses comme celle de Sainte-Gudule, il faut nécessairement y superposer des sujets en pied placés sous des dais d'architecture, ou bien diviser ce cadre en un grand nombre de médaillons restreints. S'il me vient une grande pensée, que je veuille l'exprimer d'une façon magistrale et la développer dans ce vaste cadre, cela me sera défendu parce que je suis verrier ? uniquement pour cela. » N'est-ce pas de la prévention ? » Si je passe outre, et que je fasse cette grande page, alors même qu'elle serait bien traitée, qu'il y aurait de la vérité, de l'unité de dessin, elle sera mauvaise parce qu'elle est sur verre? » Encore une fois, Messieurs, que dire d'une critique sem- blable? 3 Et chose extrêmement curieuse, en même temps que l'on exécute aussi impitoyablement ce tableau qui parle trop claire- ment aux yeux, on écrit des choses comme celles-ci Que les temps sont changés au moyen âge, la peinPare sur verre était le mode d'instruction le plus puissant qui existât.,, elle présen- tait au peuple chrétien l'enseignement du christianisme tantôt sous la forme émouvante de la légende, tantôt sous le voile transparent du symbolisme. » Quoi donc, la peinture sur verre doit parler au peuple , elle doit lui enseigner les grands mys- tères chrétiens; elle atteint ce but quand elle produit ces mé- daillons placés à vingt mètres au-dessus du pavé de nos cathé- drales et où l'œil distingue à peine les personnages; elle enseigne le peuple dans ces légendes que la science des archéo- logues a quelque peine à déchiffrer; mais elle ne dit rien, elle n atteint pas son but quand elle représente, dans ses grandes — 164 — compositions, les scènes de la vie du Christ, de la Vierge et des Saints ! » Avouez, Messieurs, que le verrier est de bonne composition quand il discute à froid de semblables arguments ! Enfin, dit-on , ne faites pas de tableoAj,^ parce que vous enlèveriez la transpa- rence du verre. » Erreur profonde , même pour les parties dont les teintes sont le plus accusées. Si en effet, le modelé est fort et vigou- reux, c'est que le sujet est de dimension considérable, et s'il est de dimension considérable, il se trouve indubitablement placé dans un édifice spacieux et à une grande élévation. Or, plus un sujet est élevé par rapport à notre regard, et plus le soleil a de puissance d'action sur les ombres même les plus soutenues, plus surtout il élargit les parties lumineuses au profit de la transparence en frangeant les parties ombrées. » Si d'ailleurs il arrive quelquefois que les teintes soient trop foncées, l'œuvre est blâmable sans doute, mais la faute en est au verrier et nullement au genre. Tous les genres peuvent être traités d'une façon transparente et lumineuse. Qu'importent les dimensions de la scène? L'effet général doit toujours être le même, puique les proportions de la lumière et des ombres ne changent pas. » C'est au verrier à trouver cette juste proportion , à ne pas accuser outre mesure ses teintes et à se souvenir toujours que la verrière doit éclairer l'édifice qu'elle décore. » Vous voyez, Messieurs, combien toutes ces critiques si vé- hémentes et si affirmatives soutiennent peu Texamen. » Aussi bien , il me semble difficile de comprendre pourquoi on nous restreint ainsi notre horizon artistique , à une époque surtout où l'on est disposé à accorder dans tous les arts , à la liberté d'allure d'ailleurs indispensable, une part si légitime. » Ne serait-ce pas être trop ambitieux , que d'ajouter encore ceci? On déplore souvent le dépérissement de la grande peinture , du grand art, on se plaint avec trop de sévérité peut-être qu'il n'y ait plus assez de largeur ni dans les conceptions, ni dans les œuvres quel mal y aurait-il si les verriers essayaient, pour leur modeste part, de relever cet art qui s'en va, de lui ouvrir leurs ateliers? Us ne demandent qu'une chose bien simple , c'est qu'on veuille bien leur permettre à! essayer et ne pas les condamner s'ils réussissent. - 165 - » Tenez, Messieurs, puisque vous m'écoutez avec tant de bienveillance, permettez-moi d'aller jusqu'au bout de ma pensée. » Toutes ces critiques sans hostilité et sans parti pris, je me plais à le reconnaître , mais aussi peut-être sans études pro- fondes et sans grande expérience, finissent par faire aux artistes verriers une situation véritablement singulière. » D'ailleurs, Messieurs, il y a ici des principes supérieurs qui dominent et expliquent tout, et dont la vérité est inatta- quable. » Du moment où Von veut bien nous accorder une place , si petite qu'elle soit, parmi les artistes, nous avons le droit de demander qu'on nous juge d'après les principes étemels de l'art. » Or, Tart a un but unique et absolu, — le Beau. Les moyens d'atteindre ce but sont relatifs et laissés à la liberté de chacun mais dès lors qu'une œuvre exprime le beau, de quelque ma- nière qu'elle ait été conçue et faite, elle est une œuvre d'art. » Un Corot n'est pas un Léopold Robert; l'un et l'autre ne sont ni des Rubens ni des Raphaël tous cependant sont des œuvres artistiques parce que tous expriment la beauté sous une de ses faces. » Je dirai de même qu'importe qu'une verrière soit grande ou petite, qu'elle soit mosaïque, en médaillon ou en scène d'histoire, si elle est belle, admirez; discutez sans doute, mais comme vous discutez tous les arts, et sans vouloir arracher au verrier ime liberté d'initiative et une indépendance d'action aux- quelles il a droit au même titre que tous les sculpteurs et les peintres. » Quelques observations sont présentées par MM. Lecocq et Famin. Conmiunication d'une note de M. Heurtault sur le verre incas- sable, traduction d'un passage de Pétrone. Ferunl sub Tiberio fabrum qaemdam vitrea vasa fecisse ejus tenacilatis , ut non nuigis quam awrea vel argeniea frangereniur. Cum ergo phialam ^jusmodi de purissimo vitro fabricassel, oblulU Cœsari, qui laudavit ar/t- ficis manum, Ille, quo sibi plenius admiralionem intueniium et gratiam imperatoris conciliaret , petitum a Cœsare vas prqjecit in pavitnentum tanto impetu, ut nec firmissimum œs mausisset iUœsum, Inde, is phialam suslu^ — 166 — lit, quœ tanlum collisa erat, tanguam vas Bneum, malleoloque de tinu pro- latOt vilrum correœit aptissime, crebrisque ictibus reparavit, Qtio facto, putabat se solium Jovis tenere , eo quod Cœsaris familiaritatem omniumque admirationem prmneruissei , sed secus accidit, Quœsivit enim Cœsar, num^ guid alius sciret hanc temperalionem vitrorum, Addunt, postquam negas- sei, illum ab imperatore jussum mori, guoniam sdlicety ut virum prudent iiorem Hmuisse et cavisse putant, si taie artificium propagatum esset, crgentum et aurum dehinc pro Uito habererUur, V. PÉTRONE. On rapporte que sous Tibère , un ouvrier fabriqua des vases de verre d^une telle consistance , qu'ils ne se brisaient pas plus que les vases d*or ou d'argent. Ayant donc façonné un vase de cette espèce , du verre le plus pur , il l'offrit à l'empereur qui loua Phabileté de Touvrier. Celui-ci , pour s'attirer plus complètement l'admiration des spectateurs et les bonnes grâces de César , redemanda le vase à Tibère , et le jeta avec tant de force sur le pavé , que l'airain même le plus solide aurait assurément été endommagé. Alors l'ouvrier ramassa le vase, qui était seulement bossue, comme l'aurait été un vase d'airain ; puis , tirant de sa ceinture un petit marteau, il redressa le verre très-adroitement, et le répara à petits coups redoublés. Cela fait , il croyait déjà voir l'Olympe s'ouvrir devant lui , d'autant plus qu'il se figurait avoir mérité l'amitié de César et l'admiration générale. Mais son attente fut trompée. En effet , l'empe- reur lui demanda si quelque autre que lui connaissait le secret de fabri- quer du verre semblable. On ajoute que l'artiste ayant répondu négati- vement, Tibère le fit mettre à mort, parce que comme le craignait sans doute , par un excès de précaution., ce prince trop prudent , si un tel art étsdt venu à se répandre , For et l'argent auraient perdu toute leur valeur. M. Lecocq demande qu'il soit donné lecture de la notice sur Port-Royal, dont Timpression est projetée par la Société. — Avant d'en décider Timpression il en sera fait lecture à FAssemblée. L'ordre du jour est épuisé ; la séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Barland François y professeur de quatrième au collège; présenté par MM. Met-Gaubert et Merlet. Barrois, docteur-médecin à lUiers; présenté par MM. Met- Gaubert et Merlet. — 167 - MM. BouTHEMARD, entrepreneur à Chartres; présenté par MM. Lecocq et P. Durand. DouLLAY Georges, avoué à Chartres; présenté par MM. Met-Gaubert et Merlet. IsAMBERT Gustave, homme de lettres à Paris; présenté par MM. les docteurs Robin et Harreaux. ViNET, cultivateur, maire de Garancières-en-Beauce; pré- senté par MM. Treille et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Romania, recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures romanes, par MM. Meyer et Gaston. Paris, F. Vieweg, libraire éditeur, 67, rue Richelieu. Envoi du Ministère. Bulletin archéologique et historique y société de Tam-et-Ga- ronne, t. IV, 4* trimestre 1876. Montauban, Forestier neveu. Bulletin de la Société des Antiquaires de VOuest, 4* trimestre de 1876. Poitiers, typographie Dupré. SÉANCE DD 3 MAI 1877. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, Chavaudret, Met-Gaubert^ Brosseron, de Bertheville, Besselle, Dussart, Famin, Gilbert P., Hue, Tabbé Foucault, Iiefebvre Aug., Legrand, Lecocq, doc- teur Legendre, Ossude fils, Tabfcé Pouclée , Ravault, Sévestre. Des regrets sont exprimés à propos du décès de notre confrère M. Béthanier. Il est ensuite arrêté que la séance publique annuelle aura — 168 - lieu le jeudi 14 juin, à deux heures, salle Sainte-Foi; M. E. Chesneau, critique d*art, à Paris, fera une conférence sur Y Art et l'Utile. Communication d*une lettre de M. Tlnspecleur d'Académie au sujet de l'Exposition scolaire. — L'assemblée décide qu'elle mettra à la disposition de M. Bos , sollicitant des récompenses spéciales, un exemplaire de Souchet relié et une médaille d'ar- gent, grand module, d'une valeur de 25 francs environ. Rapport de la Commission sur le château d'eau de l'aqueduc d'Houdouenne. Dans la séance du 8 février dernier, M. Lecocq a donné communication de la démarche par lui faite auprès du proprié- taire, au faubourg la Grappe, chez lequel a été trouvé le bassin de distribution des eaux de la fontaine d'Houdouenne , démarche ayant pour but l'acquisition du terrain occupé par ledit bassin , et de laquelle il ressort que le propriétaire céderait ledit terrain moyennant une somme de mille francs. M. Lecocq demande, si ce prix était consenti par la Société, quels seraient les moyens de conservation à employer, et propose qu'une commission de trois membres soit désignée pour étudier le tra- vail et donner le chiffre approximatif de la dépense. 9 La commission constituée dans la même séance a été con- voquée pour le 15 mars, à l'effet de remplir la mission qui lui était confiée. » Elle s'est, en conséquence, rendue sur les lieux, où, après un sérieux examen et diverses propositions sur les moyens de consolidation à employer pour arriver à la conservation de l'édifice, elle s'est arrêtée à la construction d'une voûte en moellon couvrant toute la superficie du bassin avec escalier d'accès couvert et fermé. » Le détail estimatif de la dépense, y compris l'enlèvement des terres de l'intérieur du bassin ainsi que les travaux de con- solidation des murs actuels, s'élève à la somme de 2,000 francs. » Cette somme, ajoutée au prix demandé par le propriétaire du terrain, constituerait une dépense de 3,000 francs pour la Société , et votre commission s'est demandé si le château d'eau , dans son état actuel de délabrement et de détérioration, offre un intérêt assez grand de conservation pour motiver une dé- pense aussi considérable elle ne le pense pas. — 169 — » La Société possède une notice et des plans exacts et cotés du bassin, ces éléments sont bien suffisants pour satisfaire à tous renseignements et indications utiles sur sa forme et la na- ture de sa construction. » Après délibération, les conclusions de la Commission sont adoptées. Il est accordé une médaille d'argent de 1 5 francs en faveui* du concours des Sociétés musicales qui se tiendra à Chartres, le dimanche 17 juin. Communication sur la séance du jeudi 5 juillet. Ce jour, et conformément à nos statuts, la Société se réunira en assemblée générale pour le renouvellement du Bureau. Tous les membres actuels sont rééligibles, à Vexception du Président. Il y aura, ce même jour, renouvellement de la Commission de publica- tion. Des lettres spéciales de convocation seront, à ce sujet, envoyées à tous les sociétaires. M. le Président propose à rassemblée la publication d'un ou- vrage manuscrit de M. E. Bellier de la Chavignerie sur le cou- vent de la Visitation ; cet ouvrage serait soumis à l'appréciation de la Commission de publication avant la séance de juillet. Diverses observations sont présentées au sujet des travaux antérieurement acceptés comme future publication w La décision de la Société avait désigné comme devant être imprimés 1 L'Histoire des chanoines de la cathédrale de Chartres; 2 Le Cartulaire de l'Abbaye de Thiron; 3* Le Journal d'un Bourgeois de Chartres^ ligueur 1579- 1592. M. Merlet déclare que, pour cette année et Taûnêe prochaine^ il ne peut s'occuper de la publication de V Histoire des Cha- noines. Quant au Ca/rtulaire de l'Abbaye de Thiron y il n'est pas non plus préparé. M. Lecocq annonce que, étant soumis à la clause éventuelle portée au procès-verbal, il n'a pas cru, jusqu'à ce jour, devoir s'occuper sérieusement du Journal d'un Bourgeois de Chartres; mais en présence de la déclaration faite présentement par M. le Président, il maintient son droit de publication à propos duquel il demandie un délai suffisant et un correcteur. Tome YL V, ' 12 — 170 — Rapport supplémentaire de M. Legrand sur les travaux des instituteurs; ce rapport complète celui de M. Person. I L'utilité et l'opportunité du concours historique et géogra- phique ouvert entre les instituteurs du département , s'est fait apprécier tout d* abord par le mérite des travaux auxquels la Société d'archéologie d'Eure-et-Loir a accordé ses premières * récompenses. » Aussi, pendant que la notice sur les Autels-VilleviUon vient d'être jugée digne d'être insérée textuellement dans les Mé- moires publiés par la Société, voici que d'autres travailleurs, répondant à l'appel adressé et à l'exemple déjà donné, viennent solliciter, à leur tour, pour leurs études, la bienveillante atten- tion qui peut leur être accordée. » Mais si la Société, au point de vue archéologique seule- ment, peut se féliciter dès à présent des résultats obtenus, elle n'est pas non plus indifférente à un autre but qu'atteindront certainement les concours annuels qu'elle a fondés. » En effet, quand le goût sera venu aux instituteurs de cette intéressante exploration , de ce qui s'est passé dans le lieu où les attachent les devoirs professionnels qu'ils ont à y remplir; — quand d'un côté ils se seront appliqués à se rendre un compte exact de la constitution géologique du sol , de son reUef , du régime de ses eaux, de son climat, de sa viabilité, etc. ; — quand de lautre côté ils seront devenus les dépositaires de tous les documents du passé, — de quelle utilité ne seront-ils pas à la mairie, comme greffiers , archivistes, conservateurs de tous les plans et de tous les titres? » Et ce ne sera pas tout encore. L'enseignement de l'école profitera des connaissances de l'instituteur. Les éléments de l'histoire locale se placeront à leur date parmi ceux qui se rap- portent à l'histoire générale et à ceux de la contrée , pendant que les enfants préluderont à l'étude de la géographie des grandes divisions par l'étude faite sur place des accidents topo- graphiques donnant son aspect physique au territoire envi- ronnant. Et , c'est parce que j'ai à faire valoir ces avantages du con- i ^ 171 - cours auquel quatre instituteurs viennent prendre part cette année, que je me félicite, Messieurs , d'être auprès de vous le rapporteur de la Commission chargée d'apprécier les travaux présentés et de solliciter les récompenses qui peuvent avoir été niéritées par chacun d'eux. II Notice historiée et géograpMgue sur la commime de Nottonvllle. Par H. Chanteorain , institutewr adjoint , à Brou. » C'est à ce Mémoire que la Commission d'examen a donné le n 1*' en raison des faits aussi nombreux qu'importants qu'il renferme dans l'une et l'autre de ses deux grandes divisions Histoire et Archéologie; Topographie et Géographie physique du pays '. • Dans la première partie , l'auteur de la notice relève plu- sieurs monuments de l'époque celtique » Trois pierres druidiques. • D'autres pierres avec rainures ayant eu certainement pour usage le polissage des armes; comme auprès de la Grenouillière se trouve une agglomération de grès erratiques déjà indiqués et dessinés iar M. Lecocq, et ayant servi de polissoir. • Recherches infructueuses pour trouver aux environs des haches ou seulement des silex ayant reçu un commencement détaille. Une voie romaine est ensuite caractérisée par son appareil de construction ; et il semblerait aussi à quelques mouvements de terrain encore visibles, qu'il y eût là des retranchements, des camps à reporter à l'époque gallo-romaine. » Aucun vestige, aucune chronique ne donnent ouverture pour Nottonville et lieux environnants sur des faits qui se se- raient placés dans cette longue époque de transition luttes des Francs en Neustrie, Austrasie, Bourgogne, expéditions en • La première partie du travail aurait toutefois reçu par Tinstituteur la dé- nomination erronée de commune d'autrefois, puisque la commune d'autrefois n'existait pas. - 172 — Aquitaine et mouvements militaires occasionnés par l'invasion des Sarrasins et des Normands. » Rien que des restes de constructions détruites par la guerre ou par Tincendie, substructions souterraines dont l'existence ne remonterait pas aux Gaulois ou aux Romains , mais qui sem- bleraient bien plutôt appartenir à la première période de l'his- toire monacale y alors que les moines fixaient les populations sur le sol par les travaux de Tagriculture, priaient, travaillaient des mains et ouvraient leurs cloîtres aux grandes infortunes dont elles étaient la pieuse retraite. » Nous voici arrivés au Moyen- Age , avec des chroniques , des constructions, dont diverses parties sont encore existantes, qui permettent de donner des renseinements certains sur l'or- ganisation seigneuriale, sur l'abbaye ou prieuré ressortissant de Marmoutier, sur les juridictions civiles et monastiques et sur l'histoire et le caractère archéologique de ITlglise. » Les recherches sur cette partie de l'histoire de No tton ville ont reçu de l'auteur de la notice un très-grand développement; c'est la partie principale de son travail. V Les comtes du Puiset et de Chartres ont leurs châteaux- forts dans la contrée où, dès le XI siècle, des demeures sei- gneuriales s'établissent partout. » Au Bois qui devient bientôt l'Abbaye-au-Bois. 9 Au château de la Brosse , d'abord au seigneur du Puiset , puis à la maison de Goian , puis à la famille d'Aligre, puis enfin à la famille de Riantz. » A la Ghenaudière. » A Pontault, avec la famille Groslot. » A Secouray, avec la famille du BreuiL » AVallières. >» Le jeune investigateur suit ces familles dans leurs filiations et alliances et dresse même le tableau généalogique de chacune d'elles, espèce de nobiliaire de la contrée. n Nous mentionnons seulement le travail précité, attendu surtout que les personnages indiqués vont remplir souvent ail- leurs de hautes charges royales , et cessent dès lors d'appartenir à la contrée. »» L'historien de Nottonville place ensuite au XI siècle la fondation de l'Abbaye ou mieux Prieuré du Bois. » Ebrard I" ou Thibaut IV, avant le départ pour la croisade , I — 173 — fait don da domaine où doit s'établir l'abbaye aux moines de Mannoutier, et il augmente au retour de la Terre -Sainte les libéralités seigneuriales. 1 M. Chantegrain ajoute à son Mémoire des renseignements fort intéressants sur la faune et la flore de la commune de Not- tonville ; mais ces renseignements n étant pas dans les limites du programme, la Conmiission a*a pas cru devoir en tenir compte , non plus que du recueil de mots usuels employés dans la conmiune et les environs. Ces mots, 'dits usuels, ne sont en effet que des emprunts faits au vieux français littéraire , et sont loin de constituer un patois. > La Commission estime que la partie historique du travail de M. Chantegrain, bien que l'exposition en soit un peu con- fuse, mérite certainement le n^ 1 dans le classement des quatre mémoires qui lui ont été présentés. III Études sur la commune de Beaumont-les- Autels. Par M. Thibault, instituteur ^ à La Bazoche - Gouët. » Nous sommes ici en présence d'un recueil considérable de notes intéressantes à consulter, mais le travail d'ensemble n'a pas reçu la dernière main. » L'auteur nous présente d'abord l'historique général des an- ciennes paroisses de Beaumont-le-Chartif et des Autels-Tubœuf avec les Cailleaux , et nous fait assister aux différents événe- ments dont le territoire de ces paroisses a été le théâtre ; puis, après avoir donné quelques extraits des registres de l'état-civil deBeaumontet des Autels, il passe à la description topogra- phique du bourg de Beaumont, de l'église, du château, et cite les différents hameaux ou maisons isolées, au nombre de qua- rante-neuf. » M. Thibault fait ensuite l'historique de l'invasion allemande sur le territoire de la commune de Beaumont-les-Autels, et termine par une note sur un parent du général Marceau, qui aurait habité cette conunune. » Il est à regretter que M. Thibault n'ait pas consulté les - 174 - archives des anciens tabellions et notaires de Tendroit; il y aurait puisé certainement les moyens de coordonner et relier les diverses parties de son travail, qui, basé seulement sur les Registres de Tétat-civil, renferme nécessairement des lacunes. IV Étude sur la communt d'Tmonvllle. Par M. Lagrde, msHtuteur, à Ymonville. » L'auteur de ce travail a le tort de ne s'appuyer que sur des hypothèses et d'essayer de prouver ce qui est un fait acquis. Il est en effet certain que les Gaulois ont habité notre pays, que les Romains Tout parcouru, que la féodalité y a régné. Nous trouvons des détails très-exacts et très-minutieux dans la des- cription du souterrain de Rosay, à côté des légendes de Saint- Martin de Viabon et des comptes du curé Duvoy. » Bref, à côté d'allégations purement fantaisistes, ce travail, qui est le résultat d'une certaine observation, renferme des renseignements qui ne sont pas sans intérêt ni sans utilité. Étude sur la commune de PrasvUle. Par M. Ledoux, instituteur, à Prasville. » Ce dernier travail a le tort de n'être qu'une compilation dont les éléments sont fournis en grande partie par Y Annuaire d'Eure-et-Loir et le travail de M. Merlet sur les registres de l'état-civil. La commune de Prasville doit cependant offrir des moyens de travail assez considérables. Ni les minutes des an- ciens notaires, ni les vieux titres des familles, assez nom- breuses, qui habitent la conunune et jouissent d'une certaine notoriété dans le pays, n'ont été consultés. Du reste, un tel travail exige du temps et des recherches, et M. Ledoux, qui n'est à Prasville que depuis fort peu de temps, a fait preuve de bonne volonté , sans avoir les moyens de bien faire. — 175 — VI ConclnsiGn. » En résumé, Messieurs, la Commission, après vous avoir exposé le résultat de son examen, vous propose de décerner » lo A M. Chantegrain, instituteur adjoint à Brou, pour son étude sur la conunune de Nottonville, un prix d'une valeur de soixante francs; » 2o A M. Thibault, instituteur, à la Bazoche-Gouët, pour son travail sur la commune de Beaumont-les- Autels, un prix d'une valeur de cinquante francs; » 3* A M. Lagrue, instituteur, à Ymonville, une mention honorable avec V Abécédaire archéologique de M. de Caumont , pour son travail sur cette commune; » 4* A M. Ledoux, instituteur, à Prasville, pour son travail sur cette commune , ime mention honorable , avec l'abécédaire archéologique de M. de Caumont. » Après quelques mots du Président, rassemblée adopte sans discussion les conclusions de ce rapport. La séance est levée à quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOGl£TÉ La Poésie des Bêtes, par M. Touche. Chartres, Brosseron, 1877. Don de l'auteur. Etude clinique sur la fièvre primitive des blessés, par le doc- teur Gabriel Maunoury. Paris, Baillière 1877. Don de M. le docteur Maunoury père. Inventaire sommaire des archives départementales d'Eure-et- Loir, t. m. Chartres, Ganiier, 1871. Recueil et publications de la Société Hâ^^raise {ISli-lSlb. Le Havre, Lepelletier, 1876. - 176 - SÉANCE PDBLIQDE ANNUELLE DD 14 JUIN 1877. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à deux heures dans la salle Sainte-Foy, devant un nombreux public de Dames et de Messieurs. Au bureau siégeaient MM. Merlet, président; Delacroix, maire de Chartres, président d'honneur; E. Chesneau, et Met- Gaubert, secrétaire. M. le Président annonce que M. le Préfet, étant retenu impé- rieusement par ses occupations, s'excuse de n'avoir pu se rendre à la réunion. Puis il donne lecture du discours suivant de Vendosme , est passé à Illiers en parfaicte santé , et après • avoir disné en l'hostel presbytéral dudit lieu et avoir eu » agréables les gages et témoignages de nos affections et recon- 1» noissances envers lui , et nous avoir aussi témoigné des senti- » ments extraordinaires de son affection et bonne volonté, il 1» est allé heureusement soupper et coucher à Chasteauneuf , et » le lendemain en son chasteau d'Anet , où il estoit attendu par • M" la duchesse de Vendosme. » — 180 — Le vendredy 15^ jour de septembre 1651 , César de Bour- D bon , duc de Vendosme , grand-amiral de France , est arrivé » et a couché dans Thostel presbytéral d'Illiers , et le jour sui- I» vaut, j'ai accompagné S. A. jusques à Chastillon, d'où il est i> heureusement allé coucher en ses ville et chasteau de Veu- n dosme. » Le lundy 16 jour de juillet 1657, U^ le duc de Vendosme » a couché chez moy à Illiers , revenant de son chasteau d' An- • net, où il s'estoit rendu avec tous les siens dans la résolution » d'y passer quinze jours dans les plaisirs et divertissements de » la chasse ; mais ayant sceu et recognu que les bledz et autres •> fruiclz de la terre estoient encore pendants par leurs pieds et » racines , et que , mesme sans avoir égard aux trop violentes » et insupportables chaleurs, il en eust sans doute perdu et » gasté la plus grande partie , il a pris résolution de différer sa » chasse jusqu'à l'automne et d'aller le lendemain coucher au » chasteau de Chantemerle, où, par ses ordres, j'ai eu le » bonheur de l'accompagner. » Le mercredy 7* jour de novembre 1657, M^ le duc de Beaufort, ayant couché chez moy le 31 octobre pour aller M se rendre à Aniiet pour aller et y faire la saint Hubert avec » M le duc de Vendosme, son père et seigneur, est repassé en » grande diligence, et a seullement, avec M. le marquis de » Coigné , séjourné deux heures chez moy à Illiers. » Le lundy 30* décembre 1658, U^ le duc de Beaufort, estant » miraculeusement guéri d'une violente et longue maladie, » dans la première sortie et voyage qu'il a fait de la ville » et chasteau de Vendosme, est venu coucher chez moy, et en » est parti le même jour après dîner pour aller à gîte au chas- » teau d'Auneau. » Qu'est devenu l'hôtel presbytéral de Saint-Jacques d'IUiers? Que reste-t-il de la chambre des ducs de Vendôme et de Beau- fort? » Beaucoup mieux que moi , Messieurs , vous pourriez nous renseigner à cet égard ; mais je crains bien que de nos deux Altesses il ne reste pas même un souvenir dans l'esprit des ha- bitants d'IUiers. Le presbytère est encore, si je ne me trompe, le même qu'avant 1789. Il ne fut pas vendu, en effet, lors de l'adjudication des biens nationaux, et à la réouverture des - 181 - églises, il redevint la propriété de la commune. Il se composait alors je parle de l'an VII de trois cabinets par bas , autant au premier étage, grenier sur le tout, cave, jardin de 12 ares 38 centiares et cour devant. Il était occupé en ce moment par rinslituteur, le ministre desservant, la justice de paix et le con- cierge de la maison de sûreté. Peu à peu , les divers services se régularisèrent. En Tan XI, on restaura le logement de Tinstitu- teur qui se composait d'une portion de grange et du bûcher du presbytère. Vous voyez quels progrès nous avons fait depuis ! On y construisit une cheminée qui n*existait pas encore, on fit paver la classe, et on y installa un frère des Écoles Chrétiennes, auquel, pour tout salaire, on donnait le logement et on rem- boursait les frais de son voyage de Rouen à lUiers. C'est là le commencement des écoles publiques à lUiers depuis la Révolu- tion que de chemin parcouru depuis cette époque , mais que de ruines aussi il y avait à réparer ! » Pardonnez-moi cette digression que m'a inspirée le local où nous sommes réunis en ce moment ; je reviens à notre presby- tère de Saint-Jacques d'IUiers. » Les ducs de Vendôme et de Beaufort ne sont pas les seules illustrations qu'il rappelle. » Le dix-septième siècle, vous le savez tous, fut pour l'Angle- terre une ère de révolutions protestants et ^catholiques se fai- saient une guerre acharnée; le protestantisme finit par triom- pher, et en 1688, le protestant Guillaume d'Orange, stathouder de Hollande, mit un terme à cette période de sinistres commo- tions en chassant du trône le dernier roi de la dynastie des Stuarts, le catholique Jacques II. Le monarque vaincu se réfu- gia en France, l'asile ordinaire des rois détrônés. Il ne rentre certes pas dans mon plan de vous faire l'histoire des vaines ten- tatives opérées pour remettre Jacques II sur le trône ; mais ce que je veux constater , c'est la venue dans notre pays de Beauce d'une foule d'ecclésiastiques des plus nobles familles d'Irlande qui avaient suivi le roi dans son exil. Nos paroisses se peuplè- rent de prêtres irlandais le voisinage de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles en fut sans doute la cause. B C'est là im fait historique qui a passé jusqu'ici inaperçu et qu'il est pourtant curieux de signaler. Les O'Mahony, les Mac'Carthy, les O'Connor, etc., eurent pendant plusieurs années leurs représentants parmi nous. Pour citer quelques exemples, ^ 182 —' en 1705, Richard Pierse, docteur de Sorbonne, évcque de Walerford , venait donner la confirmation à Gallardon ; — en 1724, mourait à Billancelles, Thadée O'Cruoly, curé de la pa- roisse, docteur en théologie, comte palatin, protonotaire du Saint-Siège apostolique, aumônier honoraire de Jacques II, ancien doyen de l'église cathédrale de Limore, et abbé comman- dataire de Tabbaye royale d'Uony; — le cousin de celui-ci, Corneille O'Cruoly, aussi docteur en théologie, d'abord curé de Gommerville, passait en 1720 à la cure de Fonlaine-la-Guyon ; — Patrice O'Connor mourait vicaire du Favril en 1738; — eu 1718, mourait à Gallardon J. B. O'Ruork, religieux augustiu du couvent de Cork, vicaire de la paroisse de Gallardon. » Je pourrais multiplier les citations ; mais j'ai hâte d'arriver à ce qui vous intéresse plus particulièrement. Or, voici ce qu'on Ut dans les registres de l'état civil de la paroisse Saint-Jacques d'Illiers L'an 1704, le 4 février, a esté inhumé en l'église de » Saint-Jacques d'Illiers, le corps de feu vénérable et discrette » personne messire Constantin -Roger MacrMahon, prestre, V vicaire de cette paroisse, âgé de 40 ans ou environ. » Et en effet, pendant trois ou quatre ans, de 1700 à 1704, on peut lire la signature de Mac-Mahon au bas des actes de baptêmes, de mariages et de sépultures. j Vous connaissez tous les origines de la famille de l'illustre maréchal qui gouverne la France aujourd'hui. ï Descendant en ligne directe du monarque irlandais Brian le Grand qui régnait au XI siècle, les Mac-Mahon quittèrent leur pays natal à la suite de leur souverain légitime. Le chef de la famille, Moriart Mac-Mahon , restait, il est vrai, en Irlande, pour y soutenir les droits du monarque légitime, mais un des frères, engagé dans les ordres, devenait vicaire de Saint- Jacques d'Illiers dès la fin du XVII* siècle, et les deux fils de Moriart Mac-Mahon, longtemps errants, abandonnaient défini- tivement l'Irlande à la suite du prince » De ces deux fils l'un vint en Portugal, où il reçut immédia- tement Tordre du Christ, et où il fut nommé major du régiment d'Alcantara. L'autre fils, Patrice, resta à la cour des Stuarts et épousa une fille de la noble famille de 0' SuUivan-Beara. » Le fils de Patrice Mac-Mahon, Maurice, était, en 1746, capitaine du prétendant Edouard d'Ecosse ; il servit ensuite en la même qualité, en Espagne, dans le régiment d'Ultonia. — 183 — Nalui'alisé Français en 1750, il devint seigneur de Magnien, en Bourgogne, et fut nommé capitaine dans le régiment de Fitz- James. La même année, il reçut le titre de chevalier de justice de Tordre de Malte. » Jean-Baptisie Mac-Mahon, le neveu de notre vicaire, ne en 1715 à Limerick, se fit recevoir, le 4 août 1739, docteur en médecine en l'Université de Reims ; il vint s'établir à Autun , et sa noble origine, son talent médical lui procurèrent une alliance qui permit à la famille de recouvrer presque inmiédiatement son antique splendeur, Jean-Baptiste Mac-Mahon épousa M"* le Belin, marquise d'Eguilly, et à la suite de ce mariage, sa no- blesse fut reconnue par un arrêt du Conseil d'Etat sous le titre du marquisat d'Eguilly, ce qui lui donnait le droit de monter dans les carrosses du Roi. » Le marquis d'Eguilly eut deux fils l'aîné, Charles-Laure Mac-Mahon , marquis de Viange , capitaine au Royal-Cavalerie de Lorraine, devint lieutenant-général et pair de France sous Charles X; le second, Maurice-François, comte de Charnay, était maréchal de camp. Il épousa, en 1792, à Bruxelles, M"* Pélagie-Edme-Marie Riquet de Caraman, dont il eut neuf enfants. Le troisième de ces enfants, Maurice de Mac-Mahon, né le 13 juin 1808, mit le sceau à la grandeur de la famille, n devint maréchal de France, duc de Magenta, et est aujour- d'hui le glorieux Président de la République française. » Certes, l'humble vicaire d'Illiers n'avait jamais dû rêver si grande fortune pour son arrière-petit-neveu. Et vous-mêmes, Messieurs, peut-être ne soupçonniez- vous pas que vous pouviez presque revendiquer comme compatriote celui qui a l'honneur de gouverner la France. Car remarquez que ce n'est pas seule- ment notre vicaire qui relie au département d'Eure-et-Loir le maréchal Président de la République. La mère du maréchal, M"* de Caraman, est de cette noble famille de Caraman dont le nom est encore cher aux habitants d'Anet. » Pardonnez-moi, Messieurs; je ne me suis pas circonscrit dans le cercle de la pure paléographie il m'aurait été facile do remonter bien loin, sinon dans la nuit, au moins dans l'obscu- rité des premiers siècles de notre histoire j'y aurais trouvé le nom d'Illiers inscrit, dès le XI siècle, panni les villes les plus fortes de notre contrée ; j'aurais pu dérouler devant vos yeux les faits et gestes de quelques-uns des anciens propriétaires do — 184 — votre château passant du grave au doux, j'aurais évoqué le sou- venir de la puissante Catherine d711iei*s, la trop illustre abbesse de Saint-Avit, ou celui de la belle duchesse de Venieuil, Hen- riette de Balzac d'Entragues , qui toutes deux appartiennent à votre ville. J'ai préféré vous parler de faits que vous ignoriez peut-être davantage, mais qui, en tout cas, touchent plus par- ticuUèrement à Fhistoire intime de votre cité. » J'ai essayé d'être court et j'ai peut-être encore abusé de votre indulgence. Ce qui me servira d'excuse, c'est que j'ai voulu vous montrer, par des exemples personnels, combien l'archéologie peut intéresser chacun de nous ; combien l'étude des anciens monuments , la lecture des vieux grimoires peuvent donner de renseignements inattendus, rattacher au pays les per- sonnes qui y semblent complètement étrangères, jeter un jour nouveau sur les événements de la localité. Ce que veut la Société Archéologique d'Eure-et-Loir, c'est inspirer autour d'elle l'amour du pays natal, l'amour du foyer et de tout ce qui s'y rattache, en apprenant à chacun les traditions de son hameau , de son village , de sa cité. Malheureux les hommes qui ne connaissent pas leurs aïeux ! en étudiant le passé , on se prend malgré soi à aimer mieux le présent; on s'attache plus sûrement à ce que Ton possède quand on sait comment on l'a acquis. Aussi, nous estimerions-nous heureux si nous pouvions, par le peu que nous vous avons raconté , vous inspirer le désir d'en savoir da- vantage notre journée ne sera pas perdue si , chez quelques- uns d'entre vous , nous faisons naître la légitime curiosité de connaître l'histoire du temps pass^. Nos ancêtres ont travaillé, pendant de longs siècles , pour nous faire ce que nous sommes aujourd'hui ; c'est à nous à ne pas démériter de leurs efforts et à prouver , en marchant sur leurs traces , que nous ne sommes pas indignes de l'héritage qu'ils nous ont laissé. » Ce discours est à plusieurs reprises vivement applaudi. Lecture d'une pièce de vers intitulée Les Moissons ^ de M. I^ Goux, à laquelle on fait l'accueil le plus sympathique. LES MOISSONS. Le ciel de Messidor, ardent comme un foyer, Sous son rayonnement, semble faire ondoyer - 185 — La terre qui se fend et soupire après Tonde ; Cest la saison bénie où la nourrice blonde Livre ses grains mûris aux rudes moissonneurs Et garde , du festin , les miettes aux glaneurs ; Test la fête des blés , fête saine , opulente Chaque sentier qui mène à la plaine brûlante Est , dès Taube , animé pai* des refrains joyeux ; Jusqu'aux bleus horizons quUnterrogent les yeux , Les vagues d'or bruni des moissons onduleuses S'agitent sous le vent , comme des mers houleuses ; Elles jonchent le sol de leurs débris épars ; Sous leur poids écrasant plient les rustiques chars , Et les gerbes laissant flotter leurs riches franges , Vont lourdement remplir les larges flancs des granges. L'abondance et la joie , en reines des moissons , Président aux travaux ; les rougissants buissons Abritent , des oiseaux la troupe effarouchée , Quand la faulx met à nu la craintive nichée. Les petits cris d'effroi des pauvres oisillons , La note monotone et sourde des grillons , Les fiers hennissements des puissants attelages , L'heure qui fait tinter les cloches des villages. Les chants des moissonneurs , les francs rires d'enfants Se mêlent, dans la plaine, aux hymnes triomphants De la libre alouette t Artiste intarissable , Elle n'est, dans les airs, qu'un point, un grain de sable, Mais Dieu sut lui donner, pour chanter au soleil , Le saint enthousiasme , un cœur ardent pareil A celui du poëte , et , pour franchir l'espace , Une aile qu'en vigueur nulle autre ne surpasse ! VAngelw de midi qui susi^nd les travaux Bondit , clair et léger , par les monts et les vaux ; L'homme quitte la faulx , la femme la faucille , Les enfants le râteau ; le chef de la famille Conduit au rendez-vous fixé pour le repas Ses petits qu'une fleur arrête à chaque pas. Au milieu du désert fertile , un massif d'ormes Gigantesques , touffus , avec des troncs énormes , Étend , sur les champs nus , son vaste parasol Qui , d'ombre et de fraîcheur , couvre un arpent du sol ; Parmi ces vieux géants , une source hmpide S'échappe d'un rocher et s'écoule rapide , Sur un lit de cailloux , vers l'attirant vallon ; C'est là que le fermier , vénérable colon , — 186 — Patriarche adoré , de mœurs vraiment antiques , A fait, sur le gazon servir les mets rustiques. Lorsque ses serviteurs , égrenés dans les blés , Sous ses yeux paternels se trouvent rassemblés , Il découvre son ffont blanchi par les années Et, debout au milieu des tètes inclinées, Gomme un chêne entouré de jeune frondaison , Il dit , au nom de tous , cette simple oraison • Seigneur , de tes enfants bénis la nourriture , » Car rude est le sentier qu'il nous faut tous gravir M Pour atteindre la vie éternelle et future ; » Afin d'y parvenir, donne à ta créature » La grâce qui te fait aimer et mieux servir ! » Après s'être signé , chacun se fait , sur l'herbe , A la place choisie , un siège d'une gerbe , Et le repas commence ; une saine gaîté Y mêle sa saveur à la frugalité -. La joie honnête et franche avec le vin circule , Le repos , dans le sang , lentement s'inocule ; Le muscle se détend ; le corps s'épanouit ; Gomme un feu qui s'éteint, l'esprit s'évanouit, Et bientôt , emportés vers l'espace où les songes Bercent notre pensée avec leurs doux mensonges , Père et mère bronzés , enfant pur et vermeil , L'un sur l'autre appuyés , oublient dans le sommeil L'implacable labeur qui les courbe et les lasse. Les groupes sont charmants d'abandon et de grâce , Car la nature seule est maîtresse dans l'art De faire , à ses tableaux , concourir le hasard ; Les rêves suspendus sur les paupières closes , Consolants ou trompeurs , sont tous couleur de roses ; Aussi , les fronts sereins sont-ils sans un seul pli Trahissant la douleur ; le devoir accompli Semble faire planer sur la troupe endormie , Après l'ardent combat , la tranquille accalmie. Dormez, dormez sans trouble, hommes simples des champs La paix ne hante point le chevet des méchants ; Ils n'ont pas comme vous , avec la patience , Le culte du travail pour unique science , Pour leur parler de Dieu , des cieux tout constellés De soleils plus nombreux que les grains de vos blés ; Ils n'ont pas vos enfants pour égayer leurs veilles , - 187 — Vos antiques forêts pour chanter les merveilles Et pour bénir l'Auteur de la création ! Non ! . . . Mais ils ont la soif de Tor , Tambition Qui leur allume au cœur , avec la convoitise , Le feu des passions que la débauche attise ; Ils traînent dans la rue , ainsi qu'un vieux manteau , Leur jeunesse fanée ; ils portent Fécriteau Du long désœuvrement , de Timpuissante envie Et de Tennui profond qui gangrènent leur vie ! Cependant le soleil , penché vers Thorizon , Allonge par degrés Fombre sur le gazon Dans la fraîche oasis où murmure la source , Folle qui croit trouver le bonheur dans sa course , Les moineaux francs parleurs commencent à jaser , Le merle siffle un air qu'il vient d'improviser Et bientôt les concerts roulent en avalanches De tous les nids soyeux abrités dans les branches. Gomme un pâtre entouré de paisibles troupeaux , Le maître qui seul veille , afîn que le repos Soit doux aux serviteurs , les nomme , les appelle , Et , leur montrant la plaine où la chaleur ruisselle , Où les épis , courbés sous le poids du bon grain , Ont épuisé de sève un généreux terrain , Il dit " Allons , enfants , il est Fheure ; à Fouvrage ; » Et chantez ! Cœur qui chante est armé de courage ! » Le signal est donné ; la troupe , à Funisson , Attaque avec vigueur Fhymne de la moisson GHGBUR DEa MOISSONNEURS. Amis , à Forient , Faube annonce Faurore ; » Ecoutez I... Falouette a commencé ses chants ; » L'étoile disparaît du ciel qui se colore ; » Moissonneurs , hàtons-nous ! Fépi mûri se dore ; » C'est le pain; c'est la vie! Amis, courons aux champs! UNE JEUNE FILLE. • La marguerite aux prés , les bleuets aux campagnes X Et mêler des épis à leurs fraîches couleurs ! — 188 — UN JEUNE HOMME. n Que de sang tiède encor sous la fleur parfumée ! . . . » Les noirs Teutxns ont fui vers leurs brumeux climats . . » Patrie , ils ont cru ta mort bien consommée ; » Mais , dans ton sein fécond , germe une jeune armée y> Qui se forme sans bruit pour les futurs combats ! » UNE MÈRE. c Nous dont les mains , 6 France , ont pansé ta blessure , » Nous en gardons encor la rage dans le cœur ! u Non , jamais nos enfants n^oublieront ton injure ! » Notre lait et ton pain qui sont leur nourriture » Allument dans leur sang la haine du vainqueur ! . . . » UN PÈRE. » Je sens mon triste cœur renaître à Tespérance ; » Dieu ne Va. pas tari la source du bonheur ! » UN VIEILLARD. ' Peuple , à genoux ! ton Dieu fait les plaines superbes ; u G*est pour jaunir tes blés que son soleil a lui ; » Cest pour nourrir ton corps qu'il fait pousser ces herbes ; » Quand tu les couperas et les lieras en gerbes , » Ah I que ton âme , au moins , s'élève jusqu'à lui I CHOEUR DES MOISSONNEURS. Amis , à l'orient , l'aube annonce Taurore ; » Écoutez ! . . . l'alouette a commencé ses chants ; » L'étoile disparaît du ciel qui se colore ; M Moissonneurs , hâtons-nous ! l'épi mûri se dore ; » C'est le pain, c'est la vie ! Amis, courons aux champs !... > Et l'hymne , en s'éloignant avec la lourde marche , S'affaiblit et s'éteint ... et le vieux patriarche Qui voit avec orgueil son vigoureux essaim Reprendre sous ses yeux le labeur rude et sain , Murmure alors ces mots , où sa noble pensée , De rhythme et d'harmonie est encor rehaussée — 189 — n Ti'avail , loi sacrée à qui rHumanité » Fut soumise, au berceau» par la Divinité, » Avec tout ce qui vit dans l'espace et les ondes ; » Attraction qui met en mouvement les mondes , » Sel qui conserve pur de putréfaction M Le chef-d'œuvre éternel de la création , » Principe fécondant, souffle qui vivifie » Le corps avec l'esprit, feu qui les purifie, » Force qui se divise et touche à l'infini , » Levier de T univers, 6 Travail, sois béni !... » Nul, s'il ne veut périr, à ton joug salutaire, >• Ne peut se dérober. La source solitaire, » La sonore forêt, les monts silencieux, » L'infime ver qui rampe et l'aigle audacieux, » L'ouragan qui rugit, la brise qui soupire, » Le flot mélodieux qui sur la grève expire , » La fleur qui livre au vent ses parfums enivrants , » Le soleil immobile et les astres errants , » Tout féconde, édifie, obéit, te salue » Et se plie avec joie à ta règle absolue !... » Seul , l'homme créé libre , attiré vers le mal » Par tous les appétits charnels de l'animal , » N'ayant que sa raison trop faible ou trop novice » Pour suivre la vertu sans tomber dans le vice , » Seul , l'homme se révolte et cherche à s'affranchir D'un arrêt qu'il voudrait en vain faire fléchir, » D'un pouvoir qui le courbe et souvent le torture , » Mais qui guide si bien son étrange nature , » Que, dans sa seule voie, il rencontre l'honneur » Et, dans son seul amour, la paix et le bonheur !... » Et la faulx, sur le chaume, aligne la javelle Ainsi le temps qui fuit moissonne et renouvelle Les générations!,.. Les grands troupeaux humains Tombent à tous les veûts et sur tous les chemins -. Leurs corps , ensevelis dans le champ solitaire , Font germer le froment que la charrue enterre Et, des brises d^été, les pénétrants frissons Font tressaillir les morts couchés sous les moissons !., Coulombs , septembre 187i. Notice biographique par M. Met-Gaubert, sur Florent d'Illiers^ ce vaillant compagnon d'armes de Jeanne Darc et de la Hire. - 190 — L'auteur sollicite, eu terminant, la permanence du souvenir de Tillustre capitaine, au sein des murs de la ville, à cause du nom glorieux qu'il porte et qui se rattache si dignement, on le sait, au siège épiscopal de Chartres. Le vœu du Secrétaire a été exaucé à la suite d'une pétition adressée par les habitants au Conseil municipal. Celui-ci, à V unanimité y a pris la détermination d'appeler rue Florent- d'IllierSy ime des principales voies de la cité ^ Mémoire archéologique de M. l'abbé Marquis, curé dllliers, sur les monuments celtiques du département. a L'occupation romaine a laissé peu d'empreintes dans la ré- gion d'IUiers. Un tronçon de voie publique venant se perdre à Magny, une ligne de retranchement sur la colline qui domine l'étang de Nonvilliers, le podium d'un temple, qui, avec autant de probabilité, pourrait être un tumulus, à Montjouvin c'est à quoi se résument chez nous les souvenirs apparents de l'ère de la conquête. » La forêt du Perche ceignait, à celte époque, Y oppidum d'IUiers de là le silence et l'ombre dans lesquels le monde romain le laissa. On dit Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire ! — Et moi j'ajoute Heureuses les localités qui , dans le désert de leurs annales, peuvent rencontrer des historiens tels que vous, Messieurs , pour recueillir et mettre en lumière des pages d'au- tant plus précieuses qu'elles sont plus rares I... Dans ce jour où notre ville vous voit pour la première fois, je me constitue son interprète et vous remercie de l'honneur que la science nous fait en vos personnes. Et comme un bonheur ne vient jamais seul , il nous arrive cette bonne fortune que le représentant du chef de l'Etat daigne rehausser par sa présence la modeste solennité de notre réunion. N'est-ce pas nous dire éloquemment quel protecteur dévoué la science et les arts de la paix trouve- ront toujours en lui ! Nous apprécions, comme nous le devons, le témoignage flatteur que M. le Préfet donne à notre ville. ' Cette notice eût été reproduite , en entier , si elle n'avait pas été déjà imprimée , après la séance publique qui a eu Heu à Cbàteaudun , le 26 juin 1864. Se reporter au tome III , page 69, des procès-verbaux pour Ty retrou- ver. Quelques modifications ont eu lieu pour la séance publique, tenue à llliers, le lo' juillet 1877. - 191 — » Messieurs , la Société d'archéologie a réveillé chez nous le goût des recherches et encouragé l'érudition en l'éclairant. Par elle, les vieux monuments de Tart et du savoir sont plus res- pectés, et environnés d'un culte intelligent les édifices antiques se restaurent avec plus d'entente du style architectural, et des esprits distingués, épris d'une louable émulation, s'élancent dans cette voie lumineuse où vous les avez devancés. L'histoire locale vous est redevable de sérieuses recherches. La nôtre, en particulier, a été presque épuisée par vos travaux. Après les savants documents mis au jour par notre honoré Président, après la notice presque complète publiée par M. Lefèvre, après un résumé de la vie de Florent dlUiers , dû à la plume autorisée et sympathique de M. Met-Gaubert, où le héros qui combattit avec Jeanne d'Arc et délivra son pays, revit tout entier — il ne me reste plus rien à glaner. Souffrez donc que j'aille demander à l'époque celtique une pierre de plus pour ce monument. » Parlons des Menhirs {Mécm, men, pierre hir, longue, de ces pierres longues, de ces obélisques sans art qui se dressent encore ça et là, de préférence aux Ueux déserts, dans notre pays et ailleurs. » Au fond de la petite vallée de la Thironne , à deux kilomètres d'Illiers, en face de la côte de Montjouvin, s'élève un Menhir de forme conique et d'assez grande dimension. Il mesure envi- ron 3 m. 30 de hauteur, et on estime qu'il pèse 18,000 kilogr. C'est un pouddingy ou bloc de silex agglomérés et fondus en- semble. Le choix du lieu fut intentionnel. Chez un peuple qui révère non-seulement les astres, mais encore les fleuves, les fontaines, les phénomènes naturels, on remarquera qu'il est placé dans le delta de deux rivières et non loin de leur confluent, près d'un gué, dangereux comme tous les gués d'où la néces- sité de recourir à la protection de la divinité. Enfin il est près de la voie publique, situation qu'affectent ces pierres. » Vers la limite du territoire d'IUiers, près de Méréglise et au bord de la route, le voyageur rencontre un autre menhir. Moins élevé et moins volumineux, il a des proportions plus harmo- nieuses très -droit sur sa base, il semble avoir été dégrossi pour recevoir une forme un peu pyramidale. Il est de 2 m. 60 sur un 1 m. 50. Comme le premier, il appartient aux cohésions de silex. » En présence de ces monuments d'un culte disparu et fort - 192 - mystérieux , on se demande quelle fut leur véritable destina- tion. » S'il m'est permis d'émettre une opinion, selon moi, le menhir est un simulacre, un objet vénéré qui a précédé l'idole sculptée. C'est l'enfance de l'art religieux, le premier essai de Tidolâtrie. Ne pouvant s'élever jusqu'à la divinité dont elle avait perdu la vraie notion, l'humanité la rabaissait jusqu'à elle. Point de peuple qui n'ait eu ses idoles. Un seul connut le vrai Dieu, mais, par la contagion de l'exemple, il adopta souvent les déités de ses voisins, brûla de l'encens en l'honneur deBaal ou Bélus, de Moloch, d'Astarté, fréquenta les Hauts-Lieux, les Bois- Sacrés, et, à l'instar des Celtes, immola à l'ombre des grandes pierres Subter eminentes petras. » C'est ce besoin de se mettre en rapport sensible avec la divinité, éprouvé par les autres nations sans exception, qui me donne le droit de con- clure que les Celtes ont été idolâtres eux aussi , mais peut-être ne sont pas tombés si bas que les autres. » Un chêne séculaii'e, un pin majestueux , les deux grands astres qui mesurent à l'homme son existence et à la terre sa fécondité, les sources et les ondes profondes, l'abîme bouillon- nant des mers , ont partagé avec le menhir leurs adorations ou plutôt le menhir a été la personnification de quelqu'une de ces divinités. Chez eux, l'autel est une large table de pierre brute. Là où l'on voit plusieurs de ces dalles supportées par d'autres, on est en face d'une allée crjuverie^ ou noyau de tu- mulus qui a été dépouillé de l'amas extérieur qui le protégeait. Sur la falaise de la mer, à Pornic, j'ai vu les ouvriers achever d'isoler de son enveloppe de terre et de gravois un beau monu- ment de ce genre, orienté et s'ouvrant par un portique la- téral. Dans notre rayon, Quincampoix garde une sépulture de ce genre. —• Dans les régions où l'on n'avait pas de dalles, Ton a entassé des pierres ordinaires sur les restes incinérés du défunt, et recouvert le tout de terre, prise aux alentours son enlève- ment y a laissé une dépression visible. Tel est le simulacre, l'au- tel, le tombeau le temple primitif, c'est le cercle de pierres ou Cromlek. L'idée de l'immensité de Dieu, l'observation du ciel et des augures qui constituait la principale partie de la re- ligion , faisaient une loi de le préférer aux édifices. Un Cromlek qui bordait la route de Saint-Avit à Saumeray a disparu depuis peu d'années. — 193 — » Le signe religieux s'harmonisait donc avec Tautel et avec le temple. Dans ce cercle sacré, couronné de pierres debout, Tini- tiateur et l'initié pouvaient se tourner de préférence vers quel- qu'une d'entre elles qui représentait pour eux la divinité. Et ceci est en faveur de notre thèse. Devant le musée préhistorique de Bordeaux, une administration intelligente a fait rapporter et mettre en place le Cromlek de Levraut. j» Ces pierres sont de petite dimension et ont été taillées. Or ce qui est remarquable c'est que deux ou trois, dans tout le cercle, montrent les premiers rudiments et comme les ébauches con- fuses de têtes à moitié dégrossies. Deux points indiquent les yeux, une ligne représente la bouche. Ces traits informes sont significatifs en pareil Heu. C'est la pierre jusque-là brute, aus- tère, qui se fait statue. Ce n'est plus le bloc sans signification , c'est l'idole. » La dureté du grain, l'ignorance de l'art, la pénurie d'outils bien trempés, le respect plus grand des mystères primitifs n'ont pas permis aux Gaulois du Centre et de l'Ouest de façonner leurs menhirs. L'eussent-ils fait car nous n'avons plus qu'un petit nombre d'échantillons, les prescriptions civiles et ecclésias- tiques auront fait disparaître de préférence les monuments à figures d'idoles. Le menhir borde les routes de la Gaule, comme l'Hermès grec protège les chemins et les carrefours. Il est chargé de résumer et de rappeler l'idée religieuse. Et afin de répondre à l'objection qu'il aurait pu être affecté à des usages civils, être un Terme sur des confins de territoire, un indicateur, etc., je vais prouver qu'il remonte aux premières origines de la race Celtique et qu'il a marqué ses premières étapes dans son mou- vement de migration vei-s l'Europe. » Un fait acquis aujourd'hui à la science c'est que les Aryo- Celtes viennent des bords de l'Oxus. Non loin de ce point de départ, au témoignage d'un voyageur français, M. de Lannoye, dans le bassin de la Kara et sur lo revers opposé, on peut voir encore de gigantesques tombeaux, en forme de tumulus, des autels faits d'une grande dalle arrondie, et surtout des menhirs d'une prodigieuse hauteur qui ont été manifestement plantés là par la main des hommes. L'exode de ce peuple , d'où sortirent les Celtes et les Cimbres, se poursuit par le Caucase, vers la Crimée, où les tumulus abondent; puis par le Nord de l'Eu- rope, où l'on retrouve les mêmes blocs de pierre. C'est sans Tome VL i>.-K. 14 — 194 - cloute à leur arrivée et à leur premier séjour dans les iles bre- tonnes et sur le littoral de la mer que les Gaulois durent l'habi- tude d'envoyer leurs aruspices étudier les rites anciens , les mys- tères liturgiques, dans l'ilede Sein pour les Druidesses, dans la Grande-Bretagne pour leurs prêtres. » Il est invraisemblable que ces barbares, peu soucieux de la postérité, aient voulu élever un monument commémoratif dans le creux d'un vallon ignoré. Le respect et la crainte, au début d'un si*périlleux voyage , ont dû plutôt les porter à se proster- ner devant des images de convention. Le menhir fut donc insé- parable du culte idolâtrique des Gaulois. Joignons à ces preuves un témoignage qui a bien sa valeur, quoique ne s'appliquant pas à la pierre, mais à un autre objet consacré. Les Celtes, dit » Maxime de Tyr, adorent Jupiter, et leur Jupiter est un » grand chêne. » On voit que cet auteur plus rapproché de nous que César, tout en se trompant sur le nom du Dieu, savait qu'ils avaient des idoles matérielles. » Un dernier argument, c'est la résistance que le Druidisme opposa à la Prédication Évangélique , résistance inexplicable si leur Théogonie eût été spiritualiste. Ce qui achève de nous con- vaincre, c'est la superstition à l'égard des pierres consacrées et des fontaines, si enracinée dans le peuple que l'autorité de l'Eglise fut longtemps impuissante à la faire disparaître complè- tement. On le sait, César est formel sur ce point; l'Assemblée religieuse de la Gaule, surtout de la Gaule Celtique, avait chaque année pour théâtre le territoire des Carnutes. Et comme la plaine de Beauce , cultivée dès la plus haute antiquité, se prêtait mal aux cérémonies d'un culte jaloux du mystère, il est vraisemblable que la lisière des forêts qui, de Blois, contournant Ghâteaudun, descendaient àlUiers, pour couvrir de là tout le Nogentais, fut la terre consacrée du culte des Gaulois. » Le plus grand nombre des monuments celtiques qui nous restent jalonnent encore le cours du Loir. Les historiens ecclésias tiques du Maine et M. de Pétigny attestent queleBas-Vendômois fut l'un des asiles les plus renommés, comme un des suprêmes refuges du Druidi'sme. Les cités adoptaient les mœurs et les habitudes des Romains ; mais , au milieu des bois et dans les landes solitaires qui s'étendent du pays Camute à la ville des Cénomans, le Druide entretenait la haine du vainqueur et de ses dieux. L'apôtre de ces contrées, saijnt Julien , soutint des luttes — 195 — sérieuses, dans le Val du Loir, contre la superstition populaire* Sur un autre point de notre territoire éminemment druidique , nous voyons saint Lucain , en dehors de toute forme de persé- cution légale, teindre de son sang la plaine où Loigny immor- talise son nom Lucaniacum. Or, lorsque près du théâtre de ce glorieux martyre, le voyageur aperçoit un menhir, debout après tant de siècles, il se défend difficilement de la pensée que le prédicateur de TÉvangile a été immolé aux dieux cruels des Celtes idolâtres. » Faut-il attribuer à la survivance du paganisme dans cette contrée une expression retrouvée dans Tune des chartes de Saint-Aignan d'Orléans Tigletus Paganœ^um , Tillay des Païens. L'histoire de saint Martin et de saint Germain nous fournit des exemples de grands arbres consacrés aux dieux , défendus au besoin par la vénération populaire. » Le Christianisme avait déjà couvert la Gaule de ses basiliques que les populations, opiniâtres dans leurs habitudes, jetaient encore de riches et nombreuses offrandes, en forme à! ex-voto y dans un lac près de Javouls , dans la Lozère, et dans un gouffre révéré près de Vierzon. Aussi, en 452, le concile d'Arles fulmi- nait-il la censure suivante Si dans le territoire de quelque » évêque, les infidèles allument des flambeaux ou révèrent des » arbres, des fontaines ou des pierres, l'évêque qui néglige » d'abolir ces abus commet un sacrilège. •» La loi civile venait prêter son appui aux prescriptions ecclésiastiques. Au commen- cement du VI' siècle, le roi Childebert portait un édit enjoi- gnant à tous ses sujets de détruire les simulacres ou les idoles» — De toutes parts, l'enseignement de l'Église battait en brèche les derniers restes d'un culte odieux Mes frères, disait saint » Éloi au peuple de Noyon, faites disparaître les fontaines et » les arbres qu'on appelle sacrés. » Dans des temps plus rap- prochés, Thiei'S, curé de Champrond, nous peint la superstition de quelques campagnards qui, lorsqu'ils avaient un cheval atteint de certaine maladie, le conduisaient dans un bois où se dressait quelque pierre solitaire pour le faire tourner trois fois à l'entour. Restes probables de l'antique superstition. » La religion celtique parait avoir eu deux époques l'une primitive, où les trois grands dieux Esus, Belus ou Belenus le Baal de TOrient , dont une montagne d'Auvergne portait le nom, et Teutatès , reçurent les hommages populaires. C'est l'âge où les — 19G - Celtes révèrent la puissance et Tintervention de ces dieux dans les phénomènes de la nature, et n'ont que des simulacres bruts. » Une seconde époque est celle où le culte austère commence à se laisser altérer au contact des religions artistiques et sen- suelles, des Phéniciens d'abord, puis des Grecs et des Romains. Alors s'élèvent les temples, les statues et les piles ou pyra- mides que l'apostolat de saint Martin a fait crouler en si grand nombre. » Tout le monde est d'accord que César et les auteurs gréco- latins ont été imparfaitement renseignés ou se sont trompés au sujet des croyances religieuses des Gaulois. Les Druides ne leur ont jamais divulgué leurs mystères. César^ les Latins et les Grecs prêtent leurs dieux aux habitants de la Gaule. C'est fort invrai- semblable pour ce qui regarde la Celtique. Si ses habitants eussent révéré Apollon et Mars, ils n'eussent pillé ni le temple de Delphes ni ceux de Rome. D'une certaine analogie dans les attributs, on a conclu à l'identité. La vérité est qu'en dehors des grandes villes et du monde officiel, les Celtes, tout en faisant des emprunts aux arts cultivés dans l'Aquitaine et la Province romaine, sous des formes de convention et des noms latins, ont continué à adorer leurs divinités nationales. La terre, dont on interroge les entrailles, fournit chaque jour de nouvelles preuves à Tappui de celte assertion. »• La déesse des Voconces a donné son nom à la ville de Die. Le temple d'Axo, le plus grand et le pliis solide de la Gaule, décrit exactement par Grégoire de Tours, vient de révéler ses substructions au sommet du Puy-de-Dôme. Autun avait sa déesse Bibracte, Rothomagus son idole topique. Bourbonne-les- Bains élait consacrée à la déesse Borbonia et au dieu protecteur du lieu. Fortunat parle des temples de Verncmctis et à^Ysarno- dorum. Enfin, le musée de Saint-Germain fournit plus d'un type de déité exclusivement gauloise. La religion se modernisait tout en restant nationale. » Quant aux contrées boisées de l'Ouest, du Centre et de r Armorique , en raison de leur plus grande antipathie pour les vainqueurs, elles ont répudié leur culte. Et quand la parole évangélique retentit â l'oreille des Carnules, elle ne les trouva point agenouillés devant les idoles de Rome, mais, à part quel- ques résistances, déjà préparés par des pensées d'immortalité à l'éternelle vérité. » — 197 - M. Tabbé Sainsol, curé de Blaudaiiiville, donne ensuite con- naissance d'un travail sur les raretés archéologiques de l'église d'EpeautroUes. En passant, un juste tribut d'éloges est consacré au talent de notre confrère, M. Malenfant, sculpteur sur bois , à Charonville. Les applaudissements répétés en l'honneur de ces deux hono- rables ecclésiastiques, prouvent combien ils ont vivement inté- ressé l'auditoire. La séance se termine par une série d'expériences scientifiques diverses, établissant la corrélation des phénomènes qui se pro- duisent par la chaleur, l'électricité, le magnétisme et la lumière, et auxquelles se livre notre confrère, M. Barois, secondé, il faut le dire, par deux intelligents préparateurs, MM. Gallas et {j. Delacroix. Avant de lever la séance qui finit à quatre heures, M. le Préfet adresse quelques mots, sous forme de remerciements, à l'audi- toire, à M. le maire, à la ville d'Illiers qui ont fait à la Société un si gracieux accueil. Il a aussi quelques paroles encourageantes pour les orateurs qu'il appelle obligeamment les vulgarisateurs de Tarchéologie, de l'histoire et de la science, venus à Illiers uniquement pour porter à aimer les belles et bonnes choses, et, s'il se peut davantage, notre cher pays. SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 JUILLET 1877. Présidence de M. Merlet. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Étaient présents MM. Merlet, P. Durand, Chavaudret, Met- Gaubert, Appay, de Bertheville, Balandra, Barois, Bourdel, Buisson, Brosseron Justin, Brosseron Valéry, Dumoulié, Dussart, Escudié, Famin, Gallas, Galopin, Gérondeau, Gui- gnard Ludovic, Guillen, Guérinot, Heurtault, abbé Haye, — 198 — abbé Hénault, Hue, Isamberl Stanislas, Joliet , docleui-s Lamy et Legendre , Legrand, Lecocq, Montéage. J., Neveu, Petrot-Garnier, Pétrot-Lemarié, Rivierre, Sadorge, Treille, Wehrlé. Les procès-verbaux des séances du 3 mai, du jeudi 14 juin, à la salle Saiute-Foy, du dimanche 1" juillet excursion archéo- logique à lUiers sont adoptés. Un juste tribut de regrets est ensuite payé à nos confrères décédés MM. Raymond Bordeaux, à Evreux; Chevauché, an- cien commissaire priseur, à Chartres; Lanctin, vétérinaire, à Courville; Person, ancien directeur de l'École normale pri- maire de Chartres. Kordre du jour appelle le renouvellement des membres du bureau pour une période triennale. Le nombre des membres présents est de 40; 75 membres onl envoyé leur vote par écrit; le nombre total des votants est donc de 115. Président MM. Alexandre de Saint- Laumer, 89 voix. Paul Durand, 17 — M. de Saint-Laumer est proclamé président de la Société. Vice- Présidents MM. Merlet, 100 voix. Paul Durand , 99 — L'abbé Olivier, 81 — Chavaudret, 32 — Barois, 20 — MM. Merlet, Paul Durand et Tabbé Olivier ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, sont proclamés vice-présidents de la Société. Secrétaire M. Met-Gaubert, 106 voix. Vice-Secrétaires MM. Ludovic de Boisvillette, 81 voix. Lefèvre Edouard, 69 — Trente voix ont été atttribuées à M. Tabbé Foucault. Conservateur du Musée M. Ph. Bellier de la Chavignerie, 101 voix. — 199 ~ Archiviste M. Legrand, professeur au collège, 65 voix; M. l'abbé Germond, qui avait déclaré donner sa démission, a obtenu 36 voix , pour cette même charge. Le vote pour le renouvellement des membres de la Commis- sion de Publication est ajourné au mois de novembre. M. le trésorier donne ensuite connaissance de Tétat des re- cettes et des dépenses pour l'exercice 1876 RECETTES. Reliquat de l'exercice 1875 5,658 fr. 54 c. Subvention du Ministère de l'Instruction publique 400 » Cotisations . 3,393 50 Vente de bulletins 122 50 Intérêts des fonds placés 174 » Total des recettes 9,748 54 DÉPENSES. 1** Dépenses ordinaires m Procès-verbaux et Mémoires 1,341 fr. 85 c. Gravures Mémoire, Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 81 20 Traitement de l'appariteur 250 » Séance générale 313 35 Dépenses imprévues 249 70 Abonnements et reliures 133 85 2,369 95 2*^ Dépenses extraordinaires Souchetfin 623 » Total des dépenses 2,992 95 — 200 — BALANCE. Recettes 9,748 fr. 54 c. Dépenses 2,992 95 Reliquat actif. . . 6,755 59 L'assemblée approuve unanimement cet état financier; les pièces justificatives des dépenses seront déposées aux archives; un récépissé sera délivré â M. le Trésorier. La séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires, MM. Amiot Théodore, propriétaire, à lUiers; présenté par MM. Galopin et Goupy. Ghouet Henri, instituteur, à Berchères-rEvêque ; pré- senté par MM. Renault et Met-Gaubert. DuMum , propriétaire , maire d'IUiers ; présenté par MM. Met-Gaubert et Merlet. Le baron de GoussENCOURT Edgard, propriétaire, maire de Saint-Eman; présenté par MM. 0. Hermand et de Pontoi-Pontcarré. Jumeau, cultivateur, à la Motte, commune de Saint-Georges- sur-Eure ; présenté par MM. Sadorge et Met-Gaubert. Letourneur Alexandre, instituteur, à Ouarville; pré- senté par MM. Met-Gaubert et Merlet. L'abbé Pardos, professeur à la Maîtrise; présenté par MM. Met-Gaubert et Merlet. PouGiN Jules, notaire honoraire, à lUiers; présenté par MM. Gillard et Le Goux. RoYiNEAU, conseiller d'arrondissement, à Aufferville; pré- senté par MM. Treille et Met-Gaubert. — 201 — M. Thireau Marcel, directeur de Tusine de féculerie, à lUiers ; présenté par MM. Barlaud et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Les Monuments mégalithiques de Thimécourt , près Luzarches Seine-et-Oise. Senlis, imprimerie E Payen, 1877. Bulletin de la Société Dunoise f n' 32, avril 1877. Château- dun, imp. Lecesne. Envoi de la Société. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou- sin , t. XXIV. Limoges, impr. Chapoulaud, 1876 Envoi de la Société. Société académique des Sciences et Arts de Saint-Quentin , 3* série, t. XIV. Typ. Ch. Poette, 1877. \Envoi de la Société. Bulletin de la Société des Antiquaires de V Ouest, 2 trimestre de 1877, grand in-8o. Envoi de la Société. SÉANCE DU 2 AOUT 1877. Présidence de M. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par l'adoption du procès- verbal de la dernière réunion. Étaient présents MM. de Saint-Laumer , P. Durand, Met- Gaubert, de Bertheville, Bourdel, Buisson, Brosseron Justin, Dussart, Dubreuil, Escoffier, Famin, Tabbé Germond, Hue, Jolîet , docteur Juteau , Lecocq, docteur Legendre, de Mély, Ossude, P. Sautton. M. Tabbé Germond est nommé par l'assemblée archiviste ho- noraire. L'ordre du jour appelle la lecture d'un manuscrit intitulé Relation de ce qui s'est passé lors de la dispersion des reli- gieuses de Pm't-Royal'dcS'Champs, - 202 — M. Lecocq croit que ce manuscrit ne contient aucun rensei- gnement nouveau ; il présente un volume de pièces imprimées renfermant de nombreuses relations sur ce sujet. 11 est invité à donner, pour la prochaine séance , un rapport sur le manuscrit dont la lecture est ajournée. M. Joliet lit une pièce de vers intitulée Statistique d'Eure- el - Loir. STATISTIQUE D'EURE-ET-LOIR. A LA MÉMOIRE DE M. DE BOISVILLETTB. Le triste pays que la Beauce ! » Jamais il ne baisse ou ne hausse , > Et de six choses d*un grand prix , » Dit uil impertinent proverbe, En Beauce il ne manque que six » Et pourtant la Beauce est superbe ; Je Taime , car je suis son fils. Nos plaines ont leur harmonie , Ainsi que la mer infinie. Plaines et mers ont leurs naufrages, Et les blés de nos laboureurs Tombent versés par les orages , Gomme les barques des pêcheurs. Mais l'épi courbé se relève, L'esquif échoué sur la grève Se dresse porté par le flot. Travail f courage et confiance ^ C'est la chanson du matelot Et la devise de la France. beau pays aimé des cieux , Pour te donner en abondance Raisins et fruits délicieux , ^t mieux marquer sa préférence , Entre deux mers Dieu t'enchâssa ; Dans les routes qu'il leur traça. Des Ardennes aux Pyrénées , Les glaciers , les lacs , les torrents , En ouvriers intelligents , Ont travaillé... combien d'années ? Personne, je crois, n'en sait rien. Ce que Dieu fait , il le fait bien , Et si j'avais , par quelque grâce , Les bras assez forts , assez prompts — 203 — Pour pouvoir transporter les monts, Je les laisserais à leur place Pourtant j'admire et j^applaudis Aux ingénieurs plus hardis Qui donnent, dans leur noble audace, Un coup de vrille au mont Cenis,.... Au travail obstiné qui fouille La marne , le fer ou la houille , Dote nos champs et nos forêts , D* un arbre , une plante , un engrais , Sème des œufs dans nos rivières , Nos mares et nos huîtrières. Cest encore un nom tout français Qui doit décorer la rigole , Où du haut de la Nécropole , Où plane Tombre de Rhamsès , Les vieux sphinx voient couler les ondes Qui font , en mariant deux mers , Du Nil vaseux, des lacs Amers Le trait d'union de trois Mondes. Plus d'un navire passera, Cachant dans sa cale funeste Le typhus ou le choléra. Le termite rongeur, la peste Et l'horrible phylloxéra Mais près du mal est le remède ; La Providence veut qu'on s'aide Et non pas qu'on croise ses bras. Hercule veut qu'on se remue , Dit Jupin assis sur sa nue Au charretier dans l'embarras. Croit-on qu'on gagne la médaille , Sans risquer rien, à nos Congrès ? Il se peut qu'on trouve une faille Sous le grand tunnel de Calais Dans le vaste champ du progrès Qu'importe où tombe la semence ? A l'heure que Dieu choisira Soyez sûrs qu'elle germera. Greffez pourtant avec prudence Le fruit nouveau sur l'arbre vieux Qui fut planté par nos aïeux. A la terre qui se confle , Sans connaître à fond son terrain , Perd son temps , sa peine et son grain , — 204 — Car bien souvent elle varie. Pour former le sol de la Brie, La Bresse, le Morvan, l'Artois Unis en faisceau par nos rois. L'Aunis, le Vexin, la Limagne , Pays de plaine ou de montagne. Le travail des feux souterrains Des vastes mers des premiers iges. Des océans contemporains A démantelé les étages, ie mille façons , la chaux et l'argile , un manteau dans nos vallons le riches limons, i nu le roc stérile. ;e des Beaucerons le profil honnête ; s les convulsions evèrcnt son arête, révolutions le la déchirure; I mère la Nature percent pas la peau. e mince égratignure ;inent sur le plateau lers dont la silhouette se sur la Drouette les sables d'Epernon. tre terrain calcaire i^e partout même nom, ipecl , même caractère , le et plat horizon -, urs d'eau ne désaltère m qui vit autrefois , le Sours au lac de Blois, r dans ses marécages ihants et les sauvages, lants chasseurs devant Dieu 3t, armés d'un épieu. lir les ours des cavernes, jnt creusé des citernes guère un savant discret révélé le secret, leur race forte et rude c plus gros du métier. — 205 — Les chasseurs n'ont plus l'habitude D'être mangés par le gibier. Notre pacifique rivière Eut aussi ses jours de colère , Et noya les rhinocéros Engouffrés dans la sablière Où Saint-Prest conserve leurs os , Comme en un vaste cimetière , Au grand honneur de nos savants Qui , dans les éclats d'une pierre, Les pieds, les crânes et les dents r Débattent encore le mystère Des origines et des temps Chartres, avec son tour de ville, Ses clochers , sa plaine fertile , Aux doctes membres du Congrès , Montra ses grands prés verts et frais , Longsaulx et ses riants ombrages , Fontaine-Bouillant fait exprès Pour les peintres de paysages. Amant de son pays, Segé, D'un injuste oubli , l'a vengé Même à Prunay , Voise ou Janville , Quand on n'est pas trop difficile , Nos champs peuvent se voir en beau. Non loin de la Voise ou de l'Eure Quelquefois une source affleure Les versants boisés du plateau , Et meurt avant d'être ruisseau. Pourtant, au pied de la colline, Tandis que lentement chemine Cet humble et mince filet d'eau , Comme le Rhône ou la Garonne , Il dessine dans des ravins Qui n'ont jamais noyé personne Le relief de nos bassins. J'aime Nogent et sa vallée Dont je connais tous les sentiers , Fraîche , obscure , à demi-voilée Par un rideau de peupliers. J'aime le ruisseau qui serpente Au pied de modestes coteaux , Ombragés sur leur double pente Par les frênes et les ormeaux , — 206 — Sur le laillis le bouleau penclie Sa coloiitietl^ frêle et blanche Près ûee sombres genévriers. Là tous nos arbres indigënes , Les trembles, les pins, les grands chônes, Les érables, les meriElers, saule au vert pâle , les aulnes Et les marsaults aux chatons jaunes, Les premières fleurs du printemps, Quand le bols un beau soir d'automne D'or et de pourpre se couronne. Confondent leurs tons êclaUnts. A Chartres , llliers et Courvillc , Rude au labour, le sol d'argile S'élève et, vers le Thimerais, Uéjà se couvre de forêts. Tai toujours douce souvenance Des lieux de ma première enfance. De Courville je suis natif. Homme d'esprit et de science. Au franc parler, au regard vif. Mon père au temps de ma naissance Fut l'Esculape du canton ; l'aimais, se dressant sur ta plaine, Les grosses tours de Villebon, L'aimable et noble châtelaine, Au sourire indulgent et bon. Les poudingués d'Happonvilliers M'ont appris qu'un propriétaire Est le plus mauvais des fermiers -, Inutile pourtant sur terre. Je n'aurai point passé, je crois ; J'ai planté trente arpents de bois, ^ Et là, je n'en fais point mystère-. J'eus un moment de vanité De voir mon biè si bien planté. De Ghdleaudun à Bonnélabic. Authon, Ormoy, les Ghâleliers, Combien de toils hospitaliers Oii l'on savait causer à table ! Encore un plaisir qui se perd Encore enfant, à Belhomert, J'allais chassant, sous les futaies. Les papillons mais Saint-Bomert , Ses chemins creux, ses grandes haies. "âr '4aâ — 207 — Tous ces vallons entrecroisés, Ces monticules qui surgissent , Et ces fontaines qui jaillissent Sur les flancs de coteaux boisés C'est là le coin de notre Perche Que des yeux et du cœur je cherche. Nogent voit de son vieux donjon Qui sort enfin de sa ruine , Les gras pâturages de THuisne ; Echelonnés à Thorizon , De Bretoncelle et Monlandon Les coteaux secs et nus, les noues. Tapis frais toujours arrosés Par trois moulins superposés Qui, versant le trop plein des roues, En cascades baignent les prés Et les jardins enchevêtrés Si la Beauce a pour caractère Un peu trop d'uniformité , Le Perche a la variété , Comme le sol l'aspect diffère ; On voit des sables colorés Le long du chemin qui s'élève Aux bois d'Authon et de la Grève Thiron a ses grès bigarrés. Quelques lambeaux de marne grise Plongent sous la profonde assise De la craie, aux champs mitoyens De la Normandie et du Maine *, Toujours la sonde la ramène Du fond des puits artésiens. Mais dans vos trous et vos carrières On ne voit jamais que des pierres ; Dans sa tranquille majesté , Sa parure ou sa nudité , La nature semble endormie i C'est un paysage sans eau , Une sèche photographie. Afin d'animer le tableau , Il faut le mouvement, la vie. Il faut l'insecte , il faut l'oiseau. Voyez posant sur chaque tige Le beau paon- de-jour, les argus De l'azur des cieux revêtus, ^ — 208 — Cet essaim de fleurs qui voltige ; Les papillons, sans contredit. Comme les fourmis , les abeilles Dont on conte tant de merveilles, Ne sont point des bêtes d*esprit ; Mais certes des amants fidèles Ils sont les plus parfaits modèles. Bercés sur Faile du Zéphir, Se parer pour des fiançailles Qui sont toujours des funérailles , N'aimer qu'une fois et mourir, C'est leur destin la poésie De la tombe de Roméo , Dans sa touchante fantaisie La chanson de Fortunio , Les Amadis , le beau Leandre Expirant sous les yeux d'Héro, Montrèrent-ils amour plus tendre Que les maris des vers luisants , Qui vont , parfois , à la chandelle , Phare trompeur, brûler leur aile , Quand , dans nos fêtes du printemps , S'allument, dans les nuits sereines, Les lanternes vénitiennes , Illumination des champs ? Du taillis le pic-vert s'envole , Dans les airs il va décrivant Une élégante girandole Et pousse un cri rauque et strident. La huppe fringante et coquette Qui, dans la fange, naît et vit. Est tapageuse en sa toilette ; Les mœurs se jugent à l'habit. Le coucou, chantant à la lune Sa plainte toujours importune , Confiant des œufs non couvés Aux ménages irréprochables De linottes trop charitables , Semble par ces méfaits prouvés , L'inventeur des enfants... trouvés. Dans la bataille pour la vie , De l'homme chacun se méfie... Quel instinct fait que le ramier. Que Paris voit si familier. Connaît à fond ce grand mystère , — 209 — L'état de paix , Télat de guen-e Dont ne peuvent se débrouiller Les plus fins de nos diplomates Que n'ont-ils appris leur métier Près des animaux à deux pattes î rVu sommet d'un grand peuplier. Quand il se pose ou bien s'élance , Plane immobile et se balance , Notre regard suit l'épervier ; Sur les flots il suit la mouette Et dans nos guérets l'alouette Qui chante en montant vers les cieux. Kst-ce l'instinct ambitieux Des fils de Japhet ou d'Icare , Désir impuissant qui s'égare Et va crever comme un ballon ? Grâce à la généreuse audace Des Montgolfier et des Colomb, La science élargit l'espace ; Tendre plus loin, viser plus haut, De tous c'est le devoir... s'il faut Dans des luttes* encor sans gloire. Que les savants , les voyageurs , Les soldats et les inventeurs Succombent ; gardons leur mémoire ; Ils ont eu foi dans la victou^ Nos fils , peut-être , en leur honneur, Diront , assis dans leur nacelle *. Gloire au hardi navigateur Qui , le premier, ouvrit ses ailes ; Voler comme les hirondelles , C'est bien un rêve de bonheur î Noie de M Saiitton sur les actes de Tétat-civil de la commune de Fontenay-sur-Conie. Rapport verbal de M. Famin sur les localités de Saint-Georges* sur-Euie et de Mignières. Un membre fait observer la tendance qu'ont MM. les curés à détruire les lambris en bardeaux des voûtes des églises pour les remplacer par des voûtes en plâtre et briquettes, sans avoir égard à la poussée de ce mode de voussure. Tome VL 15 — 210 — e deux pièces de monnaie envoyées par M. l'abbé i demande avis à la Société à cet égard. ^té entre en vacances pour trois mois. L'assemblée t la reprise de ses travaux aura lieu le jeudi 8 no- ;e est levée à quatre heures et demie. HODTEADZ MEMBBES ADMIS. Membres titulaires m Honoré, instituteur, à Maisons; présenté par . Met-Ganbert et Merlet. EAO Ernest, bomme de lettres, critique d'art, à s; présenté par MM. Lorin et Merlet. E Didier, instituteur, à Ymonville; présenté par Met-Gaiibert et Merlet. ' -Maurice, propriétaire, à Chartres; présenté par Appay et Heurtault. OBJETS OFFEBTS A LA SOCIÉTÉ S de l'Académie du Gard, année 1875. Nîmes, impri- el-Ballivet, 1876. Envoi de l'Académie. a Sociétés savantes des départements , 6' série, t. IV, It, septembre 1876. Paris, impr. Nationale, 1877, Ministère. de la Sfjciété des Antiquaires de l'Ouest, 2" trimestre ïnvoi de la Société. les Mémoires et documents de l'Académie de la Val- volume, 4' livraison. Envoi de l'Académie. 211 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1877. Présidence de M. de Saint-Launer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures et quart. Etaient présents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Olivier, Met-Gaubert, Barois, Ph. Bellierde la Chavignerie, Besselle, Bonnard, Buisson, Cornillon, Cottereau, Dussart, Escoffier, l'abbé Foucault, Gabriel, Germond, Tabbé Germond, Géron- deau, Gilbert, Tabbé Hayes, Heurtault, Hue, Laigneau, Le- coeq, Legendre, Maury, de Mianville, Nancy, Ossude, Penel, Tabbé Pouclée, Ravault, Tabbé Sainsot, Sautton. Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Annonce de la mort de M. Juteau, notre confrère, décédé ingénieur de la compagnie des chemins de fer d'Orléans à Rouen. Admission de quinze membres titulaires nouveaux dont les noms figurent au présent procès- verbal. A ce sujet, quelques paroles bienveillantes sont adressées au secrétaire pour le zèle qu il apporte à recruter de nouveaux confrères. 11 témoigne toute sa gratitude à propos de cet encouragement. Sont déposés sur le bureau quatre Mémoires d'instituteurs, envoyés pour le concours d'archéologie locale et d'histoire insti- tué par la Société 1** Historique des Écoles de Coulombs ^ par M. Boucher; 2** Un Coin du Perclie-Gouet ; notice historique sur la ville et baronnie de Brou, par M. Chantegrain, instituteur, à Bois- gasson; 3° Résumé historique et description géographique et adminis- trative de la commune de Boisfille-la-Saint-Père, par M. Le- prince ; 4 Mémoire sur V Histoire^ la Géographie et la Statistique de la commune de Friaize^ canton de La Loupe Eure-et-Loir, par M. Julien PouUard, ancien élève de l'Ecole normale de Chartres, en résidence à Friaize. — Renvoi à une commission composée de sept membres MM. Famin, Laigneau Emma- nuel, Legrand, Lecocq, Merlet, Met-Gaubert, abbé Pouclée. - 212 - Scrutin pour la nomination des membres de la Commissioii le publication. Présents et de l'extérienr, 74 votants. MM. Paul Durand 74 voix. Baroîs 73 — Merlel 73 — AbbéPouclée 73 — Abbé Olivier 72 — Famin 69 — Docteur Maunoury .... 48 — I,efèvreE. 38 — Lefèvre ayant déclaré donner sa démission, M. AVehrlé, obtenu le plus de voix après lui, est nommé membre de imission. c le Président, l'Inspecteur d'Académie et le Secrétaire, nembres indiqués par le règlement. ture d'une pièce de vers de M. Bourdel La Belraile au de vue philosophique. — Cette pièce est accueillie par les idissements de l'assemblée et renvoyée à la Commission blication. LA RETBAITE. Le monde est une fourmilière Où chaque homme, utile instrument, Est tenu d'apporter sa pierre Au gigantesque monument. Le travail est indispensable ; Car sans lui pas de leudemain Tout être qui mange est coupable, S'il n'a déjà gagné son pain. Pourtant vient un ûge où la gl3c Engourdit la tète et le bras . . . Un plus jeune alors nous remplace Gomme à l'aBsaut pour les soldats. Mais pourquoi voit-on la retraite, Récompense du travailleur, Bien souvent, au lieu d'une fèlc. Être un présage de malheur? -213- ITest que l'homme , d'humeur chagrine , Jamais n'est content de son sort . Et qu'enfermé dans sa routine. Tout ce qui le dérange a t^rt. Ne sait-il pas qu'un but utile Pent toujours charmer les loisirs. Et que le bonheur est facile A qui sait borner ses désirs f Et vous, livres de la Jeunesse. Chajnpa féconds en riches moissons, Que d'épis dorés la vieillesse Trouve à glaner dans vos sillons! Le Dieu clément qui nous protège. Prenant pitié de nos douleurs , Donne à chaque âge un privilège , Comme à chaque saison des fleura. \ l'enfant joueur la souplesse ; A Tadolescent la beauté ; Au front grisoilnant la sagesse , Au vieillard l'aimable galté. Autour de lui chacun s'empresse Oublieux du fardeau des ans, Il voit le ciel de sa jeunesse Aux yeux de ses petits enfants. Il rougit d'un passé frivole Qui dévora plus d'un beau jour ; La douce amitié le console Des infortunes de l'amour. A quoi bon déguiser son âge. Quand le Temps, grand inquisiteur, Chaque matin, sur le visage. Grave son chiffre accusateur ? Dans la lutte oCi l'homme succombe, S'il est beau d'avoir combattu. Il est bon, au bord d'une tombe , De dire à ta Mort où vas-tu ? . . . Près d'affronter le grand mystère Dont Dieu seul connaît les secrets, Du livre où notre foi s'éclaire Sachons méditer les feuillets. — 214 - l'our moi , quand viendra la retraite Définitive et sans retour, Puissé-je, rame satisfaite, M'endormir au dernier séjour! sion sur le manuscrit intitulé Relation de ce qui s'est rs de la dispersion des religieuses de Port-ltoyal. — i la DOuvelle CommissioE de publication poui- un nouvel du maDuscrit .unication de M. Merlet Les Maires du Palais • , tra- paré pour la réunion des Sociétés savantes à Paris. oi à la CommissioQ de publication. ince est levée à quatre heures trois-quarts. NODTEAUZ HEHBBES ADMIS. Membres titulaires. oÎT Amand, chaufournier, à llliers; présenté par M. Treille et Met-Gaubert. TRAT Charles, instituteur, à Ermenonville-la-Grande ; résenté par MM. E. et Met-Gaubert. NiLLON Jules, instituteur, à Mainvilliers ; présenté par M. Met-Gaubert et Merlet. lON l'abbé Louis, curé de Saint-Loup; présenté par M. Germond et Met-Gaubert. iMOHD Paul , professeur de 5° au collège de Chartres; résenté par MM. Met-Gaubert et de Saint- Laumer. ;r]n l'abbé, vicaire de Saint - Aignan ; présenté par M. rabbé Houlle et Met-Gaubert. 'TÉ{Henri, instituteur, à Amilly; présenté par MM. Met- aube rt et Merlet. RONDEAU , instituteur, à Bleury ; présenté par MM. Penel '. Met-Gaubert. PIN, curé deGohorj'; présenté par MM. l'abbé Sainsot et îbbé Haye. - 215 - Firmin, régisseur au château d'Eclimont; pré- senté par MM. de Mély F. et Met-Gaubert. Penel Aristide, instituteur, à Saint -Symphorien; pré- senté par MM. Granger et Met-Gauberti Percebois, ancien instituteur, à Janville; présenté par MM. Sautton et Met-Gaubert. PouLLARD, ancien élève de TEcole normale, à Friaize; pré- senté par MM. Laigneau et Gabriel. Robinet Fabbé , curé de Mainvilliers ; présenté par MM. OUivier et Met-Gaubert. Sédillot, instituteur, à Theuvy-Achères; présenté par MM. Met-Gaubert et Merlet. OBJBTS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Actes et Mémoires de la Commission des Arts et Monuments historiques de la Charente-Inférieure et Société Archéologique de Saintes, t. II, n*» 6, 1876. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Dunoise, n 33 et 34, juillet 1877. Envoi de la Société. Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, t. XXXVII, 4 série, t. VII, et Bulletin de la même Société. Envoi de la Société. Bulletin de la Commission des Antiquités de la Seine-Infé- rieure. Envoi de la Commission. Bulletin de la Société Archéologique historique de VOrléanais, t. VI, n 89, 90, 91 et 92. Envoi de la Société. Mémoires de la Société Dunicerquoise, 1874-1875, 1 voliune, 1876. Envoi de la Société. Remparts d'Artou et de Tongres, par M. Schmermann, con- seiller à la cour d'appel de Liège Belgique. Don de l'auteur. 216 — SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1877. Présidence de M. A. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, seorétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Étaient présents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Met-Gaubert, Barois, Bellier delaChavignerie, Boisseau, Bonnard, Brosse- ron Justin, Dussart, Escoffler, Gabriel, GermondP., Gil- bert P., Heurtault, Hue, Laigneau Em., Legrand, Lecocq, Leroy-Meignan , Nancy A., Poullard. Lecture d'une lettre de M. Poteau, instituteur, à Senonches, qui envoie à la Société un cahier programme des devoirs quo- tidiens d'une école primaire. Remerciements adressés à M. Poteau, à ce sujet. Communication sur un projet de conférence devant avoir lieu, cet hiver; l'orateur serait un lettré chinois, M. Li-chao- pee, membre de l'association internationale des professeurs, commissaire pour la Chine de la Société d'Ethnographie. Après diverses observations, l'assemblée décide que cette conférence aura heu dans le courant de février. Elle vote à cet effet une sonmie de 100 francs, avec les frais de salle en plus. M. le Président veut bien se charger d'écrire à M. Li-chao- pee. Projet de budget pour 1878 RECETTES. lo Recettes ordinaires Reliquat de l'exercice précédent 6,755 fr. » c. Intérêts des fonds placés 220 » A reporter 6,975 n — 217 — Report. . . . 6,975 fr. » c. "totisations 320 à 10 fr. . . . 3,200 fr. . „ .„„ 60à5fr. . . . 300 »[ }^^^ " Vente de bulletins 200 » Vente de diplômes 20 » 10,695 » 2** Recettes extraordinaires Subvention du Ministère de llnstruction pu- blique Mémoire. Subvention de la ville de Chartres Mémoire. Total des recettes 10,695 > DÉPENSES. 1° Dépenses ordinaires Procès- verbaux et Mémoires 1,900 fr. » c. Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 200 » Traitement de lappariteui» 250 » Gravures et photographies 300 » Fouilles et dépenses imprévues 200 » Concours entre les Instituteurs 100 Séances générales* 400 » Reliures 50 » Abonnements divers 130 » 3,530 2** Dépenses extraordinaires Publication d'un ouvrage spécial' 800 Total des dépenses 4,330 » » ^ En présence de Tirrésolution trop longtemps prolongée de la Société , tou- chant la publication projetée d'un manuscrit du XV1 siècle intitulé Journal d'un Bourgeois de Chartres 1577-1592, M. Lecocq déclare retirer son offre, au sujet de cette publication. Recetles 10,695 f Dépenses 4,330 Reliquat actif. . . 6,365 jet de budget est adopté et voté à runanimité par l'as- ualion de la lecture du travail de M. Merlet sur les u palais. — Renvoi à la Conmiissioii de publication. ^cliaine séance qui aurait dû se teuir le jeudi 3 janvier t reportée au jeudi 10 du même mois. nce est levée à quatre heures un quart. OBJET OFFERT A LA SOCIËTË. >iirs du Congrès scientifique du Hdvrc, par Charles Havre, imprimerie Lepelletier, 1877. SÉANCE DU 10 JANVIER 1878. nce de H. de Saint-Laumeh. — H. Met-Gaubebt , secrélaire. nce est ouverte à trois heures un quart par la lecture -verbal de la dernière réunion. t présents MM. de Saiut-Laumer, Met-Gaubert, Barois, leville, Buisson, Dussard, Tabbé Cotlereau, Dubreuil, -, Famin, l'abbé Foucault, Germond P., Géroudeau, les abbés Ilarct et Hayes, Hue, Laigneau Em., , Lecocq, docteur Legendre, Ossude P., l'abbé Pou- jbé Pardos, Poullard, l'abbé Sainsot et Sautton. - 219 — Parmi les ouvrages offerts à la Société, M. le Président signale particulièrement ceux que nous envoie notre nouveau confrère, M. l'abbé Charles, de la Ferté-Bemard, vice -président de la Société archéologique du Maine. Rapport de M. labbé Haret sur une découverte opérée à Saulnières. M. Lecocq demande qu'il soit levé un plan , coupe et élévation du souterrain de Saulnières Liberté est laissée au bureau pour la àxalion de la somme que nécessiterait cette dépense. Communication et délibération sur l'intention qu'a M. Li- chao-pee, lettré chinois, de venir faire, à Chartres, une confé- rence ; 100 francs ont déjà été votés à ce sujet, en cas de con- férence, en février. M. Li-chao-pee désire, en outre, être indemnisé des frais d'aller et de retour, estimés à 20 francs. Il sollicite l'obtention d'une médaille d'argent et d'un diplôme sur parchemin. Pour que l'assemblée n'ait point double dépense à faire , un membre propose de laisser venir le lettré chinois , au mois de mai, lors de la tenue de notre séance annuelle. La question est mise aux voix. L'assemblée décide l'adoption du chiffre de 150 francs pour la venue au mois de mai. En cas de refus , il est arrêté que la conférence n'aurait pas lieu. M. le Président veut bien se charger d'en référer, le plus tôt possible, à M. Li-chao-pee. Le Secrétaire donne lecture d'un travail de M. Lecocq , ayant pour objet la trouvaille d'un Squelette mystérieux. — Renvoi à la Commission de publication. Lecture d'une pièce de vers intitulée La Neige et l'Ange de V espérance y par M. Met-Gaubert. — Renvoi à la Commission de publication. LA NEIGE ET L'ANGE DE L'ESPÉRANCE. BALLADE. Sous la nuit froide et sans cortège , Vers une tombe elle venait ; - 220 — J'ai pu la voir, car sur la ucigc Son voile noir se dessinait. ' - Lu Je sa mère gtt ta cendre ; Sa douleur y priait tout bas Toi qui me l'as fait voir ei ttindrc , U neige, 6 neige ne fonds pas! Les pleurs tombant de sa paupière. Sur {%tte umc se sont glacés ; Et dans le givre, sur la pierre, Tous ses baisers resteot tracés ; De ses peines silencieuses Tout parle ici , jusqu'fL ses pas ; Garde ces traces précieuses, neige, 6 neige ne fonds pas! Puis elle partit courageuse ; Mon œil au lointain la perdait ; SouB ses pas la plaine neigeuse Avec le ciel se confondait. J'ai cru la voir, destin étrange ! .^u ciel s'évanouir là-bas Toi qui mo l'as fait croire un ange , neige, ù neige ne fonds pas! On aurait dit une sylphide Messagère venant des cieux , Traversant la plaine liquide Pour consoler les malheureux ! C'était la divine Espérance, Gardant les tombes d'ici'bas....%; Elle adoucit toute soulTrance, l'our elle . C ûeigo ne fonds pasi i-dre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre et demie. NOUVEAUX MEMBRES iSHlS. Membres honwaires. . Fontaine , préfet d'Eiu-el-Loir. ESPREz, inspecteur d'Académie en résidence à Chartres. - 221 - Membres titulaires MM. Cachin , instituteur, à Courville ; présenté par MM. Laigncau Emmanuel et PouUard. Charles l'abbé , vice-président de la Société archéologique du Maine, à la Ferté-Bernard; présenté par MM. les abbés Hayes et Sainsot. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Histoire de La Ferté-Bernard; — La Station celtique du Crochemelier Orne, 1875; — Étude sur Souvigné- sur -Même Sarthe, 1876; — Chroniques de Courdemanche au Maine, 1876; — Statues de Souvigné, œuvres de Sainctot - Chemin , sculpteur fertois 1530-1535, 1876; — Excursion archéolo- gique à Bernay Sarthe , 1876 ; — Théâtre antique d'Aubigné, et Villa de Roches à Sceaux Sarthe, 1877. Maraers, typog. Fleury. Don de M. Tabbé Charles. La Gaule Sauvée, poème couronné à Paris, par M. H. Du- breuil. Libraire de C. Blériot, éditeur, à Paris, 1877. Don de l'auteur. SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1878, Présidence de iM. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. de Saint-Laumer, Merlet, Met-Gau- bert; Barois, Balandra, Besselle, de Bertheville, Buisson, Ph. Bellier de la Chavignerie, les abbés Collet et Cottereau, Escoffier, labbé Foucault, Germond P.» Gilbert P., Gérondeau, Goupil, les abbés Guérin,Haret et Haye, Hue, Heurtault, Isambert Stanislas, Legrand, Lecocq, de MélyF. , Nancy A., Ossude P., Poyer, Tabbé Sainsot, Sautton. M. le Président exprime de légitimes regrets au sujet du décès de notre confrère M. Aubry, Ubraire, à Paris. — 292 — Quelques obsen'alions sont présentùes par un membre ;i pm- pos du choix qu'a fait la Sociélé de M. le lettré chinois Li-chao- pec pour la conrérencc de la séance publique annuelle. Le ite de ce savant n'est nnllement contesté; le contradicteur emande pas à l'assemblée de se déjuger, cependant il estime . serait opportun de revenir, au moins eu partie, sur la dé- n précédemment prise. H admet qu'on doit laisser venir ri-chao-pee et tenir la promesse faite de la rémunération e ; mais il insiste pour qu'un conférencier franmis soit ap- à porter la parole dans la séance publique annuelle du i de mai. Après diverses répliques, l'assemblée décide que renseignements, aussi précis que possible, seront demandés .'intérêt que pourrait présenter la conférence de M. Li-chao- au mois de mai, et qu'une détermination définitive aura , lors de la séance du mois de mars. impte-rendu sommaire de M. le Président sur la plupart uvrages offerts à la Société; proposition de faire une ana- snccincle de quelques-uns d'entre eux. mmunication d'une lettre de M. le Préfet, qui annonce par une circulaire du 21 décembre 1877, M. le Ministre [ntérieur a l'intention de faire figurer à l'Exposition univer- de 1878 la collection des inventaires sommaires des ar- >s, avec la reproduction , par l'héliogravure , de documents oulages de sceaux tirés des dépôts des Préfectures, des- nunes et des liospices. Les documents ainsi reproduits se- it réunis dans lui album où figurerait chaque département, 11 serait livré au prix d'environ 1 00 francs l'exemplaire, citation est faite à la Société de souscrire pour un exem- e de ce recueil. raison de ce que ce travail sera mis à la disposition des bres de la Société, à la Bibliothèque de la ville, et par it de ressources, l'assemblée décide qu'il n'y a pas lieu de idre à cette proposition. le Président annonce qu'aux termes d'un arrêté miois- du 31 janvier dernier, la IG» réunion des délégués des tés savantes et des professeurs des déparlemeats aura lieu, îorbonne, au inois d'avril 1878. s séances de lectures et des conférences publiques seront 90Q faites pendant les journées du mercredi 24 , du jeudi 25 et du vendredi 26. Le samedi 27 avril, M. le Ministre présidera la séance géné- rale dans laquelle seront distribués les récompenses et les en- couragements accordés aux Sociétés et aux savants. Une somme de 3,000 francs est mise à la disposition de cha- cune des sections du Comité pour être distribuée t** Par les sections d'histoire et d'archéologie, aux Sociétés savantes des départements y dont les travaux auront contribué le plus efficacement aux progrès de l'histoire et de Tarchéo- logie ; 2** Parla section des sciences, soit aux Sociétés savantes y soit aux savants des départements, dont les travaux auront contribué aux progrès des sciences. A l'occasion de ces réunions, les Compagnies de chemins de fer veulent bien accorder une réduction de 50 /o sur le prix des places, en faveur des sociétaires qui auront satisfait aux condi- tions qu'exigeront d'eux le syndicat et l'arrêté ministériel. A cet égard, des renseignements précis seront fournis par le Président ou par le Secrétaire, auxquels sont priés de s'adres- ser, jusqu'au 8 avril, dernière hmite, les membres qui au- raient l'intention de se rendre à Paris, à l'époque ci-dessus fixée. Prière, en même temps, à chacun de ces membres, de don- ner l'indication exacte de leur résidence, dans la capitale, pen- dant la tenue des Sociétés savantes. Les bulletins de circulation destinés aux représentants des Sociétés seront valables du lundi 15 avril au mercredi !•' mai. Sont désignés pour représenter la Société, à Paris, MM. A. de Saint -Laumer, Merlet, Met-Gaubert, Barland, Heurtault, Legrand et de Mély Femand. Conununication du ^linistère de l'Instruction publique de- mandant la réponse à un questionnaire sur la bibliothèque de la Société. — La bibliothèque n'a pas encore assez d'impor- tance pour motiver la nécessité d'un catalogue. Projet d'excursion archéologique; — propositions diverses pour Auneau, Brou, Crécy- Couvé, Épernon, La Loupe, Nogent-le-Rotrou, Voves. . Il est arrêté qu'on statuera, après renseignements exactement 9*74 pris, à tous égards, pour opérer une excursion dans une des localités précitées. Rapport de M. l'abbé Haret sur le souterrain de Saulnières. M. Tabbé Haret dépose différents objets sur le bureau, et an- nonce qu'il continuera la lecture de son Mémoire à la prochaine séance. Messieurs, » Nous venons de découvrir à Saulnières» un souterrain, dans l'antique cimetière mérovingien dont j'ai eu déjà plusieurs fois l'honneur de vous parler. » Ce souterrain est, selon moi, très-important par son éten- due, son antiquité et sa destination. C'est, un cimetière par in- cinération. Il est le premier de plusieurs autres qui remontent la Biaise jusqu'à sa source, il est le dernier, si vous le voulez, de beau- coup d'autres, qui vont jusqu'à la Seine, jusqu'à la mer, en pas- sant par les bords de l'Eure où se jette la Biaise. » Je les connais maintenant tous, grâce aux livres des ar- chéologues qui en ont parlé. Celui de Saulnières est inconnu, inconnu du moins dans la partie, la section que je viens d'ex- plorer. La tradition locale qui quelquefois met l'historien sur le chemin de la vérité, et qui souvent aussi l'en détourne considé- rablement, ne dit rien du souterrain de Saulnières; mais elle s'en dédommage en mal parlant du souterrain de Saint- Ange , son proche voisin ; elle nous dit que ce souterrain a été fait au Moyen-Age pour servir de communication la nuit entre un cou- vent de religieux et un monastère de religieuses. » Je ne suis pas fâché de saisir une occasion qui se présente pour faire savoir aux habitants de la contrée que ces souter- rains sont bien antérieurs au Moyen-Age ils datent de l'époque gauloise. Celui de Saulnières, à partir du trou par où nous sommes entrés, jusqu'à un autre trou qui communique à une autre galerie souterraine encore inexplorée, mesure tO mètres de longueur, 3 mètres de largeur, 4 mètres de hauteur; il est rempli d'un amas de décombres introduits dans cette crypte, je ne sais comment. ^ » La première couche, remplissant tout l'espace, est formée de gravois. — 225 — » La seconde de terre argileuse, d'humus, de terreau. » La troisième de grosses pierres semblables à celles de la voûte et des parois, dov pierres appartenant à ce terrain géolo- gique que Ton appelle molasse. » La quatrième de pierres plus petites , de pierres plus sili* ceuses, de pierres en petits éclats. » Au-dessous de ces quatre ou cinq couches, se trouve quelque chose comme un plancher, un pavage, une aire à battre le grain , ou quelque chose qui lui ressemble, qui est semblable au sol de nos granges. Ce fond est uni, glacé, très- égal , et composé d'une terre glaise blanche comme le blanc d'Espagne, molle et fraîche comme de la farine en pâte, ou comme du mastic de vitrier. » Sous cette couche se trouvent les cendres des morts, mê- lées à je ne sais quelle terre grasse formant une pâte noire, couleur d'ardoise, s' enlevant par grands quartiers, par épaisses plaques, et se dédoublant en feuilles, en lamelles permettez- moi mes expressions et mes comparaisons comme une galette à pâte brisée. Cependant une fois j'ai trouvé une motte de cendre autrement pétrie, autrement mêlée, et ayant une autre couleur. Comme j'ai ti'ouvé un échantillon de cette cendre for maut une pelote séparée, un bloc facile à transporter, je Tai ramassé pour le déposer ici, et vous rendre juges et examina- teurs de la nature de sa substance. » Dans ces cendres, ou plutôt un peu au-dessous, nous trou- vons non pas des os humains, jamais nous n'en découvrons dans cette demeure souterraine , mais des os d'animaux , non pas non plus des os entiers comme dans le cimetière mérovin- gien de la place, mais des os éclatés ou taillés et formant des pointes de flèches, et même des lances. Les seuls os entiers que nous trouvons ici, sont des os de petits oiseaux en très- grande quantité; à cette même place sont des débris de vases de toutes les couleui's, des morceaux d'ardoises, des noyaux de prunes , des arêtes de poisson , des briquets , des piro- maques, des coquilles de limaçon. » Ces cendres funéraires, ce limon humain ne se rencontrent pas sans interruption sous tout le pavimentum , le stratum de cette antique et mystérieuse nécropole ; on y remarque quel- ques lacunes remplies de sable fin et choisi. La première fois que je vis ce sable, je crus que nous étions sur une sablonnière, Tome VI. 16 - 226 — mais je fus promptement détrompé, car cette poudi^e de grès était circonscrite dans un espace formé en carré assez restreint. C'est dans ce sable que l'on trouve souvent une grosse pierre plate en silex plus pur que celui de la carrière où Ton a creusé le souterrain, recouvrant encore d'autres cendres mêlées à de la maçonnerie usée. » Bien que toutes ces sépultures à première vue semblent assez uniformes et égales par leur position, elles diffèrent cer- tainement en quelque manière et par quelque côté. Elles diffèrent , et elles devaient être reconnaissables pour les survi- vants de ces morts, d'abord par la couleur, et ensuite par la forme des petits débris de vases déposés au-dessus et au-des- sous de l'incinération, et aussi par je ne sais quelle espèce de numéro de leur façon , écrit à leur manière sur cette grande dalle mortuaire presque entièrement unie. » Aux yeux de ces familles en deuil et avec leur intention , il y a eu des morts respectueusement déposés sous le milieu même de la voûte de ce cimetière ; d'autres placés auprès des parois de droite ou de gauche; d'autres portés à l'extrémité de là chambre; d'autres laissés à l'entrée ; les uns faisant partie de la première salle dans ce cimetière, les autres de la deuxième, car il existe une séparation dans cette étonnante demeure ; j'y vois une porte en maçonnerie ne montrant aucune trace de fermeture. » Nous sommes ici, Messieurs, dans un cimetière très- pauvre, nous n'y trouvons jamais une seule urne entière ren- fermant des cendres, faisant verser un torrent de larmes comme il est dit dans les livres anciens ; mais voici que je rencontre en dernier lieu, avant de finir mon travail, une petite place, un loculus fermé par une grosse pierre plate en dessus , voûtée en dessous, pavé au fond, ouvert par un trou dans lequel j'intro- duis ma main, et d'où je retire des cendres, des pierres, du verre, des os, des tuiles, du bois, des fragments de ÎÉ^ence bleue et verte. Je ne vous décris pas cette sépulture, mais je vous apporte dans une boîte le petit édifice entier. » Les pierres sont rubannées, le verre est en pointe, les tuiles affectent la forme d'une flèche, les os sont éclatés, le bois n'est pas brûlé. Il doit y avoir beaucoup de ces petites cachettes que je trouverai quand j'aurai plus de temps à consacrer au souterrain, et que je pourrai y apporter plus d'attention. En - 227 - attendant, Messieurs, je vais remonter en les inventoriant une à une , les couches que nous venons de descendre ; mais avant de commencer, je vous ferai remarquer que dans ce souterrain plein de cendres, plein de suie, plein de matières brûlées, plein de paille noircie et non consumée, on ne découvre ni sur les voûtes, ni sur les parois, ni à aucune autre place, la moindre trace d'un feu qui y aurait été allumé. » Dans la première couche , au-dessus des morts, je trouve quelquefois des boules de terre blanche, molle, plastique; ces boules blanches , ces mottes de terre grosses comme le poing ont touché par un côté à des cendres ou plutôt à de la suie ou à du charbon pilé. On ne trouve pas auprès d'elles de feu éteint qui ait pu les noircir; elles sont noires par un de leurs hémi- sphères, noires d'un contact, empreintes et chargées de ce qu'elles ont touché. Quand on les ouvre en les pétrissant on trouve toujours en elles de petites pieri-es taillées , ou de petits morceaux d'ardoises cassés en losanges. Ces pierres, je les ai peut-être assez vues maintenant pour les reconnaître et vous en parler. Ces pierres ont été empâtées dans ces boules par la maiu de rhomme; l'homme a travaillé ces pierres, ou bien il a trouvé en cherchant pendant tout le cours de sa vie dans des pierres éclatées, ou dans des pierres qu'il s'amusait à casser, des petits débris ayant des formes qu'il affectionnait, et dont il faisait un fétiche, ou un instrument, ou une arme, ou une monnaie. A sa mort on déposait ce précieux objet auprès de ses cendres ; voilà ce que je pense maintenant des choses trouvées dans la première couche. y» Dans la deuxième couche en remontant , qui est la troisième en descendant, nous rencontrons quelquefois , mais rarement, des os que j'ai pris pour des os humains. » Dans l'autre couche, au-dessus, nous trouvons une zone continue de paille brûlée, de rares charbons entiers ou des braises im peu terreuses. C'est ici probablement qu'ont été transportés les restes des foyers éteints, où l'on avait bn\lé les morts. Ces foyers à incinération humaine, ces Ustrina devaient être installés à 100 mètres plus loin dans la direction du souter- rain, et à la place où j'ai trouvé l'année dernière, et déterré pour vous les montrer, des décombres dont je vous ai déjà parlé, et qui m'ont produit dans le temps l'effet d'un ancien, incendie de maison. — 228 — » Dans la couche au-dessus, nous trouvons du fer travaillé , de l'argent, du bois, une épée Franque ou Romaine avec son fourreau. » Au-dessus encoi*e, dans les terrains qui étaient sous nos pieds, le jour où nous sommes entré la première fois sous terre, nous ramassons des débris de tout, de verre, de bois, de cuir, de tuiles, de briques. » Ce n'est qu'à la faveur de plusieurs lampes allumées, que l'on peut voir clair dans cette sombre demeure, et ce n'est qu'en remontant à l'extérieur, et à la lumière du jour, que l'on peut bien examiner les objets que l'on y trouve. Les petits débris de vases sont tous intéressants à regai-der, au- cun n'appartient à la céramique commune et grossière. Tous ceux qui sont émaillés ont une pâte fine et tendre, ou une pâte en gris cérame. L'émail est quelquefois intérieur, quel- quefois extérieur; quelquefois ces débris sont charbonnés au dedans, je ne sais par quelle cause, et quelquefois aussi ce sont de simples tessons de vases neufs, brisés sans doute pour sym- boliser la fin d'une existence. » Cette céramique, que je trouve eu petits morceaux, doit être gauloise, et est certainement très-ancienne; la place où elle se rencontre dans le souterrain ne me laisse pas de doutes à cet égard. La première fois que je vis des échantillons, je me crus mystifié, tant ils me semblèrent modernes; mais je les ai gardés cependant, et je me suis rappelé avoir vu dans un musée qui fait loi en cette matière, l'hôtel Carnavalet, bien précieusement conservés sous verre, de petits morceaux de pots cassés tels que l'on en voit jetés dans la rue sous les pieds des passants. r> Cette céramique est gauloise ; la beauté de son émail n'a rien qui doive nous surprendre, et nous faire douter de sou origine gothique. Les Gaulois appliquaient l'émail exactement comme nous le faisons maintenant. Les Gaulois sont célèbres depuis longtemps par leur talent d'émailleurs. Philistrale, dans un passage que tout le monde connaît, a dit que l'émaillerie était un art indigène dans les Gaules, et que les barbares voi- sins de l'Océan avaient trouvé le moyen de fixer le verre sur le métal, par conséquent sur la terre cuite. y> M. le comte de Laborde, conservateur des collections dn Moyen -Age et de la Renaissance dans nos musées, a dit au chapitre des Emaux cloisonnés dans sa notice sur les Emaux — 229 - du Louvre En principe, j'établis que les anciens ont poussé l'art de la verrerie aussi loin peut-être qu'il est possible de le faire, et en tous cas dans des voies si ingénieuses que leurs productions ont été des modèles et pour les Bysantins, héritiers de leurs traditions sinon de leur génie , et pour les Vénitiens qui héritèrent des Bysantins, et pour les modernes enfin, si fiers des progrès de la chimie. » » L'émail était commun chez les anciens habitants de nos contrées, et M. de Laborde estime avec raison que la Gaule Belgique peut être considérée comme sa mère patrie. » A propos de l'émaillerie, je vous dirai que j'ai vu dans votre Musée de la ville un objet en bronze émaillé, cloisonné d*or et d'argent que l'on a énoncé Bijou romain, trouvé en 1851 au Boulevard de la Courtille. » Je viens de trouver le même objet à Saulnières à une place de l'ancien cimetière exclusivement mérovingienne; je pense que cet objet était une agrafe de manteau, un fermail, et je crois qu'il est mérovingien et non pas romain; j'apporte ici, pour les laisser au musée de la Société, l'objet en question et les deux petits pots de terre près desquels il a été recueilli. » Il en est certainement parmi vous, Messieure, qui auraient trouvé dans les cimetières de Saulnières plus que je n'y ai trouvé moi-môme, et qui auraient surtout mieux profité des trouvailles faites, qui auraient demandé aux difierents objets leur composition chimique, qui auraient voulu savoir si les squelettes humains de ce temps -là contenaient réellement, comme on le dit, plus de fluorure de calciiun, plus d'éléments de solidité. Pour moi , j'ai eu seulement la curiosité ou le désir bien légitime, bien avouable de savoir conuneut, dans ma pa- roisse, d'anciens habitants qui étaient là deux mille ans avant moi, et peut-être plus, donnaient la sépulture à leurs morts; j'ai vu qu'ils le faisaient avec respect, j'ai saisi leur pensée, j'ai compris qu'ils croyaient à l'immortalité de l'âme. » En apercevant auprès de leurs restes mortels des oiseaux qui s'envoleut, deshmaçons qui sortent de leur coquille, toutes ces choses ne m'avaient rien dit au commencement, mais en voyant ensuite dans les illustrations des livres du Moyen- Age la résurrection symbolisée par un escargot renaissant après l'hiver, sachant aussi que les païens faisaient naître et sortir leur Vénus d'une conque marine , je me suis dit en ramassant — 230 — au fond de ces mystérieuses sépultures de Saulnières, les lima- çons descendus bien au delà de leur puissance de perforation je me suis dit ces surprenantes hélices sont là , placées par la main de Thomme ; Thomme a eu une intention en faisant ces choses. » Les Francs, sur la place de Saulnières , à ciel ouvert, regar- dant le soleil levant quand ils ressusciteront de la terre , les Romains ou les Gaulois réduits en cendres dans cette crypte mortuaire, témoignent tous que Thomme n'est pas une brute, mais bien Timage de Dieu. D Au retour d'une excursion quasi - scientifique dans ces sombres dortoirs , on est heureux de réciter quelques-uns des immortels vers du Dante , qui nous font voir des anges radieux, des papillons célestes sortant en foule de ces provisoires ca- chettes en déployant leurs ailes brillantes vers la clarté de la gloire et de la lumière incréée. . Vermi Naii a formar Vangèlica farfalla Che vola alla Giustizia sema schermi. » » Mais ce qui est plus beau encore en sortant de terre, c'est de regarder l'église qui domine ces deux cimetières, la belle église de Saulnières avec ses beaux, ses très-beaux vitraux du XV ou XVI siècle , nous montrant dans des portraits la douce figure des seigneurs du Moyen -Age, Tangélique visage des grandes dames de ces temps-là, dans ce pays-là. » Après diverses observations de plusieurs membres qui font leurs réserves au sujet de différentes assertions de M. l'abbé Haret, l'assemblée vote des remercîments à notre zélé confrère. Note de M. Benoît, conseiller à la Cour d'appel de Paris, sur le Prieuré de Gassicourt, près Mantes ancien diocèse de Chartres. Quand, en 1874, nous avons entretenu la Société archéolo- gique d* Eure-et-Loir du Prieuré Bénédictin de Gassicourt près Mantes-sur-Seine que l'illustre évêque de Meaux a régi pendant plus de quarante ans, nous avons omis de rapporter une croyance populaire attribuant à saint Gaucher la fondation de cet établissement religieux. Ce pieux cénobite, né à Meulan et élevé à Jusiers ancien diocèse de Chartres, où il existe encore — 231 — une fontaine miraculeuse portant son nom, fonda à Saint- Léonard, près Limoges, le prieuré de Saint-Jean-d'Aurelle, et mourut en 1130, d'une chute de cheval, à Tâge de quatre- vingts ans. Mais on ne voit, dans Thistoire ecclésiastique, au- cun indice qu*il ait pu avoir la moindre part à la fondation du prieuré de Gassicourt. Cette erreur n'a été inspirée et ne s'est maintenue, dans les environs de Mantes, que par le désir d'honorer davantage la mémoire de l'enfant de Meulan. En effet, dès le XI siècle, le prieuré de Gassicourt relevait de l'abbaye de Cluny. C'est ce qu'atteste une charte, sans doute inédite, relevée récemment sur le Cartulaire original de cette abbaye et remontant à Hugues, abbé de 1049 à 1109. In nomine Domini. Notum sit omnibus hominibus praesen- • tibus et futuris quod Radulphus , gratiâ Dei compunctus , an- » nuente uxore suâ Evâ et fiUis suis Tetbaldo scilicet et Roberto, » Râdulpho , Widone et Vidrico , pro animaî suae redemptione » et animarum illorum et antecessorum eorum , dédit Clunia- » censi ecclesiœ y in honore heaii Pétri apostoli consecratse, et » domno Hugoni abbati ac monachis Deo illic servientibus, » ecclesiam de Wascicoi^te et decimam annonse videUcet et vini , ceterarumque rerxmi illic pertinentium, et decimam telonii » quod tenebat in portu Meduntœ, » Lecture par le Secrétaire d'une pièce de vers qu'il a composée et intitulée La Douleur d*un jeune Fiancé. — Renvoi à la Commission de publication. LA DOULEUR D'UN JEUNE FIANCÉ. Sur la pierre voisine De tombeaux fastueux, Un jeune homme s'incline, Disant , les pleurs aux yeux Tu passas sans connaître L'amour ni le plaisir ; Un matin te vit naître, Le soir te vit mourir ! Ce monde qu'environne Un éclat séducteur, N'a pu de ta couronne Altérer la blancheur ; - 232 - Tu passas sans connailre L'amour ni le plaisir, Un matin te vit naître » Le soir te vit mourir ! Parmi des fleurs mi-closes, Alors sa main cueillant La plus fraîche des roses , Il redit relTeuillant Ton sort , rose nouvelle , Devait être plus beau , Mais on te vit, comme elle, Fleurir sur un tombeau .... Comme elle , sans connaître L'amour ni le plaisir , Un matin te vit naître , Le soir te vit mourir! Mon Dieu ! tu Tas ravie Bien jeune hélas ! encor ; Pour la sainte Patrie Tu voulais un trésor! Près d'elle , ô divin Maître , Brisé comme un martyr. Un jour fais-moi renaître Et je saurai mourir î L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. U Archéologie devant V Étal-Major et la Justice, Plaidoirie de M. Albert Gréhen pour M. Peigné - Delacourt contre M. le Ministre de la Guerre. Guise, imprimerie Baré, 1877, in-8**. Don de M. Peigné-Pelacour. Introduction à la Bibliographie de Belgique, publiée par les soins de la Section littéraire de la Conmiission des échanges internationaux. Bruxelles, H. Manceaux, 1877, in-8o. Envoi de la Commission. Du Bégaiement et de son traitement physiologique, par le docteur Jules Godard. Paris, Baillière, 1877, in-8^ Don de l'auteur. — 233 — Togographie archéologique des cantons de la France, par M. Peigné-Delacourt. Département de l'Oise , arrondissement de Compiègne, canton de Ribécourt. Noyon, Andrieux, 1874, in-8% avec une carte. Don de l'auteur. Mémoires de la Société Qrléanaise, t. XV, avec atlas. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Danoise. Châteaudun, imprimerie Lecesne. Envoi de la Société. Bulletin de la Société archéologique de Sens, t. XI. Impri- merie Duchemin , 1 877. Envoi de la Société. SÉANCE DU 7 MARS 1878. Présidence de M. A. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubeut, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès- verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. A. de Saint-Laumer, Merlet, Met- Gaubert, Appay, Buisson, Ph. Bellier de la Chavignerie, l'abbé Collet, Dussart, Escoffler, Escudié, Tabbé Guérin, Gabriel, les abbés Haret et Haye, Heurtault, Hue, Legrand, Lecocq, Le Goux, D»"Legendre, Lorin, de Mély Fernand, Poyer, l'abbé Bobinet. Communication de M. Heurtault sur le téléphone et les expé- riences qu'il se propose de faire à l'appui de ses explications. M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, annon- çant que, sur la proposition de la section d'archéologie du Comité des travaux historiques , un prix de mille francs serait accordé , lors de la distribution des récompenses aux Sociétés savantes, à la Société archéologique d' Eure-et-Loir ^ pour les services qu'elle a rendus à l'histoire et à Tarchéologie. Tome VI. 17 — 234 — Ces mille francs sont distraits d'une somme de trois mille francs, décernée par le Ministère aux Sociétés savantes de France les plus méritantes. En outre, est accordée une médaille commémorative qui sera donnée au Président, pour la Société, le jour de la séance solennelle du 27 avril, après un rapport spécial sur Tensemble de nos travaux. Communication de M. Tabbé Haret sur le souterrain de Saul- nières et sur quelques découvertes archéologiques opérées à Crécy-Couvé. — La Société décide qu'il sera nommé une Com- mission pour une excursion à opérer dans ces deux localités. Sont nommés membres de cette Commission MM. de Saint- Laumer, P. Durand, Lecocq, Ph. Bellier de la Chavignerie, de Mély fils, auxquels s'adjoindront nos confrères de Dreux, MM. Gromard, Tellot, d'Alvimare, de Saint-Blanquat et Job. Vient ensuite la question de la séance publique annuelle du mois de mai. M. le Président transmet des renseignements précis sur M. Ly-Chao-Pee, qu il a vu récemment à Paris. — Un membre admet la venue du lettré chinois, en exprimant for- mellement le vœu que cet honorable savant ne soit pas chargé de' faire la conférence le jour de la séance publique annuelle. M. de Mély Fernand désire que, pour augmenter l'intérêt de cette séance , la Société fasse venir un autre conférencier français, et propose d'avoir les deux orateurs réunis le même jour. Après observations, l'assemblée accepte la dernière proposi- tion ; il est arrêté que le conférencier français sera M. de Mon- taiglon, professeur à l'Ecole des Chartes. M. Merlet voudra bien lui transmettre le vœu de la Société. Il est décidé que dans le cas où M. de Montaiglon ne pourrait pas accueillir la demande de la Société, le Bureau aurait la faculté de choisir un autre conférencier. Communication de M. Ph. Bellier de la Chavignerie sur un article de la Société archéologique de l'Orléanais Médailles de Priina-Vcra. Autre communication sur différents ouvrages offerts à la Société. — Observation de M. Lecocq sur l'inconvénient de pu- - 235 — blier le comple-rendu de ces ouvrages et la crainte manifestée de voir s élever un conflit avec les Comités des Sociétés sa- vantes. Lecture d'une pièce de vers de M. Le Goux La Maison de Collin d'Harleville à MévoisinSj dédiée à M™ Lômoine, nièce de ce poète. LA MAISON DE COLLIN D'HARLEVILLE A MKVOISINS. Non loin des bords de TEure, étage sur la pente D'un coteau qui mûrit ses raisins au soleil, Le village est au bout d'un chemin qui serpente A travers les grands blés et le trèfle vermeil. Sur ses toits que le temps a rendus uniformes En les couvrant de mousse , une blanche maison , La croix du carrefour qu'ombragent de vieux ormes Et le clocher jauni tranchent à l'horizon. La maison est assise au centre des chaumières, Comme une souveraine au milieu de sa cour ; Elle vous fait rêver à ces gentilhommières Qui mettaient les vassaux à Tahri de leur tour. Mais elle n'eut jamais ni pont-levis, ni herse ; Par les oiseaux de nuit son toit n'est pas hanté ; Elle est simple , modeste , et cependant il perce Un reflet de grandeur dans sa simplicité. Elle est si souriante avec sa clématite , Ses grands pins qui , du nord , savent la protéger , Avec son vieux noyer, près du puits qu'il abrite , Ses roses du parterre et ses fruits du verger , Qu'il vous vient, en passant, l'irrésistible envie D'y respûper un jour à l'ombre des lilas , D'y reposer son front des soucis de la vie , Quand le poids en est lourd et que le corps est las. Test dans cette retraite , où les bruits de la ville Expirent sans jamais troubler l'écho moqueur, Cest là qu'on dit encor, de Collin d'Harleville » 11 vécut sous ce toit ; c'était un noble cœur ! m — 236 — Quand , sur son clier pays , ûe. terribles orages l'assaient en foudroyant le trône et les autels , Il composait en paix , Ici , de nobles pages Qui devaient l'élever au rang des immortels. Lorsque nos fiers aïeus, guidés par la victeirc, Sur le sol étranger, plantaient notre étendard. Le poéto écrivait, sans songer & la gloire, Ses vers toujours heureux sa Uuse était sans Tard. Il adorait les champs ; à ses heures choisies , Il rêvait dans les bois, dans tes prés, au jardin. Butinant au liasard de fines poésies. Comme, de fleur en fleur, l'abeille son butin. Il chantait la campagne et ses travaux pénibles Qu'il surveillait lui-même au milieu des hivers; Il voilait sa bonté, son cceur, ses mœurs paisibles Kt ses douces leçons sous le charme des vers. Dans son domaine étroit, clos pariine charmille, Se donnaient rendez-vous le Tranc rire et les chants Le solitaire avait augmenté sa famille Des enfants du village et des oiseaux des champs. Il semblo encore ici qu'il sourit et respire ; Tout mortel, en ces lieux, éprouve un saint respect. Tellement la vertu sur notre âme a d'empire. Tant l'art élève l'homme et grandit son aspect ! D'Harleville n'eut pas, do l'aigle les coups d'aile; Dans sa sphère tranquille , il sut se taire aimer ; A sa Muse chérie, il est resté fidèle, Et, pour mieux nous instruire, il a su nous charmer! Duhriage,Plainville, Eliante, d'Orlange, Vous teus qu'il a créés, n'est-ce pas qu'il est beau Déchanter de tels maris? venez, noble phalange. Déposer avec moi ces vers sur son tombeau ! . . . On dit que, bien souvent, au fond de la vallée. Dans la prairie où coule un ruisseau murmurant. On voit oncor le soir sa Muse désolée S'asseoir sur le rivage et l'attendre en pleurant. Elle fut sa compagne et sa révélatrice , Car il était poète avant de le savoir. - 237 - Et, seule désormais, la douc6 inspiratrice. S'a pas UDCor perdu l'espoir de le revoir ! . . . Ils s'étaient tant aimés! La vie était si douce, Lorsqu'easemble ils erraient dans les sentiers fleuris. Ou qu'ils disaient, assis dans les bois, sur la mousse. De beaux vers aux échos qui seuls les ont appris ! . . , funeste destin d'une nature étrange ! Elle a bu le poison le plus délicieux Dont s'enivre la terre ; elle est sœur d'un archange ; Uais il lui faut soulTrir pour remonter aux deux ! Et vous, chère Jenny, de l'aimable poèt, Vous qui saviez, enfant, apaiser ses douleurs, Fidèle à sa mémoire, âme de sa retraite. Vous lui gardez aussi votre culte et vos pleurs. Vous consacrez vos jours à relire ces pages Qui sont, pour son pays, un étemel honneur; Sa pensée , empruntant leurs prismes aux images , Eclaire votre ciel d'un rayon de bonheur! Il vous semble encor voir sa figure expressive S'animer en disant ses vers harmonieux Cest bien luil... vous prêtez une oreille attentive Hélas ! la tombe rend les morts silencieux ! Kon, plus d'illusion, plus de vaine chimère. Car si le rêve est doux, le réveil fait soullHr; D'Harievilie a quitté cette vie éphémère. Mais son œuvre est debout et ne doit pas mourir '. Le poèt vivra dans la pure lumière Dont l'ètemel éclat succède aux jours de deuil , Même après que le temps aura rongé son seuil Où ce pieux hommage est gravé dans la pierre Un Dieu semble liabiter où vivait un grand homme Renault, — 238 - Communication de M. Buisson sur plusieurs découvertes ar- chéologiques opérées à Marboué. — Prière à M. Lecocq de se transporter dans cette localité et de faire un rapport. M. Buisson voudra bien écrire, à ce sujet, à M. Tabbé Hautin, curé de Marboué, afin d'obtenir des renseignements. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Renault François, instituteur, à Morancez; présenté par MM. Met-Gaubert et de Saint-Laumer. RicouR Joseph^ instituteur, à Gasville; présenté par les mêmes. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Bulletin des Antiquaires de l* Ouest y 4* trimestre de 1877. Envoi de la Société. Mémoires de la Société Eduenne, t. VI. Autun, imp. Dejus- sieu, 1877. Envoi de la Société. Revue des Sociétés savantes des départements, 6' série, t. V, avril 1877. Impr. Nationale. Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 2" semestre 1876. Angers, Lachèse, 1876. SÉANCE DU 4 AVRIL 1878. Présidence de M. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart ; le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté. — 239 — f Etaient présents MM. de Saint-Laumer, P. Durand, Met- Gaiibert, l'abbé Agoutin, Appay, Bavois, Ph. Bellier de la Chavignerie, de Bertheville, Buisson, Cornillon, Dubreuil, Dussart, Escoffier, Famin, Foucault, Germond P.> Gilbert P., abbé Guérin, Haye, Heurtault, Hue, Legrand, Lecocq, doct. Maunoury, Nancy A., abbé Pardos, Poyer, Ravault, Ricour, abbé Robinet, Sautton. Suivent les communications 1 De M. Lecocq sur les mâcles de Bretagne ; 2* De M. l'abbé Foucault, sur Tlntroduction à la Bibliographie de la Belgique ; 3* De M. le Président, sur un volume qui a pour titre Antiquités et Monuments du département de V Aisne, par M. Edouard Fleury, 2 partie. Paris, imprimerie Jules Claye; 4** De M. P. Durand, sur Une visite au cimetière mérovingien de Crécy et sur le souterrain de Saulnières. Est mise aux voix la proposition d'une somme destinée à compléter les travaux ou les fouilles dont s'occupe M. l'abbé Haret. — Les conclusions de la Commission sont adoptées, et un honrnfiage bien mérité est rendu à M. le curé de Crécy pour le zèle qu'il apporte dans ses trouvailles archéologiques. La parole est ensuite donnée à M. le Trésorier pour le compte- rendu de la situation financière de la Société , exercice 1877. RECETTES. lo Recettes ordinaires. Reliquat de l'exercice 1876 6,755 fr. 49 c. Subvention du Ministère de l'Instruction pu- blique 400 » Cotisations. — Total des recettes 3,559 80 Vente de bulletins 1 32 25 Intérêts des fonds placés 221 » A reporter 11,068 54 - 240 - ReporL . . . 11,068 fr. 54 c. 2" Recettes extraordinaires Récompense du Ministère 1 ,000 • Total des receltes !2,068 54 DÉPENSES. Dépenses ordinaires Procès- verbaux et Mémoires 942 fr. 85 c. Gravures 367 20 Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 125 50 Traitement de Tappariteur 250 10 Fouilles, achats pour le musée 106 75 Séance générale 170 » Excursion ai'chéologique 91 75 Dépenses imprévues 174 35 Abonnements et reliures 420 35 Total des dépenses 2,658 85 BALANCE. Recettes 1 2,068 fr. 54 c. Dépenses 2,658 85 Reliquat actif. . . 9,409 69 Quelques observations sont présentées afin que, désormais, les comptes soient réglés du 31 décembre d'une année au 31 décembre de Tautre année. M. le Trésorier aurait la bonté de s'arranger en conséquence, pour établir la situation financière sur des feuilles spéciales. Des remerciements unanimes lui sont adressés pour les soins qu'il apporte à tenir sa comptabilité. Suit la communication de M. le Président sur les travaux des instituteurs; M. Laigneau Em. n'ayant pu présenter son rap- — 241 — port officiel, pour des causes indépendantes de sa volonté, rassemblée décide qu'elle entendra, le jeudi 2 mai, ce rapport et statuera sur les conclusions qull comporte. En raison de ce retard , il est arrêté que la séance publique annuelle, qui a lieu réglementairement en mai, se tiendrait le jeudi 6 juin. Le local, l'heure précise, les noms des orateurs appelés à prendre la parole pour cette solennité seront ultérieurement indiqués. En ce jour se fera la proclamation des prix accordés aux instituteurs; à ce sujet, un membre exprime le désir que M. le Directeur de TÉcole normale primaire veuille bien ne pas manquer d'envoyer une députation d'élèves de son éta- blissement. Le projet d'excursion archéologique est renvoyé à la séance du 2 mai. Une proposition sera faite de l'accompHr dans le canton de La Loupe, avec des vœux motivés. Communication de M. Lecocq sur les découvertes archéolo- giques opérées à Marboué. Grâce à l'obligeance de notre collègue M. Buisson, et par son entremise, nous avons reçu de la part de M. l'abbé Hautin, curé de Marboué, près Ghâteaudun, des détails au sujet de découvertes récenmieut opérées. • 1 En enlevant des terres de l'ancien cimetière de cette paroisse, on découvrit quelques débris lapidaires pouvant inté- resser l'Archéologie locale. Près du chevet de l'église, à une pro- fondeur d'environ deux mètres, fut mis au jour un sarcophage en pierre lequel renfermait deux squelettes juxtaposés et n'of- frant aux regards qu'un seul crâne; la position de ces corps semblerait indiquer qu'une recherche antérieure, ou violation, aurait eu lieu en cet endroit*. Ce sarcophage ne présentait ni * M. de Caumont, dans son Abécédaire d'Archéologie religieuse, parlant des inhumations au moyen de sarcophages de pierre à Tépoque du Moyen-Age , s'énonce de la sorte Dans quelques cercueils , on avait inhumé plusieurs membres de la même famille, ce que j'ai conclu de la présence de deux et quel- aues fois trois têtes réunies. Dans plusieurs sépultures, la tête de celui qui avait Pic inhumé le premier , avait été ramenée vers les pieds pour faire place au second. » — 242 - couvercle, ni signe ou monogramme quelconque révélant Télat social des personnages inhumés en ce lieu , qui est voisin du territoire appelé par les habitants le Champ des Cercueils \ Cette dénomination nous remet en mémoire certain passage du Joui'nal manuscrit et inédit de Messiro Jehan Parrault, curé de Vitray-en-Beauce 1 574- 1 622 , concernant ce lieu anciennement consacré aux inhumations Année i6i i ; En ce même temps se descouvrit plusieurs tom- > beaux de pierre, par un certain laboureur de la paroisse de » Marboué, près Chasteaudun, ausquelz tombeaux se trouvent des » corps ou bien des ossementz de certains hommes qui y auroient > estez mis et posez. Et ce fut trouvé en plain champs , en labourant » la terre; Ton n'avait jamais ouy parler qu'il y eust eu cimetière, » ny bataille. Enfin, il s'en est trouvé, je ne Tay veu, mais bien » ouy dire par plusieurs, et, entre autres, par Guillaume Le Sire qui » m'a asseuré, sur safoy, les avoir veuz; ce que, depuis le ven- » dredy huitiesme jour d'avril i6i i , estant allé à Chasteaudun, et » revenant, je passy par ledit lyeu, où estoient lesditz tombeaux, » donc j'en compty la quantité de seize, sans les autres qui estoient » encore à descouvrir le lyeu où sont lesditz tombeaux se consiste » bien en la valleur et grandeur de deux arpentz de terre, ou en- » vyron , qui est de peu de valleur ; qui est esloigné d'une Chapelle * » qui a esté et est encore, à présent, ruinée. Ceulx du pays disent, » qu'anciennement, il y avoit une ville qui s'appeloit La Magnane^. » J'ai veu esditz tombeaux les ossements desditz deffunctz qui y » avoient estez mis et enterrez; desditz tombeaux j'en ai veu quatre 3» qui estoient juxtes les uns des autres, et n'en vey guierre qu'un » ou deux qui feussent soubz les autres , deux et deux , troys et troys » et autre nombre. Pour moy, je crois qu'anciennement là estoit » l'église et le cimetière de la paroisse de Marboué; car l'on m'a * M. de Cauinont ut supra , p. 261 , 4 édit. , dit Quatre Mémoires vous ont été adressés, cette année, par les instituteurs du département. » \^ Résumé histonque et description géographique et admi- nistrative de la commune de Doisville' la- Saint- Père, par M. Leprince » 2** Un coin du Perche-Gouilt Notice histfjrique sur la Ville et la Baronnie de Brou, par M. Ghantegrain; » 3 Histoire des écoles de Coulombs y par M. Boucher; » A^ Mémoire géographique y historique et statistique sur la commune de Friaize, par M. Poullard. * La Conunission instituée en vue déjuger la valeur desdits travaux s'est réunie le 28 mars et le 1 5 avril ; voici les obser- vations qu'elle a cru devoir vous présenter avant de soumettre ses conclusicttis à votre appréciation définitive. I. » Dans sa notice historique sur la Ville et la Baronnie de Brou, M. Ghantegrain s'est appliqué à coordonner les nom- — 247 — breux documents que l'on rencontre sur la matière, dans les ouvrages de Doyen et des abbés Souchet, Fret et Bordas. '> Ce travail, qui ne compte pas moins de 327 pages, est divisé en 3 parties. La première est consacrée à une notice générale sur le Perche-Gouêt, à sa coutume et à ses seigneurs; — la deuxième partie, qui constitue la portion la plus volumineuse du manuscrit, est relative à la ville de Brou , à ses établisse- ments religieux et hospitaliers, à son commerce et à ses in- dustries ; elle renferme aussi une étude sur les hameaux, les lieux historiques et les personnages célèbres de Brou, ainsi qu'une statistique de Tétat de Tinstruction primaire dans la conmiune avant 1789; des annales historiques, qui n'avaient pas trouvé place ailleurs, forment le dernier chapitre ; — enfin, la troisième partie traite exclusivement de la baronnie de Brou , de ses origines, des droits du bai*on, des fiefs et des mouvances de la baronnie , de son organisation administrative, ainsi que des faits et gestes de ceux qui l'ont possédée. » Comme on peut en juger par l'aperçu général qui vient d'en être tracé, M. Chantegrain avait entrepris une bien grosse tâche. Il a conduit son œuvre très-rapidement, trop rapide- ment quelquefois , car la Commission a dû y relever nombre d'imperfections et d'inexactitudes de détail dues à l'inexpérience du jeune auteur , et dont notre compte- rendu ne peut donner rénumération. T> Sans tenir compte des emprunts trop fréquemment faits au Dictionnaire des origines de Chéruel, disons encore que beau- coup de notes données à titre de jnèces curieuses et inédites se rencontrent cependant dans des ouvrages imprimés — comme la Vie d'Adrien Bourdoise de la p. 121 à la p. 136, extraite d'une biographie sur ledit Bourdoise, par M. de Courtenvaux, et dont il existe plusieurs éditions ; comme aussi les Arrest et V Homologation des statuts et règlements pour les manufactures de serges et étamines de la Ville et Bailliage de Brou au Perche » p. 137 à 163, pièce moderne, datant seulement de 1667, époque à laquelle Colbert, voulant raviver le commerce des laines dans notre contrée, y introduisit l'industrie du filage et celle du tricot, et fit rédiger, à cet effet, les arrêts et statuts susdits, qui furent communs à Brou, à Chartres et à toute la région. > Les détails sur les 39 hameaux de la conwnune de Brou et sur quelques seigneurs qui les ont possédés, sont assez com- - 248 - plets. Il est à regretter toutefois que Fauteur n'ait pas accom- pagné son texte d'un plan de la ville et de la commune dont il faisait l'histoire. Il n'est nullement question aussi des mœurs, des usages, des légendes, ou des traditions qui doivent exister à Brou comme ailleurs; et la Commission a pu regretter le silence de l'auteur sur ce point. » Enfin, quant à la baronnie de Brou elle-même, si la liste des gérants et employés de ladite baronnie est assez com- plète, l'histoire des seigneurs de Brou et de leurs faits et gestes a été assez maigrement traitée. Les seigneurs de Brou n'étaient pas les premiers venus ; le chapitre qui les concerne est insuffi- sant ; la Commission l'a considéré comme une des parties qui laissent le plus à désirer dans le travail de M. Chantegrain. II. » M. Leprince a divisé son mémoire sur Boisville-la-Saint-Père en deux grandes sections. » Dans la première, qu'il intitule Partie historique et des- criptive, » il traite d'abord de Boisville et de ses hameaux; puis il donne les faits historiques qui se rapportent à la commune, pour terminer par une description générale et topographique du territoire. » La deuxième section , Partie administrative, productions, statistique, langage, » a trait à l'admistration civile, rehgieuse, judiciaire, financière, militaire et de l'instruction primaire ; — des notes sur Tagriculture, le commerce, l'industrie, l'assis- tance publique; les voies de communication, les événements historiques, y trouvent aussi leur place; enfin, le travail se complète par le glossaire particuUer au village. » A la lecture de cette analyse très-succincte, on s'aperçoit im- médiatement qu'il manque à cet ensemble de faits un plan et im programme bien déterminés. » La Commission a remarqué ensuite que l'introduction, qui n'a rien de particulier à Boisville, pourrait s'appUquer à la plu- part de nos villages de la Beauce. — Puis , M. Leprince a copié en latin , en en donnant toutefois la traduction , tous les textes des cartulaires de Saint-Père et de Notre-Dame qui pouvaient se rapporter à Boisville. La Commission aurait préféré que — 249 — Faulenr se fût contenté de faire du tout un résumé succinct pouvant servir de thème à la rédaction de la partie historique de son travail. — De même, les trois documents qui suivent tiennent une trop large part dans le Mémoire ; ils auraient dû être seulement analysés. » La description générale de la commune est bonne , elle est accompagnée d'un bon plan; mais pourqnoi le Mémoire ne fait-il quénumérer les noms des champtiers, alors quil im- porte si utilement quelquefois de rechercher les origines de leur appellation ? » Les chapitres 1 à 8 de la deuxième partie du travail ren- ferment de bons détails, mais ils sont presque tous modernes. Le chapitre 9 , Patois du pays , » est trop incomplet et peu local, c'est une partie fort défectueuse du travail sur Boisville. • Enfin, la Commission a regretté que les minutes des notaires n aient pas été visitées, et que l'auteur n'ait rien donné sur les usages propres à la localité, ainsi que sur les légendes et les chroniques qui s'y rapportent. III. » Dans son Histoire des Ecoles de Coulombs, depuis le com- mencement du XVIII siècle jusqu'à ce jour, M. Boucher a fait preuve de bonne volonté; mais la majeure partie des documents que ce petit mémoire renferme sont modernes; ils n'ont dès lors qu'une très-faible valeur historique. IV. » Le travail relatif à la commune de Friaize, comprend d'abord une étude géographique se rapportant au sol , au climat et aux productions naturelles du pays, elle est accompagnée d'un plan. — Il comprend en second lieu l'histoire de Friaize , depuis le XI siècle jusqu'à nos jours. — L'auteur décrit ensuite le bourg avec des détails particuliers sur l'église et ses curés, sur l'état civil et sur le château ; il donne sur les hameaux et les seigneurs qui ont possédé celui de la Porte, sur les champtiers, sur les usages locaux, les renseignements historiques ou autres qu'il a cru devoir relever. Des notes statistiques sur la population. Tome VI. P. V. 18 I - 250 - sur l'agriculture , sur l'instruction primaire , terminent le travail qui se complète par un appendice. » L'ensemble du mémoire de M. Poullard est bien conduit. Mais les données historiques sur Friaize sont rares ; elles n'ont qu'une valeur de second ordre pour l'histoire générale de notre pays ; aussi Fauteur , malgré ses efforts, n'a-t-il pu donner que des renseignements empruntés à Souchet et à M. de Lépinois pour la maison de Friaize, et aux registres de l'état civil de Friaize et du Thieulin, pour les familles de Beaulieu et de Pron- sac. La Conurnssion a pensé que les trois actes de l'appendice et la copie des usages locaux ayant force de loi dans le canton de la Loupe, n'offraient pas de particularités bien curieuses, sans- cependant leur refuser d'avoir pour le village susdit un véritable intérêt local. » De l'ensemble des observations particulières qui précèdent, il résulte que le concours de 1877 est inférieur à ceux des années précédentes. Aucun des quatre manuscrits présentés à la Société ne présente l'ensemble des qualités que la Commission s'était plu à constater dans quelques-uns des mémoires que vous avez couronnés jadis. — Trois sur quatre manquent généralement d'ordre et de méthode dans l'exposition; leurs auteurs les ont parsemés de trop faciles emprunts faits souvent à des ouvrages de bibliothèque. Le quatrième mémoire, qui a plus d'unité, n'offre pas rme valeur scientifique assez marquée pour qu'il prime les trois autres. •I Voici, dès lors, les récompenses que votre Conunission a cru devoir vous proposer d'accorder pour le concours de 1878. » On ne donnerait pas de 1" prix. » Il serait décerné » 1» A M. Chantegrain, instituteur à Boisgasson, précédem- ment instituteur-adjoint à Brou, un second prix , avec un ou- vrage d'une valeur de 40 fr. ; » 2 A M. Poullard, instituteur-adjoint à Pontgouin, une mention très-honorable et un ouvrage d'une valeur de 30 fr. ; » 3° A M. Leprince, instituteur à Boisville-la-Saint-Père, une mention très-honorable et deux ouvrages de M. de Cau- mouD, d'une valeur de 25 fr. ; » 4° A M, Boucher, instituteur à Coulombs, une mention honorable. » — 251 - Après quelques observations fournies sur l'ensemble du con- cours, les conclusions de la Commission sont mises aux voix et adoptées. Suit la proposition du projet d'excursion archéologique à La Loupe et de visite au château des Vaux, pour l'époque qui paraîtra la plus favorable. — Décision est laissée au Bureau à ce sujet. Dépôt du plan du souterrain de Saulnières dressé par M. Passard. M. Lecocq signale l'omission faite au procès-verbal du 16 jan- vier 1878, de l'article intitulé ; Un Squelette mystérieux \ • Le 26 décembre 1877, le sieur Théophile Liard, ouvrier tuilier, demeurant à Chartres, faubourg Saint-Brice, était oc- cupé, au compte de M. Mouton, chaufournier dans cette ville, à fouiller de la terre cà brique, sur le territoire de la conunune du Coudray, section A, champtier des Bardeaux, n** 312 du cadastre. 9 Cet emplacement se trouve en face, et de Tautre côté de la route, où nous avons déjà signalé Un four à Pouzzolane factice, que Ton voit décrit dans le tome IV, page 477, des Procès- verbaux de notre Société archéologique. » Le champ, d'où cette terre est extraite, joint, d'un côté, l'an- cienne route allant de Chartres à Orléans, et, de Tautre, aboutit sur la vallée des Bardeaux. La majeure partie du sol de ce val se compose d'une couche de terre alumino-siUceuse, provenant d'un diluvium, dont l'épaisseur est de deux à quatre mètres, et connu sous le nom de terre franche, ou de terre à brique. Il ne contient aucune pierre calcaire, ou de silex. t C'est à neuf mètres de la route conduisant du Gord au Cou- dray, à gauche, que le sieur Liard, occupé, comme nous venons de le dire, à fouiller la terre, mit à découvert un Squelette humain , enfoui à une profondeur de 80 centimètres. Cet être inhumé de la sorte , présentait les conditions suivantes la tète était orientée vers l'Est, le corps, reposant sur le dos, laissait apercevoir, rangés à leur place naturelle, tous les grands osse- ' Voyez ProcèS'Verhaiix y t. VI, p. 219. 9K0 _ nienls des membres; les côtes étaient alfaissées et les vertèbres, en paitie détruites; de la tête, il ne restait que la partie supé- rieure du crâne et la mâchoire encore garnie de dents, les- quelles avaient conservé leur émail; toute la partie faciale était remplie de terre; auprès de la tête se trouvait un gros ladère, et, le long des côtés du squelette, des silex for- mant un ensemble total de quinze. Aux deux extrémités de rindividu, ainsi gisant, furent recueillis des fragments d'en- viron huit clous en fer, entièrement oxydés et paraissant avoir une longueur de huit centimètres. » Avis de cette étrange découvette ayant été donné à M. le NJaire du Coudray, ce dernier s'empressa d'adresser un rap- port au Parquet du Tribunal, lequel commit M. le Commis- missaire de Police de Chartres , pour faire une enquête, dans le but de découvrir si les ossements humains trouvés dans un tel endroit et dans une pareille disposition , pourraient fournir la preuve, ou , tout au moins, la présomption d'un crime. » Bientôt la rumeur publique s'empara de cette histoire mysté- rieuse, et, l'imagination de quelques cerveaux lomanesques aidant, furent produites des légendes qui circulèrent à ce sujet. L'un parlait delà disparition, déjà bien éloignée, d'un habitant du Coudray, d'autres croyaient voir les restes d'un Martyr chrétien , qui aurait été lapidé, ou même crucifié , puis, ensuite, inhumé en cet endroit; la preuve de ce dernier sup- plice aurait éié fournie par les clous découverts à la tête et aux pieds du squelette. D'autres disaient avoir reconnu, dans le sujet, un homme antédiluvien , ou tout au moins préhistorique, par la raison que le cadavre avait été entouré de silex qui, di- sait-on, étaient taillés; mais silex taillés par supposition et clous réunis dans une même sépulture, cela nous semble pro- duire un singulier mélange, qui, à notre avis, constituerait un anachi-onisme archéologique. Voilà de singulières hypothèses , ne pouvant, selon nous, provenir que de cerveaux amis du pro- digieux I » M. le Commissaire de Police nous ayant prié de vouloir bien lui donner, à ce sujet, notre avis, afin de l'aider à établir son Rapport officiel , nous nous rendîmes , le vendredi 4 janvier 1878, sur le lieu même où fut trouvé le Squelette mystérieux. Là > nous interrogeâmes le terrassier Liard, puis, après un examen attentif de la nature du sol, nous avons remarqué le grès- ladère; quanl aux silex qui étaient réputés taillés, ils avaieut déjà servi à combler une ornière au même endroit, se voyaient encore quelques ossements des membres, quelques côtes, etc*, uniques débris des cent quatre-vingt-dix-huit os dont se com- pose un squelette humain. » Le crâne et la mâchoire avaient été enlevés contre la volonté du propriétaire du champ, dans le but, peut-être, d'aider à créer un personnage antédiluvien , ou néo-préhistorique. 9 Mais ce qui nous a semblé le plus intéressant à constater dans notre excursion archéologique, c'est que nous pûmes signaler ,^ dans la coupe du terrain fouillé et partant du sol supérieur, une terre noire végétale d'une épaisseur de quinze centimètres, puis, au-dessous, une couche de terre alumineuse mélangée de terre noire et ne contenant pas de pierres, dans une épaisseur de soixante-cinq centimètres. C'est au miheu de cette couche que furent rencontrés le Squelette, ainsi que de nombreux débris, ou tessons de vases gallo-romains, provenant de jarres, amphores et urnes de formes diverses et de terres en couleurs variées, dont nous déposons aujourd'hui, sur le bureau de la Société archéologique, les quelques spécimens qui furent, sous nos yeux, extraits de cette teiTe plastique. Au-dessous de cette seconde couche, on voit se continuer jusqu'à la marne, la terre alumino-siliceuse pure. » Pour nous résimaer, nous dirons qu'à une époque très- éloignée , que nous estimons devoir être d'environ trois siècles, vu l'état compacte du sol où fut trouvé le Squelette, un apport de terre alumineuse dut avoir eu lieu en cet endroit de la vallée. Cette terre contenait de nombreux débris de céramique, l'apport en question formait environ soixante-dix centimètres d'épaisseur, avait, peut-être, pour but, de rétrécir le lit des divers affluents d'eau des vallées qui, en cet endroit, venaient submerger, en amont, les abords de l'Arche des Bardeaux, ainsi que la vieille route d'Orléans à Chartres, et, pour motif encore, de rendre à la culture les prairies trop souvent inon- dées alors par la Vallée des Bardeaux, vallée qui, à une époque reculée, recevait, au moment des orages et des fontes déneige, de grandes quantités d'eau. » Le Squelette, dont il s'agit, n'a pu être enfoui que posté- rieurement au dépôt de ce remblai ; cette présomption nous serait confirmée par les nombreux tessons de vases antiques — 254 — qu'on y remarque. L*état du tissu osseux, appelé ostéoplate, le degré de résistance des sels calcaires phosphate et carbonate de chaux des grands ossements, ainsi que Taspect du tissu éburné, nous engage à dire, qu'il est assez vraisemblable que ce squelette, ainsi qu'une trentaine d'autres que nous avons pré- cédemment rencontrés épars , autour de notre cité Chartraine , doivent être considérés, comme provenant d'individus isolé- ment inhumés, lors des guerres du XVI* siècle, ou peut-être de sujets pestiférés qui, vers la même époque, étaient individuc lement relégués hors des faubourgs , tels que ceux déjà signalé par nous, aux Procès-verbaux de la Société, tome V, page 148, dans un article intitulé Une excursion archéologique à Chartres y à travers les tranchées ^ puis encore dans notre brochure inti- tulée La Colonne Saint-Côme, à ChartreSy page 8. » M. Bourdel lit une pièce de vers intitulée Pour un album de jeune fille. Applaudissements. POUR UN ALBUM DE JEUNE FILLE. Vous voulez que sur ceUe page , D^une éblouissante blancheur, Je trace un afiVeux griffonnage Sans effaroucher le lecteur. L'épreuve est vraiment redoutable On y trouve un charme secret ; Mais si le cœur dit Sois aimable Le bon goût répond * Vous le voulez ? . . . quelle imprudence! Ouvrir sa porte à tous venants , N'est-ce pas se livrer d'avance Aux propos jaloux et méchants ? En donnant ainsi carte blanche , Craignez qu'un malin écolier En fades compliments n'épanche Tous les flots de son encrier. Qui sait tout ce qu'on peut écrire Par un invisible moyen , Et tous les secrets qu'on peut lire Sur un papier qui ne dit rien. — 255 — Que feriez-vous , Beniille dame. Si quelque rinteureftroDté, ' ' A vos pieds, déposant sa tlammB , Oubliait de la remporter?.... Mais loin de moi pareille audace ! Ua plume, igooraut ces écarts. Rougirait de ternir la glace Où se reflètent vos regards. J'y veis la grâce, l'innocence D'un jeune ange, âme du foyer. Et la naïve confiance D'un cœur qui ne saurait tromper. Heureux qui , loin des bruits du monde , Sait trouver la modeste fleur Dont l'aimable parfum l'inonde Et d'espérance et de bonheur ! La séance est levée A cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTfi Journal des Savcmts , yanvier , février et mars, iii-4'', 3 fesci- cules. DoQ du Ministère. Société archéologique et historique de la Charente. Envoi de la Société. Bulletin de la Société d'émulation du déparlement de l'Allier, tome XrV, 1", 2* et 3* livraisons, 3, fascicules grand in-S*. Envoi de la Société. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 6 JUIN 1873. Présidence de H. de Saint-Lauher. — M. Met-Gaubert , secrétaire. A deuK heures un quavl, la séance est ouverte dans la ^alle Sainte-Foi , devant un public nombreux. On y remarque beau- coup de dames. - 256 — Pi'ennent place au bureau M. de Saint-Laurner, président, M. Merlet, vice-président, M. Ly-Chao-Pee, lettré chinois, invité à prendre la parole comme conférencier, et M. Met- Gaubert, secrétaire de la Société. La séance est ouverte par M. de Saint-Laumer, qui a fait une revue générale des travaux de la Société. Mesdames, Messieurs, » M. Ly-Chao-Pee a bien voulu répondre à notre invitation, et se rendre à Chartres pour se faire entendre dans luie confé- rence sur La condition de la Femme en Chine, comme fille, épouse et mère, » Si le sujet n'est pas précisément d'histoire locale , rien du moins n'est plus archéologique que Texposè d'une civilisation dont les traditions religieusement maintenues, voient leurs ori- gines se perdre dans la nuit des temps. » M. Ly-Chao-Pee est venu prêter son concoui*s à nos écoles orientales de Paris, et les aider à connaître une langue que la différence des écritures et des usages, nous rendait difficilement abordable. Nous devons lui être reconnaissants du zèle avec lequel il cherche à nous faii*e mieux apprécier un pays qui nous était resté trop longtemps presque inconnu. » Permettez-moi de garder la parole encore quelques ins- tants, pour vous entretenir des travaux faits par notre Société depuis notre dernière réunion générale, de remplir ainsi une tâche qui m'est imposée par les règlements , afin de n'avoir plus ensuite à distraire votre attention. Je m'efforcerai, du reste, d'abuser le moins possible de vos instants. » Il est dit à l'article 13 des statuts de notre Société, que son Président est nommé pour trois ans, et qu'il n'est pas immé- diatement rééligible. Vous regretterez avec moi cette disposition rigoureuse, qui nous prive d'entendre aujourd'hui la parole savante, sympathique, de M. Lucien Merlet et vient m'imposer une lourde responsabilité. En effet, la Société m'est remise dans un état de prospérité exceptionnel, dû à la fois à la bonne direction que M. Merlet savait hii imprimer, et aux nombreux travaux dont U pouvait enrichir ses publications. Le nombre de nos adhérents très -augmenté, une réserve financière déjîi — 257 — importante constituée, sont l'œuvre de mon prédécesseur, et pour ce qui est des travaux , il suffira de vous dire que la notice que nous étions appelés à présenter pour la réunion des Sociétés savantes, qui vient d'avoir lieu à la Sorbonne, comptait six volumes terminés de mémoires , cinq de procès-verbaux pour nos séances, le Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, de MM. Merlet et de Lépinois la Statistique archéologique du déparlement, par M. de Boisvilletle la Statistique scientifique , dont les diverses parties ont été traitées par MM. Edouaixi Lefèvre, Marchand, Guénée, Lamy, etc., l'impression du ma- nuscrit de Souchet sur l'histoire de Chartres; les plans de Chartres en 1750, de Dreux en 1725. » Ces publications, dont nous pourrions encore augmenter la liste, témoignaient de votre activité; aussi, aux récompenses que vous aviez précédemment obtenues, est venu s'ajouter un des trois prix de mille francs décernés cette année aux sociétés qui ont le plus contribué aux progrès des sciences archéologiques dans les départements. Vous le voyez, la responsabilité du nouveau Président s'augn^ente en raison même de vos succès, aussi ai-je besoin de faire appel à l'activité de chacun de nos collègues, pour maintenir une aussi brillante situation. » Mais aujourd'hui, je dois surtout vous entretenir des tra- vaux de la Société pour Tannée qui s'est écoulée depuis la der- nière séance générale. Vous vous rappelez les remarquables articles sur Dangeau et ses seigneurs, que nous a donnés M. Maurice de Possesse. Ces articles réunis forment maintenant un charmant volume, résultat de persévérantes et sérieuses recherches, et dont l'édition, nous pouvons l'ajouter, fait hon- neur aux presses de M. Edouard Garnier, qui tient à maintenir les bonnes traditions de sa famille. » Les prochains bulletins- nous donneront une histoire de Sours et de ses seigneurs, par M. de Trémault; puis les Zodia- ques de M. l'abbé Bulteau. Bien que n'habitant plus notre ville, M. l'abbé Bulteau continue à nous faire suivre page par page ce livre toujours ouvert et toujours nouveau de la cathédrale de Chartres, qui après six siècles d'études n'est pas encore entière- ment expliqué. » Ceux d'entre vous qui ont pu prendre part à notre excur- sion annuelle , se souviennent encore du sympathique accueil qui leur a été fait par la ville d'Illiei-s à laquelle vous avez pu - 258 — faire entendre, en échange, le discoai's plein d'à-propos, dans lequel notre Président d'alors rappelait le souvenir du vicaire de l'église de Saint-Jacques d'Illiers , Messire Constantin Roger Mac-Mahon; un mémoire de M. l'abbé Marquis, sur les monu- ments celtiques; la description, par M. Tabbé Sainsot, de réglised'ÉpeautroUes; des vers de M. Le Goux; puis de M. Met- Gaubert; une notice sur Florent d'Illiers, qui ne pouvait rester oublié dans sa propre ville, et pour terminer la séance, des expériences scientifiques, toujours si appréciées, surtout lors- qu'elles sont accompagnées des démonstrations de notre col- lègue M. Barois. » Nous avons dû à M. Lorin, le maître- verrier de Chartres, un véritable traité de la peinture sur verre. Nul n'était plus à portée que l'auteur des grandes et belles verrières destinées à la cathédrale de New- York, de traiter cette intéressante question, de nous révéler les secrets de son art dans le passé , et aussi dans son avenir. La lecture du travail de M. Lorin a plusieurs fois provoqué vos applaudissements au cours de séances men- suelles. Si beaucoup d'entre nous ont pu visiter les belles pages dont M. Lorin doit orner cette cathédrale de New-York, il y en a bien peu qui puissent espérer les revoir dans leur emplacement définitif; les dessins qui ont servi à en établir les cartons reste- ront probablement en France; si le vœu n'en est pas indiscret, je solliciterai de M. Lorin la reproduction par la gravure de ces compositions remarquables. » C'est au cours de vos séances également que vous avez eu communication de fragments , extraits d'une étude sur les Maires du Palais à laquelle travaille M. Merlet ; la nouveauté des aper- ^çus qu'elle contient viendra jeter une lumière inatttendue sur une époque de notre histoire nationale, restée encore obscure pour les plus habiles. » C'est auàsi à notre ancien Président que nous devrons le Cartulaire de la célèbre abbaye de Thiron, dont la publication a été votée dans Tune de vos dernières réunions. » On a prétendu que notre époque positive avait abandonné la poésie, c'est une erreur que la Société archéologique d'Eure- et- Loir ne saurait partager et contre laquelle elle proteste en produisant les œuvres de ses poètes, MM. Le Goux, Bourdel, Joliet, puis les vers de notre zélé et dévoué secrétaire, M. Met- Gaubert, qui, malgré la lourde tâche que nous lui avons impo- — 259 — sée, trouve encore le moyen de venir vous charmer par ses poétiques inspirations. » Cette année, ainsi que vous Taviez fait les années précé- dentes , un concours a été ouvert pom* les instituteurs auxquels vous avez demandé des mémoires sur l'historique de leurs com- munes. Quatre concurrents ont répondu à cet appel ; si la com- mission chargée d* examiner les travaux a pu signaler quelques lacunes et chercher à provoquer des efforts encore plus grands en ne proposant pas de premier prix , elle a cependant trouvé de justes motifs pour encourager les auteurs dont les noms vont être proclamés et auxquels vous êtes invités à remettre leurs récompenses. • Messieurs, une énumération détaillée et complète des tra- vaux de la Société serait bien longue et d'ailleurs nos pubh- cations les livrent à votre appréciation. Permettez -moi en terminant d'appeler encore un instant votre attention sur un nom qui semble devenir plus rare dans les bulletins. Ce nom est celui d'un des fondateurs de la Société, que le rapporteur, lors de la solennité de la Sorbonne, M. ChabouiUet, citait comme Tune des colonnes de la Société archéologique d'Eure-et- Loir je viens vous demander de joindre vos instances aux miennes pour obtenir de M. Lecocq qu'il consente à délier, à votre profit, quelques-unes de ses liasses pleines d'études qui, comme celles qu'il nous a données, sont, vous pouvez en être certains, du plus haut intérêt pour notre histoire locale. Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire, le nombre de nos collègues augmente d'une manière constante , et nous comp- tons aujourd'hui 421 membres titulaires. Malheureusement, avec notre nombre s'accroissent aussi les douloureuses chances de deuil ; c'est ainsi que nous avons successivement perdu MM. Lanctin, de Courville; Chevauché, de Chartres; Juteau, Emile, enlevé encore jeune à ses travaux de nos chemins de fer départementaux, qu'il dirigeait comme ingénieur; l'abbé Singlas , vicaire de Saint-Pierre de Chartres , victime d'un acci- dent terrible ; Edouard Goupil, ancien conseiller d'État, resté bien longtemps et jusqu'au moment où ses forces vinrent à le le trahir, le représentant au Conseil général du canton de Senonches. » Puis, MM. Raymond Bordeaux, dont vous avez pu ap- plaudir plusieurs fois, l'éloquence séduisante; — 2G0 — » Aubry , éditeur parisien bien connu. » Firmin Didot, dont il suffit de citer le nom pour rappeler en même temps Timportance de la perte que nous avons faite. 10 Le baron Guilhermy, Tun des archéologues de France le plus profondément érudit. » A cette liste déjà trop longue , il faut encore ajouter celui de M. Ozeray, le fils de Thistorien du pays chartrain, qui se sentait relié à la ville de Chartres, par les souvenirs de famille et, malgré son éloignement, avait voulu devenir votre collègue. » Ces derniers noms viennent prouver combien notre antique ville de Chartres sait rester gravée dans la mémoire , même de ceux qui Tout quittée, ou n'ont fait que la visiter. Vous trouve- rez Texplication de cette influence en reportant votre pensée sur notre cathédrale. Certes, Paris possède et continue à cons- truire de splendides monuments ; en ce moment encore , il réu- nit les lichesses du monde entier dans un immense palais que vous voudrez visiter, et cependant vous en reviendrez pour ad- mirer de plus en plus, et au dessus de toute autre, cette œuvre de nos pères, notre merveilleuse cathédrale de Chartres. • Le Secrétaire lit ensuite, au nom de M. Bourdel empêché, une pièce de vei's intitulée A une jeune Mariée quittant sa famille, A UNE JEUNE MARIÉE QUITTANT SA FAMILLE. Lorsqu'une rose printanière, Aimable enfant de nos vallons , Porte sur la rive étrangère Le frêle espoir de ses boutons , On craint que la jeune exilée Ne vive pâle , étiolée , Loin des feux du soleil natal, Et qu'une main indifférente Ne verse une eau moins abondante A son calice virginal. Ainsi, quand la vierge timide Qu'enchaîne un serment solennel» Pour l'exil où Thymen la guide S'arrache au doux nid materneU On craint pour son âme ingénue — 2ii D'un regret la peine ir EL les plciini pour ses yeux si doux -. Un que son cœur, pat;G incomprise , faute il'un regard qui la lise, , Ne se ferme A jamais pour tous. lin soupir plein d'inquiétude \ trahi l'instant des adieux ; l!t l'effroi de la solitude A trouble l'éclat de ses yeux, c^ trésor, unique pensée. Par vingt ans d'amour caressée, Enrichit l'heureux ravisseur ; Une niére en vain le réclame Comme la moitié de son dme. L'ingrat se rit de sa douleur. Pourtant, cher ange, à ta naissance Qui le recueillit dans ses bras. Qui soigna ta débile enfance Et dirigea tes premiers pas? Dans tes yeux qui mieux a su lire. Qui surprit ton premier sourire, De ton âme divin reflet? Kuit et jour aimante, attenllve. Qui calma ta bouche plaintive Près de son sein gonflé de. lait ? Fatal destin pensée amére ; Tout s'oublie nu martel séjour. Ta mère un jour quitta ta mère Tu dois la quitter ù ton tour. Il faut de nouvelles caresses En retour des chastes ivresses Dont l'bymen l'offre le tableau ; • Adieu candeur, fleur enfautine ; . . . Voici l'amour, flamme divine. Qui s'allume auprès d'un berceau. Cen est fait , plus d'insouciance , De fous ris , de folâtres jeux . . . Bientôt la triste eipérience Plissera ton front soucieui. Un nouvel horizon se lève Qui va dissiper le doux rêve Où se mirait ton beau printemps ; L'hymen est fertile en naufrages; Mais, loii des vents et des orages , Il cache aussi des nids charmanis. Adieu donc, belle enchanlereBse , Accomplis on noble destin, Dëpands les trésors de tendresse Que le ciel a mis dans ton sein. Sois bonne épouse, heureuse mère. Que ton passage sur la terre Soil conome ud doux rayon des deux, Rt quand viendra l'heure suprême Où tout nous fuit. . . l'amitic mûme, Qu'un bon lils te ferme les yeux. Après cette lecture , le Secrétaire proclame les noms des iosti- uteurs qui ont obtenu les pris du concours d'archéologie ocale, d'histoire et de géographie établis ett leur faveur pour 'année 1877. M. Le Goux donne ensuite lecture d'une remarquable pièce le vers intitulée Us Itiânes de l'Abbaije de Coulombs. LiiS RUINES DF, I.'ABBAYK DE COULOMBS. I. Au fond de la vallée où l'Eure nonchalante Dort sous les peupliers, dans un lit de roseaux. Il est une oasis dont la l>elle indolente Rénéchil les massifs opulents dans ses eaux. On se sent attiré vers ce charmant rivafcc; La nature s'y taille, en toute liberté. Le nouveau vêtement de sa virginité Dans la sombre futaie et la flore sauvage. En sondant du regard ces ombrages obscurs. On entrevoit, parmi les arbres gigantesques, Des vestiges d'église et de grands pans de murs Que le lierre a couverts de fûlles arabesques. Sous la mousse el les Qeurs du voile somptueux Dont le Temps a paré la ruine envahie. Gisent les ossements d'une antique abbaye , Comme un mort sous les plis d'un linceul fastueux ; - 263 - II. Ecoutez le récit gravé dans ma mémoire Du lent abaissement de ce royal séjour Mon père en fut témoin , et la lugubre histoire Il me l'a racontée en ces termes un jour En Tan quatre-vingt-treize, enfant, le monastère » Portait si fièrement le poids de sa splendeur, » Qu'après le premier coup de hache, la Terreur, » N'osant pats l'achever, le laissa solitaire ! . . . . » Mais, plus cruelle, h^las! la Spéculation, » Accourue à l'appel de l'Encan, son complice, » Livra l'auguste asile aux tourments du supplice » Et prononça Tarrêt de sa destruction ! . . . . » Je la vis assouvir ses appétits rapaces » En scrutant la valeur de l'immense trésor , » Mettre le temple nu , s'armer de lourdes masses » Et frapper le rocher pour faire jaillir l'or ; » Je la vis fauve , en proie à la rage stupide , » Broyer sous le pilon les antiques vitraux » Et pétrir en lingots, sous sa griffe cupide, » Les nervures de plomb des splendides tableaux î . . . » Elle préférait l'or à la perle enchâssée ; » L'art gisait, à ses yeux, dans le prix du métal; » De même elle eût brisé, sans regrets, l'insensée, » Un Dieu de Phidias pour vendre un piédestal ! » Ce n'était rien encorî .... Devant la multitude » Haletante et le cœur serré dans un étau. » Le colosse croula ! La triste solitude , » Sur le corps en débris , étendit son manteau ! » Je regardai mon père. A ce sombre passage, Je vis , de pleurs amers , ses yeux bleus se ternir ; Puis, l'indignation lui cinglant le visage, Pour flétrir le fatal et poignant souvenir. Il dit Depuis ce jour, la ruine inhumée, » Ainsi qu'une martyre , en hâte et sans cercueil , » Disparaît sous l'ortie Et, de sa renommée, » Notre pays porte le deuil ! . . . . » Depuis ce triste jour, ceux dont le privilège » Fut d'être les bourreaux du sacré monument, » De porter sur l'autel une main sacrilège, » Sont tous morts misérablement ! » Depuis ce jour maudit, la malheureuse France, » Gomme un homme frappé soudain de cécité , » Trébuche dans la nuit , erre sans espérance , » Prend Terreur pour la vérité î » Car toute nation meurt quand elle dépose » Le flambeau de la Foi qui brillait dans sa main ; » L'esprit s'est envolé ; le corps se décompose ; » Ce n'est plus tju'un cadavre humain î . . . . » IIL 11 m'en souvient encor; dès ma plus tendre enfance. Je suis venu troubler les paisibles échos De ce désert sauvage , et l'étemel repos Du géant étendu sans force et sans défense ; Insouciant alors je foulais ces débris ; Mon pas distrait faisait rouler dans la poussière , Parmi les églantiers et les lilas fleuris , Ces fragments délicats , ciselés dans la pierre , Qui furent le triomphe et l'orgueil du passé î Ah ! si mon pAle verbe avait le don de vie Et qu'il pût arracher la mort inassouvie Du squelette blanchi qu'elle tient enlacé ! Si je sentais en moi s'opérer le mj'stère Du pouvoir surhumain qu'inocule la Foi ; Si , dominant la fosse où gît le monastère , Je criais à mon tour Lazare , lève-loi ! . . . . » Et que cette ruine informe , Rassemblant, à ma voix, ses débris dispersés, Dressât sa silhouette énorme. Gomme, à l'appel du Christ, firent les trépassés, Alors ! . . . . Non, c'est fini I Sur ces arcs séculaires A passé le niveau des révolutions ; Ce qui devait survivre aux générations A croulé sous l'assaut des vagues populaires ! . . . . De l'antique chef-d'œuvre, il ne reste en ces lieux Que de pâles témoins ; la beauté primitive Du temple magnifique où priaient les aïeux N'est plus, semblable aux morts, qu'une ombre fugitive. Dans un vaste rayon, les restes profanés Sont dispersés ainsi que des cendres impures Et, sur tous les chemins, pauvres abandonnés. Ils montrent aux passants leurs profondes blessures ! 265 - IV. Ils sont donc écoulés ces jours où, dans les cieux, Les clochers, confiants en leurs larges assises, A de telles hauteurs montaient audacieux, Qu'ils noyaient dans Tazur leurs formes indécises ; Où, tout ensoleillés, les vitraux merveilleux Ckuvraient d'or, de rubis, les marbres, les porphyres; Où les châsses des saints et des vierges martyres Gardaient aux affligés leurs dons miraculeux ; Où brillait aux flambeaux la superbe opulence Des chasubles, des croix, du massif ostensoir, Quand, sous la voûte obscure, avançait en silence Le cortège imposant des offices du soir I . . . . Pourtant, il était beau de voir, dans la vallée. Les fidèles descendre à travers les sillons , Quand les cloches d'airain de la tour ébranlée Saluaient une fête avec leurs carillons ; n était beau de voir, dans cette auguste enceinte , Du peuple prosterné se recueillir les flots , D'entendre l'orgue ému pousser vers Dieu sa plainte , Se faire voix humaine et pleurer à sanglots ! . . . La lumière, l'encens , les fleurs , les harmonies. Les psaumes de David remplissaient le saint lieu. Et la foule, accourue à ces cérémonies , S'en retournait meilleure elle avait prié Dieu ! Mais il était écrit qu'il sonnerait une heure Où se consommerait la profanation , Où l'on verrait s'asseoir dans la sainte demeure , Gomme un hôte inconnu , la Désolation ! . . . V. Là, s'étaient retirés , fuyant les bruits du monde Et les luttes sans trêve où s'usent les mortels , Des hommes animés par cette foi profonde Qui fait vivre et mourir à l'ombre des autels. Tome VL A-F. 19 — 266 - Lorsque la Mort venait les loucher de son aile . Que , sur eux , le suaire avait roulé ses plis , Leurs restes , inhiunés en pompe solennelle , Sous les dalles du temple , étaient ensevelis. Cloîtres démantelés , piliers , arceaux de pierres Qui couvrez de débris leurs funèbres caveaux , Dites-nous leurs combats intimes , leurs prières , Leur génie enfantant les plus nobles travaux ; Dites , avec quel art et quelle patience , Ces servants du Seigneur, ces savants ignorés Labouraient sans repos le sol de la science, Fertilisaient des champs encore inexplorés ; Mais dites-nous surtout quelles divines flammes , Quelle aspiration vers le Crucifié Purifiaient leurs corps, transfiguraient leurs âmes. Dans ce lieu que le culte avait sanctifié î Sans doute, ils y trouvaient le silence et le calme; Mais qui donc a sondé le fond du cœur humain ? Qui donc ignore encor que la sanglante palme Peut se cueillir au bord du plus riant chemin? Ah ! que mon vers vengeur leur rende au moins justice Ils ont posé leur pierre à ces fondations Qui supportent la France ainsi qu'un édifice Conçu pour abriter cent générations ! Et quEind ces ouvriers , chassés par la colère , Sont tombés, dispersés aux quatre vents du ciel. Nous leur versons encor Topprobre pour salaire. . . Comme si leur calice avait manciué de fiel !.. . VL peuple , tes flatteurs , en des strophes sublimes , T'ont sacré le plus noble et le plus généreux Respecte alors la tombe où dorment les victimes Et viens , viens méditer sur ces débris poudreux ! Regarde î tout est mort , tout s'elTondre et s'écroule ; Le râle s'est éteint ; le meurtre est consommé ! . . . Un bloc qui se détache , ime pierre qui roule Troublent seuls , dans la nuit , le calme accoutumé. Le sol bouleversé semble un champ de bataille Où gisent , confondus , colonnes , chapiteaux , Rois et saints mutilés dont la pierre de taiUe Fait de rigides morls roulés dans leurs manteaux ! — 267 — Sous un reste d'ogive , une Vierge ignorée S'enveloppe de deuil , de silence et d'oubli ; • Elle fut Notre-Dame , alors tant implorée ; Mais son culte, avec elle, est bien enseveli! A ses pieds, des tombeaux mêlent, dans la poussière, Leurs fragments disloqués aux contre-forts détruits Ei Ton peut lire encor, sous les feuilles du lierre , Des titres , de grands noms, mot à mot reconstruits. Us ont tous conservé leurs lignes symétriques Aux abbés, figurés les mains jointes, priant. Et foulant sous leurs pieds des monstres symboliques , Gomme fait, du démon, T Archange souriant. Ils devaient nous garder les pieuses mémoires De ces champions du bien, morts dans Tobscurité ; Ils étaient les témoins de nos plus pures gloires Et devaient dormir là durant l'éternité. Mais, conmie l'Océan dont la masse flottante Engloutit ce qu'hier elle avait caressé , La pauvre humanité , dans sa marche inconstante , Brise, sur son chemin, les œuvres du passé!... Cest tout ! ... Et nul ne sait si ce pâle vestige Ne disparaîtra pas sous quelque triste arrêt, Gonmie le bûcheron rase , jusqu'à la tige. Le chêne foudroyé dans la sombre forêt!... En attendant, blotti sous le feuillage austère Des gigantesques pins qui couvrent les tombeaux , Le rossignol prélude. . . et la nuit solitaire Pour inspirer ses chants, allume ses flambeaux. Des oi^es qui charmaient la vieille basilique , On croit entendre encor l'harmonieux soupir Qui s'élève vers Dieu, pur et mélancolique , Et, dans les profondeurs, va s'éteindre et mourir ! . . . Juin 1852. A plusieurs reprises, il est interrompu par de vifs applaudis- sements. Enfin M. le Président accorde la parole à M. Ly-Chao-Pee, lettré chinois, chargé d'un cours de chinois au collège de France- - 268 - Le conférencier se présente en costume national. 11 prend pour Rujet De la condition delà femme en Chine, comme fille , comme épouse et comme mère. Dans un court et spirituel exorde, il explique quil garde son chapeau sur sa tête en témoignage de déférence pour ses auditeurs, suivant Tusage de son pays. Il réclame Tindulgence pour les fautes de français qu'il pour- rait commettre, en déclarant qu'il est prêt, pour contenter les lettrés, à parler en chinois. Il fait remarquer que les coutumes qu'il va décrire ne s'appli- quent qu'à la Chine proprement dite , comprenant dix-huit pro- vinces , celles des autres provinces de l'Empire , comme la Mon- golie , la Tartarie , présentant de notables différences. Dès rage de sept ans , les jeunes filles sont séparées des gar- çons et séquestrées jusqu'à l'époque de leur mariage , sous la surveillance de leurs mères , quileur apprennentà lire, à écrire, à broder sur la soie, à jouer de la guitare. Elles ne jouent pas » encore du piano, ajoute-t-il , mais elles l'apprendront bientôt. Il n'y a pas en Chine de pensions comme en France. Personne n'ignore que l'on déforme le pied des jeunes chi- noises vers l'âge de quatre ou cinq ans. Cette déformation s'opère, non pas de la manière décrite par certains écrivains, ou plutôt écrivassiers expression du conférencier, mais à l'aide de bandelettes. L'orteil est relevé presque perpendicu- lairement, le talon ramené complètement par dessous. Le pied devient très-étroit et très-court; les petites filles marchent assez facilement, mais les femmes de vingt ans qui ont le poids du corps beaucoup plus grand , ne peuvent pas courir du tout , aussi, en Chine, ajoute finement le conférencier, rencontre-t-on peu de coureuses. M. Ly-Chao-Pee décrit ensuite les cérémonies du mariage, passe en revue l'institution du grand deuil de trois années, réglé par Coufuciusen l'honneur des parents et en reconnaissance des soins qu'ils ont donnés aux enfants pendant les trois premières années de la vie , les occupations de la femme réléguée dans un appartement à part, et se plaisant dans cet isolement à cause des cadeaux que lui fait son mari^ le respect dont les veuves sont entourées, les règles de la polygamie prescrites par Confu- cius, le grand législateur des Chinois, la vénération dont la mé- moire des ancêtres est universellement l'objet, etc., etc. j - 269 - M. Ly-Chao-Pee proteste contre ce qui a été dit de la fré- quence du meurtre des enfants par leurs pai'ents. C'est une calomnie qu'il lient, lui chinois pur sang, à relever pour l'hon- neur de son pays. D'ailleurs, la population de la Chine proprement dite, qui s'élève à 404 millions d'habitants , est la meilleure réponse à cette erreur propagée par des auteurs qui n'ont jamais visité la Chine. L'orateur termine avec la persuasion que la Chine, grâce à ses relations de plus en plus nombreuses avec l'Europe, grâce aux missions qui viennent étudier les mœurs et les institutions de notre patrie , marchera à grands pas dans la voie de la civili- sation. C'est par ce désir qu'il clôt sa conférence, en remerciant l'au- ditoire de sa bienveillante attention , et en disant Vive la » France, vive le département d'Eure-et-Loir si sympathique, » Vive la Société archéologique d'Eure-et-Loir. » Cette péroraison est accueillie par des applaudissements répé- tés, qui attestent à M. Ly-Chao-Pee que sa conférence spiri- tuellement conduite d'un bout à l'autre a causé la plus vive satisfaction. M. de Saint-Laumer adresse des remerciements à l'honorable conférencier pour le plaisir qu'il a su procurer à tous. La séance est levée à quatre heures et demie. SÉANCE DU 4 JUILLET 1878. Présidence de M. A. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert , secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart ; le procès- verbal du 2 mai est adopté, après l'observation d'un membre qui manifeste le désir que, désormais, le Secrétaire ait seul la responsabilité de la rédaction des procès- verbaux. - 270 - Étaient présents MM. de Saint - Laumer , Met - Gaubert , Barois, Bellier de la Chavignerie, de Bertheville, labbé Collet, Dubreuil, Germond P., les abbés Guérin, Haret, Haye et Hénault, Hue, Joliet, Lecocq, Legi*and, abbé Pardos, Ravault, Ricour, abbé Sainsot, Sédillot. Suit la lecture du procès-verbal de la séance publique an- nuelle tenue à Saînte-Foy le jeudi 6 juin dernier. Quelques réflexions sont présentées à propos de la question de l'infanticide en Chine, traitée par M. Ly-Chao-Pee. Une rectification sera opérée. Le procès-verbal est adopté. A ce sujet survient Tobservation suivante Un jeune élève du collège , M. Emile Pichon , a sténographié entièrement la confé- rence du lettré Chinois ; rimprimera-t-on in extenso y on bien se contentera-t-on du résumé succinct donné par le secrétaire? — Une première proposition est faite du renvoi à la Commis- sion de publication ; elle n'est pas adoptée. Suit Tavis d'un membre qui estime que nous ne devons pas déroger aux habitudes d'autrefois concernant les précédents conférenciers et demande Timpression seulement du compte- rendu fourni par le Secrétaire. L'assemblée accueille cette der- nière proposition, tout en votant, à lunanimité, des remercie- ments en faveur du jeune sténographe Pichon auquel sera donné un exemplaire du présent procès-verbal, conune marque d'estime particulière. M. le Président annonce qu'il a remis à M. Ly-Chao-Pee le diplôme d'honneur et la médaille d argent votés par la Société; il est chargé de transmettre à tous ses confrères les remercie- ments empressés du savant Chinois. Lecture par M. l'abbé Haret d'un travail sur Saulnières, roulant presque entièrement sur la légende de saint Mamès et sur le culte rendu à sainte Radégonde. — Renvoi à la Conunission de publication. M. JoUet ht une pièce de vers qu'il a composée Sur la Chasse » , et qui était destinée à être lue au banquet des anciens élèves du collège de Chartres. MA CINQUANTAINE. Je célèbre la cinquantaine D'un mariage de raison. Avec l'IIniveraité î Non La date hélas ! est plus loinUine , Oii chez Maupoint nous étions six Forts à la balle . en vers , en thème , A la barbe de la cinquième Raflant tout accessit et prix. A l'heure où moussa le Champagne Kntr'amla je bois au dessert A ma cinquantième campagne Au régiment de e^nt Hubert. Oui , voilà le dixième lustre Qu'en cette compagnie illustre J'appartiens aux corps régulière. En ce temps-là, c'était l'usage, Nous étions un peu braconniers. Le siècle est vieux partant plus sage. En vaut-il mieux? Les grands parents Par système étaient indulgents. Cest dans l'èCit pathologique Qu'est le point phyùolt^ique. L'anémie et les maux de nerfs Begardent le monde en travers Et prêchent l'horreur du scandale. Mal bleu porté , mal de bon ton , La goutte lâchait un Juron , Les épices d'une morale Intermitlenle en ses accès. Nos pères èt^ent bien Français. Un peu légère en toul» choses , Souvent railleurs, jamais pédants. N'avwent-ila pas eu leur vingt ans. Et cueilli les premières roses Dans l'Ile de Cythère écloses , Ce joli mois de floréal? Le poète aimable et facile Qui chanta notre Tour-de- Ville , Notre honorable principal. — 272 — N'allait pas , pour une misère , Faire un rapport au Ministère , Ou nous rabâcher en sermon L'^ mores de feu Cicéron. S'il advenait sur la rivière Qu'on s'oubliât pour un goujon. Avec un pistolet à pierre On tirûUait dans un buisson ; A l'exemple des fils Aymon , N'ayant qu'un cheval pour combattre , Nous avions un fusil pour quatre. Quand on est jeune tout est bon ; Même à Fontenay de la glace Quand si mince étdt la surface , Ou dans l'étang de Villebon Un bain pour une bécassine , Quand la cloche, à coup redoublé, Nous rappelait, à la cuisine, Les périls d'un rôti brûlé. Salut, forêt de la Gâtine, Où nous avons tué six loups. Taime dans les chasses d'automne L'hospitalité percheronne , Le fin pichet de cidre doux , Le pommier complaisant qui penche Pour tout venant sa lourde branche. D'Authon j'admire les coteaux Aux horixons toujours nouveaux. Tétait le rendez-vous des lièvres. Que j'aimais, le cigare aux lèvres. Causant au revers d'un fossé, Attendre les chiens au lancé ! Paime le Perche mais peut-être Ainsi que les heureux amants Que nous voyons , dans les romans , Toujours pendus à la fenêtre , Les chasseurs trouvent dans les champs. Des plaisu*s trop mêlés d'épines , Le long des haies , dans les sentiers , Que de ronces et d'églantiers Allongent leurs griffes taquines , Et qu'il faut gravir d'échaliers I IC^ous sommes enfants de la plaine» - 273 - Bit un poète Beauceron ' Bien ne borne notre horizon , Bien ne s'oppose à notre haleine. L'espace c'est notre domaine. A nous l'espoir illimité. Le bonheur c'est la liberté. A Saint-Léger, Nogent-le-Phaye, Viabon, Tachainville, Umpeau, Berchères, Crache, la Saussaye, Ou de la ferme ou du château , Nous partions déployant la ligne, En chemin souvent rencontrés Par d'autres bataillons serrés Et bientôt forçant la consigne , Gourant, tirailleurs égarés, Après des perdreaux effarés, On arrivait tous, pêle-mêle, A certain bois, où, comme grôle , Le plomb tombait sur les perdreaux , Et parfois cinglait nos chapeaux. Au déjeuner assis sur l'herbe Chacun exhibait ses exploits. Elzéar-Blaze était superbe Contant ce qu'il fut autrefois. Il saupoudrait de sel gaulois Ces leçons d'art cynégétique Qu'avec tant de verve comique Conte un de nos concitoyens Qui donne son esprit aux chiens V Un député, rentrant bredouille, Dans un papier, comme un trésor, Montrait trois brins de poil , dépouille D'un animal qui court encor. Avec Trilby, Nida , Diane Jadis je moissonnais. Je glane , Heureux encore, quand je vieillis, De ramasser quelques épis. Cest dans le drame de la chasse Le moment plein d'émotion , Le nœud vital de l'action , * Charles Caillaux. La Plaine et la Mer, » M. de Cherville. - 274 - Quand le chien , aspirant la trace , Ferme et souple sur ses jarrets, Va multipliant les arrêts. Des animaux de noble race , Ainsi les peintres de portrait Snyders, Oudry, Jadin, Desporte, Du chien qui quête ou qui rapporte Ont fait le héros du tableau. Grâce au coup de fusil qui porte Par malheur parfois à côté , Si le dénouement est raté , Médor revient de la bataille L'air penaud et désappointé, Et va méditer sur la paille Les travers de l'humanité ; Dans la lutte pour l'existence Le salut c'est la méfiance Aussi voit-on que la perdriy , Formée à l'épreuve crueUe Du plomb qui déchira son aile Et qui décima ses petits , En vigilante sentineUe Guette attentive au moindre bruit , Elle part , sa famille suit. Pour le salmis ou pour la broche , Toujours de bonne volonté. La caille , en sa simplicité , Sous le nez du chien qui s'approche Part ou va donner dans la poche Du braconnier, fâcheux rival Des porteurs d'un fusil légal. Ainsi l'ignorance s'accroche Aux pièges d'un amour banal. A sa facile complaisance J'ai dû parfois la royauté. L'honneur sauf... toujours l'espérance Bonheur des jours d'adversité ; Mais ces prudentes voyageuses Quand nous grelottons en été S'en vont douillettes et frileuses Vers des régions plus heureuses. Le lièvre se perd , j'en conviens , Dans les temps antédiluviens. — 275 — Cependant un plaisir nous reste , Celui de dire à nos enfants Allez, prenez la clef des champs. Vous avez rœil bon, le pied leÂte; Comme vous fêtais à vingt ans. Vos pas ont devancé raurc»^ Et je l'attends. Nos bois sont beaux ; Dans la brume qui s'évapore Le soleil perce , un rayon dore Le cimier tremblant des bouleaux. Joyeusement chantent les merles , Et Ton voit de colliers de perles Se couronner les baliveaux ; La lumière joue et se brise Et de reflet d'opale irise Les diamants et les rubis. Mais gardez-vous bien des taillis. Cest entrer dans une baignoire Où Ton attrape, et j'y fus pris, Des rhumatismes et la gloire. Réservons-nous , tant bien que mal , Pour le défilé général. Au jour de la grande revue J'attends mon ûls pour la battue. Vous trouverez dans le fossé , Peut-être des cartouches vides , Des heures de plaisirs rapides , Seul témoin par le temps laissé. Fune étape , quand , chaque année , Il faut abréger ma journée, Au bois que vais-je faire? Rien. C'est pour la santé de ma chienne Dont les doux yeux parlent si bien Son plaisir plus que pour le mien , Que tous les jours je me promène *. C'est perdre mon temps et ma peine , Me dh-iez-vous... Si la façon Et rétofife ne sont pas chères , Qu'importe ? on sait qu'entre confrères En saint Hubert, en Apollon Le temps perdu ne compte guères. - 276 — Test quand les chiens sont en défaut Que la bête à demi-forcée Devant la meute fait un saut, Cest quand on s^éveille en sursaut , Que soudain jaillit la pensée Et plus \ive et mieux condensée ; Qu*un bouquin part au déboulé Proh pudort et n*est pas roulé. Perdreau manqué n'est pas un crime. Chacun s'en prend , en cas pareil , Au vent, à la pluie, au soleil *. On peut bien accuser la rime. De battre les champs , de rimer , Plaisû*s innocents qu'on se donne , Pourquoi se désaccoutumer ? Gela ne fait tort à personne. Grâce à saint Hubert, Dieu pardonne Aux chasseurs de menus méfaits. Casser la tète à nos carottes Est-ce un péché ! Non les navets S'il s'en rencontre sous nos bottes Pour se plaindre sont trop discrets. S'il en est d'autres que les haies , L'abri complaisant des futaies Tenait cachés , qu'en se vantant Raconte un chasseur qui s'oublie , Quand avec le moka fumant , D'un bon dtner, gai complément , La langue aisément se délie, Chacun regrette , en l'écoutant , De n'en avoir pas fait autant. S'il est de gentilles bergères, C'est peut-être aux bords du Lignon , Sur l'Eure ou la Voise on n'est guère Sujet à la tentation. Je sais, pourtant, où l'herbe est douce Les pommiers largement ouverts , Les saules creux , les chênes verts , Où l'on peut sur un lit de mousse Goûter, allongé sur le dos , La rêverie et le repos. Sous le frêle abri qui vous gare A l'aise allumer un cigare. Le bien , dit-on , vient en dormant , — 277 — Le vers se fabrique en fumant. A rheure où je l'attends sous l'orme Parfois la fortune, au pas lent, Se montre. Un lapin est en forme Sur la fosse où git un uhlan. Dans mes bois , une ou deux fois l'an , Un chevreuil que l'amour écarte Loin de ses prudents compagnons Poliment me laisse pour carte L'empreinte de ses pieds mignons. Pour une plus noble conquête , Notre honorable président Nous convoque J'étais présent Quand La Loupe nous vit en fête Au bruit retentissant des cors Rentrer avec un cerf dix cors. J'aime le gibier d'aventure Dans nos champs de grande culture ; Bien rares sont les étrangers De l'hiver hôtes passagers. Le muséum , dans une armoire , Garde , si j'ai bonne mémoire , Une outarde de ma façon , Et sa sœur, la canepetière , Va bientôt obtenir, j'espère , Du digne héritier d'un grand nom , Monsieur Geoffroy de Saint-Hilaire , Le prix d'acclimatation ! Les canards , comme la rivière , Sont en congé définitif. Et c'est encore un fugitif, A ses amours un infidèle , Ce beau guignard tant regretté Qu'au devoir en vain on rappelle Pour l'honneur de notre pâté. Je guette en vain à cette place Où tous les soirs au môme bois Je tirais la même bécasse. Rien ne va plus comme autrefois. Voilà qu'un visiteur étrange, Un sanglier, de la vendange Avant que les bans soient ouverts , Ne trouve pas nos ceps trop verts. — 278 — Je Tai suivi, tout hors d*haleine. Réveil, brave petite chienne , Tenait ferme dans un fourré D'épines trop bien rembourré ; En vain j'attendis au passage De nos forêts Thôte sauvage. Prodigue de pluie ou de vent Bien que le ciel assez souvent Verse sur nous la grande douche. Je l'aurai , j'en fais le serment. Serment de chasseur ou d'amant Sont cotés à la même souche Au bureau d'enregistrement. C'en est donc fait du solitaire. Cest sans moi qu'on l'a mis par terre , Adieu musique de nos bois, Les chiens donnant à pleine voix I Suivant une trace efl^wîée Par quel chemin va la pensée ! Au carrefour d'Agnés-Sorel Des fanfares j'entends l'appel. Avec quelle joyeuse ivresse , Belles dames et cavaliers , Nous courions cerfs ou sangliers , Et quelquefois, je le confesse, On s'égarait sous les halliers. J'étais heureux... d'être trop sage... Pavais vingt ans et le regret Faute d'argent dans mon gousset. J'avais un modeste héritage, Quinze cents francs au nom du roi. Un cheval et deux chiens à moi , Et je tombai , par bonne chance , Dans cette ville où prit naissance Le joyeux curé de Meudon , Ville de plaisirs , de bombance, Bons vins , truffes et venaison. On dînait chez Monsieur le Maire , On dansait chez le Sous-Préfet. Quelles pêches dans la rivière ! Quelles chasses dans les forêts ! Les louvetiers, suivant l'usage, Pour les loups étaient pleins d'égards, Tuer des enfants en sevrage — 279 — Fi ! mais rude guerre aux Louvards. Qu'il filait bien notre équipage Au grand débouché du Ruchard , Vaste désert ! là , point d'obstacle Pour le galop , pour le regard. Oui , c'est un émouvant spectacle Quand le cerf est sur ses abois, Hommes , chevaux , chiens , sous le bois Semblent voler, de la curée Quand le cor donnant le signal Jette à l'écho de la contrée L'hallali , ce chant triomphal ! Est , ensuite , déposé sur le bureau un mémoire de M. Job , de Dreux, intitulé Compte-rendu de l'Assemblée de la Noblesse tenue à Ih^eux par les Députés des Bailliages unis, le dimanche 21 juillet 1652. — Renvoi à la Commission de publication. Messieurs , Nous avons trouvé dernièrement des renseignements pré- sentant un certain intérêt pour notre histoire locale; c'est le compte rendu d'une assemblée tenue à Dreux , le dimanche 21 juillet 1652, par les députés des bailliages unis ; nous pensons que ce document peut trouver place dans les archives de la Société archéologique d'Eure-et-Loir. » A cette époque de notre histoire, la France était encore fortement terrifiée par les guerres de la Fronde; chacun en haut Heu, négligeant les affaires principales du royaume, la marine, le commerce, l'industrie et l'agriculture, semblait n'agir que pour son intérêt personnel , celui de sa famille ou bien aussi plutôt pour satisfaire son amour propre ou son ambition. » Les plus grands hommes de guerre de France et d'Europe en venaient aux mains sans trop savoir pourquoi ; le trésor public était au pillage par suite du désordre apporté dans les finances ; les provinces étaient ruinées par les exactions , l'avi- dité des traitants et les fournitures des armées. » Nous n'avons pas l'intention de refaire l'histoire de ces temps malheureux, mais pour ne citer qu'un fait, nous voyons qu'en 1652, pendant le long séjour des troupes du prince de Condé, tant à Villejuif qu'à Saint-Gloud, non-seulement les — 280 — moissons furent perdues , mais presque toutes les maisons de la campagne fm*ent détruites par l'incendie. » On criait bien Vive celui-ci, vive celui-là, mais nous dou- tons qu'on ait parfois, pendant cette trop funeste période, pro- féré le cri de vive la France. » La Cour, souvent irrésolue pendant la minorité de Louis XTV, flottait d'un parti à Tautre, et après le combat du faubourg Saint- Antoine, le 2 juillet 1652, elle errait d'une résidence à une autre, à Saint-Germain-en-Laye, à Saint-Denis, à Com- piègne, à Meulan ; c'est dans cette dernière ville que la rencon- tra la Députation de la mission de laquelle nous allons retra- cer le compte rendu textuel avec son orthographe et tel que le rapporte la chronique du temps. J. Job. Dreux, 29 juin 1878. Résultat de rassemblée de la Noblesse tenue à Dreux, par les Députez des Baillages vuis , le Dimanebe vingt-vniesme Juillet mil six cens cinquante-deux. Ensemble le Récit par le menu de ce que leurs Députez en cour y ont négocié , et de tout leur conduite. » Après que Monsieur d'Annery a esté confirmé pour Secrétaire, et Monsieur Danjou nommé pour Président, a esté entendu de nos Députez vers le Roy, le rapport de tout ce qu'ils ont fait à la Cour en la manière qui ensuit. u Qv*avssi tost après estre arriué à Melun à la pluralité des voix ils nommèrent Monsieur de Nossey pour Président de la Députation , tant pour porter la parole au Roy, que pour conduire tout le reste de la négo- ciation à ce necesaire ; ensuite de quoy il nomma les sieurs dis Bonneval et de S. lus, pour aller trouver Monsieur du Piessis Guenegault et luy dire comme les Députez du corps de la Noblesse assemblée à la Rocbe- guion estoient arriuez, et demandoient à parler au Roy suiuant la com- mission qu'ils en auoient, et qu'ils s'adressoient à luy pour cet effect. » Le dit sieur du Piessis Guenegault tesmoigna comme Monsieur de Liancourt aiu'oit récrit amplement et fauorablement pour ladite assem- blée au Roy, qui ensuite auroit tesmoigné estre très-satisfait de leur conduite , qu'il parleroit au Roy de Tarrinéé des Députez , et sçauroit quand il plairoit à Sa Majesté les écouter et qu'il leur sçauroit ce dire, et à cet effect qu'ils prissent la peine de se trouver ebez la Reyne à l'issue du Conseil , sur les buict heures du soir. Auquel lieu et heure ledit sieur du Piessis Guenegault dit aux susdits qu'il auoit parlé au Roy, et que le Roy luy auoit dit que nous nous trouuassions le lende- main matin cbez Monsieur le Garde des sceaux ; sur quoy ayant esté répliqué Chez Monsieur le Garde des sceaux? auroit esté dit Ouy, Messieurs , vous sçaurez où il plaira au Roy vous entendre ; sur quoy I - 281 — fut lit derechef que quand nous irions chez ledit sieur Garde-des- sceaux, nous ne le pourrions quWn ou deux de nous, et non le corps de la Deputation. >* Cette nouvelle rapportée k T Assemblée des Députez, fut dit que tout sur le champ Ton retourneroit trouuer ledit sieur de Guenegault et luy feroit-on entendre positivement que nous ne verrions ny Mon- sieur le Garde-des-sceaux ny autre quelconque, que nous n'eussions eu l'honneur de voir le Roy , et que nous nous estions adressez à luy parce que c'estoit la forme ordinaire des Deputations ; et que si cette voie nous manquoit, nous vserions du droict de notre naissance, qui est d'aller au Roy sans moyens Ce qui fut à Tinstant exécuté , et par là nous connûmes que Ton ne vouloit point nous receuoir en corps, mais comme des particuliers ; sur quoy fut toute la difficulté qui dura non seulement ce soir, mais encore tout le lendemain, comme le tout sera plus particulièrement expliqué. Après cela il demanda à voir ce que nous voulions dire ou présenter au Roy , estant la forme ordinaire , ce qui fut encore refusé , et fut dit que nous n'agirions à cela que de la mesme manière que Messieurs du Clergé , auec lesquels nous nous esclercirions de cette matière *. nous ayant esté dit que la Noblesse ne faisoit corps en France que pendant les Ëstats, et que Ton ne croyoit pas qu'ils tinssent encore; fut répliqué qu'ils faisoient en tout temps, et que l'on demandoit audience en cette qualité. » Fut dit en conséquence que l'on ne sçauoit pas pourquoy l'on faisoit difficulté de faire voir ce que l'on auoit à présenter au Roy, que cela leur donnoit du soupçon , que tout fraischement Messieurs du Parlement auoient eu audiance, qui d'abord auoient donné communication de l'Arrest de leur Commission Sur quoy fut dit que bien que nous ne nous râlassions point sur Messieurs du Parlement, que neantmoins nous croyions que nos Messieurs ne feroient pas difficulté de commu- niquer aussi l'arresté de la Rocheguion , mais non pas dauantage ; de quoy ledit sieur du Plessis-Guenegault ayant tesmoigné estre satisfait luy fut dit que l'on luy en rendroit response en bref. » Ensuite après l'auis de toute l'assemblée luy fut donné lecture de notre arreslé de la Rocheguyon , lequel ayant veu il dit qu'il en feroit rapport au Roy en son Conseil, et qu'il nous sçauroit à dire la response. Ce qu'ayant esté fait , il nous dit que le Roy nous entendroit le lende- main au soir. Auquel iour après que nous eûmes receu aduis de nous trouuer chez le Roy à l'heure du Conseil , le dit sieur Plessis Guenegault et le Maistre des Cérémonies nous vinrent quérir dans l'anti-chambre, et nous firent entrer douant le Roy , assisté de la Reyne et de son Con- seil, que nous trouu&mes debout en cette scituation, le Roy ayant la Reyne à sa gauche, et tous les Ministres en deux hayes, au milieu desquels nous passâmes pour aller au Roy , auprès duquel estant , après auoir fait la reuerence, Monsieur de Mossey dit les paroles et ensuite présenta le cayer, dont l'impression a esté cy-deuant faite pour en donner connaissance à tout le monde. Tome VI. F. 20 — 282 — w Sa Majesté ayant entendu ce discours, etreceu très-fauoriiblement le cayer, repartit à peu près ces paroles-. Messieurs, ie suis satisfait de vos bonnes intentions ; le vous remercie de vos offres, et vous asseure de mon affection. A quoy la Reyne ajousta ; Messieurs , le Roy n'a garde qu'il ne soit satisfait de vos bonnes volontez, et qu'il ne fasse grand cas de sa noblesse , puisque vous estes le Corps le plus considérable de son Estât. Après quoy les Députez faisant la révérence se retirèrent. Le lendemain et autre suivant , les Députez virent soit en Corps, soit par petites troupes , Messieurs les Ministres sçauoir, Monsieur le Garde des sceaux , de Brienne , de Villeroy , de la Vieuuille , de Seruien et autres et leur témoignèrent la passion que toute la noblesse auoit de servir le Roy. Ensuite de ce , les Députez furent derechef introduits chez le Roy en la mesme manière que cy-devant, pour receuoir response le 25 juin dernier; après qu'ils eurent fait la révérence au Roy, assisté de son Conseil qu'ils trouuerent en la mesme disposition que dessus, Sa Majesté leur dit Messieurs, Monsieur le Garde des sceaux vous dira ma volonté. » Sur quoy Monsieur le Garde des sceaux, après auoir tesmoigné l'estime que Sa Majesté faisoit de sa Noblesse, laquelle, dit-il, il estime, chérit et honore, et ensuite qu'il eut tesmoigné la satisfaction qu'elle auoit de ses bons sentiments et de ses offres véritablement nobles ; conclud en substance que le Roy ne désirant s'en seruir que dans la nécessité , entendoit que chacun se tint prest au premier ordre , et cependant de- meurast chez soy -, Qu'à Tégard du reste du cayer , il contenoit trois chefs principaux la demande de la paix, celle des Estais Généraux , et le remède des Gens de guerre. Quant à la paix il y travailloit de tout son possible, qu'il se trouuoit en force d'obliger ses ennemis à la receuoir bientost, et que s'ils ne le vouloient faire, qu'il espéroit que Dieu beniroit ses armes et qu'il les foi-ceroit à se retirer. >' Qu'à l'égard des Estats généraux , qu'il les auoit indiquez au premier Nouembre prochain , et qu'ainsi il n'en estoit plus question ; Et pour ce qui concerne les gens de guerre, qu'il auoit fait de bonnes Ordonnances, mesme depuis peu en Anjou et en Poictou , qu'il les feroit publier dans les autres Provinces, et ordonneroit aux Gouverneurs de *les faire observer. » Les Députez faisant la reuerence pour se retirer, la Reine leur dit Messieurs , il y a quelques autres particularitez dont Monsieur le Garde des sceaux a charge de vous informer, vous vous trouuerez demain chez luy à neuf heures. » Ses responses, peu ou nullement satisfaisantes , furent cause que les Députez ne peurent s'empescher d'en témoigner douleur à la sortie du Conseil; le lendemain, à l'heure dite, ils se trouuerent chez Monsieur le Garde des sceaux , auec tous Messieurs du Conseil , neuf ou dix en nom- bre, où ils eurent sceance au bout d'en haut de la table qui leur estoit reserué, des deux costés de laquelle estoient assis les Ministres, et par- lèrent comme Députez du corps de la Noblesse. - 283 - Monsieur le Garde des sceaux dit d'abord que le Roy ayant de tout son possible tâché à donner satisfaction à sa Noblesse par la response qui leur auoit été faite, que le Conseil auroit esté fort surpris, lorsque Ton luy auroit porté que leurs Députez estoient sortis mal satisfaits , qu'ils estoient présentement là tous assemblez pour voir et auiser ce qu'il y auoit à faire pour le seruice de Sa Majesté , et pour la satisfac- tion de la Noblesse. » Sur quoy ayant premièrement esté fait plainte de la Lettre du Roy , écrite à Monsieur de Liancourd et autres , contre la justice de nos Assemblées, fut dit par plusieurs fois par Monsieur le Garde des sceaux qu'il ne l'auoit pas veuë, qu'il n'en sçauoit point les termes, qu'il n'en falloit point parler, que le Roy estoit très satisfait de nos intentions, et à proprement parler, il la desauoua. Il fut dit ensuite que la chose qui touchoit dauantage la Noblesse et leurs Députez, estoit le mépris qu'il sembloit que l'on fit de leurs seruices , dans vn temps où tout le monde sçait qu'ils seroient tres-necessaires à l'Estat, que ce qu'ils demandoient plus impatiement estoit l'ordre de monter à cheval , pour se rendre auprès de Sa Majesté, afin de contraindre ses ennemis à receuoir la paix, ou se retirer de son Royaume-, il leur fut dit que le seruice du Roy en ce temps, estoit une chose équivoque; à quoy il fut respondu par les Députez, que le Roy estant notre trésor, nostre cœur ne s'en pouuoit séparer, et qu'un cœur noble ne pouuoit auoir d'autre sentiment de nous. A quoy Monsieur le Garde des sceaux respondit que cela estoit nay auec nous ; et luy fut répliqué que nous Taurions iusques à la mort. Et si nous eussions eu d'autres sentimens, à quoy nous eust esté bon de nous venir offrir icy ? ne pouuions-nous pas monter à cheual , pour aller trouuer Messieurs les Princes. » Qu'à l'égard des Estats ils estoient contans de l' indiction faite au 1' Novembre prochain ; mais qu'ils demandoient, conformément à leur cahier , confirmation de la permission de se rassembler pour les solli- citer en cas d'inexécution de la tenue promise au iour indiqué. Qu'à l'esgard des Gens de guerre , c'estoit un foible remède que d'allé- guer les Ordonnances qui n'ont aujourd'huy de lieu qu'en tant que l'espée les authorise ; et qu'ainsi à moins que de monter à cheual elles nous estoient invtiles. » Que le commandement aux Gouverneurs de tenir la main à l'exécu- tion d'icelles, estoit du tout superflu, puisque c'est d'eux principalement que procède la pluspart des desordres. Sur quoy il fut demeuré d'accord que l'on enuoisroit ordre aux Railliages de l'Isle-de-France , de monter à cheual par telle voie qu'il plairoit à Sa Majesté, soit des Gouuemeurs ou Baillifs ; que pour nous commander, nous ne les connaisîrions point, mais seulement celuy que nous choisirions d'entre nous. Monsieur le Garde des sceaux dit, comme par opposition, qu'il nous falloit un homme qui eust caractère 11 luy fut respondu que le Roy en estoit le Maistre , et qu'il le pourroit donner tel qu'il luy plairoit -. Enfin il fut conclud par Monsieur de Villeroy que pareille chose estoit arrivée au - 284 — siège de Turin, oii la Noblesse de Dauphiné marchant, ne vouloit recon- noistre les Baillifs, ny Gouverneurs, mais ils eurent leur commandement. » Quand au surplus , il fut dit que nous auions tout sujet d^estre con- tens , puisque le Roy nous ayant receu en Audiance et en son Conseil, il auolt approuué toute nostre procédure passée, et par conséquent celle aduenir aux mesmes uns. » Le tout entendu, il a esté arreslé qu'il seroit imprimé auec le résultat de cette Assemblée, lequel sera renuoyé à tous les Gentils- hommes de France, ausquels il sera escrit \ne lettre circulaire, pour les informer de ce que nous auôns jugé nécessaire pour le bien du ser- vice du Roy et le maintien de nostre union. » Il a été arresté d^escrire à tous les Prélats, Archeuesques, Euesques, Abbés, Doyens, Chanoines, Chapitres, Gommunautez , et à tous ceux qui composent Tordre du Clergé de France aux mesmes uns que dessus, et autres qui seront contenus au susdit escrit ; et que le paquet seroit mis entre les mains de Messieurs leurs Agents généraux, et entr'autre enuoyé de toutes parts. ^ Sur la plainte faite par Monsieur des Rangeuiles de la part de Mes- sieurs d'Anjou, qu'à cause de leurs Assemblées aux fins de nostre union , les Preuosts de la Province avroient informé contre les parti- culiers Gentilshommes à la solicitation de Monsieur de Saincte-Suzanne, Lieutenant du Roy , il a esté arresté que cette action estant une vio- lence contraire à nostre liberté et aux volontez de Sa Majesté , Voutrage en est déclaré commun à tout le corps de nos Baillages ; ce que Mon- sieur de Bonneval présentement Député pour les aller trouver , leur fera sçauoir de nostre part, et que nous poursuiurons conjoinctement avec eux la réparation ; et à cet efTect a esté aussi chargé de voir mondit sieur de Saincte-Suzanne , et luy dire nos intentions. » Il a esté indiqué vue Assemblée générale de nostre Vnion à Chas- teaudun au qninziesme Nouembre prochain , en cas que Touuerture des Estats Généraux promise par le Roy au premier dudit Nouembre pro- chain fut différée ; Après quoy Ton s'est séparé. » Signé de Tordre exprès de l'Assemblée, M Charles Daillv, » Annery. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires M. L'abbé Auger, vicaire de Notre-Dame; présenté par MM. les abbés Robe et Germond. - 285 - MM. BoRNET, propriétaire àMaintenon; présenté par MM. Le Goux et le docteur Lamy. L'abbé Ctbois, curé de Rouvres; présenté par MM. les abbés Robe et Germond. Machelabd, directeur de l'Enregistrement et des Domaines, à Chartres ; présenté par MM. Ménager et Bourdd. Sévin, instituteur à La Ferté-Vidame; présenté par MM. Bel- lier de la Chavignerie et de Saint-Laumer. MiLLON, négociant à Chartres; présenté par MM. Garnier et Merlet. L'abbé Thévert, curé de Soulaires; présenté par MM. les abbés Sainsot et Pardos. Peschard, maître-adjoint à La Bazoche-Gouet; présenté par MM. Legrand et Thibault. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Dangeau et ses Seigneurs 1064-1790, par M. Maurice de Possesse. Chartres, impr. Ed. Garnier, 1878. Don de Tauteur. Bulletin de la Société archéologique et historique de VOr- léanaiSy t. VI, n» 95, 4» trimestre de 1877. Orléans, impr. de Georges Jacob. Envoi de la Société. Bulletin de la Société des Antiquaires de VOuest^ X** trimestre de 1878. Poitiers , typogr. de A. Dupré. Envoi de la Société. Bulletin de la Société d'émulation du département de V Allier, t. XV, l' et 2 livraisons. Moulins, impr. de Desrosiers, 1878. Envoi de la Société. SÉANCE DU 8 AOUT 1878. Présidence de M. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures et quart. Étaient présents MM. de Saint-Laumer, Met-Gaubert, de Bertheville, Buisson, Brosseron, J. Courtois, Tabbé i>llet, - 286 — Dubreuil, Gallas, Gilbert P., les abbés Guérin, Haye et Ilé- nault, Hue, Lecocq, Millon, l'abbé Sainsot, Sautton. Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté après quelques observations présentées au sujet de la Commission de publication. Il est arrêté que M. le Président donnera son visa pour les manuscrits remis à la Commission, et que pour le reste, on se conformera aux prescriptions du règlement. Lecture d une lettre de M. le Ministre de Tlnstruction pu- blique, qui, par un arrêté du 20 juillet 1878, attribue une allo- cation de cinq cents francs à la Société, comme encouragement aux travaux de cette compagnie et comme un nouveau témoi- gnage deVintérêt qu'il lui porte. M. Boucher de Molandon , président de la Société archéolo- gique de l'Orléanais, a la bonté d'adresser à cet égard, quelques lignes de félicitation; il annonce, en même temps, le concours quinquennal ouvert en 1880, par la Société d'Orléans, avec un prix de mille francs qui sera décerné aux mémoires les plus méritants sur les objets d'histoire et d'antiquités de l'Or- léanais. Des travaux sont réclamés de notre part, à propos de ce con- cours. Dépôt, par M. J. Courtois de deux objets curieux, représen- tant sur un morceau de cuivre 1tisations 310 à 10 fr 3,100 fr..c. — 70à 5 fr. ........ . 350 > A reporter 3,450 - 305 — Report. . . . 3,450 fr. »c. Vente de bulletins 1 50 » — de diplômes 40 » Intérêts des fonds placés 226 » 3,860 Recettes extraordinaires Reliquat de Texercice précédent 9,409 fr. 69 c, Subventions Mémoire. Total des recettes. .... 13,269 69 DÉPENSES. Dépenses ordinaires Procès-verbaux et Mémoires 1,900 fr. »c. Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 220 » Traitement de Tappariteur 250 » Gravures et photographies 500 » Fouilles et dépenses imprévues 200 » Séance générale et excursions 400 » Reliures 50 » Abonnements divers 130 » 3,650 D Dépendes extraordinaires Publication d'un ouvrage spécial 800 » Concours entre les Instituteurs 150 » Total des dépenses 4,600 » BALANCE. Recettes 1 3,269 fr. 69 c. Dépenses ...".... 4,600 » Reliquat actif. . . 8,669 69 Tome VI. F. 22 — 306 - Les artides de ce budget sont repris les uns après les autres. Après discussion ^ rassemblée arrête le vote au budget des re- cettes d^une somme de 40 francs pour les diplômes qui devien- draient obligatoires. Ces diplômes seraient payés 2 francs ^ de sorte que la cotisation à 10 francs s'élèverait à 12 francs, celle de 5 francs serait portée à 7 francs pour la première année. L'abonnement à la Revue des Deux -Mondes ne sera pas con- tinué. Le Bureau recherchera quelles seraient les nouvelles pu- blications auxquelles on pourra s'abonner. Le budget est adopté dans son ensemble. Vient ensuite la question du projet de notice géographique et historique par les instituteurs. — M. Merlet, après avoir an- noncé que cette idée a été trouvée excellente par M. Tlnspec- teur d'Académie, donne des explications à ce sujet et les résume en demandant à l'assemblée de vouloir bien prendre la propo- sition en considération et de constituer une commission char- gée des voies et moyens d'exécution. Après échange d'observations, la Société va aux voix et arrête que la proposition est prise en considération. Une Conunission de cinq membres sera nommée ; au Bureau est laissé le soin de la constituer. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à cinq heures. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. père, propriétaire, à Chartres; présenté par MM. Paul Ossude et Met-Gaubert. L'ahbéHAzoN, curé d'Anet; présenté par MM. Tabbé Yilbert et Met-Gaubert. L'Hérondeau, ancien instituteur, à Ponl-sous-Gallardon ; présenté par MM. Treille et MetrGaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOGIËTË Journal d^s Savants, octobre 1878. Bulletin de la Société Dunoise, n9 38, octobre 1878. — 307 — DU 9 JANVIER 1879. Présidence de M. Merlet, vice-président. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière réunion. Etaient présents MM. Merlet, abbé Olivier, Met-Gaubert, Barois, Balandra, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Bros- seron, Buisson, Dubreuil, Dussart, Escoffier, abbé Germond, Géroudeau, abbé Hénault, Heurtault, Hue, Legendre, Lecocq, Legrand, abbé Pardos, Ricour. Retour à la question d'abonnement à la Revice des Deux- Mondes. Après discussion et échange d'observations, l'assemblée estime qu'il est opportun de continuer cet abonnement. La mise aux voix détermine un vote dans ce sens. Il est donné lecture d'un extrait du Bulletin de la Société protectrice des Animaux j n» de juillet 1878, conamuniqué par M. Brosseron , libraire. Cet article a trait à une récompense qui consiste en une médaille d'argent accordée à M. Touche, notre confrère, pour son ouvrage La Poésie des Bêtes », et ainsi caractérisé par le rapporteur de la Commission. * Ces poésies ont un véritable mérite littéraire. Très-souvent un souffle poé- tique incontestable anime les vers de M. Touche. Du calme, de la grandeur, voilà ce qui atteste chez l'auteur le sentiment pro- fond des choses agrestes. Nous sommes très-heureux de voir un homme d'un véritable talent consacrer ses loisirs d'institu- teur communal à nous dépeindre les scènes où les animaux apparaissent dans leur force et leur utilité. Ce joli volume, d'une bonne et salutaire lecture, place M. Touche au nombre de nos éducateurs moraux les plus aimables et le révèle comme un poète plein de sentiment et de cœur. » Le Secrétaire donne ensuite lecture du rapport fait par M. Du Sommerard au Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes dans la Séance du 9 décembre 1 876 , sur les tomefi lY et V des Procès - Veibaux de la Société archéolo- gique d'Eure-et-Loir. — 308 — Lecture par le Président d'une notice de M. Gillard Une Enquête judiciaire à Dreux en 1601. — Renvoi à la Commis- sion de publication. Lecture d'une pièce de vers de M. Met-Gaubert, intitulée Rêverie sur un Berceau, » RÊVERIE SUR UN BERCEAU. Dans ce doux nid , petit enfant tout rose , Frêle et mignon , Tu m^apparais comme une fleur mi-close Dans le gazon... La fleur attend pour sourire à la terre Le gai soleil; Toi tu souris'au regard de ta mère , A ton réveil. . . Dieu t^entoura de la blanche auréole D'un ange pur, Qui , pour venir tout près de toi , s'envole Du ciel d'azur. Avec ta mère il veillera, sans cesse, Sur ton berceau ; Il est aussi tout rempli de tendresse L'ange si beau ! . . . De ses baisers ton front garde la trace , Reflet divin , Et sur tes yeux ils impriment la grâce Du Chérubin. . . Sous son regard, sous celui de ta mère Tu grandiras ; Ta mère et l'ange iront, sur cette terre, Guidant tes pas ! . . . Communication du Secrétaire à propos de la récompense, une Médaille d'or et un Diplôme d'honneur, qui vient d'être accordée par le Ministère de l'Intérieur, à notre honorable con- frère, M. Merlet, à la suite de l'Exposition universelle de 1878, Parmi les pièces qui figurent dans l'album exposé par le Ministère de Tlntérieur et destiné à reproduire les documents - 309 — les plus importants conservés dans les archives départemen- tales et communales de France , se trouve en première ligne un document appartenant aux Archives départementales d'Eure- et-Loir. Cet acte, qui date des dernières années du VI» ou plutôt des premières années du VIP siècle, est un authen- tique de reliques tiré, au XYII» siècle, d'une des châsses de la cathédrale de Chartres. Jusqu'à ces dernières années, une lecture incorrecte avait fait attribuer ce petit monument à saint Béthaire; une meilleure leçon a fait reconnaître qu'il s'agis- sait du linceul de saint Monulphe, évéque d'Utrecht. Le grand mérite de cette pièce est que c'est le document au- thentique le plus ancien qui existe dans les Archives départe- mentales et communales de France. Les actes mérovingiens sont tellement rares qu'il est intéressant de conserver le peu de vestiges que nous en rencontrons. Aussi l'assemblée émet-elle le vœu que l'authentique des reliques de saint Monulphe soit reproduit par la gravure, avec une notice que M. Merlet voudra bien y joindre pour exphquer l'historique de ce document. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à cinq heures. MOUYEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. L'abbé BouLMERT, curé de Rouvray-Saint-Florentin ; pré- senté par MM. les abbés Germond et Hénault. L'abbé CoRNiLLON, curé de Montain ville; présenté par les mêmes. Choppard Léon , docteur en di*oit, avocat à la cour d'appel de Paris; présenté par MM. Watrin et Met-Gaubert. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Journal des savants y octobre et novembre 1878. Mémoires de la Société historique j littéraire y artistique et scientifique du Cher y 2 série, t. I, II et III, et 3 série, 1" vol. Bourges, 1878. - 310 - Mémoires de l'Académie de Stanishs, 128" année, 4 série , t. X, 1877. Bulletin de la Société archéologique et historique de VOrléa- nais, t. VII, no 97, 2 trimestre de 1878. Bulletin de la Société Dunoise, d* 38, octobre 1878. Conseil général d'Eure-et-Loir, 2 session ordinaire de 1878. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1879. PrésièBDce de M. de SàiHT-LàUMBR. — M. MBT-GAimBiiT, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart par la lecture et l'adoption du procès- verbal de la dernière réunion. Étaient présents MM. de Saint-Laumer, abbé Olivier, Merlet, Met-Gaubert, de Bertheville, Besselle, Boisseau, Buisson, P. Bellier de la Chavignerie, abbé Cintrât, Dubreuil, Escoffler, Famin, abbé Foucault, Gilbert P., Gabriel, abbé Guériu, Gé- roudeau. Hue, Legendre, Legrand, Lecocq, Milon, abbé Pardos, Ravault, Ricour, abbé Robinet, Vassal. M. le Président fait connaître que, dans la Reviie des Sociétés savantes, t. VII 6 série, p. 184, se trouve le discours pro- noncé à la Sorbonne, le 27 avril 1878, par M. Chabouillet, secrétaire de la section d'archéologie, au sujet de la médaille et du prix de 1,000 francs décernés à la Société archéologique d'Eure-et-Loir, pour récompense des travaux qu'elle a publiés jusqu'à ce jour. Des regrets sont exprimés à propos du décès de notre con- frère, M. Amiot-Robillard, d'Illiers. M. le Président signale dans les Mémoires de la Société de Lyon un travail sur les anciennes maladreries du pays lyonnais, travail dans lequel Fauteur, au moyen de ces anciennes maia- dreries, détermine les anciennes voies du pays. Il croit que si — 311 — un pareil travail était fait sur les maladreries du pays chartrainy on arriverait à des découvertes importantes pour la détermi- nation des anciennes voies chartraines. Rapport de M. Legrand sur les travaux des instituteurs Messieurs, » Depuis que la Société archéologique d'Eure-et-Loir a établi un concours entre les instituteurs du département, elle a vu tous les ans un certain nombre d'entre eux répondre à son appel et lui adresser des travaux quelquefois très-sérieux. Cette année encore, votre Commission a eu à juger deux mémoires qui ne sont pas sans mérite, bien qu'ils doivent être examinés à un point de vue différent. » M. Thibault, instituteur à La Bazoche-Gouet, a présenté une étude sur cette commune, et M. PouUard, instituteur-adjoint à Pontgouin, un inventaire des archives de l'ancien Hôtel-Dieu de cette ville. L • Après une introduction dans laquelle il rectifie quelques points de son travail, M. Thibault donne un historique succinct de la commune de La Bazoche-Gouet, puis il passe à Fétude du territoire de cette commune, dont il indique la situation géogra- phique et agricole, le climat, les cours d'eau, les voies de com- munication, la population avec ses mouvements au XIX» siècle, l'industrie et le commerce. t> Après avoir ainsi exposé ce que nous appellerons volon- tiers les préliminaires de son travail, M. Thibault aborde l'étude particulière du bourg, chef-Ueu de la commune. A l'aide des minutes des notaires et de vestiges qu'il a retrouvés sur les Ueux mêmes, il a pu retracer les fossés qui formaient l'en- ceinte de la ville, et indiquer l'emplacement de l'ancien château. A côté d'affirmations peut-être trop positives, on trouve des renseignements précieux. L'étude del'égUseest accompagnée de dessins des principaux détails architecturaux, et suivie de docu- ments historiques sur l'égUse elle-même et sur le prieuré de Saint- Jean-Baptiste, ancienne dépendance de Tabbaye de Pont- levoy. Les paragraphes relatifs aux halles , foires et marchés , — 312 — aux anciennes hôtelleries, aux services publics civils , sont res- pectivement complétés par les annales qui se rapportent à chacun d'eux en particulier, et auxquelles les archives des notaires surtout, et en second lieu celles de la mairie, ont lar- gement contribué. j> Il est à regretter peut-être que les titres qui se trouvent entre les mains des particuliers n'aient pas été au même degré mis à contribution, mais, outre qu'ils sont assez difficiles à rencontrer, les détenteurs en sont parfois assez défiants, et s'imaginent qu'on veut d'une façon indiscrète s'ingérer dans leurs affaires. Les instituteurs dépendent donc en ce sens en- tièrement de la plus ou moins grande bonne volonté des per- sonnes. » Vient ensuite la liste des 138 hameaux actuellement exis- tants et de 11 hameaux disparus aujourd'hui, avec les faits principaux où les noms de ces hameaux on de leurs seigneurs jouent un rôle. M. Thibault a eu la bonne idée d'intercaler dans son texte un croquis du plan de ceux de ces hameaux qui ont paru offrir un certain intérêt par leur situation. » Un autre chapitre comprend les annales d'une portée plus générale qui n'ont pas trouvé place dans les chapitres précé- dents. La Commission aurait désiré que l'auteur y eût joint deux autres paragraphes qu'il a traités avec une trop grande abondance de détails sous forme de chapitres spéciaux ; le cha- pitre sur l'invasion allemande qui devrait relater seulement les principaux faits relatifs à cette invasion , la cause du massacre de six habitants et Tincendie de divers hameaux de la com- mune , et le chapitre sur l'affaire Poirier qui devrait être con- densé en quelques lignes. On pourrait demander aussi quelques renseignements sur une exécution capitale qui eut lieu à La Bazoche-Gouët vers 1820. » Enfin, le travail est complété par les tableaux généalo- giques des familles Brault, Bretheau, Boisseau et Mercier, ori- ginaires de La Bazoche, et par une liste des curés et des \icaires de la paroisse, de 1572 à 1792. » Bien que la Commission ait remarqué une certaine faiblesse dans la partie qui traite de 1^ géologie et de l'archéologie mo- numentale , elle a constaté que l'ensemble du travail est bon , à part certaines lacunes qui devront être comblées, ou certains passages qui devront être corrigés , si la Commission de publi- — 313 — cation, à laquelle nous vous proposons de renvoyer ce mé- moire, vient à en décider l'impression. » Du reste, la valeur du travail de M. Thibault est fort re- haussée par deux plans d'une exécution soignée , l'un du bourg de La Bazoche, et l'autre de l'ensemble de la commune. II. » L'inventaire des archives de l'ancien Hôtel-Dieu de Pont- gouin, par M. PouUard, est un recueil de documents rangés par ordre chronologique , et se rapportant à une période de plus de trois siècles, de 1472 à 1800. Malheureusement il y a dans la suite de cette période des lacunes regrettables. Ainsi , nous ne trouvons mentionné aucun acte depuis 1496 jusqu'à 1584. De plus, les archives de l'Hôtel-Dieu de Poutgouin ne pa- raissent pas avoir un grand intérêt historique. Les documents qu'elles renferment ne consistent qu'en baux , mémoires et dé- comptes de fournitures et de travaux. Des aveux, états de tenances et de redevances n'y figurent presque pas. » Ce qui fait le mérite du travail de M. Poullard, c'est la pa- tience avec laquelle il a recherché tous les actes se rapportant à une même tenance, afin d'indiquer en quelque sorte au moyen de renvois l'historique de chacune de ces tenances. » Des notes historiques dans le corps du recueil, et à la fin un paragraphe intitulé Quelques mots d* histoire y attestent que l'auteur a tiré de son sujet à peu près tout le parti qu'il en pou- vait tirer. » D'après les considérations qui précèdent, la Commission vous propose. Messieurs, de décerner » 1 Des notes très -étendues complètent cette publication, qui se termiAe par un Nota ainsi conçu Stac exemplaires de cette Notice seront remis aux six plus pauvres de Cénerville , qui les vendront à leur profit aux riches ou aux curieux du Pays, et à Oysonville le produit des exemplaires vendis sera employé à la confection du monument. » Le second fait est tiré du Magasin Pittoresque, année 1857, page 183. » Je ne puis résister au désir de donner la copie de ces quelques lignes. LES QUATRE ÉPIS D'OR. Oysonville, aujourd'hui petite commune de Tarrondissement de » Chartres , possédait autrefois un très - beau château , qui , au com- » mencement du XYI siècle *, appartenait à Messire François d'Al- » lonville, chevalier de Tordre du Roi. Henri IV, qui aimait beaucoup > ce seigneur, vint un jour lui rendre visite à son château d*Oysonville. » Après le déjeuner, François d'Allonville , ayant mené le Roi dans le ]o parc, se plaisait à lui faire admirer les plantes rares dont il avait » décoré ses plates - bandes ; Henri IV s'arrêtait surtout devant les di- i C*est XV11° siècle qu'il aurait fallu dire. — 321 — » verses espèces de rosiers qui ornaient le parterre , et faisait compli- > ment à son hôte sur la richesse de son jardin. Alors un laboureur du » pays, nommé Gadot, le plus riche tenancier du seigneur d'Oyson- » ville , se hasarda de dire au Roi qu'il avait de bien plus belles fleurs » et en plus grande quantité, et que, si Sa Majesté voulait le suivre, » il serait heureux de les lui monti^er. Henri IV était bon prince , il » consentit à accompagner le laboureur. Celui-ci le conduisit dans » une pièce de blé en fleurs, et lui montrant les épis Sire, dit-il, > voilà les plus belles fleui*s que je connaisse. — Tu as raison, mon » ami, lui répondit Henri, ce sont aussi celles que je préfère. » Et, » de retour à Paris , le Roi envoya au laboureur quatre épis de blé en > or, que les descendants de Gadot ont conservés pendant longtemps. » » Voilà, Monsieur le Président, la petite rectification que je voulais faire; j'aime trop mon pays pour ne pas mettre en lumière tout ce qui peut Tintéresser. » Je suis passé plusieurs fois à Oisonville, j'ai aperçu le monument érigé en l'honneur de M. de la Roussière, j'ai vu avec peine la restauration trop moderne du vieux château des d'Allonville ; j'ai visité l'égUse qui possède quelques pierres tombales intéressantes et que je ne désespère pas de voir reproduites par la gravure. » Daignez agréer. Monsieur et cher Président, l'assurance de mon profond respect. » A. GILLARD. > Nogent-le-Roi , le 3 mars 1879. Conmiunication d*une missive de M. Piébourg père qui adresse à la Société une note et trois feuilles de dessins qu'il a reçus de son fils, capitaine d'artillerie, professeur adjoint à l'École d'application de l'Artillerie et du Génie de Fontainebleau. Ces pièces sont relatives au verglas des 22, 23 et 24 janvier 1879. Elles ont été adressées à T Académie des Sciences et ont servi de documents à M. Jamin, membre de l'Institut, pour l'article remarquable qu'il a publié le 1 5 février dernier dans la Revue des Deux Mondes, — Remerciements de la Société qui dé- cide que cette note sera insérée dans le présent procès- verbal. Le 22 janvier, vers dix heures du matin, une pluie froide commença à tomber, et, quelques instants après, le sol était déjà devenu assez glissant pour rendre la marche difficile. Cette pluie continua, presque sans interruption, jusqu'au lendemain — 322 — vers dix heures du soir, c*est-à-dire pendant une durée de trente-six heures; la température a d'ailleurs, pendant tout ce temps, été à peu près constante , de 3' seulement au-dessous de zéro. Les phénomènes qui en résultèrent nous ont paru assez remarquables pour essayer d'en relater quelques-uns. Une couche de glace, de 2 à 3 centim. d'épaisseur, a couvert complè- tement le sol , à tel point que dans les rues de la ville bien des gens circulaient en patinant. Cette couche de glace adhérait aux toits , même les plus inclinés ; elle s'attachait en outre en de très-nombreux endroits aux parois verticales des murs , et nous avons vu des perrons dont les contremarches en étaient revêtues sur une épaisseur presque aussi grande que les marches elles-mêmes. La glace se moulait sur tous les objets qu'elle recouvrait, et à toutes les parties horizontales et saillantes des édifices étaient suspendues des stalactites , de longueur et d'espa- cement très-réguliers. Mais l'efiTet le plus remarquable a été celui observé sur les arbres et la végétation. Sur les pelouses, chaque brin d'herbe était entouré d'une gaîne de glace de 15 à 20 millim. de diamètre en moyenne; on en a même ob- servé ayant 3 centimètres. Des massifs d'arbustes à feuilles persistantes , tels que rhododendrons, alaternes, lauriers-cerises, etc., ne formaient qu'un seul bloc de glace; à travers la glace on distinguait très - nettement les feuilles et les branches. L'aspect était assez analogue à celui-là pour les arbres verts , tels que sapins , épicéas , etc., dont chaque couronne de branches s'était affaissée sur la couronne immédiatement inférieure , la plus basse reposant elle- même sur le sol , et le tout ne faisant qu'une immense pyramide de glace les branches se soutenaient ainsi naturellement ; aussi ces arbres ont-ils généralement pu résister à l'énorme poids qui les surchargeait. Quant aux arbres à feuilles caduques, leurs moindres branches étaient complètement entourées d'une gaîne de glace d'une grande épais- seur. Pour les menus branchages , le diamètre de cette gaîne allait jus- qu'à quatre ou cinq fois celui de la partie enveloppée ; la proportion était naturellement moindre pour les grosses branches ; et , quant aux troncs, quoique verticaux , quelques-uns portaient une. couche variant de 1 à 2 centimètres ; mais généralement cette couche n'était pas con- tinue et adhérait du côté exposé à l'est et au nord-est. L'énorme poids de cette glace a fait ployer et rompre un nombre considérable de branches de toutes dimensions; et même, des arbres tout entiers ont été soit brisés, soit complètement courbés jusqu'à voir leur cime toucher la terre, soit enfin arrachés dans les endroits où le sol sablon- neux était moins résistant nous en avons mesuré un, entre autres, qui n'avait pas moins de 2" 20 de circonférence à la base et de 37" de hauteur , lequel était rompu à 4" 50 environ au-dessus du sol. C'est sur- tout dans la nuit du 23 au 24 que tous ces arbres se brisèrent avec un — 323 — fracas épouvantable , mais ces chutes avaient déjà commencé dans la journée du 23 et continuèrent pendant celle du 24. ^ous avons pu dans la journée du 24 estimer le rapport entre le poids de quelques branches et celui de la glace qu^elles avaient à supporter. Voici quelques-uns de ces résultats, constatés sur des branches prises tout à fait au hasard NOMS DBS PLANTES. POIDS avec la charge déglace. POIDS après avoir £iit Tondre la glace. Branche d'alateme • . • • 200 gr. 210 360 660 700 29 kilogr. 7gr. il 13 30 50 4 kilogr. Autre branche d'alateme Branche de rhododendron Branche d'éoicéa Branche de bouleau Branche de bouleau de 5 centimètres de diamètre , ayant rompu sous le ixids J/**»»y ••••••••••... La température étant montée à zéro ; le samedi 25 vers midi , le dégel a commencé, et a continué pendant les jours suivants. Il ne paraît pas qu'il ait occasionné de nouveaux bris d'arbres à feuilles caduques , qui au contraire se sont sentis peu à peu allégés. Mais il n'en a pas été de même des arbustes à feuilles persistantes la glace qui reliait entre elles les différentes têtes de rhododendrons, par exemple, ayant fondu d'abord, chaque branche a été entraînée par le poids de la tête encore chargée d'une couche assez épaisse. Les branches qui ne se sont pas brisées ne paraissent d'ailleurs pas avoir souffert du froid , et ont repris l'aspect qu'elles avaient quelques jours auparavant. Nous ajouterons que nos communications télégraphiques ont été interrompues les fils de 4"" de diamètre, étaient entourés d'une gaîne cylindrique de glace, d'épaisseur très-régulière, de 38*" de diamètre, ce qui fait plus de neuf fois le diamètre du fil lui-même. Il n'est donc pas étonnant que les lignes aient été rompues en un nombre considé- rable d'endroits. Communication de M. P. Durand au sujet des fouilles qui ont lieu autour de l'ancienne chapelle de Saint-Eman, à Chartres. Notre confrère croit qu'il serait intéressant de faire faire un dé- blaiement en opérant une percée à Taide de laquelle on pour- rait voir ce qu*il y a dessous. — La Société vote une somme de 50 fr. à ce sujet. — 324 - Communication de H. Merlet sur un sceau du XIV* siècle trouvé parfaitement couservé. Ce sceau a une inscription s[celI odio Dv MARCHE AV u[EitHiE[N ijui rappelle le marché au merrain , bois employé fré- quemment à Chartres pour la fabrication des tonneaux et attestant le grand com- merce qui se faisait à propos des nombreux vignobles qui entouraient notre cité. M. Merlet demande l'autorisation de ûiire graver le sceau sur lequel on aperçoit une ileur de lys d'un fort joli style. — Accordé. Autre communication de M. Sautton à propos des fouilles faites à Martainville. Une somme de 15 francs est votée à cet égard. Notre confrère annonce la présence, à Courbehaye, d'un souterrain qu'il compte faire explorer. Il donnera, dans la pro- chaine séance, un rapport sur l'ensemble des découvertes qu'il a signalées dans le canton de Voves. L'Assemblée passe à la question de la séance publique an- nuelle qui doit avoir lieu, en mai, conformément aux pres- criptions réglementaires. La date du jeudi 15 mai est arrêtée. Il est décidé que M. le Président aurait l'obligeance de s'adresser à M. Alexandre Bertrand , directeur du Musée des antiquités na- tionales de Saint -Germain- en -Laye, et lequel, s'il y consent, serait chargé de faire une conférence purement archéologique à l'époque ci-dessus désignée. Lecture d'un Mémoire de M. Lorin. La Peinture sur vctTe au Moyen-Age. — Renvoi à la Commission de publication. f La peinture sur verre n'est pas un art moderne, elle ne fait point partie de cet ensemble magnifique de découvertes qui sera l'éternel honneur de notre siècle. Elle remonte bien haut dans le passé , et quand on parle d'elle, invinciblement, l'esprit se transporte à cette époque si difféi-cnte de la nôtre par ses mœurs, ses goûts, sa civilisation, à ces temps de foi religieuse et d'enthousiasme chevaleresque qu'on appelle Moyen-Age. » La peinture sur verre a été alors ce que la peinture d'his- toire fut ensuite à la Renaissance, l'art florissant et honoré - 325 — entre tous, celui qui absorbait le plus de talents et qui pro- duisait les œuvres les plus grandioses. » Il m'a semblé , Messieurs , qu'il y aurait pour vous quelque . intérêt à revenir par la pensée sur ce passé qui a eu aussi ses gloires, pour y étudier, dans son éclat et sa splendeur, un art auquel vous accordez ici droit de cité. » Malheureusement, il est impossible de faire sur cette ques- tion une étude complète. Dans toute histoire, les origines loin- taines sont entourées de quelques ténèbres, mais ici l'obscurité est telle que, malgré ses savantes recherches, l'érudition con- temporaine n'est pas encore parvenue à la dissiper. L'origine de la peinture sur verre est une des questions qui embarrassent le plus l'archéologie, parce que ce qui lui manque pour la résoudre, ce sont précisément les éléments de la discussion. » Les documents écrits font presque absolument défaut. » S'il est en France une ville où les recherches auraient dû amener quelques résultats, c'est la ville de Chartres; aujour- d'hui encore elle est la plus riche en verrières antiques. Non- seulement sa cathédrale, mais ses églises secondaires, telles que Saint-Pierre , Saint- Aignan possèdent des collections com- plètes de vitraux du Moyen -Age, et tous révèlent une perfec- tion artistique incontestée. Evidemment la cité beauceronne a été jadis le siège d'une école sérieuse et florissante de peinture sur verre; il y a eu des maîtres et des élèves, des études pa- tientes, peut-être même des découvertes magnifiques, des tra- ditions d'enseignement et de pratique qu'il serait aujourd'hui très-intéressant de retrouver. » D'autres villes, telles que Bourges, Paris, Rouen, Sens, Lyon, etc., présentent aussi de belles tentures en vitraux, fort bien conservées d'aspect pour la plupart, grâce à leur confec- tion solide. Quelques-uns cependant ont été maltraités singuliè- rement de diverses manières, au siècle dernier. A cette persécu- tion artistique provoquée par l'esprit du temps, les chanoines eux-mêmes prêtaient parfois la main, et la ville de Chartres n'a pas été à l'abri de ces destructions regrettables. » Mais si les monuments nous restent, nous n'avons pas le plus petit indice au sujet delà construction, de l'arrangement, de l'organisation des ateliers des verriers. — Rien de leurs es- quisses, de leurs cartons, de leur outillage ne nous est parvenu. » Vous avez rencontré maintes fois ce qu'on appelle des I - 326 - bibelots descoi&ets, des alliances, des armes, que sais-jeî Ces objets précieux fourmillent encore dans nos Musées, dans . les collections particulières. Quant au porte-crayon et aux pin- ceaux du verrier, ils sont encore à retrouver. » Nous pouvons supposer que ces ateliers étaient de grande dimension , possédant de très-grandes fenêtres destinées à rece- voir les panneaux à peindre que l'artiste disposait lui-même dans leur armature. Autrement on s* expliquerait difficilement cette perfection extrême qui n'a pu être surpassée même après plusieurs siècles d'observation , d'étude et de travail , de pra- tique traditionnelle. 9 Malheureusement tandis que Thistoire des autres arts est mise en pleine lumière, dans ce domaine les anciens manuscrits ne révèlent rien. On a bien exhumé quelques noms des vieux cartulaires ; quelques autres ont été déchiffrés dans les ver- rières elles-mêmes, mais ces noms passés ainsi à la postérité ne sont pas ceux des artistes, ce sont ceux des donateurs. Dans son désintéressement, le verrier a donné l'immortalité aux autres sans penser à se la donner à lui-même. y> Si nous sommes pauvres en renseignements, si les noms sont restés inconnus, en revanche, nous sommes riches en monuments et en œuvres célèbres. Les verrières du Moyen- Age étant restées intactes en grande partie, c'est dans ces pages que nous retrouvons l'histoire de l'art lui-même. Quelques textes épars, à l'aide de l'induction, nous permettront de la reconstituer dans ses traits principaux. » Pour mettre quelque ordre dans ce travail, nous vous parlerons d'abord de la fabrication des vitraux au Moyen- Age, et ensuite du côté artistique, de leur valeur conune dessin et comme peinture. Nous traiterons en premier lieu les questions de métier et ensuite les questions d'art. » Un des rares textes que les historiens de la peinture sur verre aient rencontré dans les anciens manuscrits , se rapporte précisément à cette question de procédés techniques employés jadis par nos illustres devanciers. C'est un passage du moine Théophile qui vivait vers la fin du XP siècle. Citons ce passage € Vous ferez chauffer au feu le fer à diviser; il doit être mince » dans toute son étendue, et plus gros à Tune de ses extrémités. » Lorsqu'il sera brûlant du côté le plus gros, approchez-le du » verre que vous voudrez couper, et aussitôt vous verrez un com- - 327 — 9 mencement de fracture. Si le verre est dur y mouillez-le avec de > la salive du bout du doigt à Tendroit où vous aviez posé le fer ; » dès qu'il y aura fissure , tirez le fer selon que vous voudrez couper » le verre, et la fissure se continuera. Tous les morceaux étant cou- » pés lentement de cette manière, prenez le grésoir, qui devra » être long d'une palme, recourbé à chaque extrémité; il vous » servira à égaliser et à unir toutes les parties, chacune à sa place. » Les choses étant ainsi préparées, prenez la couleur avec laquelle » vous devez peindre le verre ^^ » Voilà donc ce que dit notre vieil auteur. A l'aide de ces quelques lignes, essayons de suivre dans son œuvre notre peintre verrier. Nous rappellerons Clément, si vous voulez bien car empressons-nous de dire que la cathédrale de Rouen est plus heureuse que celle de Chartres. Sur Tun des vitraux de la basilique normande on lit Tinscription suivante Clemens viTREARius Carnotensis, M. . . et l'on a traduit cette dernière lettre par le mot Magister. Notre artiste est au travail. L*œuvre de l'architecte est achevée; déjà la cathédrale s'élève majes- tueusement dans les airs ; il n'y a plus qu'à tendre de voiles transparents et rayonnants, les baies gigantesques et les rosaces de dimensions variées. » Un plan d'ensemble a été élaboré par quelque théologien, quelque chanoine érudit. Clément le verrier s'en est pénétré, il a dessiné chaque personnage, chaque scène, chaque orne- ment soit mosaïque ou architecture, il s'agit maintenant de reproduire ces dessins sur le verre et de leur donner tout l'éclat de la lumière et du soleil. Clément choisit ses verres de couleurs variées qu'il a fondus lui-même ou que lui a Uvrés un industriel aujourd'hui oublié. Nous verrons plus lard ce qu'il adviendra de ce travail de coloration. Le verrier découpe les différents morceaux qui doi- vent entrer dans le vitrail, selon les moyens que nous a décrits le moine Théophile. Puis il fait l'esquisse à l'aide d'un émail , et quand ce premier trait a marqué les contours d'une partie du corps ou de la draperie qu'il veut peindre, il cherche à lui donner du modelé par des traits répétés et rapprochés qui suivent parallèlement toutes les sinuosités de la première ligne, de la ligne mère. Ces traits nourris à leur naissance sont presque transparents lorsqu'ils atteignent les masses de lu- mières qu'ils mettent ainsi en relief. — 328 — i> Lisons un second passage du moine Théophile sur la matière c Quant aux ombres et aux clairs des vêtements , si vous êtes » habile dans cet art, vous pourrez les faire comme dans la pein- > ture ordinaire, de la manière suivante. Lorsque vous aurez £iit » les traits des draperies avec la couleur préparée à cet effet, cou- » vrez-la avec le pinceau , de manière que le verre reste transpa- » rent à Tendroit où, dans la peinture ordinaire , vous avez coutume » de faire les clairs, et que le même trait soit d*abord foncé, puis » léger , enfin plus léger encore et tellement ménagé , qu'on voie » pour ainsi dire, trois couleurs posées Tune à côté de l'autre. » Vous devez observer le même procédé pour peindre au-dessous » des sourcils, autour des yeux, des narines et du menton, et » autour du visage des jeunes gens, autour des pieds nus, des > mains ou des autres membres du corps. > » Ce genre de travail de facture a été adopté par le verrier chartraiu, par le verrier de Saint-Denis, par les verriers qui ont fait et les verrières de Cantorbéry et celles de Héligenkreuz, que nous avons pu étudier de très-près; cependant ce procédé varie quelquefois, notamment pour la Sainte-Chapelle, alors que, pour obtenir des plis amples et anguleux, une certaine préoc- cupation se manifeste chez l'artiste dans la recherche de son rendu. Il dispose les traits en hachures soit au moyen de la grisaille, soit au moyen des enlevés à la pointe. » Cette parenté de faire nous incline à penser que Clément, notre verrier chartrain , qui a fait les principales verrières de la cathédrale de Rouen , a dû exécuter les verrières de la chapelle de Saint-Martin dans le pourtour du déambulatoire, et une autre verrière légendaire, dans le clérestory de Notre-Dame de Chartres. » Nous retrouvons à Cantorbéry des verrières traitées abso- lument comme celles de la cathédrale de Sens. Cela est d'autant plus facile à expliquer qu'on sait que saint Thomas de Cantor- béry a été exilé à Vézelay aux portes de Sens même, d*où il a dû emporter les traditions de nos verriers français. Une preuve évidente que la France est la terre classique du vitrail. » A ce travail de peinture succède celui de la cuisson. » Consultons encore le moine Théophile. Voici ce qu'il dit € Faites-vous ime tablette de fer de la dimension du fourneau à » l'intérieur, sauf deux doigts en longueur et deux doigts en lar- - 329 — > geur. Sur cette tablette , vous tamiserez de la chaux vive ou des > cendres de Tépaisseur d*un brin d'herbe , vous les arrangerez avec > im bois lisse, afin qu*on les étende solidement. Cette même > tablette aura une queue en fer, à Taide de laquelle on puisse la > porter, la mettre et l'ôter. Vous placerez dessus le verre peint » avec soin et uni , de manière qu'à la partie extérieure , c'est-à-dire > vers la queue , soient le vert et Je bleu , et à la partie intérieure , le > blanc , le jaune et le pourpre qui résistent plus facilement au feu. » Vous ajusterez ensuite les barres de fer et vous poserez la » tablette dessus. Après cela , vous prendrez du bois de hêtre bien » desséché à la fumée , et vous allumerez un petit feu dans le four- » neau; vous augmenterez le feu avec précaution jusqu'à ce que » vous voyiez monter la flamme par derrière , et des deux côtés » entre le fourneau et la tablette , et couvrir le verre en passant par ^^ dessus et pour ainsi dire en le léchant , jusqu'à ce qu'il soit ar- > dent. Aussitôt, vous ôterez le bois, vous fermerez exactement la > bouche du fourneau et l'ouverture supérieure par où s'échappait » la fumée , jusqu'à ce qu'il se refroidisse de lui-même. La chaux et » la cendre sur la tablette de fer servent à garder le verre de peur » qu'il ne se brise par la chaleur s'il touchait la tablette nue. » Lorsque vous aurez tiré le verre, essayez avec votre ongle si » vous pouvez attaquer la couleur ; si vous ne le pouvez pas , cela » suffit ; si vous le pouvez , remettez au feu. Tous les morceaux de v verre étant cuits de cette manière, posez-les chacun à sa place 1 sur la table de bois. » » Les pièces de verre mises ainsi au feu étaient généralement de dimension petite il est facile de s'en rendre compte en examinant ces grandes verrières composées de pièces innom- brables; les accidents étaient donc très-rares. Et s*il se produi- sait quelque irrégularité dans l'intensité de la chaleur, le verre n'en souffrait pas; bien au contraire, par le gondolement il acquérait des rugosités qui augmentaient l'effet et la richesse du coloris, en produisant à la surface des milliers de petites facettes étincelantes. Et n'aUons pas confondre ces facettes avec le résultat obtenu que nous donne le verre piqué , résultat dû au long contact extérieur du verre avec l'action atmosphérique. Ces piqûres de verre produisent de nombreuses porosités par lesquelles la lumière du soleil pénètre d'une manière capri- deuse. Dans les restaurations nous sommes obligés de cher- cher à obtenir des effets analogues par un procédé artificiel. Nous étahlissons ainsi l'harmonie entre les parties nouvelles et les parties anciennes qui doivent s'assimiler et se confondre. ToMB VL 24 — 330 — » La caisson terminée, on procédait à la mise en plomb les morceaux de verre étaient réunis par des lanières de plomb préparées à Favance et dans lesquelles était pratiquée une double rainure ^obtenue à l'aide d'un rabot, alors que le lami- noir n'était pas inventé. Le plomb ainsi préparé était plus fort, plus solide que celui que nous faisons passer par nos lami- noirs. » Les dimensions des panneaux se trouvaient déterminées par la grandeur des fenêtres. Les panneaux alors préparés, on les ajustait en place entre des barlotières de fer pourvues de crochets, et on les fixait par des feuillards disposés comme revêtement, et le poseur les scellait enfin avec du plâtre. » Voilà en résumé les opérations toutes matérielles du verrier au Moyen-Age mais cet ensemble ne donne pas une idée de son art, ce n'en est en effet que le petit côté. » Avant et au-dessus de ce travail extérieur et physique, il y en a un autre bien supérieur — la méditation, la composi- tion, l'étude des lignes, l'observation attentive des nuances, des couleurs et des combinaisons harmonieuses des différentes notes de cette gamme qui a ses lois et ses accords comme la , gamme musicale. • Je n'oublierai jamais l'effet que produisit sur moi, quand je contemplai pour la première fois, un matin de mai, il y a quelque vingt ans, le transept de la basilique de Chartres avec son immense rosace et ses quatre grands Prophètes. L'aurore se levait, et ses premiers rayons se jouaient mollement à tra- vers les teintes de topaze, de saphir et d'émeraude la rosace et les lancettes inférieures revêtaient ainsi leur toilette enso- leillée et pleine de fraîcheur; la baie grandiose, inondée de splendeur, présentait un éclat féerique qui me fascinait; j'avais devant moi comme un immense clavier où résonnaient à la fois les notes les plus suaves et les plus retentissantes, fondues ensemble dans mie harmonie enchanteresse de laquelle aucun concert musical n'a jamais approché. • J'avais sans doute une prédisposition à goûter cette mu- . sique mais je ne crois pas exagérer en disant que tout ami des arts éprouve un ravissement semblable devant les pages bibliques où les verriers du Moyen -Age ont étalé toutes les richesses de leur imagination et de leur palette. L'effet d'en- semble en est saisissant, et c'est là ce qui a fait de la peinture — 331 - sur verre y un art aussi populaire. Mais cet effet a besoin d'être analysé pour être bien apprécié. » Avant donc d'insister sur la valeur artistique de Tœuvre, étudions-en les éléments en nous plaçant tour à tour au point de vue de la composition ^ du dessin , de la coloration et de Texpression. > L*esprit, a dit un grand philosophe, se précipite d*abord • vers son objet sans se rendre compte de ce qu'il aperçoit, de 1» ce qu'il sent, mais il possède la liberté de réfléchir et de » mûrir, de féconder sa pensée pour a reproduire. » Cette ré- flexion s'applique au verrier comme à tous les artistes. Quand il a reçu du théologien , une donnée , c'est à lui de la féconder, de l'embellir, de lui donner dans son imagination une forme expressive et vivante. T> Dans ce premier travail de méditation, l'artiste fredonne sa pensée, crée ses types et les coordonne, il silhouette pour ainsi dire ses différents personnages avec leur physionomie et leur attitude, puis il les groupe et les entoure de leurs orne- ments accessoires. Quand cette préparation intérieure atteindra son terme, il jettera sur le papier sa première esquisse, sans avoir le temps de la faire ni correcte ni achevée. > Au Moyen-Age, il y avait à mûrir ainsi et à féconder deux genres de compositions des sujets historiques et des sujets symboliques. 9 La symbolique chrétienne est une langue savante, dont la grammaire a été écrite dans les Catacombes, dont les données étaient fournies au verrier par la tradition, et qui offre tou- jours un réel intérêt à l'archéologie contemporaine. Dans les sujets historiques, le verrier observait encore les traditions et l'histoire ; mais il avait là une plus grande liberté d'action il avait toute latitude dans l'expression des traits, les poses, les draperies, les mouvements. Toutefois, n'ayant pas d'arrière-plan, tous les personnages en scène étaient de dimension à peu près égale, et par là, les verrières étaient pri- vées d'un des éléments qui font la variété et la richesse de la peinture proprement dite la perspective. V Mais elles rachetaient cette lacune par l'habileté ingénieuse des dispositions, la profusion des ornements et l'éclat des cou- leurs. » Les divers motifs étaient de nombre assez restreint trèfles, - 332 - palmetieSy grains^ rinceaux circulaires ^ ornements variés réunis ou séparés par des filets ou des perles tels étaient les éléments dont les mille combinaisons forment les mosaïques sur les- quelles se détachent les médaillons ou les scènes principales des verrières. » La règle et le compas font presque tous les frais des princi- pales lignes, et ce ne sont guère que des configurations géomé- triques multipliées, à Tinfini. » Quant aux motifs d'architecture servant de soubassement ou de couronnement, appelés Jérusalem, on les rencontre pour les personnages, très-rarement pour les scènes. > Ceci nous amène à parler du dessin des personnages et des scènes, et c'est, vous le savez, une des questions où se heurtent des critiques et des enthousiasmes exagérés dont nous essaierons de rester également éloignés. » Le dessinateur du Moyen- Age n'ignoi-e pas le grand carac- tère de la Ugne — les Prophètes de la cathédrale de Chartres prouveraient à eux seuls que la simplicité et la noblesse d'allure ne lui étaient pas inconnues ; — néanmoins il n'a pas cherchée lutter avec le statuaire du temps , qui visait davantage à la na- ture; sa grande préoccupation a été de parler à l'œil et d'écrire sa pensée le plus lisiblement possible, au risque de manquer à la vérité et à la science du dessin. » C'est ainsi, pour donner quelques exemples, aux XU, XIIP et XIV siècles, qu'il élargira toujours pour les accentuer davantage l'extrémité des pieds et des mains, qu'il affectera d'arrondir toujours la prunelle des yeux , quelle que soit la dis- position de la figure, qu'elle se présente de face, de profil ou de trois quarts. » n ignore les lois de la perspective et du dessin en raccourci. — Je suis peut-être un peu absolu , la perspective n'était pas com- plètement inconnue au Moyen- Age , mais elle n'était pas inter- prétée comme de nos jours. Les anciens la faisaient sentir par le moyen d'un objet intermédiaire, tel qu'une draperie ou un motif symbolique. » Maintenant que nous nous sommes occupés surtout des vitraux des XIP et XIIP siècles, jetons un coup d'œil rapide sur les productions artistiques en vitraux des XTV* et XV siècles. Voyons succinctement les caractères généraux des verrières de ces deux époques. d - 333 - » Au XIV siècle, une certaine recherche d'après nature com- mence à poindre dans Tétude des chairs et le mouvement des draperies. Certains signes distinctifs de richesse exubérante se font jour également d'une façon artistique et intéressante dans les pierres tombales. Les sujets et les scènes sont entourés d'une architecture aux détails délicatement peints. Dans ces architec- tiu'es les teintes argentines nacrées et les teintes d'or prennent la place des couleurs diverses que l'on remarquait dans les vitraux du XII et du XIIP siècle. Le costume national sert souvent à revêtir les principaux personnages des scènes. Tou- tefois, c'est encore l'effet décoratif obtenu par la coloration soutenue, qui est l'objectif du peintre. — A cette époque le jaune au sulfate d'argent est inventé. Le verrier a ainsi deux teintes à sa disposition ; le jaune d'argent produisant la teinte d'or et l'émail bistré dont le peintre se sert pour le trait et les aplats. Des sujets en pied traités d'une manière incolore sont placés sur des fonds en grisailles, qui leur servent de tapis. Tout le monde connaît la grisaille. Voici à ce sujet ce que nous en dit notre célèbre maître, M. Viollet-le-Duc Dès la seconde moitié du XIIP siècle, on songea donc à » donner plus de lumière dans l'intérieur des édifices en com- » posant des verrières partie en grisailles , partie en panneaux » coloriés. On conçoit sans peine que cette innovation dut » changer complètement les conditions d'harmonie. Les sur- » faces blanc nacré des parties en grisailles devaient faire pa- raître lourdes et obscures les surfaces colorées voisines. On » introduisit donc dans ces dernières de grandes parties claires, » des bleus limpides et verdâtres, des jaunes, des rouges et » pourpres très-clairs, des blancs verdâtres ou rosés. » n Au XV siècle le grand caractère est détrôné en bonne partie par la distinction , la grâce , le joli et même le coquet. Le mouvement de l'art vers la nature s'accentue dans la composi- tion et le modèle. Le verrier entre alors à pleines voiles dans l'étude de l'art pour l'art. C'est une végétation luxuriante des motifs les plus fouillés, les plus ciselés, qui se fait jour en vitraux ainsi qu'en architecture. La perspective n'est pas en- core assise, mais elle commence à prendre sa place. Plus de nimbe colorié, c'est le nimbe d'or qui le remplace. » A cette époque se généralisent les philactères ou lambelles qui existaient déjà au siècle précédent. Le verrier invente une - 334 - nouvelle teinte de chair un peu roussâtre. Pour la première fois des verres plaqués se gravent au profit de la richesse des ornements et des écussons notamment. Dans ce siècle surtout, notre gracieux et pittoresque costume national sert au verrier pour Tarrangement de ses scènes. Une erreur que nous n'avons pas eu à signaler aux siècles précédents se manifeste au XV siècle, nous voulons parler de la tendance à vouloir réunir plusieurs scènes dans un seul et même cadre au détriment de Tunité. Cette erreur s'est généralisée avec un luxe de détails tout à fait regrettable. Le modelé nature et non de convention, avons-nous dit, commence à se produire, mais c'est à Taide du blaireau, du putois, instruments dont se servaient alors les verriers, bien certainement. Des hachures et des enlevés à la pointe du pinceau produisent de délicieux effets. » Nous donnons avec M. Jules Labarte la nomenclature sui- vante. Les artistes verriers ont dû être fort nombreux , et ce- pendant peu de noms sont parvenus jusqu'à nous. On connaît Guillaume de Gradville, Robin Damaigne, GuiUaiune et Jean Barbe désignés dans les archives de la cathédrale de Rouen, comme ayant peint des vitraux pourVéglise; Henri Meillein, de Bourges, Antoine Chenesson, d'Orléans, qui travailla avec Jean Barbe aux vitraux du château de Gaillon , pour le cardinal d'Amboise; Guillaume Delanoë et Jean le Normand, qui firent les vitraux de Tancarville en Normandie. — M. Lévy cite en- core plusieurs verriers français dont les noms ont été retrou- vés dans différentes archives Balthazard, Bijsetout, Girard le Nogat, Hermant, Mandrin, Michelet, Pierre Jehan des Pins, Jehan de Vertus et Blanc-Mantel, à Troyes; Bréhal, à Évreux; Jehan Simon, à Bar-sur- Aube ; Montglarive, à Orléans; Recham- bault, à Limoges, et Thibault la Lèvre, à Dijon. Les listes de M. Lévy renferment aussi les noms d*un certain nombre de verriers flamands et espagnols. Nous ne devons pas oubUer, pour l'Allemagne, Jacques d'Ulm, de l'ordre de Saint -Domi- nique, qui fut mis par l'Eglise au rang des bienheureux. On lui attribue, bien à tort, l'invention du jaune d'argent, puisque cet émail était déjà en usage vers le milieu du XV siècle. » Si nous avons remarqué certaines lacunes, surtout au Moyen- Age, ces lacunes sont plus apparentes que réelles; elles ne suffisent pas pour justifier Tépithète de barbares que donne aux œuvres de cette époque une certaine école. Rien n'est moins ~ 335 — barbare en effet que ces verrières, malgré leur imperfection au point de vue du dessin. Pour être juste et vrai, nous dirons que le dessinateur chrétien est pénétré surtout de la mission mystique. Dans les personnages , il voit plutôt des âmes que des corps; il cherche à traduire une expression, une pensée, un caractère, bien plus qu'à imiter des formes plastiques l'art du Moyen-Age est aux antipodes de Tart de la Renaissance. » Aussi bien, Messieurs, dans Tensemble de Tœuvre, le dessin n'est qu'un des éléments, qui a son importance, sans doute, mais qui n'est en somme que l'un des moyens pour arriver à l'expression du vrai et du beau. » Lorsque deux verrières sont destinées à être placées en face l'une de l'autre, dans un édifice, nous les traitons avec les mêmes motifs de bordure, d'ornement, d'architecture; les su- jets seuls varient, nous amenons ainsi la symétrie. Les verriers à la Renaissance ne procédaient pas autrement. » Nos v-erriers du Moyen-Age au contraire obtenaient la sy- métrie par les dissemblîJales. En effet, les motifs décoratifs qui servaient à composer les pendants étaient tout à fait distincts. Ce caractère se remarque à toutes les époques du Moyen-Age. Les productions artistiques des Japonais que nous avons pu admi- rer à l'Exposition universelle nous conseillent de nous baser sur ce principe de la symétrie ainsi obtenue. Si nous consultons sur l'art japonais la savante et substantielle conférence de M. Ernest Chesneau , nous y trouvons la preuve inéluctable de la valeur de ce principe brillamment démontrée. > Examinons ensemble la marche de la nature sous ce rap- port. Voyez les arbres dans une forêt. Ne sont-ils pas distincts? Etudiez avec soin la disposition des arbres de nos boulevards que nos édiles se sont empressés déplacer à des distances égales; la nature qui a horreur de la régularité métrique redresse alors les erreurs commises en demandant aux différents sujets des formes, des contours divers c'est au profit de la symétrie. Nous multiplierions à l'infini les exemples sur la matière. » S'il y a un sentiment bien marqué de symétrie dans l'esprit de l'arrangement des lignes de toute composition au Moyen-Age, dans un même édifice, dans une même cathé- drfije, nous rencontrons des colorations absolument distinctes, dénotant de la part des artistes qui ont exécuté ces travaux, des tempéraments les plus opposés. - 336 - > n est des colorations gaies, vives, fraîches, brillantes et harmonieuses. Il en est de chaudes exprimant une vigueur sou- tenue dans l'ensemble. D'autre part, nous en trouvons de froides, de grises, dénotant de la part de l'artiste un tempérament tour- nant à la glace, sans préjudice toutefois d'une harmonie voulue qui a été savamment amenée. Généralement les verrières exposées au Nord sont d'un aspect plus sévère. C'est ce que nous pouvons remarquer à la cathédrale de Chartres. A cause de la poussière du temps, il est difficile aujourd'hui de voir si l'artiste a eu la pensée de les faire plus transparentes par une disposition particulière de facture. » Signalons comme une rareté la disposition de deux per- sonnages reproduits quatre fois dans le transept nord de notre basilique, mais avec une coloration différente; tant il est vrai que Teffet décoratif était cherché par des moyens qui révélaient chez l'artiste une ténacité, un esprit de suite extraor- dinaire. » La composition, le dessin et la coloration expriment déjà la pensée de l'artiste ; mais son œuvre n'est vraiment une œuvre d'art, que s'il ajoute à ces trois choses, je ne sais quelle disposition de caractère dans l'exécution, je ne sais quel reflet, quelle vie, où l'âme elle-même se manifeste, et qui s'appelle l'expression. » L'expression se trouve dans les verrières du Moyen- Age elle y est quelquefois saisissante, toujours visible, et là encore, le verrier n'a usé que de moyens très-restreints , il a pour ainsi ainsi dire localisé l'expression dans la pose et le mouvement du personnage. Il n'a pas les ressources presque infinies du dessi- nateur moderne ; néanmoins il arrive avec des moyens primitifs et des signes de convention , à exprimer tour à tour la piété dans une Annonciation , l'énergie de la lutte et la joie du triomphe dans un saint Michel ou un saint Georges. Le nombre des sentiments ainsi traduits est sans doute assez restreint, mais cette uniformité relative tient aux sujets eux-mêmes, dont le caractère est généralement élevé et s'harmonise d'ailleurs avec l'architecture grave et magistrale des cathédrales go- thiques. » L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quati^e heures trois quarts. - 337- NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires. MM. Chevauché Louis, notaire à Gallardon; présenté par MM. Hue et Met-Gaubert. L'abbé Desyignes, professeur de seconde à Saint -Calais Sarthe; présenté par MM. les abbés Haye et Sainsot. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Diciionnmre topographique du département de la Mayenne ^ par Léon Maître, archiviste du département de la Loire-Infé- rieure. Dictionnaire topographique du département de V Eure y par le marquis de Blosseville. Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du VendôinoiSy t. XVII, 1878. Envoi de la Société. SÉANCE DD 3 AVRIL 1879. Préâdence de M. A. de Saint-Laumer. — M. Met-Gaubert, secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. _9_ Etaient présents MM. de Saint -Lamner, Tabbé Olivier, Merlet, Met-Gaubert, Barois, de Bertheville, Boisseau, Buisson, Fabbé Cottereau, d'Amécourt René, Escoffler, Gabriel, l'abbé Foucault, Gilbert P., les àbbés Hayes et Hénault, Hue, I Lecocq, Legendre, Legrand, Massé, Nancy A., Tabbé Pardos, Ravault et Ricour. Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Enumération des dons offerts à la Société. — 338 — Dépôt de TAlbum Caranda suite. Les fouilles d'Arcy-Sainte- Restitue Aisne. — Des remerciements particuliers seront adres- sés à M. Frédéric Moreau père, qui a envoyé ces planches re- produisant fidèlement divers objets des époques Grauloise, Romaine et Franque. Lettre de M. Boucher de Molandon, d'Orléans, qui annonce le 3 concours quinquennal de la Société archéologique et his- torique de l'Orléanais. Une médaille d*or de mille francs sera décernée, à Orléans, en séance publique, au mois de mai 1880, à Fauteur du meilleur travail d'histoire, d'archéologie, de nu- mismatique, de biographie, de géographie ancienne ou de bibliographie, relatif soit à Tancienne province de TOrléanais, correspondant, à peu près aux trois départements du Loiret, de Loir-et-Cher et d'Eure-et-Loir, soit spécialement à une locaUté particuUère, ou à l'un des établissements religieux, civils ou militaires de cette circonscription. Ce prix de mille francs pourra, s'il y a lieu, être divisé en premier et second prix. Les membres titulaires résidants de la Société compo- seront le Jury d'examen. Les Mémoires devront être adressés franco au Président ou au Secrétaire de la Société, au lieu habituel de ses réu- nions, hôtel de la Préfecture, à Orléans, avant le 15 fé- vrier 1880, terme de rigueur. Les mémoires ne seront pas signés ; ils porteront seulement une devise ou épigraphe. Cette épigraphe sera reproduite sur l'enveloppe d'un billet cacheté joint au mémoire et contenant le nom de l'auteur, son adresse, et la déclaration signée de lui, que son travail est inédit et n'a été couronné à aucun concours antérieur. Note de M. l'abbé Haret sur un verre de Venise ayant servi de calice pour la messe pendant la Révolution de 1793. Ce calice , qui fait partie de la collection d'objets rares appartenant à M. le curé de Crécy , a été trouvé chez une pauvre femme de Fontaine- les-Ribouts, qui le tenait de M. l'abbé Lutton , ancien curé de la paroisse. Ce verre a servi à dire la messe , d'après le rapport des anciens habi- tants , et comme les prescriptions religieuses ne permettent pas de faire usage de vases si fragiles , on l'avait protégé par une garniture de plomb presque dans son entier. Sans doute que dans un temps où l'on manquait de calices d'or et d'argent on aura été frappé de la beauté extraordinaire de ce verre qui provenait de la collection de quelque château voisin pillé , et que l'on se VERHB DE VENISE. ~ 339 - sera servi de ce vase fragile qui est de la grandeur des calices d*or et d^argent et à peu près de leur forme. La Société archéologique s'occupait ces jours-ci du verre , de sa com- position et de sa destination pour les vitraux d'église, voici un verre dans la forme la plus belle et la plus gracieuse qu'il ait jamais acquise. Octogone parfait, hauteur 0"215, largeur 0"09, ce verre présente à l'œil tous les agréments d'un bijou , sans être cependant rehaussé dans sa beauté par des incrustations, des additions étrangères, ni par l'or, les perles et les pierres précieuses. Il imite dans ses anses les filigranes d'argent; il a une douzaine d'œils-de-bœuf ou bouillons de verre placés à la base de l'octogone , qui sont d'un effet merveilleux. Le tout est animé par la couleur de deux petites ailes attachées déli- catement du côté opposé aux anses flligranées. Il y a la sculpture sur bois, sur ivoire, sur pierre, etc. ; il y a aussi une sculpture, une gravure, tme manipulation artistique faite avec du verre, et il est sorti de là cette dernière fabrication de la matière orga- nique , une représentation de la végétation , le verre de Venise.  la cathédrale de Chartres, on refait, on remplace les pierres des rosaces qui sont usées par les intempéries des saisons , le verre est bien plus durable , à peine sa surface est-elle attaquée et l'éclat de ses magnifiques verrières n'en est pas amoindri. L'on peut donc dire que leur immortel éclat, leur immortelle subs- tance survivent à la pierre et au feu. Communication sur la séance publique annuelle du jeudi 15 mai, à la salle Sainte-Foy. L'orateur sera M. Alexandre Bertrand, directeur du Musée des antiquités nationales de Saint -Germain- en -Laye. Ce savant a promis à la Société, par Tentremise de notre honorable Pré- sident, son concours aussi bienveillant que délicatement désin- téressé. Il fera une conférence qui rentrera entièrement dans le cadre de nos attributions , en parlant de son Musée et de l'utilité des cartes archéologiques. Ce même jour aura lieu la pro- clamation des récompenses accordées par la Société aux tra- vaux les plus méritants des instituteurs du département. Rapport de M. Sautton sur les fouilles de Martainville. a La ferme de MartainvUle, ancienne seigneurie, conunune de Fains, canton de Voves, est située à 3 kilomètres sud-sud- est de Voves, et à 1 kilomètre du dolmen appelé Pierre-levée. » 11 y a environ soixante ans, une voiture chargée de fumiers a été tout à coup arrêtée dans une pièce de terre appartenant à M. Goussard, alors cultivateur à Martainville, par un trou dont — 340 — Touverture devint apparente. Les gens de la ferme de M. Gous- sard descendirent dans le trou et virent, rapportent -ils, un souterrain dont ils n'ont pu apprécier la profondeur. M. Gous- sard fit boucher Texcavation à l'aide d'un plancher composé de triques et de bourrées. Il y a environ quarante -cinq ans, une vache aveugle, poursuivie par une autre vache, fit crouler le plancher et tomba dans le trou. » A cette époque MM. Goussard, Pichot et Dolléans descen- dirent dans le souterrain. Ils rapportent que des renards y avaient établi leurs tanières. M. Dolléans, mon maçon, con- versant avec moi, m'a dit qu'un jour il était descendu avec Pichot dans ce souterrain, qu'ils l'avaient visité en s'y enfon- çant de plus en plus, et que malgré leur désir, ils ne purent en trouver l'extrémité; d'où ils avaient conclu que ce souter- rain était très-profond. » En présence de ces faits et après ces paroles, j'ai pensé devoir en donner connaissance à la Société Archéologique, quia bien voulu m'accorder une petite subvention pour commencer les fouilles. » Le souterrain de Martainville est situé sur la commune de Voves, champtier du Trésor, dans une pièce de terre apparte- nant aujourd'hui à M. Cottin, cultivateur à Fains. Ce cultiva- teur a bien voulu m'autoriser à pratiquer les fouilles que je jugerais nécessaires. v A 75 mètres des murs de la ferme de Martainville, sur le chemin de Genonvilleà Yerville, à 15 mètres de ce chemin, se trouve l'ouverture du souterrain. » Le 12 mars à midi, les fouilles commencèrent, mais elles furent sans résultat. » Le 13 mars à midi, fouilles nouvelles, encore sans ré- sultat enfin vers quatre heures de l'après-midi du même jour l'ouverture fut trouvée, mais impraticable. » Le 19 mars, les travaux furent repris et les ouvriers des- cendirent dans le souterrain. » On y pénètre par un trou, au moyen de marches en terre cette descente ne dure que très-peu de temps, la profondeur étant de 2 m. 50 c. environ. » A l'orifice du souterrain on est obligé de descendre à recu- lons sur un plan incliné d'une longueur de 2 mètres. » Là on rencontre une petite tourelle ou prise d'air de 1 mètre - 341 — de diamètre et de 2, m. 50 c de hauteur; la voûte est en forme de panier à mouches. • A gauche, dans cette tourelle se trouve une ouverture en forme de bouche de four de 80 centimètres de hauteur et autant de largeur; on y pénètre les jambes les premières et à reculons. » En tournant à droite, on arrive dans un couloir de 1 m. 45 de large et de 2 mètres de hauteur avec 10 mètres de longueur; au bout de ce couloir se trouve une seconde tourelle, puis une nouvelle bouche de four un peu plus petite que la première. » En tournant encore à gauche, on arrive à un second cou- loir qui aboutit à une troisième tourelle plus haute que les pré- cédentes. > Là, à gauche, se trouve une chambre carrée de toutes faces de 1 m. 50. 9 Au-delà de cette troisième tourelle se prolonge le couloir qui aboutit à une quatrième tourelle, après un espace de 2 mètres. » Après cette quatrième tourelle se prolonge le couloir qui n'a pas été exploré plus loin. » On a estimé à 4 m. 80 la profondeur du souterrain au-des- sous du sol. » On n'y trouve aucune trace de maçonnerie apparente ; la voûte des tourelles est formée de pierres arcboutées Tune contre l'autre. 9 Le sol du souterrain est recouvert d'une couche épaisse de 83 centimètres, d'une terre fine grasse et noire, contenant un peu d'humidité. » Au sud des fouilles se trouve encore le vide, car ayant enfoncé une pince dans le terrain et l'ayant abandonnée à elle- même, nous avons failli la voir disparaître de nos mains. D Je demande à la Société Archéologique qu'elle veuille bien m'autoriser à continuer ces fouilles. Je désire même qu'elle envoie un ou plusieurs de ses membres pour apprécier les faits exposés. » Je pense que ce souterrain pourrait être un reste du châ- teau seigneurial de Martainville. » Un crédit de 50 fr. est voté pour la continuation de ces travaux , jusqu'à plus ample informé. — 342 - Communication de H. Tabbé Cottereau sur de curieux frag- ments des titres funèbres de Guy !•', abbé de Saint-Père, mort en 1231. Dépôt par M. Sautton d'une pièce de monnaie du temps de Charles VII, trouvée dans un jardin de Torlois, commune de Fains-la-Folie. Lecture par M. Merlet de l'introduction au Cartulaire de Tabbaye de Thiron. — Renvoi à la Commission de publication. Lecture par le Secrétaire d'une fable qu'il a composée et inti- tulée La Lyre et le Marteau ». LA LYRE ET LE MARTEAU. FABLE. Une lyre , un marteau gisaient sur l'établi D'un pauvre menuisier, musicien habile. — Lyre, dit le marteau, d'un ton bref, impoli, Tu n'es du travailleur qu'un passe-temps futile , Une occupation stérile, Qui fait chômer son bras par tes sons amolli. Va-t-en chanter plus loin , instrument inutile. -— La lyre lui répond — Maîtrise ta colère ; Toi , frère , tu nourris la pauvre humanité ; Moi, dans les jours où l'homme est attristé, Je viens charmer son cœur, égayer sa misère. Ainsi, comme tu vois, nous avons sur la terre Chacun notre travail et notre utilité. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures et demie. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS. Membres titulaires MM. Le comte de Rilly, propriétaire, à Paris; présenté par MM. Merlet et Garnier. Baron Zacharie, propriétaire, à Chartres; présenté par MM. Lecocq et Sautton. — 343 - OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Congrès scientifique de Fro/nce^ XLIV session. Séances générales à Senlis en 1877. Mémoires de la Société Dunkerquoise pour l'encouragement des Sciences, des Lettres et des ArtSy 20 vol. 1875-1876 Envoi de la Société. Bulletin de la Société des Antiquaires de V Ouest ^ 4 trim. de 1878. Envoi de la Société. Bulletin de la Société sdenUfique, historique et archéologique de la Corrèze. Brives, tome I', 1"* et 2 livraisons. Envoi de la Société. Bulletin de la Société archéologique et historiqus de V Orléa- nais, tome VII, n*» 98, 3 trim. 1878. Envoi de la Société. ERRATA. Page 293, ¥ vers de la première strophe, au lieu de Et rend plein de douceur tous les fronts soucieux... lisez » Et rend pleins de douceur tous les fronts soucieux... * Page 302 , au lieu de ce vers Pour laisser tes débris à une froide terre , lisez Pour laisser tes débris sous une froide pierre. » SÉANCE DD !•' MAI 1879. Présidence de M. de Sâint-Laumer. •— M. Met-Gaubert , secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Étaient présents MM. de Saint - Laumer , Met-Gaubert, d'Amécourt René, Appay, Barsis, de Bertheville, Buisson, — 344 - Chevallier - Rufflgny, Dubreuil, EscoflSer, Famin, Gabriel, Gilbert?., Heurtault, de Lubriat, Lecocq, Legrand, Legendre, Lorin, Tabbé Lecomte, Millon, Nancy A., Tabbé Pardos, Ravault. Le procès- verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Communication sur la séance générale de la Société fixée au jeudi 15 mai. En raison de la tenue de l'assemblée générale des Instituteurs qui a lieu le même jour, à une heure , il est arrêté que notre réunion se fera à trois heures précises, salle Sainte-Foy. Les dames seront invitées à y assister ; un avis sera publié , à cet égard, dans les journaux de la localité. M. le Président transmet quelques renseignements sur l'en- semble des travaux qui ont été présentés, dans les diverses sections, à Paris, à Tépoquedela réunion des Sociétés savantes; il appelle T attention sur un rapport de M. le général Prévost, au sujet des murs vitrifiés, et donne quelques explications com- plémentaires. Suit le compte rendu par le trésorier, M. Heurtault, de la situation financière de la Société. RECETTES. Recett'CS ordinaires ReUquat de l'exercice 1877 9,409 fr. 69 c. Cotisations. — Total des recettes 3,630 » Vente de bulletins 77 50 Intérêts des fonds placés 129 10 13,246 29~ Hecettes extraordinaires Subvention du Ministère de l'Instruction pu- bUque 500 » Total des recettes 13,746 29 — 345 - DÉPENSES. Procès-verbaux et Mémoires 1,380 fr. Ole. Gravures 384 30 Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 1 54 40 Traitement de Tappariteur 250 » Achats pour le musée » » Séance générale 142 50 Excursions archéologiques 35 95 Fouilles et dépenses imprévues 168 30 Abonnements et reliures 204 80 Concours entre les Instituteurs 106 10 Total des dépenses 2,826 36^ BALANCE. Recettes 1 3,746 fr. 29 c. Dépenses . 2,826 36 Reliquat actif. . 10,919 93^ Il est observé qu'on pouiTait encore faire un placement dans l'intérêt de la Société. Après quelques renseignements fournis par plusieurs membres, il est arrêté que le mois prochain sera présenté un rapport sur le meilleur mode de placement à opé- rer, à Tavenir. Le compte rendu financier de M. le Trésorier reçoit une ap- probation générale. Lecture du travail de M. Lorin Continuation des études rela- tives à la peinture sur verre, procédés employés au XIX* siècle. — Renvoi à la Commission de pubhcation. On a dit souvent, Messieurs, que nos pères du XVI siècle, n'avaient été, dans le domaine artistique, que les imitateurs et les copistes des maîtres italiens. Mon ami, M. deVasselot, a pro- testé au nom de la sculpture contre cette affirmation exorbi- tante; je serais tenté d'imiter son exemple et de protester au nom de la peinture. Tome VL P.. F. 25 — 346 — » Au moins est-il une espèce de peinture dans laquelle la transfonnation s*est opérée alors sans aucune influence étran- gère , et où la Renaissance ne fut qu'une évolution spontanée et progressive du génie national. Je veux parler des verrières du XVP siècle. » En même temps que la peinture à fresque s'élevait au-ddà des Alpes, à la hauteur sublime où Font portée Raphaël, Léonard de Vinci et Michel- Ange, que Ton a sumonmiés la Tri- nité immortelle de la peinture, nos immortels devanciers Ber- nard de Palissy et Pinaigrier atteignaient aussi Tapogée de leur art. » Par un sentiment instinctif et une intuition supérieure du beau, ils entraient résolument dans la voie du progrès et aban- donnaient Fart hiératique des âges précédents pour reproduire la beauté plastique; ils étudiaient les modèles vivants, en même temps que les règles du dessin et de la perspective ; ils élargissaient les médaillons pour en faire de vastes scènes les personnages, au lieu d'apparaître isolés et immobiles, se grou- paient et s'animaient dans des pages aussi larges de dimension que parfaites d'exécution et brillantes de couleur. Et selon la réflexion judicieuse d'un critique, ils faisaient pour Tart ce qu'ont fait les géologues pour la science et la richesse publique, et découvraient dans le domaine idéal un véritable gisement aurifère inconnu à leurs devanciers. » Au point de vue de la variété , de la perfection des formes et de la richesse des tons, les verrières du XVI* siècle n'ont guère été dépassées ; ce n'est pas à dire que tout y soit irrépro- chable ; à côté des œuvres merveilleuses il y a des compositions plus faibles , et dans les plus belles pages mêmes , nos restaura- tions contemporaines ont surpris quelques erreurs de colora- tion et de dessin ; l'ère reste dans le passé , l'ère glorieuse et brillante. A la fin du XVP siècle une décadence avait lieu si l'on en juge par le passage suivant de Bernard de Palissy. N'est-ce » pas un malheur aux verriers du Périgord-Limousin , auxquels » pays les verres sont mécanisés en telle sorte qu'ils sont ven- » dus et criés par les villages et par ceux mêmes qui crient les » vieux drapeaux et la vieille ferraille. » Il ajoute, en parlant des artistes eux-mêmes Leur art est devenu si vil qu'il » leur est difficile de gagner leur vie aux prix qu'ils donnent » leurs œuvres. » - 347 - » Par une étrange destinée , quand tout grandissait et florissait en France au XVII siècle, dans ce grand siècle dont le nom fait encore aujourd'hui la meilleure de nos gloires, la peinture sur verre baissait et se rapetissait ; elle se confinait dans les car- reaux dits en apprêt, qui sont à nos grandes verrières ce que sont les tableaux de chevalet à la grande peinture d'histoire. L'une des remarquables collections de ce genre de peinture se trouve dans le musée de Strasbourg. • Le XVIII siècle continuait à ne produire que des petits sujets dignes d amateurs , comme ce qu'on appelle les carreaux suisses. L'application des émaux variés joue surtout un rôle exceptionnel dans les sujets et les ornements à cette époque. » Pierre Levieil vient enfin tirer l'art de sa torpeur, et son ouvrage monumental est le prélude d'une nouvelle renaissance dont notre XIX* siècle devait être le témoin. • Avant d'arriver à notre art moderne, il faut bien s'entendre sur le rôle que l'artiste a à jouer. » Ce rôle consiste à exprimer une belle pensée sous la plus belle forme possible, et il n'y a rien qu'il ne puisse expri- mer. » Est-ce que Jean Cousin, dans la chapelle de Vincennes, n'a pas placé Diane de Poitiers dans le Purgatoire? Ce beau corps, d'une audace inouïe, dans un temple chrétien, vous empoigne par son galbe grandiose, par la finesse des contours, par la pureté de la ligne, par une expression bien sentie de douleur calme et résignée ; il est là pour se purifier de ses fautes... Nous considérons ce morceau isolé comme un tour de force; les facettes merveilleuses de notre génie artistique s'y trouvent mises en relief. • Dans ce cas, sous une autre forme qu'au Moyen- Age , notre artiste rend un double hommage au Créateur en donnant à l'âme la plus riche enveloppe que créature humaine puisse ima- giner. Tout est simple, calme et chaste dans cette figure acadé- mique, et j'ajouterai même que malgré son audace exception- nelle, elle exprime une piété Michel- Ange. o C'est au commencement de notre siècle, vers 1825, que s'opère le réveil définitif, sous la double et puissante impulsion de savants distingués et d'artistes audacieux. Après bien des tâtonnements et des essais, Raverat, dirigé par Abel de Pujol, dessinait les cartons des premiers vitraux destinés à l'église — 348 — Sainte-Elisabeth et en opérait la cuisson dans les caves de la Banque de France où Ton avait installé un four provisoire. D Après cette première et heureuse tentative , viennent les œuvres de Bontemps, de Choisy-le-Roi , et les vitraux exécutés sous le gouvernement de Juillet pour la basiUgue de Saint-Denis, Téglise Saint-Roch, la cathédrale de Versailles et pour la cha- pelle de Dreux. Dans cette dernière décoration, dont certaines pages sont si remarquables, le verrier eut Thonneur d'avoir M. Ingres pour collaborateur. » Dès lors, la restauration de Fart était faite il devait se développer de lui-même et marcher de pixgrès en progrès c'est là ce qui est arrivé, grâce à la faveur de Topinion, et, il faut bien le dire aussi, à l'initiative des verriers eux-mêmes. » Les grandes Expositions internationales n*ont fait que mar- quer les étapes nécessaires de ces progrès. » A Londres, à Paris, à Vienne, à Philadelphie, les verrières ont figuré dignement à côté des tableaux sur toile, et si, à chacun de ces grands concours, elles ont gagné en importance, elles n'ont pas moins gagné en perfection. » Mais avant d'achever cette rapide revue historique, il est une remarque qui s'impose et que je dois faire sans cramdre d'être accusé de chauvinisme, tant ici les faits sont clairs et concluants. » Dans tous les autres arts, à l'étranger, nous avons des rivaux , des maîtres même et des modèles. La peinture sur verre est au contraire essentiellement française. C'est l'art national, et la France en est la terre classique. C'est en France qu'il a produit ses plus belles œuvres dans les âges passés, ce sont encore aujourd'hui les verriers français qui obtiennent le premier rang devant les jurys étrangers, et qui sont chargés des décorations les plus importantes dans les cinq parties du monde. » Ouelle est la raison de cette supériorité que les étrangers nous reconnaissent ? » La critique en fait honneur à notre climat et à notre tem- pérament national. » Nous ne vivons pas, disent-ils, sous le ciel brumeux de l'Angleterre et de l'Allemagne; la lumière y est plus nette et les couleurs mieux définies , la configuration même du territoire présente cette variété, ce mélange heureux de plaines immenses — 349 — et de lieux accidentés dont le vieux Strabon était émerveillé ; et, comme par une influence mystérieuse du climat et du sol sur les habitants, le caractère français a je ne sais quoi d'impé- tueux, de brillant et de vif. Nous avons un sang généreux comme le vin de nos meilleurs coteaux; c'est à tout cela qu'il faut attribuer les audaces et les promptes saillies que nous avons montrées un peu partout, dans toutes les luttes pacifiques ou sanglantes. » C'est à tout cela qu'il faudrait attribuer aussi en partie nos succès artistiques et littéraires, s'il faut en croire un vieil auteur nommé Babrius, » Partout où mûrit le raisin, les arts, la poésie et l'éloquence, le sentiment exquis du beau éclatent et grandissent comme au souffle d'une divinité bienfaisante. » Pour être complet, il faudrait peut-être ajouter à ces in- fluences, celle de l'hérédité; on a dit Qu'il y avait dans le fran- çais quelque chose de la joviahté gauloise, de l'impétuosité franque, et de la ténacité romaine, cela doit être vrai des artistes autant que des guerriers. Mais, Messieurs, je n'ai pas la prétention de traitera fond cette question qui d'ailleurs n'est pas de ma compétence , et je me contente d'enregistrer, à l'honneur de notre nom français, l'incontestable prééminence, dans le présent comme dans le passé, de nos ateliers nationaux sur leurs rivaux étrangers*, et j'arrive immédiatement à ces questions de critique qui in- téressent à bon droit les amis des arts et qu'il est capital de résoudre dans le sens de la vérité et du progrès, si l'on ne veut entraver l'essor de l'art et compromettre peut-être son avenir. » Quels principes doit suivre aujourd'hui le peintre- verrier pour conserver à son art son ancien éclat et lui ouvrir encore des horizons nouveaux ? • En abordant cette question je me sens ici tout à fait à l'aise, car je m'adresse à des esprits accessibles à toutes les idées de progrès , et je n'ai à émettre d'ailleurs que des pensées qui ne m'appartiennent pas et que j'ai l'honneur de partager avec la plupart de mes confrères. » Le verrier du XIX* siècle doit être de son temps je ne veux pas exagérer, toutefois, ni mettre en évidence ici des in- novations aventureuses. L'art, et surtout le nôtre, est essen- — 350 - tiellement admirateur dupasse, il vit de traditions, ses meil- leures richesses lui viennent de ses ancêtres. » Cependant, je le répète, le verrier doit être de son siècle, et remarquez, Messieurs, que je sais aussi bien que personne les obstacles qu'il peut rencontrer. Ainsi je ne dirai pas qu'il trouve des inspirations bien artistiques dans ce monde moderne, si utilitaire, où tout est industrie et négoce et dont le verrier lui-même est obligé de suivre le mouvement. S'il ne trouva dans son siècle aucune inspiration, encore moins rencontre-t-il des modèles. » Ainsi je puis librement parler de notre costume, par exemple. Quel gracieux et pittoresque vêtement que celui dont les personnages seraient affublés, je veux parler du pantalon de nankin, du gilet ouvert en cœur, de la légendaire cravate que nous portons en guise de carcan et surtout de ce couronnement que Timagination antique n'eût jamais inventé 1 Je veux dire le chapeau haute forme. » Les artistes d'autrefois avaient trouvé la colonne avec son fût couronné d'un gracieux chapiteau; notre siècle a trouvé la cheminée d'usine et nous en portons tous une enseigne ou un emblème lorsque nous sommes pourvus de nos majestueux cha- peaux. » Voulez-vous juger par vos yeux de ce qu'il y a de vrai- ment artistique dans ce costume moderne? allez à Saint-Denis , regardez dans les vitraux de la basilique le roi Louis-Philippe avec sa cour, vous n'éprouverez qu'une émotion, ce sera la difficulté de retenir un immense besoin de rire. » C'est un effet manqué et un vrai désastre artistique. » Si je ne craignais de prolonger trop cette parenthèse, j'émettrais ici un vœu de verrier et de patriote c'est que l'on mit au concours et le bon goût français pourrait faire réussir cette pensée un costume national moins prosaïque que le nôtre. » Nous avons de l'imagination encore, et nous trouverions, j'en suis sûr, mieux que les costiunes Louis XTV et. Louis XV. Le gilet historique de poils de lapin adressé jadis à Beethowen ne dut être pour rien dans ses inspirations lyriques, le cha- peau haute forme ne serait pas pour nous un meilleur inspi- rateur. » Ce ne sont donc pas nos costumes que le verrier contem- — 351 — porain doit emprunter à son siècle ; non , mais il doit lui em- prunter ses inspirations généreuses de progrès et se servir pour l*art des merveilleuses facilités que lui donne l'industrie moderne. • Le peintre sur toile est un peintre sédentaire; il peut tra- vailler dans son atelier sans sortir ni se préoccuper du dehors le peintre- verrier est un peintre, comment dirai-je, mobile, c'est-à-dire se déplaçant. S'il veut atteindre une perfection relative dans une œuvre, il lui faut étudier l'orientation, le climat , aussi bien que l'édifice même qu'il doit décorer. » Le vitrail est pour un monument une toilette délicate qui doit être faite pour lui et sur mesure. Puisque je suis entré dans cette comparaison, laissez-moi aller jusqu'au bout. Un vêtement de confection n'est jamais parfait, car il faut tenir compte des nuances de teint, de forme, de coupe; il en est de même de nos verrières. Nous n'avons même pas la ressource de les retoucher et de les maroufler comme les toiles. Avant donc de travailler et de méditer, il faut voir , il faut s'entendre avec ce collaborateur divin qui est de moitié dans toutes nos compositions, je veux dire le soleil. » L'idéal ce serait d'exécuter les vitraux sur place dans la baie même qu'ils doivent occuper, dans le jour même où ils doivent se refléter, mais c'est là un rêve irréalisable; il nous reste donc * à nous servir de la vapeur, et ne pouvant transporter la locomo- tive dans nos verrières , nous lui demandons de nous trans- porter jusqu'aux églises à décorer. » Ces courses peuvent avoir leur ennui, surtout quand il s'agit de quelques milliers de lieues; mais que voulez-vous, il faut souffrir pour ce qu'on aime, et le vitrail peut bien avoir lui aussi quelques martyrs. » D'ailleurs, ses victimes soi^t comme celles du poète et les gens qu'il a tués se portent assez bien. » » En empruntant à son siècle le secours de ses découvertes, le verrier actuel lui demandera aussi quelque chose de son esprit d'indépendance et de liberté. » Il y a des dangers sans doute dans cette tendance, mais elle a aussi ses avantages , la Uberté étant de sa nature l'inspiratrice par excellence des imitations généreuses et des efforts éner- giques. » Aussi bien la part de liberté que réclame aujourd'hui le ver- — 352 — rier devant ses critiques est bien modeste, car elle se renferme dans les limites invariables de Tart. » Nous ne demandons pas à changer les lois éternelles de la beauté et de la vérité artistiques , l'unité de composition , l'étude de la nature , la pureté des lignes. Nous prions seulement qu'on nous laisse une sage latitude dans le choix des genres et des pro- cédés. » Qu'on ne nous obUge pas à ne faire que des imitations, à copier un genre où il y a des beautés de premier ordre, sans doute, mais aussi des lacunes incontestables. Qu'on ne nous interdise pas les compositions plus vastes où la pensée peut se développer à Taise. i}u'on ne bannisse du vitrail , ni la pers- pective, ni la vie, ni la largeur des horizons. Qu'on pardonne à une belle œuvre de rivaliser avec des pages de peinture d'his- toire, ainsi que cela se pratiquait au XVI* siècle. » Toutefois , ce qui précède est sans préjudice de la qualité essentielle lumineuse du vitrail la transparence. Cette qualité est conune la coloration, elle varie suivant les tempéraments des peintres. Je trouve parfait un pastiche XVP siècle artistement exécuté . dans lequel le verre est à peine recouvert d'un aplat léger. Peut-être même ce système très-limpide donne-t-il plus de fraîcheur , sinon plus de velouté et plus d'harmonie. A coup sûr, il produit parfois des œuvres fort séduisantes. Néanmoins, je n'irai pas condamner le verrier qui aurait une tendance à prendre congé de la tapisserie encore la tapisserie est-elle vigoureuse dans son rendu pour effectuer un modèle d'une certaine vigueur, sans obscurcir ses ombres, bien entendu. Je dirai même qu'il trouvera sur sa lyre des accents inconnus à l'autre système. Il est un moyen, à mon avis, pour reconnaître si le vitrail est resté dans l'esprit décoratif malgré ime certaine dose de modelé. C'est de voir si les teintes locales ont conservé leur transparence à la lumière du jour, même dans les ombres les plus soutenues. Je me demande quel effet produiraient les sujets de grande dimension de Jean Cousin à la chapelle de Vincennes et celles de Van Orley dans le transept de Sainte-Gu- dule, de Bruxelles, si ces célèbres artistes n'avaient pas donné à leur modelé plus de vigueur que n'en présentent les petits sujets de Pinaigrier, de Saint- Aignan de Chartres? » Si nos peintres verriers peuvent étaler à vos yeux sur ce fond transparent des scènes aussi grandioses, aussi vivantes que les - 353 — peintres d'histoire, pourquoi ne pas leur en donner la liberté, tout en restant dans le cadre des lois de la peinture sur verre? » On accorde libre carrière à tous les talents, on applaudit à toutes les tentatives ; qu'on nous laisse agir et qu'on étende jusqu'à nous ces idées de liberté qui s'enracinent d'elles-mêmes partout à l'heure qu'il est. Que l'on vienne encore nous prendre à partie sur les procédés techniques systèmes à l'eau ou à Tes- sence, procédés par aplats ou enlevés à la brosse. Qu'importe, pourvu que l'œuvre soit belle. Tous les procédés sont bons, Messieurs, il faut ici de l'éclectisme. C'est le droit du vitrail. Et sll est une liberté nécessaire, c'est celle d'être vrai, d*être soi- même. Au nom de la liberté du vrai, nous réclamons le droit d'un dessin correct, même châtié dans le vitrail. » Au nom de la liberté d'être soi-même, nous réclamons le droit d'avoir nos préférences en fait de coloris et de l'exécuter selon notre caractère, notre tempérament. Bien entendu qu'il s'agit ici des vitraux de style moderne. » Permettez-moi en terminant d'émettre un double vœu. » Le premier serait d'obtenir du Gouvernement qu'il daignât, dans les Expositions publiques internationales, ainsi qu'il le fait pour le Salon , classer les verrières dans la section des Beaux- Arts, et ne plus les assimiler aux verreries et à la poterie. » L'Etat, j'espère, fera droit à ce vœu si légitime, et les Expo- sitions elles-mêmes y gagneront, car nos travaux placés et orientés convenablement, n'en feront pas la décoration la moins brillante. » Mon second et dernier vœu serait que la Fiance fît quelque chose de plus pour cet art national par excellence. » Ne serait-il pas désirable, par exemple, que l'État protégeât lui-même cet art et l'honorât de ses commandes, comme il le fait pour la peinture, la tapisserie? Et le jour où l'Etat prendrait sous s©n égide la peinture sur. verre, son avenir serait assuré, elle participerait à la solidité et à la stabilité de la France elle- même. » L'initiative individuelle a des élans généreux , mais éphé- mères comme l'individu lui-même. L'artiste laisse après lui son œuvre, mais il ne laisse pas sa flamme. D Si ces vœux étaient accueillis , nos neveux recueilleraient des richesses accumulées , au lieu des épaves dont notre admi- ration doit se contenter aujourd'hui pour les siècles passés. — 354 — » Vous connaissez l'efiFet que produit insensiblement sur le granit la goutte d*eau qui tombe. La première est épongée par un rayon du soleil qui la dévore, une deuxième, une troisième, une dixième subissent le même sort. Hais arrive une myriade de gouttes d*eau et le granit est obligé de compter avec elles, il s'assouplit, se désagrège et finalement il succombe. Ces gouttes d'eau répétées à Tinfini arrivent à produire cette immense chute que l'on appelle la chute des Pèlerins. » Vous figurez- vous, Messieurs, Taspect féerique que produi- raient aujourd'hui dans nos temples, nos palais, nos hôtels, voire même nos boudoirs, des milliers de verrières de différents styles, si nous n'avions pas eu à subir d'interruption dans la marche de la peinture sur verre, si nous n'avions eu à déplorer ce sommeil léthargique qui a duré plusieurs siècles. » De même que la première goutte d'eau a donné naissance à cette chute immense, de même aussi nous voyons par la pensée le vitrail passer de son état présent à une splendeur de plus en plus éclatante^ et nos verriers à venir multiplier leur verve , leur entrain , et produire un spectacle resplendis- sant amené par une efflorescence générale et magique de miUiers de verrières étincelantes. » Alors sur cet immense clavier se jouera , se chantera d'une manière magistrale, la transfiguration de la peinture sur verre, qui est pour nous et sera toujours le premier, le plus beau et le plus noble de tous les arts, v Enumération des dons offerts à la Société. Est déposée sur le bureau une collection de monnaies di- verses appartenant à M. le Président. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à quatre heures et demie. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Bulletin de la Société archéologique de Tam-et-Garonne, t. VI, 1*S 2% 3 et 4e trim. de 1878. Montauban. Envoi de la Société. Journal des Savants, mars 1879. — 355 — Bulletin de la Société d'Emulation de V Allier y t XV, 3 livrai- son. Moulins, 1878. Envoi de la Société. Mémoires de la Société nationale d-es Antiquaires de France , t. XXXVIII, 4e série, t. VIII. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Archéologique et Historique de la Cha- rente, 5 série, t. P% année 1877. Envoi de la Société. Programme des prix proposés par la Société industrielle de Rouen, pour décembre 1879. Renseignements photographiques, par Ch. Fabre. Toulouse 1878. Les Testaments, Traité pratiqua, par Henry de Reverdy. Paris, Lahure, 1879. Don de Tauteur SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 MAI 1879. Présidence de M. de Saint-Laumer. Au jour ci -dessus indiqué se tenait, salle Sainte -Foy, la séance générale de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir. Devant un nombreux auditoire prenaient place, au bureau, MM. de Saint-Laumer, président, L. Merlet, vice - président , Alexandre Bertrand, directeur du Musée de Saint - Germain , et Met-Gaubert, le secrétaire de la Société. La séance est ouverte à trois heures un quart. M. de Saint- Laumer rend compte , suivant Tusage, de l'ensemble des tra- vaux de Tannée oc Mesdames, Messieurs, » Au moment de clore les séances du Congrès des Sociétés savantes qui avait heu le mois dernier à la Sorbonne, M. Qui- cherat, président pour la section d'archéologie, adressait quelques conseils aux délégués présents à la réunion, et leur faisait remarquer l'abandon dans lequel semblait être tombée Tétude des monuments du Moyen-Age. — 356 — » En effet, le Moyen- Age n'avait, en cette année, qu'un rôle assez effacé aux séances archéologiques de la Sorbonne. Vous pourrez constater qu'il n'en a pas été de même dans notre Société. Cette époque est représentée, dans le département d'Eure-et-Loir, par trop de précieux monuments, pour qu'il nous soit permis d'en négliger l'étude; aussi en vous présentant rénumération de vos divers travaux pendant l'année écoulée depuis la dernière assemblée générale du 6 juin 1878, j'aurai tout d'abord à vous signaler un Mémoire de M. l'abbé Bulteau, sur Fulbert et sa cathédrale. Nul mieux que M. l'abbé Bulteau ne connaît notre grand monument chartrain; il continue à consacrer sa vie à nous en faire connaître toute la beauté, à nous expliquer le symbohsme de ses innombrables sculptures. » Notre collègue, M. Lorin, vous a donné la suite de ses études sur les vitraux , au Moyen - Age et dans les temps mo- dernes; par sa belle exposition du Champ-de-Mars, où il avait voulu réunir les spécimens des vitraux de toutes les époques , depuis le XIII siècle jusqu'aux temps actuels , l'habile verrier de Chartres nous avait prouvé que son art n'a plus pour lui de secrets. Il vient vous demander à ne plus être exclusivement renfermé dans la simple imitation des œuvres du passé. ArUiqua venerari^ progredi ad meliora; c'est votre devise que M. Lorin veut suivre. Il pense que le verrier, comme le peintre , conune le sculpteur, doit suivre l'architecture dans ses évolutions, et que l'on s'expliquerait mal les grandes figures si sévères des verrières de notre cathédrale appUquées à certaines de nos égUses modernes, par exemple, à Notre-Dame-de-Lorette de Paris. Produire à la fois la grande verrière dans le style du XIII* siècle et le travail destiné à nos habitations modernes, tel est le moyen que M. Lorin emploie pour avoir raison avec tous. Vous savez combien il y réussit; c'est à son talent que l'on a eu recours pour les cathédrales de New-York, de Vienne, de Saigon, et de bien d'autres villes encore; c'est à lui aussi que les particuliers s'adressent pour les fenêtres de leurs châ- teaux. » M. L. Merlet, mon savant prédécesseur à la présidence, continue ses études sur notre ancienne histoire nationale; après son travail sur les Maires du Palais, il nous a expUqué ce que pouvaient être les BacheUers des anciennes chroniques. Nous lui devrons aussi la publication du Cartulaire de l'abbaye de — 357 — Thiron. Vous en avez entendu les prolégomènes contenant l'histoire de l'abbaye et celle de saint Bernard , son fondateur ; bientôt les premiers cahiers de cet important travail vous se- ront distribués. Nous pouvons encore citer du même auteur, une notice sur Simon de Phares, astrologue de renom, au temps de Louis XL Né à Meung-sur-Loire , Simon de Phares est devenu dunois dès le lendemain de sa naissance ; c'est à Châ- teaudim qu'il fut élevé ; nous avons donc des titres pour le re- vendiquer comme un des nôtres. » M. Gillard, de Nogent-le-Roi , et M. Job, président du tri- bunal de commerce de Dreux , nous ont transmis deux docu- ments pleins d'intérêt ; le premier est le procès-verbal de l'en- quête faite sur la ruine de l'église Saint -Etienne pendant le siège de Dreux par Henri IV; le second nous donne le compte rendu de l'assemblée de la noblesse tenue dans la même ville, par les députés des bailliages unis, le dimanche 21 juillet 1652. » S'il est toujours douloureux de voir le temps ronger la pierre et poursuivre la destruction de nos monuments, combien n'est-il pas plus pénible encore de sentir la main de l'homme s'acharner à leur ruine? Des nombreuses églises et chapelles qui existaient dans notre ville avant 1793, beaucoup ont dis- paru; nous en rencontrons parfois les débris épars et mutilés. Le beau rétable de Saint-Saturnin de Chartres a pu trouver un refuge dans une église de village, celle de Vieuvicq, au canton de Brou. La description fidèle que vous en a fait M. l'abbé Sainsot, description appuyée d'une reproduction photogra- phique, vous a fait connaître que ce travail, sans être très- ancien, n'en était pas moins digne d'être admiré et devait former l'un des beaux ornements d'un monument dont la dis- parition complète n'en parait que plus regrettable. M. le curé de Crécy, plus heureux , a pu retrouver, au pied de son église et enfouies dans le sol, plusieurs des statues qui autrefois la dé- coraient, ainsi qu'un rétable en pierre très-finement sculptée. Une de ces statues, représentant un évêque, mérite particu- lièrement l'attention. Enlevées sous Louis XV, pour faire place à une décoration plus dans le goût de l'époque, ces sculptures sont rentrées en possession de leur ancienne demeure ; nous pouvons nous en rapporter au zèle éclairé de M. l'abbé Haret pour les croire à l'abri d'une nouvelle injure. — 358 — » A la suite du grand mouvement qui s'est produit dans les dernières années de la Restauration et a entraîné nos savants vers la recherche plus intime des origines de notre histoire, une science que Ton peut presque dire récente, a conmaencé à se répandre. Cuvier avait reconstitué tout un monde d'ani- maux antédiluviens, mais Thomme restait absent. Il était réservé à notre époque d'en retrouver les ossements, puis l'habitation, Toutillage et les armes. Bientôt les immenses travaux de tranchées nécessités par la construction de nos che- mins de fer, ont conduit à des découvertes inespérées de sépul- tures gauloises, romaines et franques; tout un monde de cher- cheurs s'est alors mis à l'œuvre avec une ardeur extrême, cause probable des regrets que M. Quicherat pouvait exprimer sur l'abandon dans lequel le Moyen- Age était laissé. Cette science nouvelle , dont le château de Saint-Germain renferme le musée, et dont M. Alexandre Bertrand est un des premiers représen- tants, a fait en quelques années d'énormes progrès vous ne pouviez lui rester étrangers , vous aviez pom* faciliter vos études, les carrières de sable de Saint-Prest, avec leurs amas d'animaux antédiluviens de toute espèce, et notamment le cerf de Chartres, cervus Carnotemis, Vous aviez aussi, malgré des destructions fâcheuses , de nombreuses pierres druidiques , si bien décrites par notre toujours regretté Président , M. de Boisvillette. On fouille rarement notre sol sans en faire sortir quelques débris anciens, et plus d'une médaille gauloise du Musée de Saint- Germain a été trouvée dans la vallée de l'Eure. L'année der- nière encore , l'ouverture d'un simple chemin vicinal permet- tait à M le curé de Crécy de vous annoncer l'existence, sur le territoire de la commune de Saulnières , d'un cimetière méro- vingien. La Société a pris part à ses recherches en les facilitant par une subvention. Nous pouvons donc assurer au directeur du Musée de nos antiquités nationales, que nous ne négligerons pas la science qu'il aime et sur laquelle il a bien voulu venir nous donner ses conseils. » Puisque nous en sommes à l'âge de pierre, c'est le moment de vous rappeler le Mémoire dans lequel M. le docteur Bar- reaux, étudiant, du fond de sa retraite de Grouville, l'origine des langues et des écritures, vous a proposé une interpré- tation ingénieuse du point de départ de l'écriture cunéiforme. Un silex, taillé en forme de coin , lui suffit en effet, pour repro- - 359 - duîre sur l'argile avant sa cuisson tout Talphabet des inscrip- tions assyriennes. » D'autres travaux et des plus méritants vous ont encore été présentés; ainsi le concours que vous ouvrez chaque année pour les instituteurs du département, vous a donné en 1879 une étude sur l'importante commune de la Bazoche - Gouet, par M. Thibault; un inventaire des archives de Pontgouin, par M. Poullard en outre, M. Bire a remis un travail sur Nogent-le- Phaye, puis une notice historique et géographique pour les classes primaires. » Je sens, Messieurs, que je ne dois pas abuser plus long- temps de votre bienveillance, laissez-moi seulement vous dire encore que les poésies ne vous ont pas non plus fait défaut. Vous avez trouvé, dans nos Bulletins, le petit poème de TOison, reproduit d'après un manuscrit appartenant à M. Maurice de Possesse et datant d'environ 1620. Ce poème est adressé par l'auteur, jusqu'ici inconnu, à M. Charles le Prévost, seigneur d'Oisonville. Nous avons eu aussi occasion de constater que la verve poétique de notre zélé secrétaire, M. Met-Gaubert, con- servait toujours le même charme dans la forme , la même variété dans les sujets qu'il sait choisir. » En résumé. Messieurs, pendant le cours de cette année, nos séances de chaque mois ont été bien rempUes, la situation finan- cière est excellente grâce au nombre de nos sociétaires, dépas- sant 400, et à la générosité de M. le Ministre qui, au prix de 1,000 fr. obtenu par la Société en 1878, a voulu ajouter pour la même année, une subvention de 500 fr. Vous avez pu, dès lors, affecter aux fouilles de Crécy , aux déblaiements des galeries souterraines qui vous ont été signalées à Voves , par notre collègue, M. Sauton, puis aux sondages à faire dans l'ancienne chapelle Saint-Eman de Chartres, une somme de 270 francs. » L'inventaire des richesses artistiques de la France ordonné par le Gouvernement a donné lieu à la nomination d'une Com- mission départementale ; cette Commission , dont les membres appartiennent presque tous à la Société, s'est mise à Toeuvre. Déjà plusieurs, monographies ont été rédigées celle de Saint- Pierre de Dreux, par M. de Saint-Blancart; de Saint- Valérien de Chàteaudun , par M. Delcros ; des plans sont joints aux no- tices, et les auteurs ont bien voulu qu'un double de leur tra- — 360 — vail fût donné aux archives de la Société , pour lesquelles ce sera une véritable richesse. Messieurs , je ne puis terminer sans adresser nos plus vife et sincères remerciements à ceux d'entre vous qui nous ont fait des lectures , donné des mémoires ou signalé des découvertes ; nous les prions de ne pas se ralentir dans leur zèle. Vous le savez qull s'agisse d'archéologie , d'histoire, de science ou d'art , nous faisons accueil à toutes les bonnes volontés. Vous avez la certitude de trouver à nos séances des auditeurs atten- tifs, et les ressources ne manquent pas pour les pubhcations. — Vos travaux seront pour la Société archéologique une nouvelle cause de succès et de prospérité, pour vous une occupation qui ne donne jamais de regrets. Rappelons-nous ce que disait Au- gustin Thierry aux demiei-s temps de sa vie si laborieuse Pourquoi se dire avec tant d'amertume que , dans le monde » constitué comme il est , il n'y a pas d'air pour toutes les poi- » trines, pas d'emploi pour toutes les intelligences? L'étude sé- » rieuse et calme n'est-elle pas là, et n'y a-t-il pas en elle un » refuge , une espérance , une carrière à la portée de chacun de » nous? avec elle, on traverse les mauvais jours sans en sentir » le poids, on se fait à soi-même sa destinée; ou use noblement sa vie. Voilà ce que j'ai fait et ce que je ferais encore si j'avais » à recommencer ma route, je prendrais celle qui m'a conduit » comme je suis. — Aveugle et souffrant sany espoir et presque » sans relâche, je puis rendre ce témoignage qui , de ma part, » ne sera pas suspect Il y a au monde quelque chose qui vaut » mieux que les jouissances matérielles, mieux que la fortune, n mieux que la santé elle-même , c'est le dévouement à la » science. » Ce discours est vivement applaudi. M. Met-Gaubert, secrétaire, proclame les noms des lauréats du Concours annuel ouvert par la Société entre les instituteurs du département. Il a été reçu un certain nombre de Mémoires parmi lesquels la Société a jugé qu'il convenait de distinguer les suivants 1 ^ Étude sur la commune de La Bazoche - Gouët , par M. Théodore Thibault. Un prix de 80 francs est décerné à M. Théodore Thibault, instituteur à La Bazoche-Gouët, membre de notre Société; — 361 — 2* Inventaire des Archives de l'ancien Hôtel -Dieu de Pont- gcnrin^ par M. Jules PouDard. Un prix de 30 francs est décerné à M. Jules PouUard, membre denotare Société, instituteur adjoint à Nogent-le-Rotrou , avec mention très-honorable. M. Met-Gaubert donne ensuite lecture d'une Étude géogra- phique » qu'il a composée sur le voyage de découvertes entre- pris vers le centre de F Afrique de 1875 à 1878, par M. Savor- gnan de Brazza, et par notre compatriote M. Noël Ballay. Mesdames et Messieurs, » Le vendredi soir, 18 avril, à Paris, au n** 184 du boule- vard Saint-Germain , se tenait une mémorable séance , dans le magnifique hôtel de la Société de Géographie. » Elle était présidée par M. le vice-amiral La Roncière Le Noury aux côtés duquel se tenaient MM. Daubrée et Levas- seur, membres de Tlnstitut, les éminents et zélés propaga- teurs de la Géographie , cette science reconnue , aujourd'hui , indispensable et que Ton pourrait estimer être d'utilité pu- blique. » Derrière eux, non loin de l'illustre et intrépide M. de Lesseps vers lequel se portaient tous les regards , on distin- guait un jeune docteur aux traits pâles et fatigués, objet, aussi , d'une curiosité générale. » C'était, laissez-moi vous le dire, un parent qui nous est cher , un ancien élève de notre vieux collège , lauréat du Con- cours académique , pour l'Histoire et la Géographie , en rhé- torique , dans l'année 1864 , le compagnon d'études , de succès , pour cette même époque , de deux autres jeunes gens dont la réputation est déjà brillamment établie , MM. Julien Barois et Ernest Clément, c'était l'aide médecin du vaillant enseigne de vaisseau M. Savorgnan de Brazza, notre jeune com- patriote M. Noël Ballay. » Sur sa poitrine brillait une décoration récente que justi- fiaient bien ces mots Honneur et Patrie » au ressouvenir de tant de dangers affrontés. L'Académie des Sciences venait de donner aux deux explorateurs son grand prix Lalande ; le len- demain, à la Sorbonne, les palmes d'Officier d'Académie allaient s'unir à ces lauriers si noblement acquis. Enfin le soir Tome VI. V. 26 - 362 - de ce jour faste du 18 avril, la Société de Géographie accor- dait, aux applaudissements enthousiastes d'une assistance bien sympathique, sa grande médaille d'or aux deux voyageurs qui, pendant trois ans, ont sacrifié leur existence sur cette terre privilégiée et encore si peu connue du Gabon. » Cette belle solennité , quelques recherches opérées et quelques notes recueillies m'ont porté à vous entretenir, pen- dant de courts instants, de ce pays dont les géographes parlent tant aujourd'hui. » Le nom du Gabon commence à devenir populaire en France , au même titre que celui de nos autres colonies. C'est un point de la côte africaine dont nous avons pris possession dans les derniers temps du règne de Louis-Philippe. Il est placé exactement sous l'équateur. Il y a une dizaine d'années on a découvert, à peu de distance de notre étabUssement, l'embou- chure d'un grand fleuve, VOgôoué, L'attention s'est aussitôt portée vers notre colonie qui avait été assez négligée jusque-là, et on y a vu un excellent point de départ pour les voyageurs qui voudraient pénétrer dans le centre de l'Afrique , encore complètement inconnu aujourd'hui. » En 1874, deux officiers français, MM. Marche et Com- piègne ont tenté une première expédition. Ils ont remonté le fleuve à 200 kilomètres environ de la côte; ils espéraient atteindre de grands lacs qui existent dans l'intérieur des terres, au dire des indigènes , et d'où sort l'Ogôoué, mais ils furent attaqués par les sauvages Osgébas , perdirent une partie de leur escorte, et durent revenir sur leurs pas, mourants de fièvre et le corps rongé de plaies produites par les fatigues et la malignité du climat. » En 1875 , une lettre du Ministre de la Marine au Président de la Commission de Géographie commerciale de Paris annon- çait une nouvelle expédition.. Le Ministre mettait à la dispo- sition de M. de Brazza, enseigne de vaisseau, une somme de dix mille francs , un aide-médecin , un quartier-maître , douze tirailleurs Sénégalais avec leur chef, deux Gabonais et deux Pahouins. » M. de Brazza devait acheter pour 5,000 francs de mar- chandises françaises, garder 5,000 francs pour les dépenses à faire au Gabon , et avec sa petite troupe , reprendre l'explora- ion si malheureusement interrompue de MM. Marche et Com- - 363 — piègne. II remonterait le fleuve sur une chaloupe canonnière , et si les sauvages Osgébas barraient encore une fois la route aux voyageurs, il livrerait bataille. Les fusils à pierre des noirs ne tiendraient pas longtemps devant les chassepots de nos Sénégaliens. » Les difficultés d'un pareil voyage sont nombreuses. Les plus grandes viennent de l'insalubrité du climat et des dé- penses considérables qu'il fauj subir. » La côte africaine est le pays le plus malsain qui soit au monde. Il pleut au Gabon d'une façon à peu près continue et par des chaleurs de 60 degrés. Les eaux s'écoulent mal et crou- pissent ; les miasmes empoisonnent l'air , et la fièvre est en permanence. Pourtant, avec beaucoup de précautions, on peut résister et même se porter aussi bien que sous des latitudes tempérées. » Pour cela , il faut renoncer à la nourriture européenne , à nos viandes et à nos conserves. La nourriture des indigènes, si misérable qu'elle paraisse , est bien mieux appropriée au cUmat. La soupe de colimaçons pimentée , les bananes bouil- lies , le gros pain de maïs , voilà les plats de résistance de la cusine africaine. Se défier de la graisse et des aliments gras est le premier précepte de la sagesse sous l'équateur. » Quant aux dépenses , elles sont énormes. Partout où l'on passe , il faut payer. Chaque village considère le voyageur qui arrive comme une proie que la fortune lui envoie. On le pres- sure et le pille de toutes les façons droits de passage , droits d'entrée, présents aux chefs, prix exagérés des vivres. » La monnaie n'a aucune valeur en Afrique , et l'on y mour- rait de faim avec une fortune en métal dans sa poche. Tout se fait par troc , et ce sont certaines marchandises qui aident aux échanges. » Voici , à titre de curiosité , conunent M. de Brazza employa les 5,000 francs qu'il consacra à l'achat de marchandises Étoffe indienne, Alsace, Rouen bonne . 3,500 mètres. — — — ordin. . 8,300 — Pagnes turquoises 80 — Ceintures rouges 70 — Bonnets rouges 320 — Couteaux 595 douzaines. Manchettes 100 — — 364 — Haches 50 douzaines. Barettes cuivres 1,700 — Bracelets creux cuivre 200 — Neptune cuivre 80 — Chaudrons cuivre 11 — Fusils à pierre, à 2 coups avec dorures. . 2 — — 1 coup — 10 — Pierres à fusils 3,800 — » En outre, il se pourvut de plusieurs centaines de son- nettes, de grelots et de glaces. » Un trait caractéristique des mœurs de ce pays » Quand on arrive dans un village, le marché s'établit aus- sitôt. Pour un couteau , tant de poulets ; pour une glace , tant de farine de maïs; pour une sonnette et un grelot, tant de rations de soupe aux colimaçons ou tant de bananes bouillies. Puis le chef vient et demande tant de mètres d'étoffe pour laisser les voyageurs continuer leur chemin. » Le mot Neptime aura lieu de surprendre dans Ténuméra- tion ci-dessus. Un neptune est un grand plat de cuivre qui ne sert et ne peut servir à rien. C'est un meuble de pure vanité. Quand un nègre est assez heureux pour avoir un neptune il le pend dans sa case. Plus un chef en a, plus il est riche. » Il ne faut pas croire que ces voyages aient im intérêt pu- rement scientifique. Il se fait au Gabon un commerce consi- dérable et qui pourrait décupler par la découverte de nouvelles voies de communication avec l'intérieur et de nouveaux dé- bouchés. L'ébène , le caoutchouc et l'ivoire sont les trois prin- cipaux articles d'exportation. » Le commerce de l'ivoire est entretenu par les chasseurs indigènes qui font aux éléphants une guerre de destruction effroyable. Ces grands pachydermes disparaîtront rapidement. » L'arbre dont on fait les bûches d'ébène croît en abon- dance dans tous les pays qui avoisinent l'Ogôoué. » Les Pahouins qui habitent sur les bords du lac Âzingo s'adonnent presque exclusivement à ce commerce, et, dans une seule année, le sénégalais Yousouf , agent de M. Walker, leur en a acheté plus de 100,000 bûches. On paie générale- ment l'ébène un prix très-modique ; les sept bûches coûtent 5 francs en marchandises; ces marchandises sont la poudre, la guinée, les étoffes anglaises, les perles, le tabac, les barres - 365 — de cuivre, etc. Ce commerce de Tébène est considéré comme avantageux , mais pas autant que celui du caoutchouc, la vraie richesse de ces pays, et qui s'exporte en quantités immenses. » Le caoutchouc semble vraiment inépuisable, malgré les procédés destructeurs des Pahouins qui coupent les lianes au lieu de se contenter d'y faire des incisions pour en extraire le suc. n est vendu par les indigènes, sous forme de boules, qui doivent avoir la grosseur du poing chacune , et valent cinq francs les cent boules ; on le paie avec toutes sortes de mar- chandises ; il revient à environ trente centimes la livre. . . . B Telles sont les richesses de ce pays si remarquable par ses belles montagnes et ses vastes cours d'eau, de cette grande et fertile étendue de terrain parcourue par MM. de Brazza et Ballay qui ont franchi la région des cours supérieurs de YOgôoué, de ÏAlima et de la Liconaj et Dieu sait au prix de quelles fatigues , de quels nombreux périls!... Pendant trois ans et plus, semblables à nos missionnaires qu'animent tou- jours une foi vigoureuse et une charité ardente, ils n'ont pas laissé faiblir un seul instant leur courage, tant ils étaient pénétrés de la grandeur de leur tâche ! ils se sont montrés les intrépides pionniers de la science géographique ; ils ont rendu d'éminents services à la marine, à la France, en plan- tant notre drapeau sur ces terres lointaines. » Concluons en disant qu'ils ont bien mérité de la Patrie , et que leurs noms inscrits sur le Livre d'or de l'Immortalité peut noblement se placer à côté de ceux des voyageurs illustres français et anglais qu'on appelle René Caillié, Samuel Baker, Speeke, Livingstone et Stanley. » Notre département si riche, cependant, en souvenirs de gloire militaire, scientifique, littéraire, artistique, indus- trielle et commerciale , ne comptait pas encore d'illustration géographique exceptionnellement signalée. Estimons-nous heu- reux et fiers d'en rencontrer une bien précieuse dans la per^ sonne de notre cher docteur Noël Ballay. » J'aurais dû finir plus tôt, et je me hâte de le faire, en lais- sant le champ libre à une voix plus savante, plus autorisée, et que vous allez entendre , j'en suis persuadé , avec un vif intérêt*. » * M. Alexandre Bertrand, directeur du Musée des Antiquités nationales de Saint-Gennain-en-Laye , orateur désigné pour la conférence du 15 mai. — 366 — M. le Président laisse, immédiatefflent après, la parole à M. Alexandre Bertrand, qui commence sa conférence sur la valeur historique des documents archéologiques. c Mesdames , Messieurs , » Bien que la Société qui vous réunit aujourd'hui, soit autant littéraire et historique qu'archéologique , vous ne serez pas étonnés que le Directeur du musée de Saint-Germain vous parle uniquement d'archéologie. » Je m'efforcerai d'ailleurs d'être , ici , aussi peu spécialiste que possible. » En faisant de l'archéologie, j'ai , en effet , l'ambition de faire en même temps de l'histoire. J'espère vous montrer que les archéologues d'Eure-et-Loir en font aussi, et d'excellente même , quand ils relèvent et décrivent avec soin les monuments méga- lithiques de cette vieille et noble contrée , le cœur de la Gaule Celtique. » Les archéologues , croit-on volontiers , se livrent à un délas- sement honnête, mais stérile, au détriment de travaux plus utiles. Détrompez-vous ces patients investigateurs dont le Ministre de l'Instruction publique , couronne tous les ans les travaux vous en savez quelque chose *, font œuvre non seulement utile , mais patriotique. Ils tracent péniblement un sillon fécond, ils refont, je dirai plus, ils créent l'histoire de la Gaule qui, jusqu'ici, n'existait pas. » L'Histoire chez nous, l'Histoire véritable s'appuyant sur des documents positifs et précis , commence très-tard et éclaire, tout d'abord , une partie bien restreinte de notre belle France. » Le nom des Garnutes , si nous laissons de côté le récit de Tite-Live d'un caractère légendaire évident pour moi * , apparaît pour la première fois dans les Commentaires de César, 50 ans environ avant notre ère. » Antérieurement à l'entrée de César en Gaule, ni les Grecs, ni les Romains ne connaissaient le pays Chartrain , cette terre sacrée où les Druides se réunissaient chaque année ^ en un ^ La Société d'Eure-et-Loir a déjà reçu trois grandes médailles , une entre autres en 1878. ' Tile-Live, d'ailleurs, était contemporain de César et plus jeune que lui. - 367 - lieu consacré regardé comme le centre de toute la Gaule. Hi » cerlo anni tempore in faenibus Garnutum , qui regio totius » Galliae média habetur, considunt loco consecrato *. » » Soixante -quinze ans avant César, ce centre de la Gaule le grand historien Polybe ' le plaçait encore à Narbonne. Les terres qui touchaient à la mer intérieure , c'est-à-dire à TOcéan et à la Manche , n'avaient point encore de nom commun , c'est lui qui nous l'apprend. La découverte, dit-il, en est toute ré- » cente Ces pays sont habités par une nuée de barbares. » Vous étiez. Messieurs, au nombre de ces barbares. » Polybe insiste sur ces faits. Tout l'espace qui s'étend vers » le nord, au-dessus d'une ligne joignant "l'Aude aux embou- » chures du Tanaïs le Don, nous est inconnu. Ceux qui » parlent de ces régions ou en écrivent n'en savent pas plus » que nous-mêmes et ne font que débiter des fables. Nous » croyons devoir le déclarer. » » Les comptoirs Phéniciens, puis Phocéens , établis à Mar- seille et sur divers points de nos côtes méridionales avaient eu très-peu d'influence sur l'étendue de nos connaissances au nord des Cévennes si les dangers sur mer étaient grands et nom- » bi*eux , dit ailleurs Polybe ' , sur terre ils l'étaient encore » davantage. » Vous ne vous en étonnerez pas Vous savez avec quelle difficulté nous pénétrons, même aujourd'hui, dans les contrées non ouvertes à la civilisation. » La fondation de la colonie d'Aix en 123, par C. Sextius Calvinus, après la défaite des Salyens , eût pu être le début d'une ère nouvelle. Mais au moment où le mouvement d'explo- ration allait conunencer, fond sur la province Romaine la terrible invasion desCimbres et des Teutons 101-102 av. Le mo- ment n'était pas propice pour pénétrer dans l'intérieur du pays. » Un seul écrivain , un philosophe stoïcien , Posidonius paraît avoir eu la curiosité de connaître de plus près les Gaulois. Mais pas plus que les savants marseillais , il ne dépassa les Cévennes. Ce qu'il dit de la Gaule septentrionale est le résultat d'informations prises dans les Alpes ou dans le midi , dans la Narbonnaise * Caes. B. G. VI, XIII. Polyb., III, 37,38. 3 Polyb., III, Ô8. — 368 — » Nous pouvons donc répéter ici , ce que nous disions, il y a un an , à la Sorbonne , devant les membres de Tassociation de France. César est le premier qui nous ait donné sur Tintérieur de » la Gaule transalpine des renseignements dignes de foi ; des » renseignements scientifiques. La Gaule des temps antérieurs » nous est scientifiquement complètement inconnue. » » Nous avons de ce fait un témoignage contemporain décisif. » Gicéron , avant que les officiers de Tannée de César et en particulier son frère Quintus lui eussent envoyé des nouvelles de Gaule, était d'une complète ignorance touchant la géogra- phie de ce pays. • Où est situé le pays des Nerviens, écrit-il » à Ouintus , je n*en sais absolument rien? » » Nous lisons d'un autre côté dans son traité sur les Provinces consulaires a C'est pour la première fois qu'on ose attaquer les Gaulois » chez eux. Jusqu'ici on se contentait de les repousser. Ces » contrées qu'aucun récit, aucun livre, aucune histoire n'a- » valent fait connaître, dont on ignorait même le nom, notre » général, nos légions, nos armes, les ont traversées. Nous » n'occupions qu'un sentier de la Gaule, le reste était au pou- » voir de tribus féroces et belliqueuses... César a reculé notre » Empire jusqu'aux Umites de ces pays barbares. » » Je pourrais multiplier ces citations. Les aveux de Polybe et de Cicéron vous suffisent, je suppose. » Toutefois, entendons-nous bien. » Si à Rome et à Athènes, cinquante ans avant notre ère, on ne connaissait rien de l'intérieur de la Gaule, de notre Gaule, si même à Marseille on n'était pas beaucoup plus ins- truit de ce qui se passait au nord de Lyon ' et des Cévennes, ai-je besoin d'ajouter que la même assertion ne saurait s'ap- pliquer aux Gaulois pris d'une manière générale? La distinction est indispensable. Aucun explorateur sans doute , n'avait péné- tré au cœur de la Gaule dans un but de recherches scientifiques, mais depuis plus de deux cents ans déjà au temps de Polybe, * des Gaulois avaient tantôt traversé les Alpes, tantôt remonté le Danube et passé les Balkans en envahisseurs, tandis que * Gondate. ' Polybe est mort 125 ans avant notre ère. ^ 369 - d'autres tribus de même race, entraient à titre de mercenaires dans les armées des Carthaginois , des tyrans de Sicile et des satrapes d'Asie *. » Ces bandes guerrières qui avaient effrayé le monde ancien nous ont été décrites à plusieurs reprises. Bien plus plusieurs tribus gauloises s'étaient momentanément établies au sud des Alpes , dans cette Cisalpine qui avant toute autre contrée porta le nom de Gallia. » Les Histoires de Polybe sont remplies de détails sur ces Gaulois batailleurs et sur les populations de la Haute Italie auxquelles ils se trouvaient associés. » Mais d'où partaient, de quel point précis de l'horizon venaient ces terribles ennemis de Rome? Les anciens ne le savaient pas. Ils savaient seulement qu'ils venaient du nord des Alpes et se distinguaient par des traits physiques caracté- risés qui ne permettaient pas de les confondre avec les popu- lations antérieurement connues. Les expressions d'hommes nouveaux, » de guerriers aux a/i^mes inconnues , » d'aventu- riers vervus des extrémités les plus septentrionales de la terre, » se rencontrent à plusieurs reprises dans leurs récits. » Ce sont là des expressions bien vagues , bien générales , peu géographiques , et prêtant , conune elles l'ont fait , à d'in- terminables discussions. » La tradition gauloise ne semble pas avoir été beaucoup plus explicite. Les Druides n'écrivaient pas, leur enseigne- ment était oral et paraît avoir été très-réservé sur la question des origines gauloises. Les Druides, écrit Timagènes, rap- portent qu'une partie de la population des Gaules est indigène et que Vautre est venue des îles lointaines et des contrées trans- rhénanes. Ab insulis extremis et tractibus transrhenanis. » » Cette pénurie de renseignements sur toute la période de notre histoire intérieure qui a précédé la conquête romaine im- pose deux devoirs à ceux qui ont la volonté de faire de la science. » 1** Une grande réserve dans l'application qu'ils seraient tentés de faire à des temps plus anciens des renseignements transmis par César et ses contemporains. » 2^ La recherche opiniâtre de docimients d'un autre ordre propres à nous apporter la limiière qui nous manque. * Les auteurs grecs appellent les uns CeUes, les autres Gûlaies. - 370 — Ces documents, Messieurs, existent. Ce sont les documents archéologiques. » Le but de cette conférence est de vous en faire comprendre la valeur. » Les Italiens disent que Tarchéologie est la science des tom- beaux. L*étude des sépultures de la Gaule , va nous livrer , en effet, les secrets du passé. A défaut des historiens nous inter- rogerons les morts. » A rappel des archéologues, les vieilles populations se lèvent de leur tombe pour nous instruire. Vous allez voir quelle est Téloquence de ce muet enseignement. » Des sépultures de deux ordres se signalent à notre at- tention Les Dolmens et les Tumulus. » Je parlerai d'abord des dolmens et allées couvertes , puis des tumulus'. » Vous savez que les dolmens et allées couvertes ne sont point des autels , connue on le croyait autrefois ; sauf de rares exceptions ce sont des tombeaux Tombeaux de chefs ; tom- beaux de famille ; tombeaux de tribus ; 55 de ces monuments , si je ne me trompe , existent encore dans le département d*Eure- et-Loir. Ils sont répartis entre 39 communes. Soixante-sept autres départements , onze cents communes jouissent en France du même privilège. » Le nombre des tumulus * est infiniment plus grand. Le seul département du Doubs en compte plusieurs milliers. » Nous devons d'autant plus étudier ces monuments sépa- rément que les tumulus et les dolmens ne sont point sur notre sol confondus et môles dans la même contrée. » Veuillez jeter les yeux sur la carte de la Gaule exposée à vos regards ^ fixez votre attention sur les teintes rouges. Ces teintes représentent les départements où a été constatée l'exis- tence des dolmens et allées couvertes. L'intensité des teintes y indique le nombre relatif des monuments. » Considérez maintenant les teintes vertes. Ces teintes vertes représentent la région des tumulus. ^ Je néglige à dessein , pour ne pas compliquer la question , les sépultures d'un autre mode. ^ 11 s'agit de tumulus ne recouvrant pas de chambres mégalithiques. ^ Plusieurs exemplaires de cette carte ont été laissés à la Société. L. - 371 — » Si vous tirez une ligne de Marseille à Bruxelles , en pas- sant par Dijon , vous avez à très-peu près la limite des deux séries. A l'ouest les dolmens dominent dans une proportion énorme. A Test les tumulus régnent sans partage. » Cette distribution nettement tranchée , dans sa généralité , de monuments si divers de forme , quoique ayant même des- tination , n'est pas évidemment l'effet du hasard. Nous y sai- sissons l'indice certain de populations différentes , différentes d'habitudes et de mœurs , probablement d'origine. » Je ne vous décrirai pas ce que c'est qu'un dolmen. Dans ce pays tout le monde le sait. » Sous ces blocs péniblement dressés en forme de chambre , reposent, nous l'avons dit quand les monuments n'ont pas été violés les dépouilles mortelles de nos ancêtres des corps accroupis ou allongés , plus souvent accroupis. Près de la tête du squelette , à ses pieds , autour de lui , gisent des poteries faites à la main , des silex taillés , des pointes de flèches , des haches en pierre polie , souvent en pierres très-dures , difficiles à travailler , quelquefois en pierres précieuses , en jadëite si- non en jade oriental. Des colliers de perles où figurent des perles de callaïs , espèce de turquoise , et des perles d'ambre , s'y rencontrent également. » Au milieu des objets de pierre se montrent quelquefois , mais rarement, très-rarement, des objets de bronze et d'or. Nous sommes en présence d'une civilisation funéraire méri- tant véritablement le nom de civilisation de la pierre. » J'emploie le terme de civilisation avec intention. Quoique les populations qui ont élevé les dolmens eussent à leur dispo- sition très-peu d'outils et d'armes en métal , elles étaient loin de mériter le nom de sauvages. Non-seulement la taille et le polissage des'minéraux , tels que nous les trouvons pratiqués à cette époque , indiquent un art avancé , mais l'érection de monimients funéraires tels que les dolmens du Morbihan et du Finistère , a dû exiger un déploiement de forces , une union d'efforts , vraiment extraordinaires. L'exploration de ces monu- ments laisse l'impression qu'ils appartiennent à une organi- sation sociale déjà forte. La science du commandement chez les chefs, l'habitude d'obéir et de travailler avec discipline chez les sujets ou les esclaves devaient être alors des qualités communes. Vn sentiment religieux profond animait certai- - 372 — nement une Société capable de tels sacrifices , pour honorer ses morts. Ces indices de l'état social auquel étaient arrivées , dès cette époque reculée , nos populations de l'ouest sont confirmés et éclairés par l'étude de monuments d'un autre ordre non moins précieux pour nous. Je veux parler des oppida et des habita- tions lacustres. » Je me bornerai , ici , faute de temps , à dire im mot des habitations lacustres. » En 1854 , les eaux du lac 4e Zurich ayant considérablement baissé , de nombreux pilotis , de nombreux pieux furent mis à découvert. Au milieu de ces pilotis gisaient dans le sable des instruments et armes de pierre, des poteries, des ustensiles et outils en os et en corne. Le D' Keller, président de la Société des antiquaires de Zurich , reconnut que ces pilotis étaient le soubassement d'antiques cabanes formant, à quelque distance de la rive, de petits villages. D'autres pilotis furent bientôt signalés dans, les lacs de Constance , de Neuchâtel , de Bienne et plusieurs autres *. Les objets de pierre et d'os qui se ren- contrent en abondance dans ces stations sont identiques à ceux qui constituent le mobilier funéraire des dolmens. — L'état social des deux côtés est évidemment le même. » Or, dans ces stations lacustres, à côté des haches de pierre emn^^anchées , conune celles dps dolmens et par les mêmes procédés , dans la même couche de vase , la couche archéologique, comme disent les antiquaires suisses, reposent de nombreux ossements d'animaux , compagnons de la popu- lation des cabanes, des végétaux à demi carbonisés, des graines, des étoffes. Ces végétaux, ces graines, ces étoffes, nous apprennent que les hommes de la pierre polie en Gaule, entretenaient autour d'eux le chien, le cheval, le porc, le mou- ton, la chèvre, le boeuf, c'est-à-dire les principaux animaux domestiques; qu'ils chassaient le chevreuil, le daim, le cerf, le sanglier, le renard, le bouquetin. » Les vases en terre , tombés au fond des lacs à cette époque, contiennent, les uns du froment, de Vorge, de l'avoine, des pois et des lentilles; les autres des cerises, des pommnes, des ' Une partie de ces stations contiennent des objets de bronze, nous ne parlons , ici , que des stations où la pi^e domine. - 373 — graines de fraise et de framboise on cultivait donc la terre autour des lacs ; on se livrait à l'élevage des bestiaux ; on était, comme je Tai dit, bien au-dessus de Tétat sauvage. fi Réunissons en faisceau ces renseignements divers, nous aurons les éléments d'un tableau animé, représentant un état social supérieur à celui de toutes les populations sauvages connues. » Un groupe de tribus élevant en Thonneur de ses morts des monuments religieux, comme ceux de Locmariaker, de Plouharnel et de Sawr'inis ; dressant des pierres de souvenir comme les alignements de Carnac, qui jadis avaient trois kilo- mètres de long; bâtissant sur les lacs de solides villages, dont les pilotis sont encore en place; tissant des étoffes de lin et d'écorce ; possédant Forge , le blé , Tavoine , les animaux domes- tiques; des hommes qui étaient à la fois chasseurs, pasteurs, et laboureurs , méritent assurément une place honorable dans l'histoire de la civilisation. » J'ajouterai que pénétrer, malgré elles , chez des populations ainsi organisées, dut être longtemps un jeu dangereux. » En résumé l'archéologie, même privée du secours des textes , permet d'affirmer qu'un groupe nombreux de popu- lations civilisées dans v/ne certaine mesure j bien que i\e tra- vaillant pas les métaux y a occupé la Gaule à une époque reculée y antérieure oaxx premiers documents écrits relatifs à notre patrie. — Ce groupe a développé sa civilisation spécia- lement dans l'ouest du pays. ï> Passons aux tumulus. » Les teintes vertes représentent la région des tumulus. Les deux zones ne diffèrent pas seulement par leur situation géographique elles diffèrent non moins nettement, par le caractère des monuments et des civilisations qu'elles repré- sentent. » La construction intérieure des tumulus n'est plus mégsdi- thique. Le mobilier funéraire y est d'une tout autre nature que celui des dolmens. La hache de pierre polie, les colliers de callaïs ont disparu. A la place nous trouvons des épées en bronze et en fer; des ceintures ou plastrons en bronze; des vases en bronze; des débris de bouclier de bronze ou de bois garnis de bronze ou de fer; quelques casques; des coUiers en or, en bronze ou en fer ; des bracelets et des anneaux de jambe - 374 - également en fer, en bronze et en or; des épingles à cheveux et à vêtements; des débris de chars, quelquefois richement ornés. » Les dolmens nous ont révélé Tétat de la Gaule avant Tin- troduction des métaux et durant Tépoque de transition qui a séparé Tétat ancien de Tétat nouveau , la période de lutte entre la pierre et les métaux ; avec les tumulus , nous sommes en pleine civilisation mdo-ev/ropéerme, » Les anciens, comme je vous l'ai dit, n*ont eu aucune notion de la civilisation des dolmens La civilisation des tu- mulus offre, au contraire, Toccasion de nombreux rappro- chements avec les moniunents et les textes classiques d'époques parfaitement connues. Elle peut dans bien des cas leur servir de commentaire. » En passant d'une zone à l'autre nous traversons deux mondes différents. » Avec les dolmens, nous nous trouvions au sein d'une civilisation extra-historique , ce qui ne veut pas dire pré-his- torique dans le sens de antérieur à toute histoire; avec les tumulus nous touchons par mille points aux antiques civili- sations de l'Assyrie, de l'Asie mineure, de la Grèce, de l'Etrurie. » A un moment donné , qu'il n'est déjà plus impossible de préciser, les deux civilisations, la vieille civilisation de la pierre, civilisation indigène, et la civilisation orientale des métaux, se sont rencontrées, heurtées sur notre sol suivant la ligne rouge indiquée par notre carte. » Considérés dans leur généralité , ces faits ne sont plus con- testables. J'ajouterai Ils ne sont plus contestés. Or , ces faits , avant que l'archéologie nous en eût démontré la réalité , nous ne les soupçonnions même pas. Les archéologues doivent donc être fiers de ces résultats, tous les archéologues, petits et grands , si je puis m' exprimer ainsi ; car vous le voyez , ces importants résultats sont obtenus par un jeu de pièces de mar- queterie d'origine très -différente, qui viennent, pour ainsi dire d'eux-mêmes, peu à peu prendre la place que la nature des faits leur a marquée d'avance. » Telle de ces pièces qui isolée parait sans importance prend tout-à-coup dans l'ensemble une grande valeur. Dans cet ordre de recherches rien n'est insignifiant. Le plus petit - 375 - débris de vase , le plus petit fragment de métal donne souvent un renseignement précieux, constitue une découverte j une découverte la joie des archéologues ! » Il y a trois ou quatre ans les travaux d'un chemin de fer éventraient un tumulus, voisin de Spire dans la Bavière rhénane rive gauche du Rhin, en Gaule par conséquent, sinon en France. Un tesson , un fragment de vase de poterie fine à cou- verte noire ornée de palmettes jaunes, fragment informe pour le vulgaire , était recueilli , avec d'autres objets de plus agréable aspect, au musée de Spire. » Ce tesson, Tannée suivante, était mis sous les yeux de Fémi- nent Directeur du musée Central Germanique de Mayence, le docteur L. Lendenschmit, qui avec sa merveilleuse habileté reconstituait le vase. J'en mets sous vos yeux une gravure. en chromo -lithographie. Cette gravure tombe sous les yeux de M. le baron de Witte, membre de l'Institut de France, l'aimable savant que plusieurs d'entre vous connaissent , l'homme d'Eu- rope qui connaît le mieux la céramique antique. M. de Witte n'hésite pas. Il reconnaît dans ce vase un vase étrusque d'époque connue. Ce simple fragment devient le sujet d'un mémoire lu à la Société des Antiquaires de France. Le tumu- lus y est daté par ce seul objet. La sépulture remonte à la fin du quatrième siècle ou au commencement du troisième siècle avant notre ère l'âge héroïque de la nation gauloise. Un Gaulois qui a passé les Alpes et pris part à quelque expé- dition contre les Etrusques ou contre Rome a, sans doute, rapporté ce vase d'Italie. » Je ne plaisante pas , Messieurs , et je vais le prouver. » Le timiulus de Rodenbach fait partie de cette nombreuse série de tumulus dont la traînée s'étend en longues bandes le long des Vosges et du Jura' , couvre une partie de la Suisse, puis se retrouvent plus abondants encore sur les deux rives du Rhin , dans les provinces rhénanes , le Palatinat Bavarois , la Hesse, le Wurtemberg, la Bavière, le pays de Bade et cette petite principauté de Sigmaringen , qui a fourni à elle seule de quoi remplir tout un musée. — Ces tumulus', ces sépultures forment un tout appartenant, sinon à une même date, du moins à une même période. ^ De Hagaenau à Gonnoz Ain. - 376-^ » Or, que contiennent ces tumulus sur Tune et l'autre rive du Rhin, outre quelques rares vases de terre, analogues à celui de Rodenbach * ? De grandes et petites épées de fer, d'un type original, des colliers ou torques en bronze et en or, quel- qurfois, mais très-rarement, en fer; des bracelets en or, en bronze et en fer; des débris de boucliers à umbo d'une forme particulière, des ceintures de bronze, des rasoirs, des roues et autres débris du char àe bataille tout Tattirail, en \m mot, d'un honune de guerre. Sur l'épaule ou sur la poitrine du mort est la fibule ou épingle qui retenait son vêtement. — Les soldats et les chefs étaient, à cette époque, inhumés avec ce qu'ils avaient de plus riche. Nous [les trouvons dans la tombe tels qu'ils se présentaient à l'ennemi im jour de ba- taille. » Les auteurs anciens, Polybe, Tite-Live, Diodore, Plu- tarque nous ont décrit à plusieurs reprises les compagnons de Brennus , de Concolitanus , d' Anéroeste , les vaincus de la dé- sastreuse bataille de Telamon *. Que trouvons-nous dans ces historiens relativement aux caractères distinctifs de l'arme- ment, du costume et du mobilier gaulois ? » Les Gaulois, à l'époque où ils descendaient armés en Italie, avaient pour armes offensives , tout d'abord , la longue épée de fer, à pointe mousse, frappant de taille et non d'estoc, un peu plus tard, la petite épée ibérique à pointe aiguë; pour arme défensive, le bouclier oblong, en bois ou en cuir, à umbo de fer ou de bronze. » Les chefs, dans le principe, combattaient sur des chars. Le torques f torques d'or pour les chefs, était leur principale déco- ration , ce torques auquel Manlius Torquatus emprunta son sur- nom 360 ans avant Jésus-Christ. » La pièce principale du costume, la pièce originale, était le Sagunij espèce de grand plaid écossais non de blouse s'at- tachant sur l'épaule ou sur la poitrine et servant au besoin de bouclier ou de couverture. » La vaisselle des Gaulois , à l'époque de leurs grandes ex- péditions, était en bronze. — Polybe le dit expressément. Après la défaite des Boiens , les Romains remplirent leurs chariots de > Ou en compte cinq pour le moment entiers ou fractiounés. » 220 av. — 377 — vases de ce métal '. Ces vases figurèrent dans la marche triom- phale du Consul. » Comme signe de noblesse , une partie des Gaulois se rasait , ne portant que la moustache. » Peut-on trouver une plus entière coucordance entre les mo- numents et les textes? Tout Tattirail militaire décrit par les historiens ou figuré sur les monuments se retrouve dans nos tumulus. » Les tumulus, la majorité des tumulus de TEst, pour être plus exact, sont donc des tumulus gaulois. » J'ai ajouté qu'un grand nomhre de ces tumulus pouvaient être approximativement datés. J'ai promis de vous le prouver. » Les rites funéraires de nos ancêtres voulaient, vous le savez , que le mort emportât dans l'autre monde tout ce qu'il avait possédé de plus cher ici-bas. La femme préférée était im- molée sur la tombe du chef. On immolait aussi quelques-uns de ses serviteurs les plus fidèles. » Les Gaulois qui avaient fait les expéditions de Rome et de Delphes, ces mercenaires toujours prêts à entrer en campagne, moyennant salaire, ces fameux Gœsates^ aux colliers d'or, durent rapporter bien des dépouilles des pays lointains où ils guerroyaient. Quelques-unes de ces dépouilles furent vraisem- blablement déposées auprès d'eux dans la tombe. » Or, un vase , un bijou étrusque se distingue facilement au milieu de l'originale grossièreté de l'art gaulois. » Si nous trouvions dans les tumulus une série de vases , de bijoux étrusques , si ces bijoux , ces vases étaient du quatrième ou du troisième siècle avant notre ère les bijoux étrusques se datent facilement par le style , le problème serait résolu. » C'est ce qui est arrivé. » Nous possédons, non pas seulement un ou plusieurs tes- sons de vases comme celui de Rodenbach dont je vous ai parlé, mais tout un ensemble de bijoux et de vases en bronze du plus beau travail , tels que les pays barbares n'en ont jamais pro- duits '. » Les bracelets et la bague en or des timiulus de Rodenbach, * Tite-Uv., XXXVI, 40. Vasa œnea Gallica, av. 191. * Ce nom , dit Polybe , veut dire qui sert pour de r argent. ^ Je parle de vases recueillis dans les tumulus à épées de fer. Tome VI. 27 ~ 378 — un vase en bronze du tumulus de Durckheim donnent une idée de cet art original*. » Quand nous déclarons que ces bijoux, que ces vases sont étrusques, nous n'avons pas seulement pour nous Topinion motivée des hommes les plus compétents ; certains faits , cer- tains rapprochements parlent d'eux-mêmes. » Le vase du tumulUs de Durckheim ', par exemple, était supporté par un élégant trépied de bronze si semblable à l'un des trépieds de bronze du musée étrusque du Vatican, que les pièces de Tun s'appliquent à l'autre, et qu'ils ont servi à se compléter mutuellement *. » Le mascaron d'un autre vase , le vase de GrœckwyU, près Berne, représente la Diane ailée de Clusium, cette première ville étrusque prise et saccagée par les Gaulois en 391. Le style du vase répond parfaitement à cette date. » Vous direz donc avec moi Les populations des tumulus de la rive droite et de la rive gauche du Rhin, populations situées dans les plaines et les vallées continuant le versant nord des Alpes, comme le dit Polybe en parlant de l'habitat des populations transalpines ^ sont celles qui, au IXI' ou IV* siècle avant notre ère, ont fait trembler la Grèce et Rome. » L'intérêt de pareilles recherches ne peut vous échapper. Mais, peut-être, n'en comprenez-vous pas encore toute la portée. Les sociétés humaines, ^écrivait en 1840 notre grand hîs- » torien, Augustin Thierry, ne vivent pas uniquement dans le » présent. Il leur importe de savoir d'où elles viennent pour » qu'elles puissent voir où elles vont. D'où venons-nous, où » allons-nous? Ces deux grandes questions, le passé et l'avenir » politiques, nous préoccupent plus que jamais. » » Cette préoccupation légitime n'a certes pas diminué, elle a augmenté de nos jours. » De ces deux questions, la première est tout entière du domaine de l'archéologie. D'où venons-nous? De quels éléments divers se compose la nation française? Quelle est la nature ^ Les photographies de ces objets ont été exposées dans la salle des Confé- rences. * Durckheim près Spire. ^ Sorti également d'un tumulus. — Voir le moulage au musée de Saint- Germain. - 379 — et la part numérique de chacun de ces éléments? Voilà ce que les archéologues sont en voie de faire connaître avec certi- tude. » Veuillez jeter les yeux sur la carte de l'Europe exposée dans la salle et sur les petites cartes qui en sont la réduction '. Nous y avons marqué l'étendue géographique et la distribution des deux séries de monuments hors de France. L'intérêt de nos deux zones françaises grandit singulièrement du fait de leui* prolongement au dehors , dans le Nord et dans l'Est. » Les monuments mégalithiques teintes rouges , s'étendent, en effet, à toutes les contrées du Nord. L'Irlande, l'Angleterre, l'Ecosse, le Danemark, la Suède et les côtes méridionales de la Baltique en possèdent un grand nombre. C'est même dans le Nord, que les monuments de ce genre ont d'abord été étudiés. » Les tumulus teintes vertes, les tumulus analogues à ceux de France occupent à l'Est , mais plus au Sud , de l'autre côté du Rhin, une partie de l'antique Germanie, où n'a jamais été signalé aucun monument mégalithique. » Les deux zones hors de France, comme en France, restent donc distinctes. La civilisation des dolmens conserve l'aspect d'une civilisation des extrémités de la terre, ainsi qu'auraient dit les anciens. Extremiqice hommum Mcyi^ini Virgile. La civilisation du fer, telle que les teintes vertes la dessinent, apparaît connue un coin enfoncé au cœur de l'Europe entre la civilisation du Nord, analogue à la civilisation de l'Ouest, ou plutôt de l'extrême Ouest, et la civilisation greco-tyrrhénienne des contrées méridionales , civilisation plus complète et des- tinée à tout envahir et à tout absorber après César. » La voie des grandes invasions indo-européennes vers les contrées du Nord-Ouest nous est ainsi tracée. La voie princi- pale, la grande voie, est la vallée du Danube. » Les premiers groupes indo-européens ayant eu sur la ci- vilisation dfe la Gaule une influence sérieuse, prépondérante, générale, ne sont ni les Grecs de Marseille, ni les Etrusques d'Italie, mais les Celtes ou Galates, les Gaulois^ dont l'action débuta par une conquête, comme plus tard firent les Francs. » L'archéologie nous montre, de plus, que l'influence de ces premiers conquérants de la Gaule, venus des contrées ^ Plusieurs de ces petites cartes ont été laissées au Président de la Société. -380 — transrhénanes e tracUbus Pransrherumis » y comme disaient les Druides, s'exerça de deux manières différentes » 1* Par une prise de possession inmiédiate et entière du sol dans les contrées orientales du pays ; » 2 Par une action lente et pénétrante, si je puis dire, de leurs usages et de leurs mœurs dans les contrées de TOuest qu'ils gouvernaient sans doute, mais sans s'y être établis en grand nombre. D Devant cette invasion , la population indigène se retira de plus en plus à l'Ouest. » Nous avons quelque raison de croire que le grand déve- loppement de la civilisation mégalithique, en Gaule, coïncide avec l'époque de ce refoulement des populations à l'Ouest de la Seine et de la Loire. » Cette civilisation se développa surtout sur le bord de la mer, dans la presqu'île armoricaine, et en Vendée; puis dans les contrées montagneuses où eUe chercha son dernier refuge , en Auvergne, dans le Quercy et le Gévaudan. » Reportez-vous par la pensée au VI* ou VTP siècle avant notre ère, à l'époque où les Phocéens venaient fonder Mar* seille, vous vous trouverez en présence de deux groupes eth- niques distincts, différents de mœurs et d'origine les vain- queurs et les vaincus des populations armées et exclusivement militaires , d'un côté ; des populations agricoles et pastorales de l'autre. » Quels ont été, pendant cinq siècles, les rapports de ces po- pulations entre elles? Nous l'ignorons. Nous savons seulement qu'à l'époque de César la fusion s'était faite politiquement entre ces deux éléments si opposés sous l'action combinée des chefs militaires, les Equités y et des chefs religieux, les Druides. Mais les conséquences de la conquête se faisaient encore dure- ment sentir. Los Equités et les Druides comptaient seuls dans l'État. Le reste de la nation était dans une condition voisine de l'esclavage. Plebs pœne servorum habetur loco; expressions de César, bien éloquentes dans leur concision et dont vous devez mieux comprendre maintenant la valeur. » Cette fusion relativement rapide d'éléments ethniques ori- ginairement ennemis ne doit pas vous étonner. L'histoire montre que ce n'est pas là un fait isolé. Il ne s'est pas passé autre chose après la conquête franque. — 381 — » Ouvrez Augustin Thierry *. Lorsque le mélange des différentes races d'hommes que » les invasions * avaient mis en présence sur le sol de la Gaule » fut accompli et eut formé de nouveaux peuples et des idiomes » nouveaux, lorsqu'il y eut un royaume de France et une » nation française, quelle idée cette nation se fit-elle d'abord » de son origine? Si Von se place au Xlt siècle six ou sept » siècles après les invasions , et qu'on interroge la littérature » de cette époque, on verra que toute tradition de la diversité » des éléments nationaux, de la distinction primitive des » conquérants et des vaincus , des Francs et des Gallo-romains » avait alors disparu. » » On ne s'étonnera donc pas que six ou sept siècles après l'invasion gauloise ^ lorsque César entra en Gaule, le même phénomène de fusion des races se fût produit, et que pour re- trouver les deux éléments primitifs dont nous venons de parler, il ait été nécessaire que l'archéologie vînt au secours de l'his- toire. » Nous savons, maintenant, qu'antérieurement à l'époque où les historiens grecs et latins s'occupèrent de nos pères, deux races étaient déjà fondues dans l'unité apparente de la nationalité gauloise. Il y avait déjà en Gaule des vainqueurs et des vaincus, des seigneurs et des serfs, des oppresseurs et des opprimés. Th Les seigneurs étaient alors les Gaulois; le peuple asservi n'avait pas de nom. Il est resté innommé. L'alliance habilement combinée de l'aristocratie militaire et des Druides maintenait cet état de choses consacré par le temps et la religion. » Le principal effet de la conquête romaine fut d'abattre et de détruire la puissance de cette aristocratie gauloise , de ruiner et de disperser les collèges des Druides. » Le peuple, cette vieille race indigène, à demi-esclave, servœ*u/m loco, ce peuple qui labourait et exerçait tous les métiers au profit de ses maîtres put, enfin, respirer, et sous l'équitable protection des lois romaines, avoir sa place au soleil. » Voilà pourquoi la Gaule se soumit si facilement. * Considérations sur rhistoire de France , p. 312. * Invasion du V» siècle après — 382 - » Un effectif de quatre ou cinq légions permanentes, c*est-à- dire de quelques milliers de légionnaires, et encore presque tous campés sur le Rhin et en grande partie recrutés dans le pays même, suffirent, pendant trois siècles, à maintenir la tran- quillité et à étouffer les révoltes. » Cette grande révolution sociale du commencement de notre ère, l'archéologie commence à en retrouver, aujourd'hui, les traces sensibles. C'est un nouveau service qu'elle rendra à rhistoire. En sortant des salles gauloises, au musée de Saint-Germain, salle des tumulus , salle des cimetières pré-romains , remplis d'armes de toutes sortes, d'épées, de lances, de boucliers brisés, de casques, de débris de chars de combat, témoins irrécusables de la vie militaire et agitée des Gaulois au temps de l'indépendance; après avoir traversé la saUe des Légions ro- maines, gardiennes des frontières, nous entrons dans des salles d'un aspect tout différent et plus paisible. » Nous sommes en présence d'autels, d'ex-voto, mais sur- tout de stèles funéraires élevées en mémoire des citoyens habi- tant les villes fondées sous la protection des Empereurs Lug- dunum Lyon , Augustodunum Autun, Augusta Suessionum Soissons, Augusta Trevirorum Trêves, Augustonemetum Clermont, Augustum Aoste, Augustoritum Limoges, Cœsarodunum Tours, Coesaromagus Bcauvais, Colonia Augusta Cologne, Juliomagus Angers, et toutes celles que je ne nonune pas et qui furent ou fondées ou restaurées sous la même influence, Aventicum Avenches, Burdigala Bor- deaux, Durocortorum Reims, Agedincum Sens, Autossio- dunun Auxerre, Andematunum Langres, Genabum Or- léans, Rotomagus Rouen, etc. » Que rappellent ces monuments élevés par la piété fiUale ou la reconnaissance des cités? Le Cursus honorum du mort comme à Rome? Non pas, mais que celui-ci faisait le commerce sur la Saône Nauta Araricus, qu'un autre était marchand de lard, Négocia tor lardarius il élevait probablement des porcs ; celui-là tient les comestibles, Negociator artis m J'avais donc découvert dans Saulnières absolument tout ce que l'on peut trouver , épées, poignards , couteaux , francisques, framées, ornements, ceintures. Je viens de rencontrer ce bou- clier qui prouve un chef important, le commandant d'un peuple sur cette terre si anciennement habitée ce chef, ce peuple, ces hommes sont venus là parce qu'il y en avait eu d'autres avant eux. » Sur la rive gauche de la Biaise et toujours en face des trou- vailles franques et mérovingiennes, on rencontre toujours des débris gaulois et romains, des cimetières Gallo-Romains; à Fon- taine dans les jai'dins de M. Stirck, en face de Saint- Victor où. eurent lieu nos premières trouvailles signalées en 1874, au — 407 — chemin de MorvUlette, en face du clocher de Sauhiières; à Aunay-sous-Crécy en face de la butte de Crécy ; à Tréon en face de Fortille, des découvertes ont été faites sans recherches préa- lables et tous les objets découverts ont été constatés, reconnus authentiques. » 1 Dans les jardins de M. Stirck , j*ai vu des ouvriers ter- rassiers raccommoder leurs pioches avec des fers de lances ro- maines de la plus belle époque. » 2 A Saulnières, chemin de Morvillette, des débris de sé- pultures se montrent encore aux yeux de tous les passants. 9 3o Au Bois-des- Aises, dans les pièces de terre de la ferme, on ti*ouve à chaque instant des briques romaines, des mé- dailles romaines et d'autres curiosités. » 4 En face de la gare d' Aunay-sous-Crécy , dans le petit bois qu'on appelle les Vieux-Murs , j'ai vu des squelettes en grande quantité et j'ai trouvé là une médaille de Constantin, des petits objets de bronze et une pierre celtique en serpentine. » 5 A Tréon, sur la place des Friches, on a trouvé un musée complet d'armures, d'ornements, de bijoux et de médailles gallo-romaines que M. Ad. de Riancey vous livrera un jour. Les médailles ont été reconnues de Valentinien 111. » En attendant qu'on donne à votre Musée ces intéressants débris, je vous invile, Messieurs, à venir visiter tout ce qui a été trouvé , qui est déposé dans une montre spéciale de la mai- son de Tréon. » Plusieurs membres protestent contre l'interprétation donnée par M. Haret à l'objet déposé par lui sur le bureau, et qu'il sup- pose être un fragment de bouclier mérovingien. — Des remer- ciements sont adressés à ce zélé coopérateur par M. le Président, qui ajoute qu'on examinera attentivement les objets déposés , pour en rendre compte. Lecture d'une note de M. P. Durand sur une restauration du clocher vieux de la cathédrale de Chartres, eu l'an 1681. L'assemblée constate avec regret que cet intéressant travail ayant déjà été imprimé ne pourra pas être reproduit dans nos Bulletins. Toutefois elle s'empresse de voter des remerciements à l'adresse de l'honorable Vice-Président, M. P. Durand. Lecture d'une pièce de vers de M. Joliet, intitulée Û Ex- press » , et dédiée à son neveu, M. Natalis Bell, ingénieur. — 408 — L*EXPRESS. A mon neveu Natalis Bell» ingénieur. La vie est un train ordinaire Sans arrêt, le jour et la nuit Dans un voyage circulaire Nous allons où Dieu nous conduit. Les voyageurs de toute classe, Jeunes ou vieux , sur le parcours , Sans choisir ni payer leur place, Montent, et le train va toujours. Tous montent sans jamais descendre. Pas de faculté de séjour. Pas de gare où Ton puisse attendre, Et pas de billets de retour. A travers les monts et les plaines Le temps emporte ainsi nos jours. Gomme nos illusions vaines Et nos fugitives amours. Nous allons où va toute chose; Pourquoi se plaindre ou s*efftayer, Si le conducteur nous dépose Sur la route sans dérayer ? Nous arrivons par trains rapides A la. dernière station , Dont rindicateur et les Guides Ne disent Theure ni le nom. Des voies du ciel et de la terre Le point de bifurcation ; Entre Pesprit et la matière Divorce ou séparation , Là sans provision de bouche. Sans argent et sans passeport. - 409 - EBt la grande auberge où Ton couche, Mais saYons-DOus si Ton y dort? On dort, mais peut-être Ton rêve, Par le cauchemar oppressés Plongeons-nous sans fin où s'achève Le songe qui nous a bercés? Au sein des célestes phalanges, Aux portes du sacré parvis , Allons-nous sur Taile des anges Ou portés aux bras des Houris ? Si nous cherchons la délivrance En jetant à bas le fardeau De la vie , adieu Pespérance Qui gtt dans la nuit du tombeau. Goûterons-nous le bien suprême Dans les vallons de Josaphat, Où Pabsorption de soi-même Dans le grand tout avec Bouddah ? A sa prison quand Pâme échappe Dans les cieux que Flammarion A peuplés , d'étape en étape, De station en station, Cherchant Fespace et la lumière, faction et le mouvement, S*épurant comme la matière , Yoyage-t-elle au firmament ? Sur les tables, dans les armoires , Des grands morts évoquant les noms , Vient-elle dicter ses mémoires , Ombre de ceux que nous aimons ? Grâce aux reporters infidèles Les revenants dans leurs écrits , Ne content que sottes nouvelles Nous ne croyons plus aux esprits. Le corps, cette pauvre guenille, Avec soin nous le rapiéçons — 410 — Quand nous voyageons eu famille Nous tremblons pour nos chers wagons. Pendant que le convoi chemine y un cherche Phorizon lointain ; Dans le& beaux yeux de sa voisine, Un autre Thorizon prochain» On dort, on cause, on chante, on aime, L'amour embellit le trajet Fait passer le temps , et lui-même , Dieu mortel , déjeûne au buffet. La vie ici-bas a ses charmes Gomme ses devoirs on a peur Au signal du sifflet d'alarmes , Au cri strident de la vapeur. A ces perspectives sublimes Qu'on admire au sommet des monts , La foi mène sur les abîmes , La science y construit des ponts. Gomme substances explosibles Nous prohibons sur le convoi , Ces deux forces incompressibles , Hier la raison, demain la foi. Ce sont les deux locomotives Qui pourraient parfois dérailler; Mais sur les machines rétives S'étend le bras du cantonnier. Nous appelons dans les sinistres Le chauffeur ou le serre-frein , Et nous accusons les ministres Sans trop penser au chef du train. Le chef du train , qui dans l'espace Des soleils traça le chemin , Mesure le temps et la place Comme l'eau , la terre et le pain. Il attend au débarcadère D'oïl personne n'est revenu — 41! - Celui qui passe la frontière Du grand pays de Tinconnu. S*il est aux billets qu^il délivre Un itinéraire au verso, Bon pour la ligne de revivre , On y voyage incognito. L*ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à cinq heures. OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Ch€Uon- sur-Saône y tome VI , 3* partie. Envoi de la Société. Le Département de l'Eure à l' Exposition u/niverselle de 1878, par Jules Portier. Don de Fauteur. BiUletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest y 2* trimestre 1879. Envoi de la Société. V Enseignement primaire doit - il être gratuit ? obligatoire ? par Armand Vassort, 1878. Don de l'auteur. Hailagra Ma/rma Sogur^voX. 1 et 2. Christiania, 1877. Rune i/ndskriflen paa ringen i Forsa kimke afsophus Bugge, Christiania, 1877. Norske oldsager i fremmede musur of ingvald xmdset, Kristiania, 1878. Bulletin de la Société archéologique du VendômoiSy t. XVIII , 3* trimestre 1879. Envoi de la Société. Mémoires de l'Acadén^ie de Stanislas y 129* année, 4" série, tome II. Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la CorrèzCy tome P% 4* livraison. Brive, 1879. Envoi de la Société. Minerai map cmd gênerai statistics of New-South-Wales Aus- tralia. Sydney, 1876. — 412 — SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1879. Présidence de H. DE SAiMT-LAiniER. — H. Het-Gadbert , secrétaire. La séance est ouverte à trois heures un quart. Etaient présents MH. de Saint -Laumer, abbé Olivier, P. Durand, Met-Gaubert, Balandra, Barois, deBertheville, Bellier de la Chavignerie, Besselle, Bonnard, Buisson, Escoffier, abbé Hénault, Hue, Lecocq, abbé Pardos, Passard, Ricour. Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté; les conclusions, en ce qui concerne le travail de M. Tabbé Haret, sont combattues par M. Lecocq. M. P. Durand est désigné pour présenter un rapport sur le travail de M. le curé de Crécy. Publications américaines proposition d'échange avec TAmé- rique,en se bornant à une seule Société. Après délibération, il est décidé qu'on enverra seulement les Mémoires. Des remerciements particuliers sont adressés à M. Thuot pour une notice qu'il a composée sur quelques restes d'^ifices romains trouvés dans le rempart vitrifié du Puy-de-Gaudy Creuse. Mêmes remerciements à M. A. Heurtault qui abandonne à la Société une brochure intitulée les Brailles » , poème en patois Messin. La parole est donnée à M. le Trésorier qui expose l'état finan- cier de la Société. RECETTES. Recettes ordina/i/res. Rentes sur l'État 3 Vo llf Huit obligations Ouest j Cotisations 280 à 10 fr 2,800 — 50à 5fr 250 > Vente de bulletins 200 % — de diplômes 10 » Total des recettes ordinaires. ... 3,471 » -413 — Recettes extraordinaires Subvention du Ministère de llnstruction pu- blique mémoire. DÉPENSES. Dépenses ordmaires Procès-verbaux et Mémoires Frais de recouvrement des cotisations exté- rieures 2,000fr. ic. 150 Traitement de Tappariteur Gravures 250 400 Fouilles et dépenses imprévues Séance générale du mois de mai Reliures 200 200 . 150 > Abonnements Frais de concours pour les instituteurs . • . 120 > 150 » Total des dépenses ordinaires . . . 3,620 . Dépenses extraordmaires Publication d'un ouvrage d'archéologie. Le budget est approuvé ; suivent quelques observations com- plémentaires Il est décidé que la répartition des quittances aura lieu sous forme de bons envoyés par la poste, après avis préalable. Âura-t-on recours à la poste pour les cotisations? L'assemblée, consultée, répond affirmativement. Des lettres seraient en- voyées par le Trésorier pour opérer ces recouvrements. Proposition de M. Lecocq ayant pour but d*acheter les publi- cations des Sociétés qui nous environnent. L'assemblée, après délibération, vote un crédit de 100 francs pour Tacquisition des publications des pays limitrophes. Discussion à propos de l'abonnement à la Revue des Deux Mondes ; cet abonnement est maintenu. Suit une demande de nouvelles médailles d'argent, notre - 414 — contingent étant épuisé, il est arrêté que la Société acquerra une douzaine de médailles. Lecture par le Secrétaire d'une notice biographique qu*il a composée sur notre confrère décédé, M. Edouard Lefèvre, ancien chef de division à la Préfecture. a Messieurs et ghebs Collaborateurs, » La Société Archéologique d'Eure-et-Loir vient de perdre un de ses membres les plus méritants, un de nos confrères les plus dévoués. » Après avoir compulsé d'une main pieuse et amie trois vo- lumes manuscrits intitulés Mes Souvenirs » , j'ai cru qu'il était de mon devoir de vous offrir une courte notice nécrolo- gique, comme hommage d'estime rendu à l'homme public et à l'homme considéré dans sa vie privée. 3 Pierre-Edouard- Alexandre Lefèvre est né à Chartres , le 6 septembre 1807, au sein d'une très-honorable famille de la cité. » Après avoir fait de sérieuses études classiques et théolo- giques, il entre, comme professeur, dans diverses institutions libres de Chartres. Son talent dans l'art mtodeste mais si utile de la calligraphie, dénotait en lui des aptitudes spéciales. La réputation de M. Lefèvre s'accroît; il a de nombreuses leçons en ville, et bientôt M. l'abbé Calluet, principal de notre vieux collège, s'approprie ce talent; il fait entrer, comme professeur, le savant calligraphe dans l'étabhssement universitaire. Dans le cours de cette profession , le jeune Lefèvre ne mérite que des éloges. » Mais la voix du patriotisme l'appelait ailleurs; de 1830 à 1838, Edouard Lefèvre sert l'Etat, et d'engagé volontaire, titre par lequel il débute, on le voit arriver au grade de sergent- major du centre. Ses étapes militaires sont Clermont-Fer- rand, Rochefort, La Rochelle, Orléans, Paris, Saint -Cloud, Soissons, Boulogne-sur-Mer, Béthune, Saint-Omer, lille, Va- lenciennes, Toul, Phalsbourg et Bitche. Le 15 septembre 1838, il est Ubéré du service miUtaire ; c'est en souvenir de cette car- rière si honorablement remplie que ses concitoyens l'appellent plus tard au grade de capitaine de la garde nationale de — 415 - Chartres, dont le colonel était alors Téminent avocat, M. Dou- blet de Boisthibault. » Bientôt Lefèvre conquiert , dans la vie civile , d'autres titres à Testime publique. » De simple commis à la Préfecture, il arrive à la position laborieuse de chef de division, et là, comme partout ailleurs, c'est, au dire de tous ceux qui l'ont connu, un modèle d'acti- vité, de prudence et de courtoisie. » Les titres honorifiques viennent le chercher. En voulez- vous la preuve? Son érudition de bon aloi le fait nommer membre correspondant de l'Institut historique à Paris , de dif- férentes Sociétés savantes d'Archéologie, de plusieurs Commis- sions relatives à Tinstruction secondaire et primaire. Le secré- tariat de notre chère Société le fait instituer titulaire pendant quelque temps. Qui de vous ne connaît le rédacteur de YAnr rmaire d'Eure-et-Loir, et l'auteur du Dictionnaire géographique des communes et hameaux du même pays ? ]> Telles sont, en résumé, les solides quaUtés de l'homme public. Si je ne craignais de troubler l'ombre de notre cher et modeste défunt, combien je m'estimerais heureux d'avoir à vous le montrer avec ses aimables qualités d'homme privé I Doué d'un caractère charmant , il était poète à ses heures et s'abandonnait, à l'occasion, aux douceurs d'une muse pleine de bon sens. La malice gauloise s'emparait de lui en temps opportun , et il possédait , nous l'avons vu à l'œuvre plus d'une fois, une perspicacité vraiment curieuse dans l'art d'étudier et de connaître la physionomie. Ses appréciations avaient alors la justesse d'un diagnostic médical. C'était de la finesse d'esprit toujours soutenue par une charité toute chrétienne. » Terminons , Messieurs , en mentionnant l'affabilité de son caractère, ses prévenances , sa bonté de cœur. N'oublions ja- mais surtout que s'il a été excellent époux, père aimant, ami fidèle, il a attaché à sa couronne un autre fleuron, c'est sa vie de sacrifice, de dévouement en faveur de sa chère famille. Celle-ci a vu, récenmient, au sein d'une cérémonie funèbre toujours pénible, sans doute, mais dans laquelle on sait trouver de fortifiantes consolations , les marques non équivoques d'es- time générale pour Edouard Lefèvre , regretté de tous ceux qui l'ont aimé et connu. » C'est le plus beau témoignage qu'on puisse rendre à — 416 — rhomme public et privé. Notre confrère a passé, au milieu de cette vallée de larmes, en opérant le bien. C'est la plus glorieuse épitapbe à mettre sur sa tombe, en y ajoutant ces simples mots qui valent mieux que toutes les grandeurs de la terre c n a fait honneur à la Patrie, à la famille et à la Société. » Lecture de deux pièces de vers de MM. Bourdel Ode à sainte Cécile y et Lequien Emile Une Fête des Filibres et des Ciga^ liens^ à Scea/ux. A SAINTE CÉCILE. Fille du ciel, ô divine harmonie, Heureuse amante des concerts, Tout proclame ici-bas ta puissance infinie , C'est toi qui mUnspires ces vers ! Aux jours des fêtes solennelles , Dans le temple où brûle Tencens , Tu prêtes aux chants des fidèles Le charme des plus doux accents ; Et si Torgue, à la voix puissante. Sous la voûte retentissante Roule ses flots harmonieux, L'âme alors, oubUant la terre, Sur les ailes de la prière S'envole avec toi vers les cieux ! Lorsqu'au bruit de l'airain qui tonne Tu joins tes magiques accords, Le fougueux enfant de Bellone Ressent de sublimes transports. Guidé par ta voix , il s'élance , Son bras meurtrier le devance Et s'ouvre un passage sanglant ; Ou, quand dans la lutte il succombe, n descend joyeux dans la tombe Si la victoire est dans ton chant. L'amour léger, dans ton langage. Peint l'inconstance et ses plaisirs ; Mais s'il implore un doux servage Sa voix emprunte tes soupirs. Grâce à toi , les seuls mots je t'aime ! Consacrés par ce Dieu lui-même , Deviennent un philtre enchanteur, - 417 — Bt le cœur de la plus cruelle Dans ramant qui chante pour elle Reconnaît bientôt un vainqueur. Donnant une âme fraternelle A ceux qui vivent sous tes lois, L'amitié te sourit c^est elle Qui te fête ici par ma voix. Imitons un si doux exemple ; Que ce lieu devienne ton temple D'où s'élève un concert divin ; Vantons les plaisirs de la table. Ton chant n'est jamais plus aimable Qu'au dessert d'un joyeux festin. SOUVBNIR DES FÊTES DE FLORIAN, A SCEAUX, 4 ET 5 OCTOBRE 1879. SONNET DÉDIÉ ADX FÉUBRES ET CIGALIENS. Si j'étais du pays où règne la cigale , Fauvette ou rossignol, alouette ou pinson, rirais, quittant sans bruit la table conjugale. Avec les Gigaliens me mettre à l'unisson. Chez eux, tout disparaît la soif et la fringale ; La Muse y voit sans cesse éclore un nourrisson , Moi-même y chanterais d'une âme sans égale Et paierais mon écot d'une fière chanson Ainsi pleurait hier une simple fauvette , Quand un grillon Du Parc ût taire la pauvrette Les cigales chantaient le grillon chuchotait Et, durant le concert, attentive et muette, Elle ne retrouva ni muse ni musette Les rossignols chantaient la fauvette écoutait. Emile Lequien, Ancien élère du GoUége de Chartres. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à quatre heures trois quarts ; la prochaine réunion est fixée au jeudi 15 janvier 1880. Tome VI. 30 — 418 — OBJETS OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. Bulletin de la Société d'Emulation de l'Allier, tome XV, 4 livraison. Moulins, 1879. Envoi de la Société. Bulletin de la Société Archéologique de l'Orléanais y tome VII, no 100, 1 trimestre, 1879. Envoi de la Société. Journal des Savants, octobre 1879. Romcmiaj n 32, octobre 1879. Bulletin de la Société des Antiquaires de V Ouest, 3* trimestre, 1879. Envoi de la Société. Annual report oftheBoard of régents of the Smithsonia/n ins- titution for the year 1877. Wasington, 1878. Central Ohio scientific association, vol. 1 , Part. 1. Notice sur quelques restes d'édifices romains trouvés dans le rempart vitrifia du Puy-de-Gaudy, par M. Thuot. Guéret, 1879. Don deTauteur. FIN DU TOME VI. TABLE DES SÉANCES, Séance du 6 février 1876 \ Séance du 3 février 1876 5 UneExmrsûmaudmetièredeSaulfUèreSfpaiM, Legogq. 5 ÉtudeswduLarens, .... 9 Séance du 2 mars 1876 16 Découvertes archéologiques à Saulnières , par M. Haret . 1 8 — par M. F. de Mélt . 24 Chronique scientifique, ^eii M. Girouard 30 Séance du 6 avril 1876 33 Séance du 4 mai 1876 41 Emploi despâtes alimentaires au fucus, par M. GmouARD. 42 SaintrVincent-de-Paul, poésie par M. Touche. ... 44 La Soeur de charité, poésie par M. Touche 46 Séance publique du iw juin 1876 47 Séance du 8 juin 1876 53 Séance publique du 25 juin 1876 , à Anet 57 La Mémoire du coeur, poésie par M. Bourbel ... 70 Étude sur Diane de Poitiers, par M. Dubreuil ... 72 Sculptures du château de Sorel, par M. Fortin ... 83 Le coin du feu, poésie par M. Le Goux . . . - . 87 Séance du 6 juillet 1876 93 Causerie sur la recherche des vieux livres, par M. Bré- VHiLB 93 V Enfant qui prie, poésie par M. Touche 98 — 420 — Séance du \0 août 1876 101 Le Curé, poésie par M. Touche 103 Séance du 9 novembre 1876 105 Découvertes archéologiques à Saulnières, par M. Harbt. 106 Séance du 7 décembre 1876 113 Zodiaques de la Cathédrale de Chartres , par M. Lecocq . 116 Poésies de Vahbé Boucher, par M. Lecocq 118 Rapport sur l'Exposition de Philadelphie , par M. Lorin . 120 Séance du 4 janvier 1877 132 Séance du 8 février 4877 134 Séance du i" mars 1877 137 Séance du 12 avril! 877 139 Fondations de la Cathédrale, par M. Lecocq .... 141 La peinture sur ven^e en génial, par M. Loam. . . 142 Le verre incassable, par M. Heurtault 165 Séance du 3 mai 4877 167 Séance publique du 44 juin 1877 186 Séance publique du i»»* juillet 1877, à Illiers 178 Les Jfoissows , poésie par M. Le Goux 184 Monuments celtiques du département, par M. Marquis. 190 Séance générale du 5 juillet 4877 197 Séance du 2 août 1877 201 Statistique d*Eure-ei-Lair, poésie par M. Jolibt ... 202 Séance du 9 novembre 1877 211 La Retraite au point de vus philosophique, poésie par M. BOURDEL 212 Séance du 6 décembre 1877 216 Séance du 10 janvier 1878 218 La Neige et l'Ange de l'Espérance, poésie par M. Mbt- Gaubert 219 Séance du 7 février 1878 221 Souterrain de Saulnières, par M. Harjbt 224 Note sur le Prieuré de Gassicourt , par M. Benoit , . 230 La douleur d'un jeune Fiancé, poésie par M. Mbt- Gaubert . . 231 — 421 — Séance du 7 mars 1878 433 La maison de Collinrd^HarleviUe à Mévoisins, poésie par M. Le Goux 235 Séance du 4avril 1878 438 Découvertes archéologiques à Marboué, par M. Lbgocq* 241 Séance du 2 mai 1878 245 Un Squelette mystérieux, par M. Legocq 251 Pour un album de jeune Fille , poésie par M. Boitbdbl. 254 Séance publique du 6 juin 1878 255 A une jeune mariée quittant sa famille , poésie par M. BOURDKL . 260 Les laines de V abbaye de Coulombs , poésie par M. Le Goux 202 Séance du 4 juillet 1878 269 Ma cinquantaine, poésie par M. Jouet 271 Asi^emblée de la Noblesse à Dreux j le 21 juillet 1652, par M. Job 279 Séance du 8 août 1878 285 Biographie de Simon de Phares, par M. Merlet. . . 286 Un Ange de la terre , poésie par M. Met-Gaubert . . 293 Séance du 7 novembre 1878 294 Notice sur Véctiture cunéiforme , par M. Harreau . . 295 L'Exposition universelle, poésie par M. Met-Gaubert. 301 Séance du 5 décembre 1878 304 Séance du 9 janvier 1879 307 Rêverie sur un berceau, poésie par M. Met-Gaubert . 308 Séance du 6 février 1879 310 La Prière, poésie par M. l'abbé Cintrât 314 Séance du 6 mars 4879 318 Le poème l* Oison, pax M. GiLLkRD 319 Verglas des 22, 23 et 2i janvier 1879, par M. Piébourg. 321 La peinture sur verre au Moyen- Age, par M. Lorin. . 324 Séance du 3 avril 1879 . . 337 Notice sur un verre de Venise , par M. Haret. ... 339 La Lyre et le Marteau , poésie par M. Met-Gaubert . 342 - 422 - Séance du le' mai 1879. 343 La peinture sur verre dans les temps modernes , par M. LoRiN 345 Séance publique du 15 mai 1879 355 Étude géographique sur le Gabon, par M. Met-Gaubert . 361 De la valeur des Documents archéologiques , par M. AI. Bertrand * 306 Séance du 5 juin 1879 384 Le Sottvmr, poésie par M. Tabbé CmTRAT .... 385 Séance du 3 juillet 1879 388 Séance du 7 août 1879 *. . . 391 La Science , poésie par M. Jolibt 393 La Mort d^une Orpheline, poésie par M. Bourdbl . . 401 Séance dn 6 novembre 1879 403 L'JSoî^ess , poésie par M. JoLiET 408 Séance du 18 décembre 1879 412 *Alex.. Sa mort, p. 133. Thibault M. , envoie fies mémoi- res, p. 105, 295; — récompensé par la Société, p. 175, 313. Thuot M., fait un don, p. 412. Tissandier M. Gaston, fait une conférepce, p. 51. Touche M., envoie des pièces devers, p. 44, 98, 103, 138; — fait un don , p. 2. De Trémault M., fait des lectures, p. 133, 135. Trubert M., récompensé par la Société, p. 39. Verglas de 1879, p. 321. Verre de Venise, p. 338, 389. Verre incassable , p. 165. ViLBERT M. Fabbé, foît une lec- ture, p. 83. ViNOTAiN M.. Sa mort, p. 385. w WherlèM. , membre de la Commission de publication, p. 212. Tenrille , p. 29. Tmonville,p. 245. FIN DE LA TABLE. vHorairesd’ouverture camsp chd les oudairies la roche sur yon à proximité de brie comte robert. Trouvez votre meilleur camsp chd les oudairies la roche sur yon à brie comte robert photos du quartier, plan d’accès, avis et infos pratiques en france. Toggle navigation. 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file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 22 octobre 2012 0905 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonjour à tousbisou Odette....Pour celles qui passeront...bisou Aujourd'hui une ballade dans la Manche...Barneville-Cartelet..Barneville -carteret est une commune françaisesituée sur la Côte des Isles dans le déparetmentde la Manche et la région Basse-Normandie...Elle résulte de la fusion en 1965 des deux stationsbalnéaires de Barneville-sur-Mer et de Carteret dontle port offre des liaisons maritimes vers les îlesAnglo-normande...Vers le début du siècle dernier 1912.....proche de Barneville.....Ses 2282 habitants sont des Barnevillais et desCarteretais...Le Cap de Carteret est situé à l'extrémité du Massif armoricain..de Barneville à St-Jean-de-la-Rivière,le littoral estbordé de cordons dunaires et de marais arrière-lttorauxla commune est bordé par la mer...la construction du portau XIXè siècle s'est accompagnée du détournement de la Gerfleur ,donc l'embouchure se situait au niveaude l'actuelle sortie du port...Vers 1910/20....proche de Barneville....La commune est sous un climat tempéré océanique...Sa proximité avec la mer entraine un taux d'humiditéimportant 84% et un vent marin fort,soufflantrégulièrement en tempête...Idemil y a d'importantes variations saisonnières detempérature faibles et rare jour de gel,l'effetconjugué du vent et des marées engendre des changements climatiques rapides dans une journée le soleil et la pluie pouvant se succéder àquelques heures d'intervalle...vers les années 1915/20.....les belles villas...Bonne Matinée...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 22 octobre 2012 0905 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue...la ballade..Vers 1915/20..Comme l'indique la carte..1927..Vers 1910...Vers 1920/25....vers 1915/20.....bonne matinée..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 22 octobre 2012 0906 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continueUne célébrité connue par de nombreuxFrançais dans les années 1972/90..Jeanne Marie le Calicé née le 9/11/1893..dans le Morbihan épouse à 17ans Yves marie Deniset s'installe en Normandie ..Jeanne Marie le Calicé ..jeune...D'abord garde-barrière durant 27ans...Elle a 5 enfants donc les 2 premiers sont morts en bas âge Marcel,HélèneGermaine,Yves et Robert...Elle divorce...de 1943 à 1963 elle estlavandière à Gerfleur...A 79ans,son voisin et ami publicitaire la propose aux ménagers de la marque Vedetteune machine à laver le linge..ainsi sort la1è campagne "La Mère Denis" dès 1972...lavandière....vers les années 1950/60...cette femme aux bonnes joues rouges....sonagréable sourire et ses fameux " ça,c'est ben vrai,ça"en 1983...80% des Français connaissent " La Mère Denis"La célèbre pub "Mère Denis"..Le 17 janv 1989...la célèbre "Mère Denis" meurt dansle Calvados à 95ans...faisant la une des journaux...Sa tombe dans le Calvados....Bonne matinée..bisou à + Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 22 octobre 2012 1123 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 coucou toutes et tousTina merci pour "mère Denis" j'adorais cette pub quand j'étais petite elle était une très belle jeune femme et les belles photos d'antanClaire, de la pluie que hier matin de 7h à 8h30 environ et une bruine en fin de matinée et puis plus rien, c'est gris et doux Chantal merci aussi pour ces baladestous les hommes sont partis il n'y a plus que les filles icibonne journéepoutous Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 22 octobre 2012 2239 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonsoir à tousLe "titi" de Paris....Béa bisou ....la "Mère Denis" avait une bonne figurede "mamy"....agréable à voir...Claire bisou ...du soleil....au milieu de l'après-midi...Bonne nuit..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mardi 23 octobre 2012 0303 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 bonsoir à toutes et à tous,Trop tard pour laisser de longs les cartes anciennes et la mère Denis était une femme tellement belle quand elle était jeune!!!bisou à toutes,Claire Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mardi 23 octobre 2012 0903 Inscrit le 08/10/2007Messages 6 135 Joli rosier grimpantBonjour à toutes et à tousCLAIRE quand dormez-vous ? Vous vous couchez à des heures bien ne tiendrais pas le journée à tous ,un peu de brouillard ce matin mais beau l'aprembisou bisou odette Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le mardi 23 octobre 2012 1057 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 petite histoire sur ToulouseTOULOUSEHISTOIREToulouse est une grande ville française du sud ouest, la quatrième du pays en population. C'était déja au moyen age une des plus grandes villes d' cela elle avait été la capitale d'un royaume barbare s'étendant du sud de la Loire à l'Andalousie. Ce royaume gothiqueWisigoths, curieusement nos livres d'école lesituent au delà des moyen age c'est la capitale des comtes de Toulouse dont la suzeraineté s'étend jusqu'au beau comté excite les convoitises des seigneurs prennent prétexte de combattre l'hérésie cathare pour en faire la conquête. C'est la "croisade" des albigeois, avec ses massacres et ses buchers, qui laissera dans toute le pays d'Oc une blessure pas encore totalement COSTUMESIci comme ailleurs le folklore se sert d'un seul costume pour représenter la région. Le musée de Toulouse renferme quelques costumes du XIX° sièclemais le folklore a retenu celui la marchande industrie, qui a pourtant durée bien moins longtemps que celle du pastel, est emblématique de la ville comme la couleur rose des briques de ses de la marchande de violettesDes groupes folkloriques comme le Poutou de Toulouse ont adopté ce costume- Chapeau de paille resserré devant par un large ruban noir- Coiffe blanche avec de la dentelle- Chemisier blanc à manche longues- Corselet noir brodé de violettes- Mitaines ou gants blancs- Petit tablier noir brodé de violettes- Jupe violette avec 2 bandes de velours noir dans le bas- Jupon blanc à dentelle- Pantalon blanc à dentelle- Chaussettes blanches- Chaussures noirespoutous Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mardi 23 octobre 2012 2045 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonsoir à tous... bisou Odette....Chantal bisou ....encore beaucoup de verdure..c'est beau l'endroit..Béa bisou ....ils sont beaux les costumes..Claire bisou ...le vent à nouveau..une petite ballade à ...Montaigu...Montaigu et ses alentours...Montaigu est une commune française du départementde la Vendée et la région Pays de la Loire..1910/15...La ville de Montaigu compte 5008 habitants en 2009et habitants dans son aire urbaine en 2010..les habitants s'appellent les Montaculains...Vers 1910..Situé aux confins des anciennes marches du Poitouà l'extrémité nord-est de la Vendée à égale distancedes villes Nantes,Cholet, et la Roche-sur-Yon ..Montaigu a été de tout temps un carrefour entre laBretagne et le Poitou...vers 1920...depuis la Révolution française de 1789 jusqu'aumilieu du XIXè siècle ,Montaigu a été ...sous-préfecture...Bonne soirée..à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mardi 23 octobre 2012 2104 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Ben,tant pis...je n'ai pas pensé ..que Mélo bisou passerait...si tard..on continue..Vers 1902/1908...Idem..idem...au début du siècle dernier..vers 1920....vers 1920/30..bonne nuit...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mercredi 24 octobre 2012 0100 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutes et à tous,Odette,De bien belles fleurs. Hélas, j'avoue que je ne suis pas raisonnable. Je me laisse emporter par des recherches et, ensuite ,je me rends compte que je ne suis pas passée pour les faut que j'aille me coucher plus bien belle vue ensoleillée de la forêt en automne comme les deux jours que nous avons lis avec intérêt vos petits résumés. J'aime bien la sonorité du mot poutou, c'est savoure chacune de tes anciennes cartes jolie animation.bisou Claire Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mercredi 24 octobre 2012 1007 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Personne ce matin... ben,tant pis....A tout à l'heure...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mercredi 24 octobre 2012 1346 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Toujours personne.... Une petite ballade dans l'Allier...Bourbon-d'Archambault...Bourbon-d'Archambault est une commune française dudépartement de l'Allier et la région Auvergne...Situé aucoeur du "bocage bourbonnais" dispose d'unétang barré dès l'époque carolingienne et est arrosépar la Burge et l'Ours ,petites rivières locales...Vers les années 1900/05..Un peu d'histoire...l'agglomération antique de Bourbon se trouvait dansla citée des Bituriges rois et peuple celtiques etdépendait à cette époque de Bourges département deCher ...Au début du siècle dernier...Ancienne capitale de la seigneurie de Bourbon,la villedoit son nom àses seigneurs,donc 9 potèrent le nomd'Archambault pendant la période du Xè au XIIè sièclede 959 à 1249 ...Vers les années 1905/10..Pendant la Révolution...la ville prit le nom de"Burges-les-Bains"...rappelant à la fois la petiterivière qui traverse la commune et l'activité qui enfaisait sa réputation..vers les années 1910...Au XIIè siècle les " bains" de Bourbon étaient lesplus célèbres de ce le Romains;en effetqui en dédièrent les eaux "au dieu Borvo",d'où sortiplus tard le nom de la ville...les thermes de Bourbon jouirent dans l'ancienne franced'un renom presque universel...poètes et docteurs vantaient à l'envi leur efficacité...vers les années 1910/15...la ville compte 2582 habitants en 2009..les habitants sont des Bourbonnais...bon après-midi...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mercredi 24 octobre 2012 1400 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue la ballade..Allez un tour...en cure thermale ..Vers les années 1906...comme l'indique la carte..on se " fait" promener...vers 1906/10...vers 1910/20...vers les années 1910/15...En dehors de le cure thermale....vers 1909/10...Bon après-midi...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le mercredi 24 octobre 2012 2222 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonsoir à tousEt ben ...Claire bisou .....que moi....Douce nuit ...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 0157 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutes et à tous, personne à part pour les anciennes cartes postales.bisou Claire Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 0945 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 bonjour la fileoccupée le mercrediaujourd'hui la marchande de violettesUN HABILLEUR LOCAL LES POUPEES D'HORPHINEn 1950, naissait sous les doigts de Marianne d'Horphin le costume de poupée de la Marchande de violettes, véritable ambassadrice miniature de la Ville c'est dans un cabanon planté dans le jardin de sa demeure familiale que sa petite-fille, Kathia Magron,reproduit avec ferveur les gestes enseignés, il y a plus de 25 ans. J'utilise encore sa machine à coudre et ses ciseaux, longtemps réfléchi à une manière de faire évoluer la Marchande de violettes, mais elle ne peut être autrement, sauf à perdre savaleur traditionnelle. Jamais je ne la mettrai sur un skate-board comme on me l'a déjà demandé ! Je m'efforce seulement d'améliorer toujoursla qualité du travail et des tissus.» c'est donc sur le développement de nouveaux dérivés chapeaux gourmands, sachets senteurs… que Kathia Magron exprime son originalité. Les commandes de divers groupes folkloriques participent également de sa diversification. Ainsi, 4000 à 6000 articles sortent chaque année de son atelier pour rejoindre les rayons des boutiques. Difficile cependant d'évaluer sa rentabilité. Le temps mis à l'ouvrage se confond régulièrement avec celui qu'elle consacre à ses cinq c'est un choix de vie et d'indépendance» qu'elle défend bec et ongles. Aussi ses revenus varient-ils en fonction des commandes dont les plus importantes s'élèvent à 300 euros,pour atteindre en moyenne l'équivalent d'un SMIC. Je pourrais sans doute gagner plus d'argent si je prospectais davantage de je n'ai pas l'esprit suffisamment commercial. Et puis, bon nombre de distributeurs ont tendance à traiter avec les artisanscomme avec des PME ils réclament des prix toujours plus bas comme s'il s'agissait de produits industriels. Alors, ils préfèrent le synthétique et le made in Taiwan…»Exemple de poupée d'HorphinLES POUPEES LEO D'ANGELAutre habilleur ayant décliné la marchande de violettes de Toulouse Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 1652 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonjour à tous bisou Odette....tout va bien...Mélo bisou ..es-tu sûr que tu ne fais pastrop d'effort...dû à ta fatigue...coucou...Béa bisou ..belle poupée...Chantal bisou ...vous m'avez donné l'enviede faire..."la Roche-sur-Yon "Une petite ballade...dans la Vendée....Le Sacré Coeur de la Roche-sur-Yon...la Roche-sur-Yon est une commune du centre-ouest de la France,préfecture du département de la Vendée etla région Pays de la Loire...Ses habitants sont des Yonnais...Le théâtre...Ville napoléonienne mais conçue par des ingénieursdes Ponts-et-Chaussées....Son nom même est une source de querelles au gré deschangements politiques qui agitent le XIXè siècle,ellesera débaptisée et rebaptisée à 8 reprises avant deretrouver son nom d'origine....en 1870...Un cas unique en Europe....8 fois en moins de 70ans..1-La Roche-sur-Yon....avant 1804..2-Napoléon-sur-Yon...sous Premier Empire de 1804 à 1814...3-La Roche-sur-Yon....15j environ...4- Bourbon-Vendée..pendant la Restauration...de 1818 à 1815..5-Napoléon....les Cent jours..d'avril à juin 18156-Bourbon-Vendée..pendant la Seconde Restauration etMonarchie de Juillet de juin...1815 à 1848..7-Napoléon...pendant la 2è République...de 1848 à 1852..8-Napoléon-Vendée....durant le Seconde Empire...de 1852 à 1870bon après-midi...à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 1656 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue la ballade..vers les années 1910..Comme l'indique la carte "1907"...ça semble marqué "1908"??...ce qu'il reste d'un bâtiment après....un incendie en janv 1906...Vers 1905/19010...vers 1910..Bon après-midià + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 1826 Inscrit le 16/02/2008Messages 1 119 Merci TINA pour tes reportages photos!!!!!ANNIE plus que demain....et ensuite tu vas pouvoir souffler un peu!!!!Ici aujourd'hui pas vu le soleil...;brouillard et grisaille!!!!!ODETTE merci pour les fleurs...Bonne soirée à vous tous et gros poutous à partager AMarie Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 2140 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Merci Anne-Marie bisou .....alors,ce rhume enfin passé...OUI!Annie bisou fait la....quille demain..Coucou..claire bisou ....ça va....le soleil..bonne nuit..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le jeudi 25 octobre 2012 2200 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutes et à tous,Coucou à Anne-Marie et poue les informations sur la traditionnelle poupée vendeuse de violettes, fleurs que j' avec toujours autant de plaisir surtout les cartes postales pense que les changements de températures et l'automne fatiguent. Les efforts que vous devez faire pour récupérer exliqent aussi votre poutou sans parfum de la violette hélasClaire Retour en haut hdionisi file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 0651 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 818 COUCOU CLAIRE les violettes c'est tres jolies et sentent bon mais ce n'est pas encore la saison, ici il pleut ! changement d'heure ce week end en belgique aussi?? amitiées a tous et toutes A+ Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 0906 Inscrit le 08/10/2007Messages 6 135 De la ValèrianeBonjour à toutes et à tousBonnes vacances à tousbisou bisou odette Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 1519 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonjour à tous...Il pleut vers moi et humide...Bon anniversaire de mariage Chantal bisou ...bisou Odette....Coucou...Hélène bisou ....Une petite ballade...en Bretagne..Lancieux actuellement..."Lanseeg" en breton..."Lansioec" en galloLancieux est une commune française située dans ledépartement des Côtes-d'Armor et la région Bretagne..Situé au Nord-Est des Côtes-d'Armor..collée àl'Ille-et-Vilaine..Lancieux est une stationbalnéaire possédant 8 plages....l'Ouest de la commune est bordée par la baiede Beaussais...à l'Est par le fleuve Frémur...la commune est reliée au Sud à Ploubay...Bon après-midi...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 1527 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue la ballade....vers les années 1905/10...Vers 1918/20..d'après les maillots de bain..Idem...Idem...un petit tour de bateau...vers 1950/60.....Bon après-midi...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 1527 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on termine...Au début du siècle dernier..vers les années 1920..vers les années 1900/10....Au début du siècle dernier..Idem...Bon après-midi...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le vendredi 26 octobre 2012 2301 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonsoir à tous..Deux bons copains.....de Tom SierakClaire bisou ...toujours la pluie vers moi..Bonne nuit..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 0146 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutesJe suis rentrée tard d'une soirée, mais je tenais à venir vous faire un poutou.bisou à Odette pour ses jolies fleursbisou Chantal,sacrée année 1968Tinabisou pour tes cartes et les bons copains Hélène,bisou et nous changeons aussi l'heure en me suis parfumée à la violette Claire Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 1051 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 bonjour à toutes et tousun t'tit poème de saisonCharles BAUDELAIRE - Brumes et pluiesÔ fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loueD'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveauD'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau. Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,Où par les longues nuits la girouette s'enroue,Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveauOuvrira largement ses ailes de corbeau. Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,Ô blafardes saisons, reines de nos climats, Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,D'endormir la douleur sur un lit hasardeux. Charles BAUDELAIRE 1821-1867 Recueil Les fleurs du mal Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 1900 Inscrit le 16/02/2008Messages 1 119 Juste un petit coucou glaçé!!!!!!!et venté!!!!!Changez l'heure avant d'aller au lit!!!!!!!!Gros poutous à tous AMarie Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 1941 Inscrit le 08/12/2006Messages 8 983 UN COUCOU froid et pluvieuxc'est l'hiver qui arrive avant l'heure!!!!ce soir changement d'heure chouette on va dormir une heure de plus!!!bonne soirée poutousOn apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 2043 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 bonsoir à tousUne ballade en Corse...Ajaccio..Ajaccio..."Aiacciu " en corse..Ajaccio est une commune française,préfecture dudépartement de la Corse du Sud,préfecture de larégion Corse et Siège de la collectivité territorialede Corse..Ajaccio,ville impériale est aussi connue pour être la 1è ville française libérée durant la Seconde Guerre..La ville se situe dans la partie sud de la Corse,bordée de la mer Méditerranée en position d'abri sur la côte occidentale de l'île..une des plages d'Ajaccio..La commune elle-même s'étend sur la rive nord dugolfe d'Ajaccio entre la Gravona et la pointe deParata,incluant les îles Sanguinaires...De nombreuses plages et criques bordent son territoiredont la partie ouest est particulièrement accidentéele point culminant est de 790m...la ville fait 82km2 03,une seule partie est urbaniséede ce fait,l'unité urbaine d'Ajaccio se localise dansl'est de la commune sur une étroite bande littoraleformant un cercle très densément peuplé ..le restedu territoire est naturel,avec un habitat peu importantet assez diffus ...Le port d'Ajaccio... d'Ajaccio... "CLIQUEZ SUR L'ECRAN NOIR...POUR FAIRE DEMARRER" peut avoir une pub avant Bonne soirée ...bisou .à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 2044 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue..on lit "1922"...vers les années 1910...vers les années 1908...IdemAu début du siècle dernier..Bonne soirée..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 2136 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue..Comme le dit la carte "1904"Toujours en "1904"...Idem...Toujours en "1904"Idem...bonne soirée..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le samedi 27 octobre 2012 2201 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 bonsoir à tous..Un enfant du Laos...Claire bisou ....la chute de température..1°C demain matinet ça pleut toujours.....tu as le soleil...Bonne nuit..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 0045 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutes et à Mélodie,J'ai sorti Xanthos ce soir et le capot d'un voiture avec du gel. J'ai senti pour être sûre de ce que je est passé pour la nuit. Les températures ont chuté, mais il y a eu du soleil dans la du conseil. J'apprécie l'heure en plus pour la mignon ces cartes anciennes que j'ai mets de la poèsie dans cet automne qui se rafraîchit a bien changé et c'est toujours émouvant de voir ces paysages des débuts du XXe. Très jolie tête d' vacances du passage ce soir en dépit de votre fatigue.bisou Claire Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1017 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonjour à tousLe genre de chien qu'une de mes belles-soeurs a et qu'il s'appelle "Vald"Originale la photo Chantal bisou ...Bonne journée....bisou à + Retour en haut Pauline file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1204 Inscrit le 23/09/2006Messages 9 443 à Tousrecherche Cantal s/s déplacement Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1207 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Mélo bisou ...l'horloge biologie ne s'habitue pasdu jour au lendemain...Aujourd'hui......Bastia..Bastia..Bastia est une commune française,préfecture de la Haute-Corse,dans la région Corse...Ses habitants sont des Bastiais en français etdes Bastiacci en corse..... habitants la 2èville la plus peuplée de Corse après Ajaccio..la place San Nicolas..Située dans le nord-est de la Corse à la basedu Cap Corse entre mer te montagne...Bastia estle principal port de l'île et sa principale villecommerciale..A environ 35km de la pointe Nord du Cap Corse ...50km de l'île d'Elbe,île italienne et à 90km d'Italie continentale qu'il est possible d'apercevoirquelques jours par an,quand la visibilité le permet...La jetée du dragon et la citadelle...La commune se situe sur le flanc Est de la "Serra di Pignu",une montagne qui culmine à 960m..Bastia est avant tout un port et la mer a donc biensûr une place prédominante....Bastia compte de nos jours 3 ports différents..1-le Vieux-Port,situé dans une remarquable anseoffre une bonne protection ..2-le port "commercial",situé un peu plus au nordest le pouls de la ville de Bastia...3-le port de "plaisance" face au port "commercial"héberge de nombreux voiliers et de yachts... vidéo à voir de Bastia..."après..une pub de 4/5 secondes env"Dans le reportage "Ajaccio" une vidéo rajoutée...Bonne matinée..bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1207 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on continue..vers le début du siècle dernier..Vers 1918/22...vers 1915/20...La place San Nicolas en 1920/30......guère changée avec celle en couleurBonne matinée...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1208 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 on termine..vers 1900/05....Comme l'indique la carte "1908"..."1906"...Vers 1906/15.....Idem.....pauvre âne le poids à supporter sur le dos...comme l'indique la carte "1911"..Bonne matinée...bisou à + Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1816 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 coucou tout le mondeavec ce changement d'horaire mon titi Lohan c'est réveillé ce matin à 6h500° ce matin à 6h info de mon beau-père et 7° à 17haujourd'hui nous étions invités avec la petite famille chez les beaux-parentsde belles images comme toujours TinaMélo un paysage automnal et Odette de beaux chrysanthèmesje vais préparer une soupe de légumespoutous Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 1827 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 Il fait froidLa cheminée chemine ses brandonsDu feu devenu cendres silencieusesAssis les mains comme un abandonSe tendent vers la dame enjôleuseLe cœur couturé de tant de blessuresSaigné de la vie, écoule ses lassitudesIl a froidLes mots maudits fusent de sa boucheSerrent sa gorge rougissent sa coucheIl fait froidLa peur piétine aux portes des demainsDu rêve endormi qui sera son soutienAssis les mains fermées sur un dédainD’une prière jetée que l’âme ne retientL’âme perdue se délite aux meurtrissuresS’évanouie au ciel ne laissant que fissuresIl a froid Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le dimanche 28 octobre 2012 2327 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 Bonsoir à tousToujours ce vent glacial....Claire bisou ...fait-il moins froid vers toi..j'ai 1°c ce soir....bonne nuit...bisou à + Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 29 octobre 2012 0154 Inscrit le 26/02/2006Messages 10 199 Bonsoir à toutes et à tous,Odette t Mélodie,vous avez mis de jolies couleurs automnales dans la photo et le à Pauline et merci pour ce poème de circonstance q'on a placé ce panneau pour les beau le Léonberg et les cartes anciennes de fait froid icic aussi, mais pas de neige comme à Grenoble ou dans les Vosges!bisou Claire Retour en haut Gégé le Catalan file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 29 octobre 2012 0632 Inscrit le 28/06/2011Messages 7 991 BONJOUR A TOUTES ET A bisou GERARD Retour en haut Pauline file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 29 octobre 2012 0914 Inscrit le 23/09/2006Messages 9 443 Bonne journée à toute la file bisou recherche Cantal s/s déplacement Retour en haut Béa 31 file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 29 octobre 2012 1111 Inscrit le 29/07/2010Messages 4 007 coucou tout le mondeClaire, j'adore les poèmes et j'en mettrais de temps en tempsil a gelé sur la plaine toulousaine et le soleil est làun t'tit poème!Il fait froid, c'est l' est branches des sapins sont fait froid, c'est l' pingouins font du au zoo tout le monde enfants font des bonshommes de des batailles de boules de fait froid, c'est l' les igloos, on reste près du se regarde dans les pensant quelle joie, c'est l'hiver bon retour Gégéune pensée pour les absentsepoutous Retour en haut file du coeur = celle du poutou Envoyé le lundi 29 octobre 2012 1441 Inscrit le 28/10/2010Messages 21 385 bonjour à tous...bisou Odette...Chantal bisou ...je mets des vidéos aussi..Coucou..gégé bisou ..le retour...Coucou..Béa bisou ...Une petite ballade pour se chauffer...St-Jean-de-Luz...ou "Donibane Lohizune" en basque...St-Jean-de-Luz est une commune française située dansle département des Pyrénées-Atlantiques et la régionAquitaineSes habitants sont des Luziens ou "Dinibandar" en basque...la baie de St-Jean-de-Luz est située au fond du golfedu Gascogne..c'est la seule rade abritée entre Arcachonet l'Espagne...Les maisons sur les quais....grâce à ses digues qui la protègent des colères del'océan atlantique,elle a la faveur des baigneurset est devenue une station balnéaire réputée sur laCôte basque...La mairie...la station balnéaire est de création relativementrécente,mais le port est très ancien...St-Jean-de-Luz fait partie du Labourd...ainsi quede Eurcité basque Bayonne San Sébastian...La commune a 84m pour altitude maximales ,tandisque la plac Louis XIV se situe en dessous du niveaude la mer...Bon après-midi...[bisou à + Retour en haut . 404 227 431 665 317 516 517 586